L'échange entre les deux adolescentes avançait. Elles partageaient un smoothie ensemble : une excuse pour se poser et surtout pour discuter. Victoria J. O'Connor se montrait très réfléchie, presque trop mâture pour son âge. Elle analysait les choses qui l'entouraient. La rouquine arrivait à jongler entre valeurs, lucidité, bon sens. Elle devenait surprenante. Elle passait d'une adolescente maniérée et agaçante à une future jeune femme plutôt responsable et sérieuse. En effet, la belle représentait une bonne élève. Elle ne pensait pas qu'aux apparences. Elle était bien vue et ses camarades lui faisaient confiance, pour la plupart. Certains se référaient à elle car elle possédait la bonne parole et la présence. Lucy Bridges l'imaginait bien dans une carrière politique. C'était plaisant de parler avec elle. Les filles n'avaient jamais pris ce temps là donc la surprise existait. Aucune évitait le regard de l'autre. Un dialogue s'installait. Les esprits demeuraient apaisés. Question popularité, ça aide. Mais tu as raison, il faut savoir faire le tri et se remettre en question. Le tri pour voir qui vaut le coup dans ce flot de connaissances et de potes et... et se remettre en question pour analyser nos désirs dans ce domaine. Être juste entourés ou avoir des piliers, comme tu dis, sur qui compter... . La jeune fille buvait une gorgée de son smoothie. Plus tard, elle irait fumer à l'extérieur. Cela lui manquait déjà. Elle réalisait qu'elle était accro. Vic déblayait sa propre expérience, sa situation actuelle en somme. En même temps, sa voisine avait mis le doigt dessus : ses toutous, les vautours qui ne cessaient pas de la suivre. La rousse abordait sa théorie. Cette dernière se tenait. Lucy ne pouvait juste pas comprendre le deuxième camp : celui des suiveurs, ceux qui rencontraient le besoin de se fier à un meneur. M'ouais. Le jour où ils se retrouveront sans leur modèle, donc toi, ils vont se casser la figure. Même s'ils peuvent intégrer les valeurs du meneur, sans ce dernier présent à leurs côtés, ils peuvent vite perdre pieds : c'est comme perdre une raison de vivre, ou un être cher. Elle croyait en ce point. Elle se surprenait à évoquer le deuil. Deuxième gorgée. Coup d'oeil aux alentours. Rien n'avait changé :  du bruit, de la précipitation. Cela ne les touchait pas, les ados se concentraient sur leur échange. O'Connor persistait. Le sujet l'intéressait vraiment. Son interlocutrice écoutait, elle était motivée aussi pour continuer cette conversation. Les amitiés, la popularité, des thèmes qui résonnaient dans les couloirs du lycée. Vicky exposait sa vision de l'amitié. Elle voulait un ou deux ami(e)s sur qui compter, des ami(e)s qui pouvaient partager ses valeurs. Le must pour tous ! Je vois, c'est la base. Tous ces toutous qui suivaient la belle ne possédaient pas d'impact dans sa vie. Elle les aidait sûrement mais ils ne représentaient pas ses véritables amis. L'amitié pour moi ? La même, une ou deux personnes avec qui il est possible de partager des idées, des valeurs. J'imagine qu'il est possible de tout dire à son meilleur ou sa meilleure amie. Il est important d'être là en cas de besoin et de soutenir ses amis, quelqu'un qui n'est pas là quand tu en as le plus besoin ou qui n'essaie pas de te comprendre, ça sert à rien. Tu vois ? C'est donnant-donnant quelque part, pas de sens unique. La suite la surprenait. Vraiment ? Cette question ? Ici, euh... pas vraiment. J'ai des connaissances et des bons potes c'est tout. Elle ne pouvait pas visualiser son avenir avec Isaac McAvery : la plus belle histoire d'amitié. Et toi Victoria ? Lucy n'avait pas besoin d'amis pour le moment. Elle n'en cherchait pas.

