Juin 1980

« Armand... Armand... Réveille-toi mon garçon ! »
La petite tête blonde émergea difficilement de sous ses draps, se tournant difficilement vers la femme qui venait de l'extirper de son sommeil. Il se redressa avec difficulté, se frottant ses yeux qui peinaient à se rouvrir.
« Maman ? Qu'est-ce qui se passe ? »
La jeune femme frotta avec douceur le dos de son enfant avant de se redresser et de ramasser le sac qui se trouvait au pied du lit et de l'ouvrir.
« Il faut que tu t'habilles. Vite. Et ne fait pas trop de bruit. »
L'enfant obéit sans broncher à sa mère, enfilant les vêtements propres qu'elle lui donnait. Une fois fait cette dernière lui pris sa main tandis qu'elle glissait le sac sur son épaule.
« Où on va maman ? »
La jeune femme restait muette à ses questions. Le visage sévère mais à chaque fois de nouveau souriant dès qu'elle posait son regard sur lui. Elle posa le sac juste à l'entrée, à côté d'une très grosse valise, et récupéra le manteau d'Armand qu'elle lui enfila.
« Tu es grand garçon ! Tu le sais ça ?! »
« Il est où papa ? Pourquoi on sort alors qu'il fait nuit ? » Ses petites mains venaient à nouveau frotter ses paupières tandis que les doigts de sa mère glissèrent le long de la fermeture.
« écoute Armand... » elle lui retira les mains de ses yeux et les glissa dans ses grandes mains à elle, son regard bleuté, laissant percevoir une pointe d'émotion mêlée à de la détermination, plongé dans l'incompréhension de celui de son petit. « on va faire un long voyage toi et moi ! D'accord ?! Il faut que tu restes sage et que tu fasses exactement tout ce que maman te dira. Tu es d'accord ? »
Le petit acquiesça d'un mouvement de tête. Elle lui offrit un de ses beaux sourires avant de venir lui embrasser la joue et lui frotter gentiment la tête. Elle reprit sa main tandis que de l'autre elle ouvrit la porte et tira sa valise, le tout avec le plus de précautions et sans un bruit. Armand se tourna une dernière fois sur la salle à manger qui servait principalement d’entrée. Puis ses yeux parcourir les fenêtres vitrées de la véranda qui encadrait la porte. Et le jardin extérieur sur lequel serpentait un petit chemin menant au portail principal. Lorsque sa mère l'ouvrit, la dernière image qu'il garda fut celle de la maison des Rehlinger, calme et endormie dans la pénombre de la nuit, le petit lampadaire qui brillait non loin de la haie, sous lequel voletait quelques papillons de nuit, le bruissement du vent dans les arbres et puis quelques sons de voitures au loin. Puis il releva la tête vers sa mère et cru voir un instant une larme couler sur la courbe de sa joue.


Janvier 1994

« Suivant ! » L'homme à la barbe épaisse se tourna sur son collègue à côté de lui avec un air franc de déception « Il était trop droit sur ses pieds. Trop terne à l'image. Et puis son sourire semblait trop faux. »
L'autre ne sembla qu'être d'accord, feuilletant les fiches qui se trouvaient devant ses yeux avec attention, semblant en chercher une en particulier « et le jeune homme qui est passé en troisième ce matin ? Il avait un certain talent dans sa manière de se déplacer. »
« Il a déjà fait quelques spectacles dans le quartier. Ce que j'aimerais c'est de l'innovation. » Dit-il en regardant entrer le nouveau participant, échappant un nouveau soupire de désappointement. « Je croyais avoir dit un brun ! Charles ! Il est blond celui-là ! »
« Je sais bien je ne suis pas aveugle mais on me l'a conseillé. »
« Bien... » Il reposa son attention sur le jeune homme, debout au milieu de la salle, l'air un peu fébrile et tremblant. « Bonjour ! »
« Bonjour... »
« Tu es ? »
«  Je m’appelle Armand Marshall... »
Les deux hommes fouillèrent un instant dans leurs fiches avant de passer rapidement un œil dessus pour reposer juste après leur intention sur le jeune homme. «  Tu es élève à l'Académie international de la danse de Paris ? Et tu fais à côté des études de comptabilité ? »
Armand secoua timidement la tête en guise de oui « C'est ça.. c'est au cas où la danse ça ne marche pas.. »
« Et bien nous allons voir ça ! Montre-nous un peu ce que tu sais faire ! »


