Begin Again

Je n’ai pas envie de me présenter, mais comme je n’ai rien à faire pour les trois prochaines heures, autant commencer par le début. Oui, le début, le tout début avant même ma naissance. J’attends une livraison alors nous avons tout notre temps. Ma puce, bouche toi les oreilles, c'est une histoire pour les grands.

Hmm. Alors, mes parents se sont rencontrés lors d’une soirée, certainement une soirée pleine de hippies défoncés au LSD. Vous qui pensiez qu’il y aurait une histoire d’amour version édulcoré, vous pouvez passer votre chemin. J’étais une erreur de parcours, mais mes parents décidèrent de rester ensemble et d’apprendre à se connaître pour m’élever. Est-ce que c’est mes grands-parents qui les ont poussé à être ainsi et ne pas faire leur vie séparément ? Peut-être bien. Ma conception a permis à un couple solide de vivre dans la durée. Comme quoi les hommes et les femmes apprennent à s’aimer avec le temps. Liam, mon petit frère me dirait que c’est de la connerie.
Je suis né dans la ville de Vancouver avec ces cinq cent mille habitants, adeptes du Hockey, amoureux de ses rues marchandes et de ces randonnées. On a quand même le plus grand aquarium de tout le Canada. Ça faut le dire. Bon d’accord, on s’en fout. Particulièrement les Américains, n’est-ce pas ? Mon enfance est des plus calmes pour un garçon. Je ne cache pas que l’arrivée de mon frère, deux ans après ma naissance, a réussi à me frustrer… Un petit peu. Etant bébé, je ne l’ai pas ressenti ainsi mais à partir de six, sept ans, je pouvais voir qu’ils portaient plus d’attention à Liam. Forcément, il était plus jeune que moi. Une véritable rivalité est née entre nous à partir de ce jour. On se cherchait les noises et tout cela en restant amicale, enfin presque. Etant gosse, je lui préparai toujours de mauvais coup parce que c’était drôle et c'était parfois de mauvais goût. Avec le temps, nous nous sommes éloignés, mais je ne vous spoile pas la suite.




Toujours en rivalité avec mon frère, nous faisions les quatre cent coups. Je traînais trop souvent dehors avec mes amis. Je n’ai jamais aimé les études, mais je gardais un niveau correct pour mes parents. La moyenne était atteinte, mais je n'en foutais pas une, j’ai toujours su que je ne pourrai pas rester assis derrière un bureau. J’avais besoin de quelque chose de plus manuel. Emy, toi tu ne feras pas comme moi. Tu feras de grandes études, comme mon frère. J'aime mon travail, mais ce n'est pas facile tous les mois de joindre les deux bouts.

Toujours pour faire plaisir à mes parents, je me lance dans des études supérieures mais je m’arrête au bout d’un an. Je profite tout de même des fêtes étudiantes et entre grâce à Liam sans problème. Un soir, j’ai rencontré cette petite blonde qui était encore au lycée, timide qui se cachait derrière son bouquin d’histoire comme si quelqu’un allait lui faire du mal. Alors, je balance une boutade. La première question que je me suis posée : elle vient de sortir d’un couvent ? La demoiselle qui s’appelait Candice s’était mise à rougir après ma boutade sur son livre et partit à toutes jambes. Du genre à ne pas prendre trop au sérieux les relations avec les nanas, je suis resté un peu con face à celle-là. Elle avait réussi à éveiller en moi un sentiment encore inconnu. Alors j’ai proposé une soirée à la copine de mon frère, Dahané.

