Je me souviens, je courais partout. Je me souviens, j’étais près d’elle. Je me souviens, je l’aidais dans toutes ces tâches. Maman. Elle m’a eu ainsi qu’Isobel. Bellamy fut adoptée, car mes parents avaient peur de ne plus avoir d’enfants, mais finalement, elle a pu nous avoir. Elle s’est éteinte après un dernier je t’aime. Un dernier souffle. J’ai regardé son corps sans vie, entendu le son de son appareil, le son linéaire et désagréable. J’ai regardé son corps sans vie. Et je me suis rendue compte, que j’étais morte avec elle. A partir de là, le monde est devenu … c’est comme si j’étais une tâche sur un tableau de couleur. Je me suis sentie devenir de plus en plus fantomatique par rapport à la famille. Je sentais que je n’étais plus à ma place. Au début, j’ai cru que c’était moi, que ça passerait, j’ai pu faire le deuil de ma mère, mais pas réussir à me réintégrer dans la famille. Papa était inquiet pour moi, me demandant si j’allais bien, ce que je voulais. J’hausser les épaules. A part dire que je voulais maman, je ne sais pas concrètement ce que je voulais vraiment. J’ai toujours été très maladroite envers ma famille, leur disant le fond de ma pensée, sans grande méchanceté, mais les blessant tout de même, je m’en suis toujours voulu pour ça.

Je m’entendais bien avec mes sœurs, là n’était pas le problème. Belle adorait me demandait des conseils en beauté, comme une volonté d’envahir ma vie pour me comprendre, pour être présente et surtout voir si j’allais bien. Elle était peut être la grande sœur, mais elle aimait me demandait les conseils. Elle était brune, belle, forte, adorable. Elle est devenue policière avec le temps et je suis fière d’elle, même si je ne le dis pas clairement. Je dis rarement je t’aime, voire jamais et je sais que quand Belle me le dit, attendant un retour, j’ai la fâcheuse manie de lui dire « moi aussi » et je vois dans son regard, une cassure. J’aime ma famille, mais … j’ai l’impression de m’être éloignée d’eux. Isobel est ma petite blonde, elle est adorable, quand elle le veut. Elle aussi s’incruste dans ma chambre, sauf quand l’écriteau met : «  ne pas déranger, je tourne » avec un smiley au regard méchant, alors elle vient plus tard. Disons qu’un jour, j’ai failli la décapiter, j’avais tourné une vidéo, heureusement pas en live et je lui ai jeté un objet à ma tête en l’engueulant. A la fin de ma vidéo, je m’étais excusée, elle a voulu faire sa forte tête, je l’avais regardé sévèrement avant de dire « bon quand t’aurais fini de bouder, tu reviendras hein, j’ai pas que ça à faire que de m’occuper d’une ado en pleine crise ! » avant de tourner les talons et de revenir dans ma chambre. Izzie est revenue pour se faire pardonner. Disons que ses côtés manipulatrice n’ont jamais marché avec moi, parce que je m’en contre fiche. Par contre, je sais une chose : si elle me déçoit, elle s’en veut. Elle m’a déçu un jour. Il me semble qu’elle avait manipulé une personne pour avoir une bonne note et s’est faite prendre la main dans le sac, je l’ai regardé en secouant la tête. Papa avait beau l’avoir grondé, elle s’en fichait. Le pire, c’était moi. Je m’étais levée de la table, Izzie aussi : « Haylie … je … », je l’ai regardé froidement « je te savais manipulatrice, mais pas aussi mauvaise. Quand je dis mauvaise, j’entends mauvaise personne ». Ma froideur l’avait calmé et je suis montée dans la chambre. Elle est rentrée et je me souviens d’une chose qui m’avait brisé le cœur : elle était au bord d’une crise de nerf, les yeux rougis, les larmes, je me suis levée de ma chaise, elle a couru dans mes bras, j’étais déconcertée, mais je l’ai maladroitement serré contre moi. Elle s’est excusée encore et encore, implorant mon pardon, elle ne voulait pas me décevoir. J’ai posé ma tête sur le sommet de son crâne, caressant doucement son don, elle s’était calmée : « je te pardonne, mais ne le refais plus. Tu peux manipuler, être cette tête brûlée que tu ais … mais je t’interdis d’être une mauvaise personne, tu vaux tellement plus ». Elle m’a regardé et un sourire s’est illuminée sur son visage, ça m’avait donné envie de pleurer, mais je me suis retenue. C’est quand elle est sortie, que j’ai pleuré. Ma famille … je l’aime tellement. Même mes cousins Matthew et Astrée, bien que je ne sois pas aussi proche d’eux que je ne le suis avec Harley …