Septembre 2003

« Olivier ! Je suis rentré ! » Il jeta son sac dans l'entrée de la porte et donna une caresse à son chien qui fut le premier à l’accueillir. En se redressant, il en profita pour étirer longuement ses bras, ses articulations le faisant souffrir. « Quelle journée ! Je suis exténué... Olivier ? »
N'ayant obtenu aucune réponse, il continua son bonhomme de chemin en retirant ses chaussures et sa veste avant de rejoindre la cuisine pour se servir un verre de jus d'orange pressée.
« Est-ce que tu sais si le facteur est passé ? J’attends une lettre importante qui devrait arriver aujourd'hui ! » Parlant toujours seul en sachant très bien que son conjoint devait bien se trouver dans une des pièces de la maison, sûrement sur le canapé et qu'il devait évidemment l'entendre. Il n’aurait cependant pas était contre une réponse de sa part.
« Hey ! Olivier ! Tu m'écoutes ? » En rentrant dans la salle à manger de leur appartement, il retrouva l'homme qui partageait sa vie, le regard ferme, assis au bout de la table, l'air extrêmement terne et livide. Cela coupa Armand de la moindre action et il resta un moment dans l'encadrement de la porte, à fixer Olivier qui ne semblait pas oser relever son regard vers son amant. Il tenait dans sa main une enveloppe dont une des arêtes était déchirée. Il finit par la lui lancer et la laisser glisser jusqu'à l'autre bout de la table où il se trouvait.
« C'est de cette lettre dont tu parles ? » Fit-il d'une voix presque maladif, à la limite du blâme. Le regard d'Armand passa de son compagnon à l'enveloppe, ouverte.
« Tu ne m'avais pas dit que t'étais aller te faire dépister... pourquoi ? »
Armand avait espéré ne pas avoir cette conversation avec lui. Non, ce n'était pas cette lettre qu'il attendait, cette dernière devait arriver mardi, lorsqu'il serait présent à l'appartement et qu'il se serait occupé lui-même du courrier. Il posa son verre sur la table tout en pesant calmement ses mots dans son esprit. Ce qui lui faisait le plus peur, c'est qu'elle était ouverte. Donc Olivier savait ce qu'il en était.
« Bordel ! Répond quelque chose Armand... Pourquoi ? »
« Tu connais mes problèmes de santé... C’est mon médecin qui me l'a conseillé lorsqu'il m'a dit qu'il avait repéré quelque chose qui l'inquiétait. »
« Tu sais très bien que je n'ai rien.... »
« évidemment. » Il reprit son verre et en bu une gorgée « Alors il n'y a aucun problème »
La réponse d'Armand ne sembla pas convenir à Olivier qui frappa du poing sur la table. « Putain Armand ! C'est putain de positif Armand ! Tu es positif merde ! » Il se leva en claquant ses mains sur la table, une pointe d'humidité dans le regard. « C'était avec qui ?! Quand ?! »
Armand le fixa longuement, l'air ailleurs et à la fois extrêmement présent, droit sur ses deux pieds. Son cœur s'était peut-être arrêté de battre et son regard s'était perdu dans le fil de ses pensées. Une sensation de plonger dans le vide interminable semblait le gagner sans qu'il n'arrive à mettre les mots exacts dessus. Il se pencha simplement en avant pour prendre la lettre de la table et en sortir la feuille de papier, la dépliant longuement et en scrutant la moindre ligne, comme si ces dernières pouvaient en démentir ces propos.