A la base, il n’y avait aucune soirée, mais nous avons réussi à faire une soirée en moins de vingt-quatre heures. Je pus revoir cette fille et je vais être mielleux à en vomir, mais j’ai craqué pour cette tête blonde. Je l’ai cherché partout et lorsque je l’ai trouvé, je l’ai invité à danser et nous avons pu échanger un baiser. Mon regard les fait toutes tomber mais c’est le sien qui m’a fait tomber en premier. Après cela reste assez flou. Un homme plus âgé me tombe dessus et je tombe par terre, sonné. J’ai vu le regard de Snow autrefois pétillant, emplis de crainte. Je n’ai pas vraiment pu savoir ce qui c’était passé. Danahé m’expliqua plusieurs jours plus tard que c’était son père et qu’il était très violent. Prenant mon courage à deux mains, je voulais à tout prix retrouver cette fille pour l’inviter à sortir. Une fois devant sa maison, j’apprends de la voix menaçante de son père qu’elle a foutu le camp avec son frère. Ma crise sentimentale s’en était allé et je repris mes mauvaises habitudes aussi simplement qu’elle était arrivée mais j’arrivais encore à penser à cette fille et elle arrive encore à hanter mes nuits malgré les années.




Quatre ans après cette histoire qui me marquera, j’avais 25 ans et je passais la soirée avec Dahané, la copine, ex-copine et re-copine de mon frère et tout dérapa. Quelques verres en trop et nous nous retrouvons tous les deux dans le lit à nous envoyer en l’air. Mon frère ne tarde pas à l’apprendre et je me prends la dérouillée de ma vie. Non seulement parce que j’ai couché avec sa nana du moment, mais surtout parce que je l’ai foutu enceinte. Je ne m’étais jamais senti aussi mal. J’aimais et j’aime mon frère mais j’ai fait le con sur ce coup. L'alcool ne justifie pas tout. Notre rivalité était toujours là, même inconsciente. Dahané décida de garder l’enfant et comme mon frère ne voulait plus entendre parler de nous deux, je me mis par défaut avec elle. C’est une nana superbe, mais j'allais découvrir qu'elle n'était pas faite pour être mère. Trop tôt. Vous sentez l’éternel recommencement ?

Je sors avec mon diplôme me permettant de travailler rapidement comme fleuriste afin de gagner des sous pour pouvoir, faire vivre Dahané et Emy, ma fille qui naquit neuf mois plus tard. Devenir père change un homme. Surtout sur sa façon de voir le monde et les dangers. Le sens des responsabilités nous tombe sur la tronche et c'est douloureux. Je ne dis pas que je n’ai jamais failli la faire tomber, mais heureusement le canapé n’était pas loin… N'appelez pas les services sociaux! Je plaisante, enfin, presque...

Mon frère arriva à me pardonner deux ans après la naissance d’Emy, mon petit rayon de soleil, parce que je lui annonçais que je ne pouvais pas faire ma vie avec Dahané et qu'il ne devait pas en vouloir à Emy qui avait besoin de son oncle. Alors que Dahané aurait dû se poser pour d’élever notre gamine, elle préférait toujours faire la fête et n’arrivait pas à garder un boulot plus de deux mois. L’argent que je mettais de côté pour les études de ma gosse étaient dépensé pour ses caprices et je finis par lui annoncer que je préférais prendre mes distances. D’un commun accord, nous décidâmes de rester en contact pour le bien de l’enfant, mais que nous ferions notre vie séparément. Je pense qu’elle aussi n’avait pas envie de continuer ainsi.




J’ai presque vingt-neuf ans et j’ai envie de bouger pour découvrir les Etats-Unis. J’ai entendu parler d’une ville où je pourrai ouvrir mon magasin sans trop avoir peur de la concurrence. Bingo, je parle de votre ville. Nous décidons de partir pour nous installer à Marple Springs. Une ville accueillante et où mon travail me permettra de faire vivre ma gosse. Dahané me suit, car elle continue d’enchainer les jobs et que visiter du pays lui ferait le plus grand bien. Je l’aide toujours quand elle n’arrive pas à joindre les deux bouts, mais ma priorité est ma gosse.

J'ai pris un appartement dans le centre-ville à deux pas du magasin que j'ai ouvert. Je garde Emy avec moi et Dahané s'en occupe quand je ne peux pas la garder. Elle, elle habite dans l'est de la ville. J'ai mis un peu de temps à lancer mon affaire, mais maintenant j'ai une clientèle solide. Les gens apprécient ma capacité à savoir accorder les couleurs, les odeurs. Créer un bouquet est tout un art ... Les plus beaux, je les offre à ma fille ...