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Incroyable mais vrai, la discussion prenait forme. Les deux adolescentes conversaient naturellement ensemble. Les rancunes semblaient déjà effacées. Les lycéennes les plus secrètes et mystérieuses, malgré des desseins apparemment assumés en société, parlaient de leur vision des choses concernant le thème de l'amitié. Lucy Bridges évoquait les suiveurs, ceux qui ne lâchaient pas les baskets de Victoria J. O'Connor. Luce les considérait comme des personnes assez faibles. Pour elle, ces suiveurs allaient tomber de haut après le lycée car ils ne n'approcheraient plus le même lien avec leur meneur, leur mentor quelque part. Aux côtés de ce dernier, ils se sentaient forts et aimés. Sans lui, ils se sentaient démunis. Vicky avait raison, ils retrouveraient peut-être un autre leader à fixer sur un piédestal. Or, rien n'était sûr et mesuré. En effet, ces gens là pouvaient éventuellement échouer sans leur meneur de base. C'était discutable. Pas forcément. Certains apprendront à se battre seule. D'autres, oui, trouveront un nouveau leader à suivre. Et les derniers, se situeront dans la situation dont je t'ai parlé avant : endeuillés et surtout démunis. Le débat se poursuivaient. Les filles prenaient leur propre exemple. O'Connor ? Franchement, je ne connais même pas ta famille, elle a quoi d'exceptionnelle pour qu'on te pose une étiquette dessus ? Luce voulait bien la croire. Vic n'avait pas choisi son rôle dans la société mais elle devait l'assumer. Sa famille rencontrait un certain prestige. La rousse était associée à ce nom. Bridges ne savait rien sur cette famille et elle ne l'avait jamais croisé, sauf Vicky bien évidemment. La belle avait tout : l'intelligence, la lucidité, la popularité, l'apparence, etc. Elle entretenait une image. Lucy retournait une question à son interlocutrice. Possédait-elle des amis sur qui compter ? C'était primordial, afin d'être bien entouré. Tu as quand-même quelques bons amis. C'est cool, tu verras bien par la suite s'ils seront toujours là, tu les connais mieux que tout le monde et tu as encore un peu de temps avant d'observer ta propre remarque. Luce reprenait une gorgée de son smoothie, elle avançait doucement. Elle n'avait pas forcément soif. L'interrogation suivante de Vic donnait à réfléchir. Trop jeunes, sûrement, elle ne possédait pas assez d'expérience dans la vie, comme tous les ados de leur âge. Des passés pas si anodins ? Que souhaitait-elle dire ? Difficile de paraphraser cet élément. Bridges ne désirait pas y réfléchir plus longtemps. L'âge et un passif, deux données qui pouvaient les empêcher d'avoir des amis ? Réellement ? Luce n'en savait rien. Ça dépend de ce que l'on cherche. Tout le monde mérite de trouver des liens aussi intéressants, même le pire des asociales peut y arriver un jour car il y a toujours quelqu'un comme nous, tu ne penses pas ? Les filles venaient peut-être même de se trouver. Des expressions du visage, plutôt positives, apparaissaient chez l'une et chez l'autre.

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La famille O'Connor était connue en ville, elle avait fondé cette dernière avec d'autres. Son histoire restait célèbre, qui ne connaissait pas le parcours de cette famille atypique ? Personne sauf les Bridges. Au moins, ils ne pouvaient pas avancer des préjugés ou des idées préconçues sur eux. Bêtement, Lucy tentait d'en savoir plus. Pour elle, Victoria représentait juste Victoria. Sa famille avait peut-être bâtie cette ville mais pas leurs descendants, ils conservaient juste le patrimoine : ce n'était pas extraordinaire. Selon Luce, sa camarade possédait sa propre destinée. Elle effectué les choix qu'elle désirait même si ses proches exigeaient peut-être des éléments de sa part. Rien n'était écrit, Vicky pouvait faire ce qu'elle voulait. Lucy voulait apprendre à connaître Victoria, pas sa famille. D'accord. Elle comprenait mieux pourquoi la rouquine faisait attention à son apparence. Certains attendaient beaucoup d'elle. Ça dépend ce que tu en fais. C'est juste une question d'image. Tu n'es pas tes ancêtres, c'est que des protocoles, à ta place : j'enverrai tout envoyer en l'air. La brunette n'avait pas connaissance du destin tragique de la mère biologique de Vic. Son point de vue demeurait neutre de chez neutre.

