’observe mon reflet dans le miroir de ma chambre. La petite robe rose met ma peau mate en valeur et les chaussures à talons me grandissent de quelques centimètres, c’est toujours ça de gagner. Mes cheveux bruns cascadent sur mes épaules, ça me change. Le plus souvent, je préfère les attacher car je n’aime pas qu’ils me tombent dans les yeux. La seule chose qui me chiffonne c’est que la robe un peu courte, laisse voir l’écorchure que je me suis faite hier en me cassant la figure sur le jouet qu’un de mes petits frères à laisser trainer dans l’escalier. Satisfaite, je donne une dernière touche à mon maquillage, puis j’attrape mon sac à main, puis je quitte la chambre en dévalant les escaliers. Une fois en bas, je suis accueillie par une réflexion désagréable de Terrence. « Tu compte aller travailler dans cette tenue ? » me dit-il. Je ne réponds pas, préférant lui décocher un regard de travers. « File te changer ! » m’ordonne-t’il. « Pourquoi faire ? » je lui réponds, hargneuse. Ce type a le don de m’énerver et je n’ai pas envie qu’on m’énerve ce soir. Fort heureusement, maman, qui sait parfaitement que ce soir, je n’irais pas travailler ; d’où la jolie robe qu’elle m’a prêté pour l’occasion ; me vient en aide. « Et que lui reproche-tu à sa tenue ? » lui demande-t-elle. Terrence lève les yeux au ciel. « Oh et puis, qu’elle face ce qu’elle veut. C’est pas ma fille ! » capitule-t-il. « Ça, depuis le temps que je le dis ! » ne puis-je me retenir d’ajouter. Puis, sans attendre qu’il comprenne, j’embrasse ma mère sur la joue et je quitte la maison. Officiellement, j’habite à trois minutes du cinéma ou je travaille. Le lycée en revanche, est beaucoup plus loin et à cette heure ci, il n’y a plus de bus pour m’y conduire. Néanmoins, une de mes amies à sa mère qui nous y conduit et justement, la voiture s’arrête à ma hauteur. Je m’y engouffre. Nous arrivons quelques minutes plus tard, mais ma copine me fait rapidement faut bon pour aller rejoindre son petit copain. Je sors donc discrètement de mon sac la bouteille que j’ai emporté. D’apparence, c’est de l’eau, mais ça n’en est pas. Pour être franche, je ne sais pas du tout ce que j’ai pris, je me suis glissée en douce dans le bureau de Terrence cette nuit et j’ai vidé le contenu d’une bouteille d’alcool dans une bouteille d’eau. C’est probablement du Gin, car je l’ai entendu râlé toute à l’heure qu’il n’en avait plus. J’en bois une gorgée, c’est dégueulasse !

