Cher journal,
J'ai eu la peur de ma vie ! C'était mon spectacle de danse  ce soir. J'avais tellement peur de passer devant mes frères, ma soeur, papa et maman. J'avais peur de me tromper. Tout ce monde ! Mais, tout s'est bien passé... Enfin... Nono n'est pas venu... On m'a dit qu'il était parti... Ce n'est pas possible ! Je refuse d'y croire. Il reviendra, dis-moi journal... il reviendra, non?

Une grimace se glissait sur le visage de la jeune femme. Elle était tellement naïve à l'époque... Sasha referma rapidement le petit carnet vieillit par les années avant de le remettre dans la boîte d'où elle l'avait extirpé quelques minutes plus tôt. Son objectif était de faire un peu de rangement en vu de son déménagement, pas de laisser aller son coeur à une nostalgie inutile. Son frère était parti il y a plusieurs années à présent et même s'ils avaient échangé de temps à autre, rien ne laissait penser qu'il reviendrait de sitôt. La blondinette referma le carton alors qu'elle s'enfonçait cette idée dans le crâne. Elle se redressa avec souplesse avant de laisser son regard dériver autour d'elle. Passant une main dans sa chevelure d'or, elle soupira. C'était le dernier carton. Enfin !  Le lendemain, elle s'installait dans son tout nouvel appartement. Elle ne vivrait pas seule bien longtemps, mais c'était toujours mieux que de vivre chez ses parents. Sasha était désireuse de prendre son envole, de devenir enfin indépendante sans subir en permanence le regard de ses parents.  


Des aboiements, des bruits de grattement… Un piètre grognement s'échappa des lèvres de Sasha. ❝ Happy… laisse-moi dormir… ❞ murmura-t-elle d'une voix pâteuse. Elle le savait, une fois encore elle avait clairement abusée sur l'alcool et pas qu'à la soirée de la veille. Elle s'était une fois encore laissée entraîner dans l'ambiance malgré elle. En même temps, comment résister à toute cette euphorie et cette extase ? Hélas, elle en payait clairement le prix en ce dimanche matin alors que le petit chiot réclamait sa balade matinal. Un nouveau grognement lui échappa alors qu'elle se redressait maladroitement et passa sous la douche tels un zombie. Tant bien que mal, elle en sortie une dizaine de minutes plus tard et releva ses cheveux en une queue de cheval avant de se vêtir. Prête, elle s'occupa de sa petite boule de poile, puis une fois ses écouteurs en place, elle s'élança à travers les rues de sa petite ville natale. L'air frais lui fouettait la peau et elle ne savait pas vraiment si cela lui faisait du bien ou bien si c'était le contraire. Courir avec sa gueule de bois n'était peut-être pas l'idée du siècle, mais impensable d'y échapper et Happy semblait tellement heureux à courir avec elle qu'elle ne pouvait pas se défiler…