Enfance
A Stratford-upon-Avon une malédiction frappe tous les nouveaux nés mâles. Cette malédiction ils la doivent au plus célèbre des anciens habitants de leur ville. La proportion de jeunes garçons la subissant est à ce point phénoménale qu’on pourrait l’apparenter à une épidémie de peste. Tous en sont les victimes du fait de leurs parents, car à leur naissance ils ont décidé de les appeler comme celui qui fait vivre le tourisme dans leur ville : William Shakespeare. En grandissant certains trouvèrent des subterfuges en se faisant appeler autrement ou en utilisant leur nom de famille en lieu et place. Concernant Liam il eut la chance que son frère le surnomma très tôt ainsi et que, par la force des choses, tous finirent par en faire autant.
La vie était plutôt tranquille dans cette petite ville anglaise. Liam, sa mère et son frère habitaient dans la petite ferme de sa tante, un peu en dehors de la ville. Sa mère et sa tante partageaient le même intérêt pour les arts du théâtre, ce qui pour des habitants de Stratford-upon-Avon n’étaient pas bien original. Ce qui distinguait la famille de Liam, c’était plutôt le fait que le père de Liam était un militaire américain qui, juste avant la naissance de son dernier fils, repartit vivre dans son pays d’origine pour ne plus jamais donner de nouvelles à ceux qui, pendant des années, l’avaient considéré comme un membre de leur famille. Son dernier ne connut jamais rien de lui, sa mère lui ayant menti en lui disant que son père était décédé et qu’elle n’avait pas gardé ne serait-ce qu’une photo de lui.
Dans un coin de campagne anglais aussi conservateur, que l’était celui-ci, la chose n’était pas très bien vu et pendant toute leur enfance, Liam et son frère sentaient sur eux des regards de pitié se poser, autant que sur leur mère. Un temps, pendant le début de sa scolarité, certains, qui avaient pour habitude de surnommer les William pour les différencier, s’étaient amusés à le surnommer « William le bâtard ». Heureusement pour Liam et malheureusement pour ses persécuteurs, son grand frère était là et il n’avait pas pour habitude de se laisser faire ou de laisser qui que ce soit (hormis lui-même) importuner son cadet.
A l’âge de sept ans, la vie de Liam changea du tout au tout. Suite à une opportunité qui se présentait à elle pour tourner dans une production hollywoodienne de petite envergure, sa mère décida de plier bagages et de partir s’installer aux États-Unis. Le tournage ne dura que quelques mois et le film ne remporta aucun succès, sans doute du fait d’une médiocrité affligeante de son scénario. Ne perdant pas l’espoir de se voir de nouveau proposer un rôle plus à sa hauteur, la mère de Liam décida de rester sur le sol américain et partit s’installer dans la seule ville qu’elle connaissait, pour s’y être rendu une fois dans sa jeunesse en compagnie de son ex… du père de ses enfants, qui en était originaire : Marple Spring.
Adolescence
De par la force des choses, la mère de Liam du prendre un travail qui lui rapportait des rémunérations plus régulières que les petits rôles qu’elle pouvait trouver dans des pièces de théâtre du coin. Elle opta donc pour un poste sans envergure dans une petite clinique à l’Est de la ville. Elle y travailla des années, jusqu’à ce qu’un jour on ne lui diagnostiqua un cancer en phase terminale. Alors qu’on ne lui donnait que quelques mois, sa mère resta en vie plus de deux ans après ce diagnostic. Ces fils prirent soins d’elle tout du long et même si elle insistait pour qu’ils continuent à vivre normalement et à poursuivre leur scolarité, tous les deux passaient plus de temps à ses côtés que derrière les bancs de l’école.
L’aîné des Dashwood qui avait déjà pour habitude de fréquenter les mauvaises personnes et d’agir à sa guise, commença à s’entourer de personnes vraiment néfastes qui profitèrent de sa situation familiale et financière catastrophique pour l’inciter à aller toujours plus loin et bientôt il franchit le pas vers la criminalité. Grâce à ses nouvelles activités, le frère de Liam pourvut aux besoins de sa famille et put fournir à sa mère tout ce qui pouvaient faciliter ses derniers jours. Sa mère n’était pas dupe, elle voyait bien, malgré la maladie, que son fils aîné était en train de mal tourner, mais elle était impuissante et elle regrettait de laisser son fils partir dans un engrenage dont il ne pourrait se sortir pour elle.