Savannah & Isaac

ans ma tête, je repasse le film de ma conversation avec ma camarade, dans la voiture de sa mère, qui nous conduisait au bahut. « Superbe ta robe Savannah ! » m’avait-elle dit lorsque j’avais grimper à l’arrière de la voiture. Je la trouvais un peu trop courte pour moi ; et je n’étais pas la seule puisque l’abruti que ma mère a épousé m’en avait fait la remarque ; mais comme ma mère me l’avait gentiment prêté, je n’allais pas faire la fine bouche. Maman ne rentrait plus dedans de toute façon. Elle disait que la naissance des jumeaux lui avait fait plus de mal que de bien. « Elle est à ma mère ! » ai-je répondu, fière que ma tenue puisse plaire. « Et bien, ta mère est vachement sexy ! » a-t-elle lâché, ce qui m’a faite glousser. Oui, ma mère est encore sexy, mais il faut dire qu’elle a dix ans de moins que les mères de mes copines de classe, donc forcément. Mais je me garde bien d’en faire le commentaire, puisque l’une d’entre elle écoute la conversation sans rien dire. Je n’ai d’ailleurs pas besoin d’en dire plus puisque nous arrivons à destination et ma copine me plante pour aller rejoindre son mec. Je pense aussitôt que c’est une saloperie, mais je me taie. Après, on dira que je ne suis pas sociable, ou pire encore, que je suis jalouse. D’accord, je suis la seule fille de l’école à n’être jamais sorti avec un mec et ça m’énerve, mais de là dire qu’il m’en faut un à tout prix, non. Parfois, il vaut mieux être seule que mal accompagné. Regardez ma mère ! Je discute quelques minutes avec une camarade, avant de m’éloigner. En fait, c’est nul. La musique est pas géniale, la décoration est pourrie ; on en fait des mieux que ça au Club de sciences ; personne ne danse. Personne ne remarque que l’eau que je bois n’a pas la couleur de l’eau. Personne ne me remarque, je suis aussi invisible que dans les couloirs de ce lycée et je me dis que j’aurais mieux d’aller bosser plutôt que de demander ma soirée. Bref, je m’ennuie ferme. Je décide donc d’aller grignoter un morceau, ça me fera passé le temps. Et alors que je suis en train d’engloutir une part de pizza, je sens un regard poser sur moi. Surprise, je me retourne et je suis d’autant plus surprise lorsque je vois qui est en train de bloquer sur moi. Isaac McAvery, le capitaine de l’équipe de crosse. Je ne sais pas du tout en quoi consiste ce sport je préfère le football ; mais il est connu de tout le monde au bahut. J’ai eu deux cours en commun avec lui cette année, mais on ne sait jamais adresser la parole. Voilà pourquoi je me demande ce qu’il fabrique. Je fronce les sourcils. « Quoi ? » je lui demande. Je ne suis pas agressive, simplement étonnée. Je commence à croire que ma robe doit être remonter ; ce qui expliquerait son regard sur moi ; alors je tire dessus, mais non, ça n’est pas ça.

Savannah & Isaac

orsque je sens son regard bloqué sur moi, je me sens sotte parce que je me demande ce qu’il me veut, d’où ma question, d’où mon « quoi ? », je suis encore plus surprise de le voir piquer un phare. Certes, je ne le connais pas vraiment, seulement de réputation, parce qu’il est le capitaine de l’équipe de Crosse, et qu’il a déjà fait quelques séjours dans le bureau du proviseur, mais ça s’arrête là. Par exemple, je ne sais pas pourquoi, parce que je ne fais pas attention à ce qui se passe en dehors du club de science. Ce n’est pas que ça ne m’intéresse pas, mais j’ai toujours été une fille invisible, et personne en dehors de mes amies proches, ne s’adressent à moi. Voilà pourquoi je suis autant surprise ; limite choquée ; qu’il me regarde et s’adresse à moi. Mais il me répond bien vite qu’il n’y a rien. « Ha bon ! » je réponds simplement. J’engloutie le reste de ma part de pizza, pour une fois que je peux manger quelque chose qui me plait vraiment et pas la bouffe de Terry. Sérieusement, la pizza c’est tout de même meilleur que tous ces trucs bizarres qu’il nous fait mangé. Des fois, c’est tellement peu ragoutant que ça me donne envie de vomir. Une fois, j’ai même surpris l’un de mes frères en train de raccroché le contenu de son assiette dans les toilettes. A la longue, ces gosses vont finir par être traumatisés. Mais revenons-en à Isaac qui n’a pas bougé. Il reprend la parole pour me dire qu’il a l’impression de me connaitre. Bah merde alors ! Je ne pensais pas qu’il puisse avoir cette impression-là, c’est que c’est pas n’importe qui ce mec. Cette fois, c’est à mon tour de rougir, avant d’avaler ma dernière bouchée de pizza. « On a eu quelques cours en commun cette année ! » je lui réponds alors, histoire qu’il sache que ce n’est pas qu’une impression, juste que l’on ne s’est jamais parlé et pour cause, nous ne venons pas du tout du même monde. « Biologie et économie ! » je crois bon d’ajouté, mais je crois que j’aurais mieux de me taire, car je vais passer pour l’intello de service ; ce que je suis d’ailleurs merci Terry ; et on sait qu’il n’y a que dans High School Musical qu’un sportif s’entiche d’une intello. Mais là, je crois que je vais un peu loin dans mes pensées, si ça se trouve, il est juste en train de se payer ma pomme.

