C'est au Détroit, lors d'un jour pluvieux mais heureux que la petite Cassie était née. Dès sa naissance, ses yeux d'un vert flamboyants transperçaient ceux de ses parents. Des parents heureux, qui concrétisaient avec elle le rêve de leur vie, fonder une famille ensemble. Ils s'aimaient depuis leurs dix-sept ans et s'étaient rencontrés au lycée. Comme dans un film à l'eau de rose, ils s'étaient bousculés et étaient tombés sous le charme l'un de l'autre. Ils s'étaient mariés à vingt ans, comme si tout était tracé entre eux. C'était ce qu'on pouvait appeler un bonheur parfait, pure et simple. Et ils avaient mis au monde Cassie, fille unique, elle avait été choyée et adorée. Alors elle était devenue une petite fille heureuse, même si son père, lieutenant de police, était souvent absent pour son travail. Sa mère quant à elle, femme au foyer, passait la plupart de son temps à s'occuper d'elle. Elle n'avait donc manqué de rien, Cassie. Grandissant au fil des jours, elle devenait une jeune femme intéressée par le monde qui l'entourait, une belle jeune femme pétillante et naturelle, rêvant de voyages. Elle avait toujours fait plus vieille que son âge, Cassie, du genre à remettre en question ce qu'expliquaient ses professeurs en classe, à chercher le débat. Elle profitait de sa jeunesse, de son adolescence. Jusqu'à ce jour. Cassie avait dix-sept ans lorsque des policiers avaient sonné chez elle, annonçant alors à sa mère et à elle-même que son père était décédé lors d'un braquage à main armée qui avait mal tourné. Et à partir de ce jour, plus rien n'avait été comme avant.

Elle avait dix sept-ans, et elle avait encore besoin de son père. Pourtant il n'était plus là, il avait disparu et elle ne le reverrait jamais. C'était déjà horrible pour une jeune fille de dix-sept ans de devoir perdre son père, mais en plus de cela, elle avait perdu sa mère avec lui. Sa mère n'avait pas su l'affronter. Elle était entrée dans une dépression longue durée, elle ne mangeait plus, elle ne dormait plus, elle ne vivait plus. Cassie avait alors dû assurer pour deux, prendre soin de sa mère alors qu'elle-même était remplie de chagrin. Et elle avait grandi d'un seul coup, parce que son loyer et ses factures ne se payaient pas tout seul. Alors en voyant que sa mère ne s'en remettrait pas, la belle brune avait décidé de trouver un travail pour subvenir à leurs besoins. C'était comme cela qu'elle était devenue serveuse en soirée dans un bar. Dès le départ, Cassie avait compris que ce « bar » n'était pas vraiment fréquentable, mais elle était dans l'urgence alors elle l'avait fait. Seulement, la jeune serveuse s'était rapidement rendu compte qu'au-delà d'un bar il s'agissait plus en réalité d'un club de strip-tease et un endroit de passe pour les trafics en tout genres. C'était dur à la maison, mais ce qu'elle voyait le soir à son travail l'était tout autant. C'était les bas fonds de la société, un degré de misère, qu'elle découvrait à dix-sept ans. Les femmes se dénudaient, les hommes se droguaient. Mais elle tenait bon, Cassie, parce qu'elle le devait pour elle et pour la famille qu'il lui restait avec sa mère. Elle devenait de plus en plus forte, cachant même à sa mère et à tous ses proches son travail, parce qu'elle ne voulait pas aggraver la situation. Alors elle souriait au quotidien, elle restait le bout en train qu'elle avait toujours été, et tout le monde n'y avait vu que du feu. Cassie y avait travaillé pendant plusieurs mois sans rien dire, en relativisant, en apprenant à prendre sur elle. Elle gagnait de l'argent et c'était le principal, elle pouvait vivre avec le reste. Et puis un soir, alors qu'elle était arrivée un peu plus tôt au bar, elle avait surpris un échange entre le gérant et des clients habituels. Un échange d'une grosse somme d'argent contre des sachets de cocaïne. Elle s'était trouvée là par hasard, Cassie, et pourtant elle n'oublierait jamais cette soirée. Elle n'aurait pas dû voir cette scène, et le client du bar l'avait vu. Alors il l'avait menacé, accompagnant sa menace de nombreux coups au visage et sur le corps. Elle n'en était pas sortie indemne. Deux côtes cassées et le visage amoché. C'était à cet instant qu'elle avait comprisqu'elle ne pouvait plus continuer, qu'elle n'aurait même jamais dû commencer, même si elle l'avait fait pour de bonnes raisons. En rentrant chez elle, sa mère en la voyant dans cet état semblait avoir compri que ce que faisait sa fille depuis des mois pour gagner de l'argent n'était peut-être pas la meilleure solution. Et même si Cassie avec sa force de caractère ne lui avait rien avoué, cette agression aussi douloureuse et traumatisante soit-elle aura au moins pu créer une prise de conscience pour sa mère tout comme pour elle.

Sa mère commençant à s'en sortir, au moins un peu, et Cassie ayant décidé de se reprendre en main, la jolie brune avait décidé de venir s'installer à Marple Spring à ses dix-neuf ans. Ici, elle avait commencé des études de kinésithérapie, pour devenir elle-même Kinésithérapeute. Elle avait choisi ce métier parce qu'elle avait envie d'aider les gens et d'en faire son travail. C'était certainement le fruit de tout ce qu'elle avait vécu auparavant, tout comme son caractère bien trempée et affirmée. Sûre d'elle, ne montrant jamais ses faiblesses. C'était comme un nouveau départ ici à Marple Spring, mais elle restait toujours la même Cassie. Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort, telle était sa devise.