Un sourire a jamais disparu. Les larmes coulant en continue le long de mes joues. Un coeur brisé par la disparition de l'être aimé, par ces derniers souvenirs marqués au fer rouge dans mon esprit. Allongée en boule dans un cocon réconfortant, je fixe une image qui me fait revivre l'enfer de cet abandon. Je n'étais pas assez bien, pas assez jolie. Mon coeur se serre plus encore. Pourquoi m'a-t-il fait ça pour finalement m'abandonner?! Les larmes coulent de plus belles faces à la douleur de mes souvenirs. Les mêmes questions tournent en bouclent dans mon esprit. L'inquiétude qui me rongeait jusqu'alors a laissé place à un profond malaise. Je n'ose croiser le regard des autres, trouvant le réconfort dans le silence et la solitude de ma chambre comme celle de la bibliothèque. Un son si familier résonne dans ma chambre, je l'ignore et pourtant... La porte de ma chambre s'ouvre lentement sur un visage maternel au combien inquiet. Je feints de dormir, ne souhaitant pas discuter de mon coeur brisé et encore moins des raisons qui m'ont rendu ainsi. Le matelas s'affaisse légèrement à mes côtés, je ne bouge pas tandis qu'une main bienveillante passe dans ma longue chevelure accompagné d'un simple baiser sur le front. Aucun mot n'est prononcé, aucun n'est nécessaire. Les larmes coulent de plus belles, une étreinte protectrice. Elle me berce, me rassure. Je repousse ce secret qui m'étreint le coeur tandis que je sombre lentement dans les bras de Morphée au son d'une douce mélodie s'élevant à mes côtés.


La nuit tombe lentement sur la ville, des couleurs pastelles se dessinent à l'horizon. Le regard fixé sur le ciel, je me balance doucement sur la balançoire d'un parc désert, patiente. J'attends un être que je fuyais il y a encore quelques mois et dont la présence n'avait de cesse que de me mettre mal à l'aise. Pourtant, aujourd'hui, je ne sais pas ce que je ferais sans lui, sans cette ancre qui pour une raison inconnue s'est battu pour me faire retrouver le sourire. Un sourire qui en dissimule beaucoup, une sombre vérité autant que l'être brisé que je suis réellement. Un état d'esprit qu'il voit facilement dans mon regard. Il m'a sortie de ma coquille, de cette pièce dans laquelle je m'étais enfermée en fuyant le regard des autres autant que leur contact. Aujourd'hui, j'ai lentement appris à redevenir l'adolescente joyeuse que j'étais autrefois. Une joie parfois feinte à la perfection, une peine ancrée masquée par un sourire.


Je salue mon meilleur ami, m'éloignant dans la direction opposée. Je replace mon sac sur mon épaule, jette un rapide coup d'oeil  à ma montre. Une après-midi bien remplit m'attends. Je travers la petite ville d'un pas vif pour déposer une annonce de recherche de colocataire avant de passager au supermarché afin de remplir mon frigo vide depuis un week-end de folie entre amis. Une bonne heure plus tard, je me retrouve dans ma cuisine, rangeant mes courses avant de sortir au pas de course de chez moi. Je pique un sprinte, manquant de trébucher sur le dernier mètre devant la petite boutique de musique où je travaille. Je reprends mon souffle avec difficulté en passant la porte, pile à l'heure. Je salue poliment mes collègues et commence aussitôt à ranger les nouveautés dans les rayons. J'erre ainsi quelque temps entre les rayonnages, l'esprit rêveur. Je fredonne malgré moi, la mélodie qui s'élève dans la boutique, complètement prise par celle-ci. M'en rendant compte, mon masque se brise l'espace d'un instant. Je me fige, rougissante sans retenue avant de déserté en tournant le dos aux deux regards posés sur moi. Je respire profondément, reprenant lentement contenance et ce masque de confiance.