Savannah & Isaac

a question que je me pose en ce moment précis, c’est pourquoi est-ce qu’il bloque sur moi de la sorte ? D’accord, je ne suis pas moche, mais je ne suis pas non plus une fille canon, il y a pire que moi c’est sûr, mais il y a mieux. Et puis, sa façon de me regarder me quelque peu mal à l’aise, j’ai l’impression d’être à poile et que je ne cache absolument rien de mon anatomie, vachement gênant quand même. Quand il m’indique avoir l’impression de me connaitre, je lui réponds que nous avons eu deux cours en commun pendant l’année, ce qui est vrai après tout. Je vais jusqu’à préciser de quels cours il s’agit, ce qui n’est pas franchement utile, mais je suis une intellectuelle, il faut toujours que je la ramène avec ma science. Je m’apprête à ajouter un commentaire par rapport à notre professeur de chimie ; qui se trouve jouer les chaperons pour la soirée ; mais je suis interrompu par les hurlements de rire de certaines filles. Franchement, elles ont aucune retenue, on se croirait dans un asile ! Est-ce que je glousse comme ça, moi ? Finalement, c’est Isaac qui reprends la parole et je reste sur les fesses. « Ah bon ? » fis-je. « J’veux dire … euh … si c’était le cas, je m’en souviendrais ! » Oh bordel, j’aimerais disparaitre sous terre, je viens de me taper la honte de ma vie, là, on est bien d’accord. Je rougie aussi fort que lui et tente de regarder ailleurs quand il me demande mon prénom. « Oh … euh … Savannah ! Et toi ? » je réponds, avant de me taper le front du plat de la main. Non mais quelle conne ! Je sais déjà comment il s’appelle. Je jette un nouveau coup d’œil à la salle et j’avise ma copine ; celle dont la mère m’a accompagné à la soirée ; en train de roucouler avec son mec. « Regarde ! C’est à cause de gens comme ça qu’on a mauvaise réputation ! » je lance, histoire de rattraper ma bourde. Au moins, ça lui permet de ne pas répondre, il ne manquerait plus qu’il se foute de moi.

Savannah & Isaac

e me sentais mal à l’aise et je ne saurais pas vraiment en expliquer les raisons. Disons que son comportement me mettait mal à l’aise. Non pas qu’il se comportait mal, absolument pas, c’était même tout le contraire, il semblait gentil et sans mauvaises intentions. Mais oui, il me mettait mal à l’aise au plus haut point. Je crois que c’était à cause de sa façon de me regarder, je n’en avais pas l’habitude. Quand il remarqua mon malaise, il s’en excusa avant de m’expliquer qu’il ne parlait pas souvent avec des filles et que, par conséquent, il était un peu rouillé. Je me mis à rire, pas pour me moquer, mais plutôt parce que j’avais du mal à le croire. Que moi, je dise que je n’avais pas l’habitude de parler avec des mecs, c’était logique, les mecs de son acabit ne parlent pas avec les filles du club de science ; ni avec les mecs du club de science parce que nous n’étions pas que des filles ; enfin bref. Du coup, oui, je l’admets, je trouvais ça bizarre. Peut-être que moi aussi, je le mettais mal à l’aise et qu’il ne savait pas trop comment le reconnaitre. Ouais. A d’autres. Après quoi, il me demanda quel était mon prénom, mais en même temps que je luis répondais, je lui retournais bêtement la question. « Je le savais déjà ! » couinais-je, quand il m’indiqua son prénom, non sans me complimenter pour le mien au passage. Bizarre, mon beau-père, trouvait que j’avais l’air d’une prostituée. « C’est la robe ! » je réponds, comme si ça expliquait tout. En fait, je ne connaissais que les compliments de ma mère, mais c’est normal, c’est ma mère. Pour le reste, je ne connaissais pas. Finalement, mon malaise grandissant de minutes en secondes, j’avisais ma copine Ellie, qui semblait bien s’amusé, je fis un commentaire moqueur, juste pour détendre l’atmosphère, mais je ne m’attendais pas à ce qu’il la critique et la fasse passé pour une prostituée, ce qu’elle n’était définitivement pas. « C’est ma meilleure amie ! » lâchais-je alors.

