Ma vie commence j’avais 14 ans. Pour certains, leur vie commence à leur naissance la mienne quand j’ai décidé de fuguer et de prendre MA vie en main. Fille d’une avocate réputée (Elizabeth)à et d’un psychiatre réputé (Charles) aussi, tant qu'à faire, ma vie était déjà tracée : dans cette famille de riche, descendantes des premiers colons d’Amériques, j’allais devoir faire des études dans le monde de la politique et m’assurer un avenir, on me voyait déjà future présidente a même pas 5ans. Et quand j’eus la mauvaise idée de dire que je voulais devenir actrice, on s’est pas mal moquée de moi disant que je n’avais pas besoin de réfléchir que tout était programmé déjà d’avance. Même le mariage était arrangé. Je devais me marier à un crétin nommé Harold Beaufort. Seul le nom de famille est séduisant et intéressant. Je vais vous épargner que j’ai effectué mes années scolaires dans une école privée de Louisiane, que j’étais souvent convoquée à faire des bêtises et que ma mère m’a clairement menacé de me déshériter voire pire de me virer de la famille si je continuais dans cette voie. Chouette la famille hein ?

L’ouragan Katrina est passée dans ma vie et je ne pensais pas qu’elle allait devenir mon … « amie ». C’est horrible à dire, vraiment. Mes parents sont morts alors qu’ils tentaient de me protéger. Ils m’ont à peine mis dans la pièce anti-ouragan que je les ai vus s’envoler … vers d’autres cieux. Comme la Team Rocket. Mon père hurlait « Il faut qu’on reste calme et qu’on ne perturbe pas l’esprit de Charlotte ! Sinon elle va attraper le syndrome poste traumatique qui n’est pas ce qu’il lui faut pour devenir future présidente !!! » Tandis que ma mère « CHARLES LES PAPIERS DE CHARLOTTE !!! ». C’est fou les choses insensées que l’on pense avant sa mort quand même. Je savais que mes parents m’aimaient à leur manière, ils ont grandi dans ce genre de conditionnement et ça leur allait, pour maman, il fallait préserver la lignée de la famille, l’instinct de survie pour ça qu’elle était une avocate féroce, papa lui, il était rigide, vraiment, il était froid avec moi, juste pour pas que je développe le syndrome Œdipien pour fille. C’est quand papa est parti que j’ai vu ma mère me regarder et pour la première fois un je t’aime est sortie de sa bouche et elle ferma la porte de l’extérieure, alors qu’elle aurait pu la fermer de l’intérieure. J’ai compris qu’après que si papa venait un jour à mourir, elle devra se marier avec Georges Chambers, un homme gentil, mais pas vraiment propre, puisqu’il mangeait comme un malpropre, un riche texan de pétrole qui aime la bonne nourriture. Et puis … le silence s’est engouffré.

Bref, je suis assise sur ma chaise, un jour d’enterrement où nous sommes en train de parler de mon avenir et qui pourrait bien me récupérer. Aucunes des personnes du testament des parents ne pouvaient me prendre en charge alors on allait décider de me mettre dans une famille … que je n’aimais vraiment pas. Je me suis levée pour aller en cuisine et c’est en discutant avec une cousine que j’ai appris l’existence du frère de mon père : un gay radié de la famille depuis ses 22 ans. IL avait découvert son homosexualité en fac et s’est enfui avec son bien aimé. J’ai regardé mes cousines, demandant où il vivait : Marple Spring.