La suite donnait à sourire. Le concept de l'amitié développé par les deux lycéennes, ce de manière plutôt approfondie, prenait tout son sens à cette table. Il fallait bien des différences pour pimenter une amitié comme un couple. Bien évidemment, des valeurs communes se dessinaient. Sinon, le contact ne pouvait pas totalement passer, comment se comprendre sans n'avoir rien du tout en commun ? Un petit peu je pense. Mais tu as raison, les différences peuvent apporter un plus. Elle souriait. Oui, nous sommes un exemple en quelque sorte. Le partage devenait concret et stimulant. Les smoothies diminuaient, doucement pour l'une, plus efficacement pour l'autre. Luce tremblait un peu, ce n'était pas le stress ni une situation de malaise. Son envie de fumer la gagner. Elle attendait trop longtemps. La brune était accro. La rousse remarquait l'état de son interlocutrice, elle affichait une bienveillance jusqu'alors inconnue mais plaisante sur le coup. Pas d'urgence, j'ai juste envie de fumer, je peux attendre. Ne t'en fais pas. Alors... tu as quelqu'un ? Bridges se lançait sur un sujet bateau mais équivoque à leur âge.

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Les deux adolescentes prouvaient qu'elles savaient bien s'entendre. Elles échangeaient de manière profonde et mature sur un sujet banal : l'amitié. Elles n'étaient pas amies, ni ennemies : elles apprenaient tout bêtement à se connaître. Elles se parlaient pour la première fois : exit les regards dans les couloirs du lycée, un vrai lien se créait. Le contact passait très bien. Qui pouvait en douter ? Ces deux fortes personnalités partageaient plus de points communs qu'elles ne l'imaginaient. Victoria J. O'Connor ne se formalisait pas à cause du coup de poing reçu par sa camarade. Elle tentait d'avancer et de passer au dessus de tout cela. Lucy Bridges ne se renfermait pas. Elle validait un certain partage et elle y mettait du sien. L'instant était plaisant. Présentement, la belle rousse riait et elle se levait de façon soudaine et inattendue. Elle entendait l'envie de son interlocutrice de fumer. Cette dernière clamait pouvoir se retenir. Vicky abordait les choses avec humour et dérision.