De son côté, la colère d'Olivier ne semblait que croître devant le manque de réaction de son interlocuteur. Il commençait à faire les cent pas, le regard fixé sur Armand qui n'affichait toujours aucune expression sur son visage. « Putain ! Si je sais qui c'est je t'assure que je vais le buter ! Je vais en faire du pâté ! Merde Armand !! Réagit !! »
« …. Il faut que je prenne rendez-vous avec mon médecin... et que tu aille faire un test toi aussi... »
Ces quelques mots suffirent pour qu'Olivier se rue sur Armand et l'agrippe fermement par le col de sa chemise. « Réponds-moi bordel !! C'était qui !? »
Armand gardait son calme, celui qu'il avait toujours eu et qui l'avait toujours plus ou moins accompagnait. « Ne t'énerve pas... Je ne peux pas répondre à ta question »
« Comment ça tu ne peux pas y répondre ?!! Tu sais plus avec qui tu as baisé ?! »
« Il est effectivement possible que je n'ai pas retenu leurs prénoms à tous... mais le problème n'est pas là. Tu dois prendre rendez-vous, c'est urgent »
Olivier le lâcha, stupéfait, se reculant de quelques pas avant de le dévisager de la tête en bas. « Leurs ?! Tu... tu m'as trompé avec combien de personnes exactement ? Combien de fois ?! »
Armand ne semblait plus se préoccuper de lui maintenant qu'il ne le menaçait plus. Il sortit son téléphone de sa poche et cherchait le numéro de son médecin dans son répertoire. C’en était trop pour Olivier qui évacua sa colère et son dégoût d'un violent coup de pied dans une des chaises. « Putain ! T'es un enfoiré Armand ! Je croyais que j'avais une quelconque importance pour toi ! »
Amenant son portable à son oreille, il gardait son regard posé sur lui. «  Tu en as une. Une grande »
« Alors pourquoi t'as fait ça ?!! Pourquoi ?!! »
« Il y a une différence entre le simple acte sexuel et celui de ressentir des sentiments forts et profonds pour quelqu'un. Ce n'est pas parce que j’apprécie énormément être avec toi et partager une vie de couple que je dois faire une croix sur le plaisir charnel que peut m’offrir une autre personne. Ça n'en change pas les sentiments que j'ai pour toi. »
« La ferme ! Sérieusement... la ferme ! »
« C'est toi qui voulait une réponse.. »
Son conjoint pesta dans son coin avant de quitter la pièce d'un pas ferme, se dirigeant droit vers leur chambre. Armand le suivit tout en patientant au téléphone et resta impartial en le voyant faire son sac. « Ne fais pas ça Olivier... »
« Je t’emmerde Armand ! Toi et tous ceux que tu as baisé ! »
Armand échappa un soupir en détournant son regard. « tu vas le regretter si tu fais ça... »
Olivier termina à une vitesse record son sac et se leva, ferme dans son attitude comme dans ses propos. « Tu sais quoi ?! C'est toi qui vas sérieusement le regretter si tu m'as refilé le sida ! T'es un homme mort ! »
« Ce sont des menaces maintenant ? »
Il enfila son sac à son épaule et s'approcha de lui. « ça ne va pas rester que des menaces ! » Et se dirigea vers l'entrée, ouvrant grand la porte avant de partir sans même se retourner, la claquant avec violence derrière lui.
« … Je suis désolé... » Mais il était déjà partir avant d'entendre ces mots.