Savannah & Isaac

e me sens de plus en plus stupide à la mesure que la discussion avance. Un mec mignon me fait un compliment et je ne trouve rien de mieux à dire que c’est à cause de la robe. Disons que je suis mal à l’aise, je ne sais juste pas quoi lui dire car nous ne venons pas du tout du même milieu et ça me déstabilise complètement. D’ordinaire, mes journées, ma vie en générale, sont réglés de la même façon. C’est routinier, c’est vrai, mais ça me rassure. Là, je n’avais pas prévu une discussion avec un mec. Ou plutôt si, mais je ne visais pas si grand. Le capitaine de l’équipe de crosse du bahut, ce n’est pas à ma portée. Je ne suis pas comme ma meilleure amie. Et le fait qu’il me parle comme si de rien n’était, comme si j’étais une fille populaire, ça me fait perdre mes moyens. « Ah bon. » je réponds, bêtement. J’aurais pu dire merci, d’ailleurs, c’est ce que je voulais dire, mais les mots restaient bloquer dans le fond de ma gorge. En parlant de gorge, j’avais le gosier sec, alors j’attrapais ma bouteille et en avalait une nouvelle gorgée. Erk. C’était toujours aussi dégueulasse. Je plissais le nez, tentant de faire passer le liquide. Qu’est-ce qui m’avait pris de me rebeller et de voler une bouteille de mon abruti de beau-père ? Il n’empêche, même en avalant ce truc dégoutant, je ne retrouvais pas l’usage de la parole. En fait, j’étais plus expressive devant un tableau noir avec une équation complexe à résoudre. Il était gentil, au contraire, juste que j’avais beau me creusé la cervelle, je ne voyais pas ce qui pouvait l’intéresser chez moi. Il reprit la parole pour me dire qu’il n’était pas un pervers ou un gros con, ce que je ne compris pas. Peut-être qu’il avait pris ma réserve pour de la peur ? Je n’avais pas peur, la seule chose qui me faisait peur c’était d’avoir un B ou moins à un contrôle. « Non, ce n’est pas ça. Je trouve juste bizarre qu’un garçon comme toi parle à une fille comme moi ! » avouais-je alors. Ce qui me faisait passé pour encore plus folle que ce que je me faisais passez jusqu’à présent. A continué comme ça, j’allais le faire fuir en courant. Je tentais alors de détendre l’atmosphère en désignant ma meilleure amie, mais mauvaise idée. Très mauvaise idée. « Je crois qu’elle s’en moque, elle veut juste …euh … enfin tu vois ! » répondis-je à sa remarque. Je n’étais pas sa mère, elle faisait ce qu’elle voulait. D’ailleurs, j’étais mal placé pour juger, si ma mère n’avait pas fait comme elle, je ne serais pas là aujourd’hui.

Savannah & Isaac

’avais de plus en plus l’impression d’être l’objet d’une farce méchante. Etant donné que ça m’était déjà arrivé dans le passé, pas étonnant que je me montre aussi méfiante. D’un côté, je le trouvais gentil et mignon ; il faudrait que je sois aveugle pour ne pas le remarqué ; mais de l’autre, je ne pouvais pas m’empêcher de penser qu’il se foutait complètement de ma gueule. D’autant plus que c’est généralement ce que font les mecs populaires à des filles comme moi. Ma copine l’a bien compris et c’est précisément pour cette raison qu’elle agit comme elle le fait, au moins, elle ne sera pas déçue à la fin. Les autres filles du groupe se contente des garçons de l’ombre, ceux du décathlon scientifique ; après tout nous ne sommes pas que des filles ; ou ceux du club d’échec. En bref, des mecs à des années lumières de celui qui est en train de me parler et dont je suis en train de me méfier, chose qu’il a parfaitement compris. « Oui, bien sûr ! » je réponds, pas du tout convaincue par ses paroles. Je me demande pourquoi je voulais tant venir à cette fête, pourquoi ma mère m’a dit de mentir à mon beau-père pour que je puisse m’y rendre ? J’avale une gorgée de ma boisson sans retenir une grimace et bien vite, il me demande ce que c’est. Je hausse les épaules. « J’sais pas. J’ai piqué une bouteille dans le bar de mon beau-père et je l’ai transversé dans ma mienne. T’en veux ? » je réponds alors. Je finis par lui expliquer mon malaise sans toutefois admettre que j’ai l’impression d’être l’objet d’une farce. « Beh oui, t’es le capitaine de l’équipe de la crosse, je suis la présidente du décathlon scientifique, pas vraiment le genre de fille qu’on s’attends à trouver avec toi ! » je précise, car il ne semble pas comprendre ou je veux en venir. J’ai l’air de coller des étiquettes au gens et pour le coup, c’est vrai, mais on m’a élevée de cette façon lç, on m’a toujours dit de rester avec mes semblables et de ne pas me mêler des autres. Jusqu’à présent, ça m’a toujours réussi, même si, il est vrai, que ça me pèse d’agir ainsi. Mais voilà, je sens traquenard à plein nez, c’est plus fort que moi. Je reste persuadé que le ses compliments plus le fait qu’il soit en train de me parler sont un piège dans lequel je suis en train de tomber, et les super héros de mes bandes dessinées ne seront pas là pour me venir en aide. J’en viens a reparlé de mon amie et de ce qu’elle cherche à faire et il me répond qu’elle n’aura rien d’autre venant de son collègue. Ce qui en vient à ce que je pensais plus tôt, les sportifs ne sortent pas avec les intellectuels, on est pas dans un remake d’high school musical. Mais, je suis surprise par la suite de ses paroles et je reste sans voix. « Pourquoi tu me dis ça ? » je demande alors, ma curiosité l’emportant sur ma raison.