Je ne vais pas te frapper de nouveau. D'ailleurs, je te présente des excuses, tu vas bien ? Elle n'avait même pas demandé. C'était honteux ! La brunette culpabilisait un peu car Vic n'avait pas mérité ce traitement gratuit. La rouquine tendait une main vers Luce afin de l'inviter à se lever. La brunette allait s'exécuter, convaincue. Tout d'abord, elle sortait une clope de son paquet. Elle préparait également son briquet. Tout d'un coup, elle se sentait mieux. En effet, elle allait assouvir un besoin. Ouais, j'en meurs d'envie ! Elle souriait à son tour. Le terme « mourir » était maladroit. Or, si Lucy pouvait mourir de cette envie, elle en serait très heureuse : un moyen facile et joyeux, voire agréable de retrouver Mason. Elle n'aurait pas à se salir les mains. De toute manière, elle n'en était pas capable. Elle savait que son salut viendrait grâce à ses multiples conneries. A l'instant, Vicky tirait doucement sa camarade par le poignet pour qu'elle se lève enfin. Bridges acceptait sans rien dire. C'était drôle de les visualiser ainsi : presque complices. Il en fallait peur pour les réunir et les amener à discuter. Une connexion se faisait. Elles étaient peut-être faites pour bien s'entendre. Lucy lançait un sujet encore plus banal : les garçons. Vic avait-elle un copain ? Elle était belle, intelligente, populaire, sportive. Elle devait assurément être casée. Les gars du lycée devait se l'arracher et surtout lancer de beaux paris. La réponse surprenait la brune. O'Connor était célibataire. Scoop ! Jamais elle n'aurait cru cela. Apparemment, elle n'arrivait pas à s'enticher d'un mec comme toutes les gamines de son âge. Elle n'était peut-être pas prête ou alors elle aimait les filles. Beurk, ce n'était pas de la discrimination ou un préjugé, mais Luce ne la rangeait pas dans cette case. Victoria y allait de ses explications ou théories. Cela restait valable. Tu as le temps pour tout cela, tu trouveras. Ce n'est peut-être pas le moment. Vicky demeurait trop prise par les études et la réalisation de ses projets personnels. L'interrogation tournait. Luce, Effrayait-elle ou impressionnait-elle les mecs du lycée ? Peut-être. La jeune fille représentait toujours la nouvelle de l'établissement, la nouvelle à Marple Spring. Cela lui conférait un côté attrayant mais personne ne l'embêtait vraiment. Dans un sens, tant mieux, car Luce pensait encore à son ex. A New-York, elle sortait avec le dealer du coin. Il était en prison maintenant. Il fallait qu'elle oublie cette histoire. Même ses parents n'étaient pas au courant de cela, ils ne possédaient plus une enfant toute blanche et toute vierge. Lucy grandissait trop vite. Elle choisissait le danger pour amant : c'était déjà très bien. Je traîne un peu avec Isaac McAvery dans ma classe, sinon avec Peter Gardner et toute sa bande. Fin' ce ne sont pas des hommes comme tu dis et je n'envisage rien avec eux. Isaac a Savannah. Peter et les autres, c'est des gamins. Y'a des beaux spécimens mais... j'attends de voir. Je ne suis pas là pour cela : trouver quelqu'un. Les filles se trouvaient à l'extérieur. Lucy s'installait dans un endroit stratégique pour fumer, en présence de sa camarade. T'es sûre que ça te gêne pas que je fume ? Tu vas devoir remettre du parfum, plaisantait-elle. T'as jamais essayé ?

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Victoria J. O'Connor et Lucy Bridges. Non c'était impropable et pourtant comme quoi une rencontre peut changer beaucoup de choses. Les deux demoiselles pourtant si différentes semblaient s'entendre plutôt bien. Elles s'ouvraient l'une à l'autre, laissaient les gardes un peu basse comme pour donner une chance à l'autre. Mais les deux demoiselles étaient des louves. Craintives à la moindre attaque directe. Une louve bernard l'hermitte. Un coup bas ou trop de frontal et elle rentrait dans sa coquille. Victoria se renfermerait derrière son sourire et sa " blonde " attitude. Lucy derrière un côté noir et antisocial.
Victoria espérait sincèrement que cet échange de cette après midi ne se résoudrait pas juste à un moment. Elle espérait pouvoir continuer à la voir comme cela, se sentir à l'aise en sa compagnie et non pas la voir se renfermer derrière son masque dans les couloirs de l'école. Victoria avait un radar pour sentir les douleurs mal refermées des gens. Et comme pour essayer de se racheter la paix de son propre âme ou esprit, elle essayait d'être là pour les autres. A condition qu'ils soient réceptifs. Mais elle savait plutôt pas mal y faire : preuve en est avec la jolie brune qui n'était pas si peste que cela !

Elles se retrouvèrent dehors donc, ne cachant pas son contentement d'avoir deviné le besoin de la brune quant à fumer. Bien qu'elle ne cautionnait pas le fait de fumer elle n'allait pas non plus devenir sa mère et l’empêcher de tout faire. Si au moins elle pouvait lui apporter un peu de positif dans ce court instant que représente l'après midi dans sa vie.. cela serait au moins une bonne chose que la rousse aurait accomplie.
C'était plus fort qu'elle. Elle n'aimait pas se placer au cœur même si les gens pensaient qu'elle était comme ca. Elle prenait un peu d'âge et savait que les années à venir allaient déterminer son avenir. S'orienter dans de hautes études où elle ne serait personne là bas, rester une fierté pour son père, ne pas être remplacé par l'arrivée du bébé de sa belle mère... Oh non il n'était vraiment pas évident de quitter le monde tout rose de l'enfance. Et bien qu'en prenant de l'âge, on se rend compte qu'on ne le quitte pas totalement.. jusqu'à ce que ce qui nous y raccorde se rompt.. Et Victoria sentait qu'elle était sur cette bande jaune au sol, cette limite entre son enfance et sa vie d'adulte. Et elle ne savait pas du tout quand est ce qu'elle allait la franchir et avec quelle difficulté.