Avril 2017

« Toc!Toc!Toc ! Je peux rentrer ? »
Il leva son regard bleuté sur la jeune femme qui venait d'ouvrir la porte de son bureau. Il n'avait pas eu besoin de la voir pour comprendre qu'il avait affaire à la nièce de son meilleur ami. Cette dernière affichait son habituel petit sourire malicieux et espiègle. Les mains dans le dos, elle se dandinait doucement, attendant une réponse, sachant très bien laquelle allait tomber.
« Oui... bien sûr. Qu'est-ce qui se passe ? »
Demanda Armand en posant son stylo et croisant ses doigts, coudes posés sur la table, le menton soutenu par ses mains, lui offrant toute son attention.
« Excusez-moi de vous déranger monsieur le directeur... » fit-elle, faisant mine d'apporter de l'importance aux règles de politesse qu'elle devait avoir en face de lui. Il lui sourit en toute réponse, la regardant tirer la chaise en face de son bureau pour venir s'y asseoir. « J'ai entendu dire que vous allez nous quitter dans quelques jours ? »
Il serra les lèvres en passant sa main dans ses cheveux, perdant son sourire pour retrouver un visage plus contrarié. « Oui... pour les États-Unis. Je pars après-demain. »
En remarqua l’expression de son visage elle se pencha un peu en avant, visiblement inquiète.
« Un problème ? Ce n'est pas pour aller visiter une école de danse là-bas ou pour un partenariat. C'est pourtant ce qu'on m'a dit »
Il se gratta la mâchoire, perplexe. « J'aimerais bien savoir qui vous a parlé de tout ça ! Je veux bien croire que les rumeurs vont de bon train par ici mais elles se propagent un peu trop vite à mon avis »
« Je suis désolée... ça vous dérange ? »
« Non.... ça va... ce n'est rien » Il se leva de sa chaise pour venir jeter un œil à travers la fenêtre de son bureau, les mains croisées dans le dos. « Je profite effectivement de l'occasion pour rejoindre un vieil ami et me renseigner sur une école de danse où il est professeur. Mais si je m'y rends avant tout c'est pour une raison familiale »
La jeune femme l'écoutait avec beaucoup d'attention, curieuse et impatiente d'en savoir plus. « Vous avez de la famille aux États-Unis ? »
« J'avais... » il se retourna vers elle «  Enfin... on pourrait plus exactement dire qu'on m'en a découvert. Je suis originaire de là-bas vous savez. »
« Vous êtes Américain ? »
« De naissance, oui. » Il retourna s’asseoir dans son grand fauteuil de cuir et serra dans ses mains les accoudoirs. « Ce sont des histoires de famille ça nous vous intéresse sûrement pas. »
« Oh si ! Ça m’intéresse beaucoup !! »
Devant l’excitation de la jeune fille face à toutes ces nouvelles révélations Armand fronça les sourcils. « En d'autres mots ça ne vous regarde pas. »
Elle sembla fort déçue et ne le cacha pas. Il la soupçonna même d’exagérer un peu afin de le faire culpabiliser. Armand poussa un long soupir avant de se laisser tomber sur le dossier de sa chaise.
« Je suis né à Detroit et je vivais dans une petite ville dont... j'ai oublié le nom. Mais ma mère est partie avec moi un soir et a quitté le pays pour la France. Je vis à Paris depuis. »
« Vraiment ?! »
« Parce que vous pensez que je mens en plus de ça ? » fit-il, maintenant amusé de la voir aussi absorbée par ce qu'il disait. Ce n'est pas souvent qu'il parlait de lui à quelqu'un, autre que son psychologue.
« Oh non ! Pardon! Ce n'est pas ce que je voulais dire.... »
« Mon père est resté vivre là-bas et il s'était apparemment remis en couple avec une femme. Et d'après ce que je viens d'apprendre cette femme lui a fait un autre enfant mais est partie, le lui laissant sur les bras. » Soupire « il n'avait pas de chance avec les femmes lui »
« C'est affreux! Mais ça veut dire que vous avez un demi-frère ou une demi-sœur qui vit en Amérique »
« Un frère... et oui, j'avais. Il est mort il y a 2 jours. »
Elle rejoignit ses mains devant sa bouche, l'air catastrophé et désolé pour lui.
« Oh mon Dieu! Je suis sincèrement désolée ! »
Armand se contenta de hausser les épaules. « Ne le soyez pas. Je ne le connaissais même pas. j'ignorais presque tout de mon père, alors un enfant de lui. En tout cas j'ai reçu cette lettre me demandant de monter afin de récupérer les droits de mon héritage, visiblement, parce que j'ai le droit à quelque chose. Et je vais devoir m'occuper d'organiser ses obsèques... En gros du travail imprévu. »
« Mais il n'y avait personne sur place pour cela ? »
« Non... je ne sais pas grand-chose sur ma famille paternelle mais s'il était comme ma mère il est fort probable qu'il ait lui aussi coupé tous les ponts avec ses parents. Peut-être même qu'il n'était pas totalement originaire des États-Unis à la base, qu'en sais-je. En tout cas je semble me retrouver être le dernier membre encore vivant de ma famille. »
« C'est... dommage.. »
« Je pensais que je l'étais déjà. Ça ne me change pas grand-chose à vrai dire. Je serais sûrement revenu dans 4 mois »
« Vous partez aussi longtemps ?! »
« J'aimerais en profiter pour faire quelques recherches n'ayant, bien heureusement, rien à voir avec ma famille mais avec l'école. J'aurais pas mal de papiers à remplir et il va falloir que je voie l'état de la maison familiale et que je trouve quoi en faire. Puis je me prendrais peut-être un petit mois de vacances. » Il sourit en disant cela, réajustant les documents sur son bureau. Des vacances... il ne se souvenait même plus la dernière fois qu'il en avait pris.
« Je suis sur que ça va vous faire un bien fou ! Et puis, avec un peu de chance vous allez rencontrer quelqu'un ! »
Il releva la tête, surprit « Pardon ? »
Elle sembla fort gênée et baissa ses yeux sur ses mains, les joues légèrement teintées de rouge « non non... je n'ai rien dit ! »
Il lui sourit en la voyant faire et reprit son stylo en main. « Ce sera tout ? Vous n'avez pas du travail à faire peut-être ?»
« euh... oui...merci beaucoup ! » dit-elle en se levant, comprenant que c'était une invitation à mettre fin à cette petite réunion imprévue. Elle se dirigea vers la porte mais se retourna une dernière fois. « vous nous enverrez une carte postale hein ! »
Cela le fit rire, ce qui redonna le sourire à la demoiselle.
« J'y penserais. Promis. »