Savannah & Isaac

e suis très méfiante de nature, mais je ne sais pas du tout s’il s’en rend compte. Moi en tout cas, je ne sais pas du tout quoi faire de moi. C’est vrai quoi, je suis toute seule, ma copine est accompagnée, moi, je n’ai pas de cavalier. Tout le monde danse, et moi, je reste plantée là, bon, je ne suis pas seule, je discute, mais je ne sais pas trop quoi lui dire d’intéressant. A part des banalités, je me sens largué. Quand j’avale une nouvelle gorgée de l’alcool que j’ai chipé en douce à Terry, il me demande ce que c’est et comme je ne le sais, je lui propose simplement de gouter et lui tends la bouteille. Il goute et grimace à son tour. Je reconnais volontiers que c’est dégueulasse mais pour ma première fête, j’avais envie d’y aller à fond. Il me dit alors que c’est de la vodka. « Ha merde ! Je voulais lui chiper du gin, mais il faisait nuit. Bref, c’est pas grave. Si t’en veut encore, n’hésite pas ! » lui dis-je, en désignant la bouteille. Ce n’était pas très malin de ma part de me saouler, mais comme je l’ai dit, je ne me sentais pas à l’aise et c’est tout ce que j’avais trouvé pour me décoincer. Pour le moment, on ne pouvait pas dire que ça fonctionnait puisque, totalement à côté de mes pompes, je commence à lui dire qu’un garçon comme lui ne devrait pas trainer avec une fille comme moi, parce que je ne suis pas populaire, je suis invisible. D’ailleurs, quand ma copine voit avec qui je discute, elle lève les pouces en l’air dans un signe de victoire. N’importe quoi. C’est moi qui carbure à la vodka et c’est elle qui est bourrée. « Pourquoi ? » je demande lorsqu’il me répond que les filles populaires ne l’intéressent pas. Je ne suis pourtant pas curieuse, mais je l’admets, ça m’intrigue. Moi, je mangeais des équations pour le petit déjeuner, je faisais la gueule si j’avais un B à un contrôle, je me demandais en quoi je pouvais être intéressante, mais je n’osais pas poser la question. A la longue, il allait croire qu’en dehors de « pourquoi », je n’avais pas d’autres mots dans mon vocabulaire. Finalement, c’est un autre pourquoi que je prononçais, car, encore une fois, ces paroles m’avaient intriguée. « Et en quoi ça me concerne ? » je demande alors, surprise. « Oh ! Ou alors, t’essaye de me draguée et je suis à côté de la plaque, c’est ça ? » je demande soudain, rougissant comme une tomate. Merde alors, moi qui me méfie depuis toute à l’heure, si ça trouve, il me dit ça juste parce que je lui plais. C’est peut-être bien pour ça que Elie m’a fait ce signe de la victoire toute à l’heure.