Lucy semblait détendue en tout cas. Enfin sa clope et briquet dans les mains, elle semblait profiter de l'instant. Et oui ! Elle était surprise d'entendre que la rouquine n'était pas en couple. Cela fit rire Vicky de la voir réagir à cela. Dieu sait que la rouquine aimait les hommes et jouait parfois de ses charmes, mais non. Les hommes de son âge jusqu'à présent n'avaient jamais attiré son attention outre mesure. Elle attendait la venue de ce bel homme, plus âgé et qui saurait la cerner et l'épauler. La comprendre. Neutraliser ces douleurs passées et à venir.
Victoria écoutait la réponse lorsqu'elle switcha la question pour lui retourner à son tour. Célibataires et clairement difficiles. Les pauvres hommes ! Personne n'était au lycée pour trouver quelqu'un. Mais cela devrait être une de leur préoccupation. Comme toutes les autres filles autour d'elles qui jasaient et s'évanouissaient à moitié quand l'équipe masculine de foot ou autre traversait le couloir. Mais ce n'était pas leur cas. En même temps c'étaient elles qui étaient désirables, comme elles ne les désiraient pas.

" Je ne m'inquiète pas pour nous.. Nous avons des préoccupations et considérations plus importantes que de trouver un mec à qui textoter et avec qui se prendre en photo pour alimenter la toile ! Pour ma part je pense que nous valons mieux que cela. Jusqu'à ce que l'on tombe sur celui qui nous fera vriller la tête... "

Elle sourit en terminant sa phrase. Elles étaient des adolescentes. Elles avaient peut être connu des amours. Du moins des personnes dont elles croyaient avoir été amoureuses mais dans des moments qui déguisaient la réalité et encensaient les sentiments en les décuplant. Faussement. Alors ce fameux jours où cela pourrait arriver... elles seraient bien dans la merde ! A ne pas pouvoir maîtriser quoi que se soit. Et se sentir enfin peut être comme de vraies adolescentes !

" Oh tu parles ! Fumes toi mais moi je ne suis vraiment pas attirée par cela. L'odeur me gêne.. sauf quand c'est à ciel ouvert. Je le tolère. Je sais pas ca me fait pas envie votre truc.. "

Elle fit une petite moue dégoutée en regardant l'embout de la cigarette que tenait Lucy entre ses lèvres devenir incandescent. La centre se laissa voir, déshabillant le papier jaune orangé, brûlant le tabac au centre, laissant un cœur d'or se montrer au centre.

" Pourquoi avoir commencé d'ailleurs ? Qu'est ce qui te fait faire cela ? Pourquoi tu ne cesses pas ? "

Questions bêtes surement. Comme elle n'avait jamais essayé. Elle ne savait pas ce que cela pouvait procurer, soulager. Elle s'asseya sur le rebord d'un petit muret. Enfin plus une sorte de jardinière géante. Un carré de terre muré. Au milieu des plantes grasses vertes, quelques fleurs de couleur et un grand palmier.