C’est ainsi que j’ai atterrie devant la maison de mon cousin, sous la pluie, dans ma tenue d’enterrement que j’ai gardé depuis 24 heures, j’ai sonné à la porte. Un homme m’ouvrit pensant que j’étais une vendeuse de cookies. Mais j’ai décliné mon identité, il m’a demandé d’entrer. Il m’a laissé me changer pendant qu’il appelait mon cousin. Il y avait de l’orage dans l’air, je n’aimais pas ça. C’est assise dans le salon et silencieuse que j’ai attendu qu’Andrew – Drew – entra. Une longue discussion s’en est suivi où j’ai commencé par un « la seule chose qu’une enfant des Devereaux te demande c’est de m’adopter pour sauver ma vie ». Il m’a regardé et a ris, surpris, son copain était là, sans un mot, ils vont bien tous les deux. Drew me demande s’il me dérange, je l’ai regardé, j’ai regardé Drew « Ce n’est pas l’objet de ma visite » lui signifiant clairement que je m’en moquais pas mal de son penchant sexuel. J’étais là pour fuir, pas pour faire un drame. Il a hoché la tête et c’est ainsi qu’il a décidé d’affronter une dernière fois la famille pour m’adopter. Nous avons passé tout le voyage à discuter, à nous confier et à bien nous entendre. Il savait que je n’avais pas de but encore dans la vie, et qu’on me prédestinait à la future présidence. Il en était mort de rire. Je savais que ça aurait dû être lui … mon papa. Nous nous sommes accrochés l’un à l’autre très rapidement et c’est là qu’il m’avoua que s’il avait une fille, il l’aurait appelé Waverly.

Je peux vous dire que la grand-mère Devereaux a été plus qu’outrée de voir arriver ce couple gay et la fille de son fils. Le grand-père lui, ne disait rien. Enfin, il a juste soupiré en disant qu’il fallait bien de la mauvaise graine dans une génération et qu’il fallait qu’on laisse les mauvaises graines ensemble. Sympa. Vieux con. Nous avons signé les papiers et j’ai demandé à modifier mon identité en la faveur de mon cousin, on m’a cependant dit que je devais garder « Charlotte », j’ai donc décidé de m’appeler Charlotte, Waverly McFly, alors une très grosse préférence que l’on m’appelle Waverly.

Les premières semaines ont été très dures, conditionnée comme mes parents voulaient que je sois, j’ai été rapidement affectée par le changement d’air et d’environnement. J’ai même eu une crise cardiaque. C’est venu d’un coup. On a alors sorti un dossier médical à mon nom pour y découvrir des antécédents médicaux auxquels je ne savais rien, comme des soucis de cœur dès la naissance et pourquoi je devais prendre des médicaments que j’avais, par la force des choses, arrêtés de prendre. J’avais aussi découvert l’existence d’antis dépresseurs dans mon dossier, c’est à partir de là que ma relation avec Drew était devenue encore plus compliquée. Je n’avais plus confiance aux adultes et me retrancher dans mes défenses, je ne pouvais pas aller en cours ainsi, j’étais devenue à la limite de l’hystérie et je ne voulais voir aucuns spécialiste. Ça a été très dur à vivre il y avait beaucoup de cris dans la maison, j’hurlais énormément, un rien me faisait péter un plomb et Drew a été d’une patience, mais était très affectée, il ne savait pas comment me canaliser, il fallait que se son petit ami qui me calme dans ses bras, endroit où je me réfugiais sans arrêts.

Un jour, Drew et moi sommes partis une semaine, juste lui et moi. C’était lui qui avait organisé ce voyage. Nous étions partis à Hawaï, dans l’hôtel d’un de ses amis. C’était la semaine la plus magique de toute ma vie. Nous avons pu commencer à repartir sur de bonnes bases : pas de cris, pas de disputes, juste des mots. Discuter, se confier. Bref, tout dans le calme. C’était un weekend de détente où j’ai su ce que c’était que la joie de se faire masser. Le pied ! Nous avons aussi fait de la plongée sous-marine, assisté à des représentations où Drew m’a même poussé à danser pendant que les danseurs cherchaient des volontaires pour petite démonstration sympathique. J’étais gênée, mais je souriais et c’était tout ce qui importait. Nous avons fait beaucoup de photos et de vidéos. Et puis le dernier soir, j’ai toqué à sa chambre, je voulais dormir simplement avec lui. Je me suis réfugiée dans son lit et me suis blottie dans ses bras. J’ai senti pour la première fois mon cœur se déchirer en miette et j’ai pleuré. Il m’a serré très fort contre lui, me promettant de me protéger comme il peut, car il sait que parfois, il ne sera pas là. Il m’a aussi promis de m’encourager dans mes choix, même s’ils sont improbables, mais au moins ça, il saura le faire. Je me suis calmée et me suis endormie dans ses bras. Ça a été un des moments les plus importants de ma deuxième vie. Mes parents me manquaient, ils étaient ce qu’ils étaient, mais malgré tout, je les aimais. Je ne pouvais pas les blâmer de m’avoir donné ce que je voulais ou d’avoir fait en sorte que j’ai une vie déjà tracé. Ils pensaient ben faire, aussi maladroit fussent-ils. Mais il fallait que je vive désormais pour moi.

