C'est un classique Américain - une adolescente milleniale en crise existentielle qui ne veut qu'une seule chose de la vie : ressentir quelque chose. Une jeunesse homonumérique qui voudrait revivre le sex, drugs and rock & roll a sa manière. Une héroine atypique qui n'a eu comme modèle parental qu'un homme-enfant qui n'a jamais voulu être un adulte. Une adolescente ennuyée qui passe ses souffrances dans les herbes a fumer et la musique grunge.

On me dis que c'est tragique, d'avoir perdu ma mère si jeune. Honnêtement, je n'ai aucun souvenir d'elle - je n'ai vu que des photos sur lesquelles elle semblait heureuse, des photos ou elle souriait à la caméra. C'était loin de ce qu'était la réalité. Des fois elle me manque. Pas elle spécifiquement. Ça me manque d'avoir une mère. Quand les gens apprennent que ma mère est morte quand j'étais jeune, ils posent souvent des questions auxquelles je n'ai pas envie de répondre. J'ai pas envie de racconter à tous les gens que je rencontre que ma mère a fait une overdose quand j'avais deux ans et demie.

Mon père a toujours été un homme enfant - mes parents étaient trop jeunes quand ils sont devenus des parents. Pas nécessairement en âge, mais dans leur tête. Ils avaient beau avoir la vingtaine, ils n'étaient pas des adultes. Mon père n'a jamais été responsable ni dans ses choix, ni dans ses actions. Dans toute sa vie, il a accordé assez d'importance à deux choses pour prendre ses responsabilités - moi, et son magasin. Et entre vous et moi, pour aucun des deux il n'a été exceptionnellement bon. Ce qui l'a toujours sauvé, c'est son grand cœur et sa volonté de bien faire. Il a toujours fait tout en son possible pour que je sois heureuse dans la vie. C'est certain que sans ma mère pour l'aider - pas qu'elle aurait été d'une grande aide - ça été boiteux par moments, et il n'a pas été le père parfait, mais on étais heureux. Atypiques, mais heureux, et au fond, c'est ça l'important.

L'adolescence, ça été toute une aventure dans mon cas. Des fois j'ai l'impression que mon cerveau y est resté et que j'y suis encore. Pendant ces années disgracieuses, j'ai fait face à l'intimidation de mes camarades de classe, généralement pour des stupidités. C'est aussi à cette époque que j'ai découvert ce que c'était de faire la fête. Qu'on le veuilles ou non, la dépendance est dans mes gênes. J'ai vécu des fêtes d'adolescents comme dans les films américains, avec de la musique, de l'alcool, des mini-jupes, des joints et des hook-ups dans les salles de bains. C'était vide, mais c'était tout ce qu'on connaissait.

J'ai toujours aimé la musique, depuis toute petite. Mon père me faisait écouter une grande variété de musique, de Prince à Elvis, en passant par Iron Maiden et The eagles, sans oublier de faire un détour par Led Zeppelin et Nirvana. J'avais même un peu de place pour Céline et Bon Jovi. J'ai dévelopé des goûts distincts, mais de tous les genres. Un jour, je n'ai pas eu le choix - mon père m'a forcé a aller travailler avec lui chez Funky Records, magasin qu'il avait ouvert avant ma naissance avec son frère - son premier enfant qu'il l'appelait. C'est dans le disquaire avec le nom le plus stupide de la terre que j'ai rencontré la majorité des gens importants dans ma vie. En fait, je les ai rencontrés à l'école, mais on passais la majorité de notre temps au magasin, alors, c'est là qu'on a appris à se connaitre.

C'était un non-dis qu'un jours je prendrais les rênes de l'entreprise familiale, alors je suis allée faire des études en finances et en administration, avec des cours supplémentaires en gestion d'entreprise. Le rêve, c'est d'un jour ouvrir une petite salle de spectacle en plein air sur le toit de la bâtisse.