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Victoria J. O'Connor et Lucy Bridges se situaient à l'extérieur du centre commercial. Elles venaient de passer un moment ensemble à savourer un smoothie. D'autres lycéens pouvaient les croiser mais elles ne calculaient pas cette donnée. Elles connaissaient leur première discussion et elles profitaient de cet instant en toute simplicité. Ce lien allait-il s'éterniser ou s'arrêter à cette conversation ? Luce ne pensait pas à cela actuellement. Elle voulait juste satisfaire une envie : celle de fumer. Vicky la suivait malgré tout. Elles se trouvaient dans un coin plus éloigné afin de ne pas gêner les citoyens de la ville. Cela leur permettait de continuer à dialoguer au calme, sans être embêtées par les mouvements d'autrui. La brunette allumait sa clope pour la porter à ses lèvres. Cette action servait à la détendre. Elle appréciait garder la fumée et la recracher le plus tard possible. Il s'agissait d'un jeu. Elle tenait bien. Ses potes fumeurs toussaient au bout de trois secondes. Personne pour s'amuser avec elle à l'instant mais elle agissait quand-même en se battant contre elle même. Il était question de surpasser son propre record. Enfantin mais efficace contre la solitude ou l'ennui. Présentement, elle ne subissait pas ces deux données. Elle discutait avec la reine du lycée. Elles se montraient : maturité et profondeur. Les sujets évoqués ne demeuraient pas toujours sérieux ou profonds mais elles s’épanchaient de manière plutôt adulte et responsable. Elles avaient des avis assez tranchés sur tout. Leur but n'était pas de provoquer ou choquer mais de philosopher à basse échelle. Luce restait surprise par un élément : O'Connor n'était pas en couple. Sa condition, sa popularité, sa beauté, son intelligence, tout pouvait la pousser sur la voie du succès. Pour sûr, elle plaisait aux mecs. Pourquoi ? Question courte, bateau et légère. Lucy rencontraient des interrogations à ce sujet. Avec les raisons, elle saisissait mieux les choses. Les deux adolescentes avançaient les mêmes explications. Elles se concentraient sur d'autres paramètres. De plus, leurs camarades d'école n'étaient pas à leurs goûts : physique peut-être mais intellectuel, pas forcément. Alors, leur célibat restait justifié et acceptable. A leur époque, ce phénomène n'était pas toujours validé par leurs pairs. Les gamines de leur âge paraissaient si accrochées aux apparences, à leur image, aux potins. Pour être au top, il fallait sortir avec les stars du sport du lycée. Alors, elles pouvaient critiquer les choix de Vic et Luce. Ces dernières s'en fichaient. Elles étaient plus intelligentes et lucides que ces gamines écervelées.

Je suis d'accord avec toi, y'a mieux que tout cela. L'avenir ne s'arrête pas à un crush. Les amours au lycée ne durent pas et ne mènent pas à la réussite. Merci pour ce que tu dis. Pour-sûr, on perdra la tête un jour mais pas ici et maintenant. La brune souriait. Bien évidemment, elle avait déjà connu l'amour avec son dernier copain en date. Leur histoire n'avait pas duré à cause de la justice, son ex restait un bad boy mal perçu par les autorités. Lucy méritait mieux donc elle préférait oublier cet écart. Soudainement, la conversation se tournait vers autre chose : la cigarette. Lucy lançait les hostilités. En réalité, elle ne désirait pas incommoder son interlocutrice avec l'odeur de ce produit. Aussi, elle voulait savoir si la rousse avait déjà fumer. T'as le droit de ne pas aimer. Les vieux diront « tant mieux, tu évites les soucis de santé »... c'est débile car faut bien crever de quelque chose non ? Sujet épineux. A ciel ouvert, la rouquine ne se voyait pas déranger par l'odeur dégagée par la cigarette. Elle usait d'une moue plutôt amusante quand elle regardait la brunette s'adonnait à son addiction. Puis, elle interrogeait la fumeuse. Que de questions ! Je n'ai pas envie d'arrêter. J'ai commencé bêtement... la jeunesse ! Je n'arrêterai pas, c'est impossible. Elle ne répondait pas à tout. Luce avait débuté l'usage de ce produit à la mort de son frangin. Elle avait tellement changé depuis cette disparition. Victoria n'avait pas à le savoir. C'est quoi ta passion ? Ou ton truc préféré dans ton quotidien ? Bridges développait cette rencontre, elle appréciait ce moment, sincèrement.