Lorsqu’elle poussa son dernier soupir, Liam avait douze ans, il fut confié à la garde de son frère déjà majeur à l’époque. N’ayant aucune autre famille sur le sol américain, c’était une solution de facilité dont les autorités compétentes se satisfirent sans y regarder à deux fois.
S’il y a bien une chose que l’on ne peut reprocher au frère de Liam s’est d’être toujours parvenu à remplir le frigo et à prendre soins de régler toutes les éventuelles dépenses le concernant et concernant leur foyer. Du reste, il ne se priva pas d’impliquer rapidement son frère dans des pratiques dont les aboutissants le dépassaient totalement et dont son frère ne l’aidait pas à connaître les détails.
A la fin du lycée, n’ayant pas été assez assidu et ayant volontairement fait stagner ses notes à la norme de ses camarades, Liam n’obtint aucune bourse et si on l’avait accepté à l’université, l’argent de son frère ne fut pas de trop pour financer ses études. Qu’il agisse par simple générosité ou sens de la famille ou que ce soit pour se déculpabiliser de ce qu’il est régulièrement amené à demander à son cadet, Liam s’en moque éperdument, il compte bien lui rembourser chaque dollar une fois ses études achevées.
Aujourd’hui
Depuis son entrée à l’université Liam vit en collocation. L’idée de continuer à vivre avec son frère, en sachant que ce qu’il peut faire de ses journées est on ne peut plus discutables, le dérangeait. Pour payer sa part du loyer il a décidé de prendre un petit boulot et il parvient on ne peut mieux à le gérer en même temps que ces études. Il faut dire que maintenant il ne fait plus semblant en s’efforçant de rester dans les bandes; il laisse aller son potentiel et est devenu l’un des plus brillants élèves dans son domaine. Plusieurs grandes entreprises dans le secteur des technologies l’ont déjà approché et récemment, il a même été en contact avec des personnes du gouvernement, qui désirent le voir intégrer leur rang au sein de la NSA, notamment. Pour le moment, Liam n’a formulé aucune décision et se laisse le temps de finir sereinement son doctorat avant de faire son choix.
Sa sérénité a cependant été mis à mal il y a de cela il y a un mois, un de ses bons amis a mis fin à ses jours. Ce choix, cette perte, perturba énormément Liam qui ne mit pas les pieds en cours pendant un moment. Jamais il n’avait imaginé son ami commettre un tel acte. Depuis quelques semaines avant sa mort, les deux étudiants n’avaient pas eu beaucoup l’occasion de se voir, mais rien dans son comportement n’avait laissé imaginer à Liam qu’il aurait pu être dépressif à ce point. Suite à son décès, plusieurs personnes furent intégrer à un programme d’aide psychologique dans le but de les soutenir durant cette période compliquée à gérer pour des personnes de leurs âges, mais Liam trouvait cela tellement hypocrite en voyant que la plupart de ceux qui demandèrent à en faire partie n’étaient même pas amis avec le disparu. Il s’abstint donc de demander un quelconque support et fit son deuil de son côté.
De retour dans les amphis Liam reprend le cours de sa vie avec le poids de la perte toute récente qu’il vient de subir, mais il a décidé de continuer à avancer malgré tout et de retomber dans les filets du fantasme qui le tourmente à chaque fois qu’il pousse les portes de la salle d’histoire, qu’il suit histoire de grappiller des crédits en plus pour son doctorat et accessoirement, pour baver devant le professeur qui donne ce cours. Il faut dire qu’il a un peu choisi cette matière après l’avoir croisé dans un couloir et presque agressé un étudiant plus âgé pour qu’il lui dise qui était ce professeur (en vrai il a plutôt dit « le type là-bas » et pensé « le p*tain de beau gosse là-bas »). Phare dans sa nuit : il a appris qu’il était intéressé, du moins en partie, par la gente masculine. Ombre à son tableau : il l’a su parce qu’il l’a surpris en train de peloter son ami… qui est maintenant décédé. Lui qui passait son temps au premier rang pour ne rien manquer de son timbre de voix à damner un saint, (sans parler du reste), désormais, il s’assoit le plus loin possible de lui…. Vive la chaise au fin fond de l’amphi près de la porte la plus proche….