« J'estime qu'avant de vous faire découvrir mon monde dans toute sa splendeur, il est nécessaire que vous compreniez ce qui m'a poussé à devenir ce que je suis maintenant. Sans avoir lu ces quelques lignes, il est fort probable que vous me preniez pour un banal grand rêveur, un homme qui aura choisi ce mode de vie sur un simple coup de tête, pire encore, comme quelqu'un d'instable. Bref, c'est pour ça que vous présenter ces quelques lignes avant toute chose me tiennent beaucoup à cœur, alors soyez attentif et lisez bien ce qui va suivre.

Ma famille ? Je n'en ai jamais vraiment eu en fait. J'ai été abandonné très tôt par mes parents. J'ai donc vagabondé de famille en famille d'accueil. On ne me gardait jamais très longtemps parce que j'avais vraiment du mal à m'intégrer. J'étais ce genre d'enfant pas vraiment emballé par le fait de se faire des amis, donc forcément, comme j'étais un grand solitaire, j'avais le don pour m'attirer les ennuis. C'était toujours sur le petit nouveau qu'on s'en prenait comprenez-vous. Au final, c'est plutôt devenu une habitude de se faire martyriser a l'école et de ne pas riposter. De rentrer le soir sans rien dire et de garder ses distances avec les quelques familles d'accueils qui m'élevaient.

Là vous devez vous dire, pauvre homme, il n'a pas eu une vie facile. Eh bien, détrompez-vous, j'ai finalement réussi à trouver ma place. C'était à mes 13 ans, on m'a placé dans une nouvelle famille d’accueil. Je pensais franchement que ce serait comme avec toutes les autres familles d'accueil que je n'arriverais pas à rester très longtemps. Mais non, ça a été différent cette fois. Estelle et Marc Bennett étaient différents de tous les autres. Ils se souciaient peu de ce qu'on pouvait penser d'eux et Estelle n'avait qu'une idée en tête que je m'intègre à la famille. C'était un couple qui ne pouvait pas avoir d'enfant et au final, ils me considéraient comme leur propre fils. Ils s'en fichaient bien de l'argent, ce qui leur importait c'est que je me sentais bien.

Bizarrement, ça fonctionnait plutôt bien. Avec le temps, je me sentais à ma place et bientôt j'apprenais que si Marc était peu présent, c'est parce qu'il voyageait souvent. Journaliste et plus important encore, amoureux de la nature, il vivait sa passion pleinement. Cela ne dérangeait pas Estelle puisque maintenant, elle avait de la compagnie quand il n'était pas là. Souvent, pendant les vacances scolaires, on partait en voyage. C'était les meilleurs moments. C'est à partir de ce moment précis que je commençais à me passionner pour les voyages. Je découvrais enfin une raison de vivre, une passion.

Je n'ai plus jamais changé de famille et tant mieux au final. En me lançant dans des études de lettres, j'ai rapidement compris que les bancs de l'école n'étaient pas faits pour moi. Je ne me sentais pas à ma place. Je voulais faire comme Marc, pas pour jouer au journaliste, mais plutôt pour découvrir de nouveaux horizons. C'est durant cette période que j'ai pris ma décision de prendre mon indépendance. A 18 ans, je quittais le nid familiale.



C'est vrai que les premiers voyages ont été compliqués. Avec le peu de moyens que j'avais, j'avais à peine assez pour me payer une chambre d’hôtel. Je devais donc remédier à cela, je savais que ça allait être compliqué, mais voilà, je me lançais dans un drôle de business. D'un coté, je revendais les quelques photos que je prenais, d'un autre, je me trouvais des petits boulots pour pouvoir vivre le temps qu'il faut dans ma destination. En passant par livreur de pizza, caissier, musicien de rue… j'ai tout fait. Oui, parce que je me débrouillais bien a la guitare, du coup ça aide. Au final, j'avais beaucoup de chance que mes parents subviennent encore a mes besoins en me versant de l'argent. C'était les premiers à me soutenir dans ma décision.

J'en ai conscience, j'ai beaucoup de chance car beaucoup d'autres parents n'en auraient pas fait autant. D'autre auraient sûrement trouvé cette idée absurde, mais voilà, en tant que grand rêveur, mes parents étaient vraiment emballés par mon idée. Ce qui me sauve aussi beaucoup dans mes périples, c'est les relations que je tisse, cela arrive très souvent que je me retrouve hébergé par une de ces relations. Bref, je n'ai pas vraiment de domicile fixe, et ce n'est pas ça qui me manque. Des pays asiatiques, l'Europe, l'Afrique… J'en ai fait du chemin. La barrière de la langue ? Aucun problème a ce niveau-là, grâce a mon père et ses cours particuliers, j'ai rapidement appris à maîtriser un bon nombre de langues. D'ailleurs vous savez quoi ? Les cours de langue et d'histoire géographie sont bien les seuls qui retenaient mon intention.

Et puis voilà, me revoilà de retour dans mon pays d'origine. Je viens à peine de me remettre de ces 9 années à voyager loin que je me suis dit que finalement, avant de voir loin, il fallait que je découvre le monde qui m'a entouré toute mon enfance. Me voilà donc arrivé dans cette petite ville à l'apparence tranquille. Si tout se passe bien, je compte y rester un moment. Marple Spring, une nouvelle chance pour moi de découvrir de nouvelles choses. J'espère simplement que je ne serais pas déçu de la décision que j'ai prise.

Pour le savoir ? Suivez simplement mes rencontres en continuant à lire ce livre. »