Mai 2017

C'est étrange comme le premier détail qui frappa son regard fut ce lampadaire, toujours debout et éteint en cette matinée embrumée. La haie était toujours là, autant dans sa mémoire que devant ses yeux, bien qu'elle ait perdu toutes ses feuilles et n'avait pas survécu au manque d'entretien. Il laissa glisser sa main le long du grillage jusqu'au bois humide du portail. Doucement, comme une illusion venue du fond de ses souvenirs, apparaissait telle une image rémanente, la silhouette de la maison qui, étonnement, ne semblait pas avoir quitté sa mémoire depuis tout ce temps. Il parcourut le petit chemin serpentant le jardin, rejoignant l'entrée encore protégée par la véranda aux quelques vitres aujourd'hui cassées et dont certains joints avaient pourri. Tout était ici comme il l'avait laissé, avec le seul poids du temps qui avait affaibli l'image des lieux. C'était un peu comme si, en partant, la maison avait été complètement abandonnée jusqu'à son retour, l’attendant patiemment. Alors qu'il savait que son père, et que ce frère qu'il ne connaissait pas y avait vécu. Depuis la mort du premier, son fils ne revenait ici que pendant les vacances et, d'après le notaire, pour y faire quelques fêtes étudiantes. La question que se posait Armand était sur les choix financiers que ce frère avait eus. Comment avait-il fait pour ne pas finir restreint à la vendre ? Et puis il était jeune. Il avait un appartement à détroit. Pourquoi garder une vieille bâtisse au fond d'un petit village comme l'est visiblement Marple Spring ? Alors qu'il aurait très bien pu se faire de l'argent dessus et se faire plaisir. Voir partir. Si ce n'est que pour une histoire de fêtes étudiantes c'était idiot. Armand ne pouvait pas penser que ce frère inconnu soit aussi bête. Il y avait forcément une raison qui échappait à lui comme au notaire.

Il fouilla dans la poche de son long manteau et en sortit un trousseau de clefs. Il en essaya deux, avant d'arriver à trouver la bonne pour ouvrir la porte. L'intérieur était plus propre que ce à quoi il s'attendait. Mais impossible pour lui de savoir si les meubles avaient changé ou pas. Sa mémoire d'enfant de 4 ans n'avait pas suffi à se souvenir d'autan de choses. Il fit un tour, marchant dans la salle à manger avec ses chaussures légèrement salies de la terre humide de l'extérieur. Il s'étonna à se penser perplexe quant au lieu lui-même. Il s'était attendu à ressentir quelque chose en particulier. Mais ça ne venait pas. Il continua sa découverte étrange, comme s'il entrait dans l'intimité de quelqu'un d'autre, dans un lieu qui n'était pas le sien. Il ne se sentait pas vraiment à sa place ici. En visitant la maison, il déduit rapidement que certaines pièces avaient carrément étaient laissées à l’abandon, n'en privilégiant que quelques-unes, essentiellement les espaces de vies communes. Il s'arrêta net au bout d'un couloir. Ce couloir lui laisser transparaître quelque chose. Un sentiment... de déjà-vu. Il s'y engouffra et arriva devant une porte dont la surface en bois gardait des traces de lettres, peut-être de papier ou en plastique, qui avaient été collées dessus puis retirées. Il reconnut un A, un R et un D. Se pourrait-il que ce soit sa chambre ? Il laissa glisser ses doigts sur la poignée, ressentant une certaine tension dans sa main. Il finit par l'ouvrir, rapidement et en grand. Le résultat le laissa indécis. La pièce était complètement vide de tout meuble ou de tout objet. Étrangement, il s'était attendu à y retrouver quelque chose. Un lit d'enfant... des peluches... Il ne sait pas trop. Ce n'était pas surprenant qu'il n'y ait plus rien cependant. Il y entra et se gratta le menton. Tout ça n'était bien qu'un voyage dans le temps fort imprévu.