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Le partage était effectif et très efficace. Les deux lycéennes échangeaient sur différents sujets : l'amitié, les garçons, la cigarette, les passions. Elles apprenaient à se connaître. Elles réalisaient qu'elles possédaient bien des points communs. Elles ne se trompaient pas, quelque part elles demeuraient comme liées, involontairement. Elles le savaient au fond d'elles mais elles n'avaient jamais passé le cap de se parler. Maintenant, c'était chose faite. Cette rencontre était constructive et intéressante. Lucy Bridges regrettait d'avoir cogné la rousse pour obtenir cela même si elle n'imaginait pas en arriver à une conclusion si positive : un réel moment passé ensemble sans accrochages. Elle culpabilisait, son geste précédent restait si... déplacé et inutile, elle s'en voulait. Victoria J. O'Connor représentait une fille bien. Elle avait des valeurs, des principes. Elle respectait les autres et aussi, elle-même. Elle dégageait une image qui ne la sciait pas du tout. Elle n'était pas cette pouffe, écervelée, avide de popularité. Elle arborait de belles qualités. La rouquine était réfléchie, posée, intelligente, ouverte d'esprit et agréable. Ses manières restaient agaçantes mais il fallait bien une ombre au tableau. Luce la jugeait de façon positive : elle pourrait l'apprécier. Présentement, les domaines du loisir et des passions se présentaient sur la table. Bridges se surprenait à attaquer pleins de sujets et surtout à obtenir des réponses aussi développées, honnêtes et sincères. Cet instant devenait vraiment pertinent.

Oui, j’imagine. Lors de l'enfance, les parents imposent un peu leurs choix donc forcément, les enfants se formatent quelque part. Or, la passion d'un parent n'est pas assurément celle de l'enfant. Il faut sortir de ce cercle vicieux et s'ouvrir pour découvrir par nous-mêmes, ce qui nous intéresse le plus. Je vois. Elle souriait. Vic devait certainement subir les envies de ses géniteurs. Elle ouvrait les yeux, quelque chose se produisait en elle. Elle attrapait une liberté de pensée et également une opinion. c''était important, il s'agissait de sortir de l'enfance et des jupes de ses parents. O'Connor se révélait sportive. Elle s'exprimait : elle abordait d'autres points que la compétition ou les entraînements. Il y avait le relationnel donc le fait de rencontrer du monde et aussi celui d'attraper une estime de soi grâce à des compétences acquises. La personnalité de Vicky semblait complexe et elle évoquait un paradoxe. Elle aimait être accompagnée et seule. La photographie l'aidait pour le second paramètre. Tu as une personnalité riche. Tu sais tout faire. J'suis d'accord avec toi sur le sport, rien de tel que l'esprit d'équipe ! Elle poursuivait. Je te savais pas artiste. Tu fais de la photo depuis quand ? C'est cool comme passion, vraiment. Lucy ne connaissait rien en photo. Or, cela ne l'empêchait pas de valider cette activité. Ce domaine n'était pas simple et il fallait un certain regard et une certaine compréhension du monde environnant pour progresser dans ce milieu. Le détail, c'est le plus dur à capturer mais le plus intéressant j'imagine, faut être pro pour saisir ces nuances. La rousse retournait la question à son interlocutrice. Non. Je découvre seulement cette ville et je ne sais pas si on va rester longtemps, j'espère pas. J'ai arrêté pas mal de choses mais bon... tout se reprend un jour. Là, je me laisse aller. Elle terminait sa clope. Tu veux avancer un peu ?

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L'humour s'installait dans cet échange. Lucy Bridges venait de complimenter son interlocutrice. Cette dernière hallucinait et ne manquait pas de le lui faire remarquer. Victoria J. O'Connor avançait une belle capacité à rire de la situation. Pourtant, Luce pensait ce qu'elle disait. La rouquine avançait une personnalité riche. Elle savait tout faire. La jeune fille pouvait parler de tout. Elle était sportive et elle possédait un talent artistique. Elle était belle, intelligente, et très mature. Elle avait tout pour elle. Personne ne pouvait le lui enlever. Lucy ne se gênait pas pour avouer le fond de sa pensée. Elle passait un bon moment avec la rousse. Elle était ravie, cet échange devenait intéressant. Elle ne comprenait pas pourquoi elles n'avaient pas tenté de se parler avant. Vicky ne représentait pas qu'un artifice, elle gardait une réelle authenticité en elle.

T'es grave ! Je pense ce que j'ai dit.