Tiens, en parlant d’Harley, commençons par son frère, mon père. Je crois que nous sommes vraiment très éloignés. Avant, il riait à ma folie, avant il adorait me voir sourire, avant j’étais sa petite Haylie, son rayon de soleil. Sauf que je me suis ternie. Il avait essayé de trouver du réconfort auprès de moi après la mort de maman, mais il n’en a pas eu. Me voir aussi amorphe l’avait énormément blessé et il a fallu que Belle fasse son boulot de grande sœur. Elle est tellement forte Belle … elle a réussi à faire tenir papa. Mais il n’y a pas qu’elle. Trish. Elle était la meilleure amie de papa, avant de devenir sa femme après la mort de maman et … j’ai pas trop apprécié et je ne suis pas la seule, Isobel ne la SUPPORTE PAS ! C’est une horreur. J’ai beau avoir un semblant d’influence sur ma sœur, elle n’en fait qu’à sa tête et se permet d’être vraiment désagréable avec Trish. Quant au mariage de papa et de Trish, j’avais une simple robe, je me souviens, j'étais assise, m'ennuyant pendant que tout le monde dansait alors, je me suis lever pour partir. Papa était venu vers moi « tu prends l’air ? » m’avait-il demandé avec le sourire, « non je rentre. Cette fête … c’est pas … je … j’aime pas. Tu fais ce que tu veux, c’est ta vie. Mais le fait que tu te sois remarié, non. Je n’accepte pas. Si ça avait été des années plus tard oui, mais c’est trop frais. Je suis neutre sur ta relation, tu n’as pas gagné une alliée. Tu … as tellement de travail à faire sur cette famille détruite. Et ton rôle de père, je ne le vois pas. Je t’aime papa. Mais je ne peux pas. Pas maintenant ». Je m’étais éloignée, le plantant là, je m’étais retournée et j’ai pleuré, cachant mes larmes en les retenant le plus possible. Ce que j'avais dis à mon père était tellement blessant, mais tellement vrai. Pourtant, je ne lui en veux pas d’essayer de me comprendre, d’essayer de me connaître sous cette nouvelle Haylie, d’essayer de gratter. Je lui en veux de ne pas avoir insisté.

Il n’y a que Harley qui a su le faire. Il est ce père que j’aurais tellement voulu avoir. Quelques semaines après la mort de maman, il avait remarqué mon changement, un soir, il était entré dans ma chambre « Lou, tu viens, on va se poser sur la balançoire du jardin », j’ai secoué la tête « Lou. Ce n’est pas une question, mais un ordre. Alors soit tu te lève, soit je te cherche ». Je me suis levée et je l’ai regardé. Harley m’a toujours appelé Lou, il a toujours voulu être différent des autres à mon égard.  Alors, je l’appelais Jamie ou Davidson, son prénom me rappelait la moto. Je m’étais assise avec lui et il m’a prise dans ses bras, comme un père ferait avec sa fille. Un long silence s’est abattu sur nous avant que je pleure. Il m’a embrassé le sommet de mon crâne, posant sa tête dessus, caressant mes cheveux, il nous berçait avec la balançoire et me laissa pleurer contre lui : « vas y pleure Lou. Pleure autant que tu peux … bon crie pas on risquerait d’avoir des ennuis ! Mais … vas lâches toi et ensuite tu me dis tout d’accord ? ». J’ai fini par vider mon sac. J’ai fini par tout lui dire « papa … je veux mon papa. Je veux qu’il fasse comme toi, qu’il me prenne dans ses bras, qu’il me demande pas ce que je veux, mais qu’il fasse son rôle de père. Je veux pas de Trish à la maison, je veux maman … ou pas maintenant, mais … je veux qu’on se reconstruise petit à petit. Ça va trop vite, je perds pied. Isobel grogne, Belle apprécie Trish … je sais pas … je sais pas où est ma place … je sais pas où est ma place ». Jamie m’avait serré contre lui et je sentais bien que je l’avais ému dans mes propos. Mais tout ce qu’il faisait, c’était me serrer contre lui : « un jour, tu la trouveras. Tu dois juste guérir et avancer. Mais je te promets qu’un jour, tu la trouveras »

