Toronto, 1993.

La ville de Toronto souligne le bicentenaire de sa fondation alors que les confettis s'envolent par milliers dans les rues du centre-ville. Les citoyens croyaient en plein parade de la Coupe Stanley comme si les Maple Leafs avaient terminé avec leur malédiction de 1967. Pendant ce temps, l'adjoint de l'entraîneur-chef, Greg Harper, ne peut assister aux festivités alors que sa conjointe Catherine Gough est dans la salle d'opération en train de subir une césarienne. Fébrile, impatient et nerveux, il se demande pourquoi cela prend plus de temps que prévu! C'est alors qu'à 13h00, le chirurgien Samuel Foulke sortit de la salle avec une bonne et une mauvaise nouvelle!

- Alors, docteur, que sont les nouvelles?

- Mr Harper, j'ai bien peur que nous venons de perdre un des bébés, le garçon que vous désirez tant!

Mon père avait eu deux filles avant ce jour et il veut avoir un garçon pour assurer la descendance des Harper de l'Ontario. Son cousin Stephen, natif du quartier de Leaside, avait quitté l'Ontario pour l'Alberta à 19 ans et il est devenu le politicien le plus connu du Canada. Cette journée serait bénie des dieux pour avoir un fils qu'il le baptiserait John Graves Simcoe Harper, en honneur du fondateur de la ville. Cependant, le médecin lui annonce qu'il a sauvé la maman et qu'un autre enfant a survécu au miracle, une fille!

Comme on dit dans la famille, jamais deux sans trois!

Mes parents sont habitués d'avoir des soeurs dans la famille: Papa a quatre soeurs tandis que maman est la troisième d'une famille de cinq filles. Mes soeurs Gabrielle et Lauren sont nées à Montréal et à Toronto alors que mon père jouait respectivement pour le Canadien entre 1974 et 1980 et pour les Leafs jusqu'en 1985. Retiré du jeu à cause d'une blessure, il a fait ses classes dans le club-école durant deux ans avant de travailler comme adjoint pour le grand club.

Je ne plains pas de la qualité de vie de la famille, papa fut bien traité et il aime donner son 110%. Il se débrouille très bien en français, langue qu'il a appris lorsqu'il jouait à Montréal malgré qu'il est né en anglais. Maman, quant à elle, possède un portefeuille bien garnie puisqu'elle travaille comme vice-présidente, gestion d'actions au siège social de la banque CIBC dont son arrière-grand-père était parmi les fondateurs.  

Ma première rentrée à l'école survient en 1997 alors que je suis inscrite à l'école primaire Beverly, sur la rue Baldwin. Comme tous les autres enfants, je m'inquiétais sur le comportement des autres étudiants mais cela s'estompait à fur et à mesure que je commence à mieux connaître chacun d'eux. Puisque je fréquentais la maternelle, je suis mise à la lecture, à l'art dramatique et au dessin. Suite à mon entrée au premier cycle, je m'appliquais aux mathématiques, à la lecture et à la grammaire.

Toronto 2002

Lorsque je fêtais mes 8 ans en août, une tuile tomba sur ma tête lorsque nous sommes appelées par nos parents. Ma mère annonce que papa eut une offre pour travailler avec les Red Wings de Détroit comme superviseur à l'encadrement dont le bureau est au Joe Louis Arena. Puisque nous avons deux autres membres qui se sont joint à nous, Andrea en 1998 et Jonathan en 2000, la maison fut trop petite et maman, avec ses actions dans la brasserie Labatt et chez Bell, avait trouvé une maison assez large pour ouvrir un bureau pour lier ses activités de gestionnaire avec la CIBC et faire ses suivis. Résignée à suivre la famille, nous quittons Toronto pour s'installer dans la ville voisine de Marple Springs et je m'inscris en 3ème année en septembre. Puisque je suis débrouillarde, j'avais gardé le contact avec divers amis que j'avais fait à Toronto et je n'ai aucun mal à m'adapter à la vie américaine. Au secondaire, je recherchais une troupe de théâtre pour assouvir ma passion et en discutant avec d'autres étudiants, nous sommes mises en groupe pour s'inscrire à la troupe local. Puisqu'ils recherchent de la relève, je figure parmi les plus jeunes membres à 12 ans et mon exubérance m'a permise de jouer des rôles plus vieilles. Ma première production, dans la saison 2005-2006, est les Trois Soeurs d'Anton Tchekhov et on m'attribue le rôle de Irina, la cadette des soeurs. La saison suivante, je participe à la production de la Chatte sur un toit brûlant de Tennesse Williams où j'incarne Mae Politt, la belle-soeur désagréable de Brick et Maggie. Au début, je pensais qu'on me détesterait mais je me suis rendue compte que mon jeu s'est élevé d'un cran. Après la dernière représentation en mars 2007, le public venait en grand nombre pour me féliciter en même temps que les interprètes de Brick et Maggie ainsi que mon mari Gooper.

Marple Spring, 2011

Mon rêve de faire du théâtre professionnel devient réalité puisque je suis inscrite pour mon baccalauréat en art dramatique à l'Université de Détroit. La session d'automne 2011 consistait à apprendre les styles de jeu, la diction et le mouvement du corps humain. Malheureusement, on n'a pas la chance de jouer à la fin de la première année, à l'hiver 2012 puisque nous sommes que des premières années. Par contre, ma soeur Lauren, qui avait 29 ans, possède une maîtrise en gestion et travaille depuis cinq ans à la billetterie du Marple Theatre où elle a passé son stage. En voyageant avec sa soeur Gabrielle, elle a découvert un exemplaire en anglais des Belles-Soeurs de Michel Tremblay. Cependant, c'est les enseignants qui déterminent les projets pour les deuxièmes années et pour la saison 2012-2013, c'est Shakespeare qui est à l'honneur avec les Joyeuses Commères de Windsor. Ayant le nombre de comédiens disponibles, je forme le trio des commères avec deux de mes amies soit Mmes Ford et Page et Miss Quickly, la servante du docteur Caius. En plus d'étudier en théâtre, je participe à l'administration de la troupe local comme vice-présidente sous la condition de ne pas participer comme comédienne, étant donnée que je vais devenir une professionnelle. Terminant mon baccalauréat en avril 2015, le point culminant de mon stage est l'interprétation magistrale de Rose Ouimet dans la version américaine des Belles-Soeurs, la pièce que j'ai conservé un exemplaire. Le monologue où tous les hommes pensent juste au sexe m'a valu des applaudissements bien mérités.

Détroit 2017

Malgré l'insalubrité des vieux bâtiments historiques, je suis sur le point de terminer ma maîtrise en théâtre et je souhaite que les contrats de jeu, que ce soit sur la scène, au grand ou petit écran viennent à l'instant où je quitte les bancs d'école. J'avais eu des offres de jouer dans des troupes professionnelles mais il est exclu que j'accepte tant que je n'ai pas terminé mes études. Il est évident que je dois voir tous les éventualités de mon avenir et quoi qu'il en soit, il est hors de question que je quitte la ligne que je me suis fixée depuis que j'ai rencontrée mon amoureuse, amour que j'ai découvert au début de ma maîtrise à l'automne 2015.