Les deux lycéennes se promenaient ensemble. Cela faisait du bien de bouger un peu. Elle venaient de se poser pour boire un smoothie mais aussi pour permettre à Bridges de fumer. Cela manquait de mouvement. Alors, Lucy avait proposé une balade. Après, elle ne retiendrait pas plus sa nouvelle alliée. Elle la visualisait ainsi. Vic se montrait si douce, attentive et partageuse. On était loin des clichés. C'était appréciablede passer du temps en sa compagnie. O'Connor évoquait sa passion : la photo. Elle proposait une alternative à sa camarade. Celle-ci ne comprenait pas. Cela se voyait tant que cela qu'elle allait mal, qu'elle manquait de sommeil, qu'elle était à bout de nerfs voire un peu dépressive ? Elle espérait que non, sinon elle aurait tout intérêt à le dissimuler. La conversation prenait un tour étrange. Meêm si Vicky affichait une réelle sympathie, Luce niait tout en bloc.

Je n'ai pas besoin de faire le vide mais je veux bien partager ta passion, juste voir comment tu t'y prends en live. T'en penses quoi ? Elle poursuivait. Je ne peux pas te dire que ça deviendra une occupation, tester c'est intéressant. Personne n'a à juger une telle passion car c'est un talent, notamment chez toi j'en suis certaine. Elle riait. Deux compliments. Achève-moi ! Bridges plaisantait. Tu veux aller où ?

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Les passions de Victoria J. O’Connor étaient mises en avant. La rousse représentait une sportive et aussi une artiste. Elle pratiquait la photographie. Elle affichait une richesse dans ses activités comme dans son caractère. Elle valait plus que la fille superficielle que tout le monde voyait en elle. Lucy le savait. En discutant avec elle, la brune saisissait bien la complexité dans la personnalité de son interlocutrice. Cette diversité lui conférait une belle ouverture d’esprit. Aussi, elle devenait très intéressante. Tout pouvait être évoqué en sa compagnie. La jeune fille conversait de tout et de rien, aucun sujet ne lui faisait peur. Elle irait loin. Vicky était une ado très mature. Elle ne possédait rien à prouver. L’échange actuel tournait autour de la photo. Vic avait le sens du partage. Luce voulait bien l’accompagner dans sa passion afin de l’observer dans son milieu et de s’enrichir également de manière intellectuelle. Une amitié tenait sur le partage, les filles avaient bien compris cela. Pourtant, elles se parlaient pour la première fois.

Je préfère te voir prendre des photos en live et que tu m’expliques comment tu t’y prends. Elle poursuivait. Rien ne me branche vraiment dans cette ville. Ça sera où tu voudras. Au moins, tu pourras me révéler la beauté d’un lieu en particulier dans cette ville. Tu en penses quoi ? Cela pouvait potentiellement aider Bridges à apprécier ce qui l’entourait au quotidien depuis peu. Elle avait besoin d’un coup de boost. Vic continuait à plaisanter. Quoi ? Tu n’auras pas une seule photo de moi. Alors, tu peux te gratter pour tenter ton humiliation.

Lucy le pensait. Elle ne désirait pas être un modèle. Les choses avaient bien plus d’importance qu’elle dans ce monde, surtout la nature, même les objets, tout en réalité. La brunette ne valait rien selon elle-même alors elle ne mériterait pas un tel traitement. Pour une blague, elle ne serait pas contre : le fait de s’afficher en mode « affreuse ». Elle conservait une once d’autodérision. Mais cela parlerait à qui ? Alors, rien du tout, Lucy observerait son alliée s’adonner à sa passion. Le deal se trouvait là.
La soirée débutait, seule Vic s’en rendait compte. Contre toutes attentes, elle proposait un programme à sa camarade. A l’écoute, Luce réagissait.

D’accord quand tu voudras. La suite la surprenait. O’Connor désirait passer encore du temps avec elle : Bridges restait très contente. Va, pour ce soir. Je suis dispo. C’est comme tu veux. Je te laisse choisir le « resto ». On se rejoint où ? Pas besoin de demander à Llewyn et Lullaby, Lucy choisissait son programme. L’adolescente ne partageait plus grand-chose avec ses parents.

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