Les années sont passées et j’étais devenue très calme et distante, surtout. J’aimais toujours ma famille, Trish essayait d’être gentille, je ne lui en voulais pas. Elle insistait, elle me souriait, voulait m’emmener au centre commerciale, tenter de s’intéresser à ce que je faisais, mais non … ce n’était pas possible, ni faisable. J’avais du mal. Un jour, je lui avais dis : « Tu sais Trish … je te remercie d’avoir aidé papa. Il avait eu besoin de toi, mais lors de votre mariage, c’était trop tôt pour moi. Je remarque tes efforts, ton intérêt pour mes activités. Nous avons fait plusieurs fois du shopping toutes les deux ou avec Belle … mais je suis désolée, je n’y arrive pas. Je ne te déteste pas, au contraire ! Mais je ne peux pas t’accepter dans ma vie, je regrette ». Le sourire de Trish avait déchanté. J’aurais pu lui avoir dit des mots tranchants comme le fait que j’avais l’impression qu’elle profitait de la mort de maman pour se mettre avec papa, mais Trish est une femme honnête. Elle m’a regardé, déglutie et dit : « oh … je … je comprends. C’est dommage, tu m’as l’air d’être une personne adorable, intelligente, mais … je suis désolée », elle me regarda déconcertée, je lui ai souris : « ne le sois pas. C’est à moi de l’être. Continue de rendre heureux mon père, c’est tout ce que je te demande ». Je me suis reculée avant de partir sur mon lieu de travail, car depuis 2 ans, j’ai certes continué les vidéos sur internet et mes blogs, mais je travaille aussi dans un Coffee Shop … et ça, c’est pour un secret que je garde au plus profond de moi, même si Jamie m’a plusieurs fois dis de l’avouer, je le ferais le jour J.

« Euh … Haylie ? Qu'es-ce-que t'as fais à tes cheveux ?! », m’avait demandé mon père choqué, j’ai haussé les épaules avec un air différent, voire neutre, «  un ciseau traîné par là et je m’étais achetée une couleur, alors j’ai décidé de changer de tête. T’aime pas ? », oui je m’étais coupée les cheveux, qui étaient devenus très longs, j’avais eu envie d’un peu de changement et puis, j’ai fourré ma tête dans le lavabo pour tenter d'une couleur acajou. Bon, ma couleur châtain claire va revenir, mais j’avais envie d’essayer. Papa me regarda « non … c’est … enfin, c’est changeant », je lui souris. J’ai toujours eu l’impression qu’il me prenait avec des pincettes. Jamie avait ébouriffé mes cheveux « ça te va bien comme ça ! Ça change ! C’est pour une occasion particulière ? » et c’est là que je lui ai avoué que ça y est, j’allais bientôt partir de la maison et que j’étais même tombée amoureuse. Il me regarda avec un air paternel et me sortant l’habituelle phrase « j’espère qu’il ne va pas te blesser sinon je lui casse la gueule », j’avais souris et ris avant de lui dire « oh tu sais, c’est pas son genre », avais je dis en haussant les épaules. Nous étions toujours assis dans cette balançoire de jardin « alors ça y est t’as trouvé ta place ? », m’avait-il demandé « oui … je pense que m’éloigner de la famille me fera du bien … nous fera peut être à tous du bien. Je pense qu’en étant loin d’eux, je pourrais peut être me rapprocher. J’ai vraiment besoin de partir », Jamie soupira et me regarda « oui je sais Lou … je sais ma chérie ». Il m’avait embrassé la joue « je suis fière de toi … ta mère aussi, aurait été fière de toi ». Je lui avais souris avec du mal. Je n’aimais pas qu’on évoque maman, mais ça m’avait touché. Maintenant, il fallait que j’annonce tout ça à la famille et surtout à un instant T … et ça, ça allait être très compliqué.