Je suis arrivée au lycée vers mes 15 ans, auparavant, j’étais inscrite à un programme par correspondance. Affrontée mes angoisses et ma phobie scolaire, je me suis rapidement intégrée. On m’a vite fait comprendre qu’il y avait des groupes au lycée, j’étais amusée de voir quels groupes il était possible de distinguer. Lorsque les clubs ont commencé à s’ouvrir, je me suis inscrite à deux clubs : danse et théâtre, le chant était dans les cours de théâtre. C’est à partir de là que j’ai commencé à m’ouvrir un peu plus et à me distinguer des autres. Waverly coincée est rapidement devenue une folle furieuse excentrique. Mon prof de théâtre me poussait à me dépasser et j’ai finis par littéralement exploser. De jours en jours, je réussissais à affronter mes angoisses et à me construire une personnalité qui commençait à être explosive. Sans m’en rendre compte, j’étais devenue populaire par mon sourire, mon rire, ma gentillesse et surtout : ma franchise. Des filles superficielles ont essayé de m’intégrer dans leur groupe et quand elles ont voulu assoir leur autorité sur moi, disons que … je me suis faite une joie de faire en sorte que ça retombe sur elles. J’ai soutenu des élèves qui se faisaient humilier et les ai défendus. Je détestais qu’on écrase des personnes qui semblaient si faible, alors qu’elles ne renfermaient tout sauf de la faiblesse.

C’est avec le copain de Drew que je me suis vue une passion commune pour les comics et les mangas, lui est dessinateur comics et m’avait prêté quelques-unes de ses BD et nous nous sommes finalement créés une bibliothèque rien qu’à nous. C’est à 17 ans que Drew m’a offert ma première caméra et où j’ai commencé à réaliser des films. Et c’est lorsque je suis entrée en fac à Princeton que j’ai commencé à me découvrir une passion pour les jeux vidéo. Je suis partie de Princeton juste après mon B.A (Bachelor of Arts), je voulais vivre à temps plein et réaliser un challenge : vivre de YouTube et de mes streams sur des jeux vidéo. Soutenue par Drew, je continuais à écrire, des écrits que j’avais déjà commencé à bosser en début de fac. Et c’est ainsi que je me suis ouverte au milieu de YouTube, discutant et faisant connaissance avec plusieurs personnes, réalisant que je commençais à plaire aussi au sein de ma petite communauté qui devient rapidement une grosse communauté et c’est au fur et à mesure que je me suis imposée dans le game, comme on dit. De plus, on m’a même demandé à faire partie de quelques websérie et j’ai vraiment commencé à prendre goût à la comédie, mais aussi à la création.  Et de fil en aiguille, des chaînes télé m’ont contacté pour présenter des jeux de sociétés et j’ai commencé à apparaître dans des conventions.

Je dois dire que mon ascension dans ce monde a pris son temps, mais j’essaie d’être la plus fidèle au possible à ma petite communauté qui me retrouve de temps en temps en ligne. J’ai commencé à m’épanouir assez rapidement et à trouver mon harmonie. Aujourd’hui, j’ai 25 ans, j’essaie d’être terre à terre et de me dire que tout ce que je vis est surtout grâce à mes abonnés qui me suivent depuis le début et que je ne cesse de remercier. Mais je dois aussi cette réussite à mon cousin Andrew qui est comme un père pour moi, sans qui, je n’aurais jamais réussi à être ce que je suis aujourd’hui.