On ne choisit pas sa vie, je n’ai pas eu la chance de choisir qui je suis. J’ai simplement subi les attaques constantes de mon impitoyable existence. Certains appellent ça le destin, moi, je voient plutôt ça comme un jeu malsain où nous sommes de simples marionnettes. Un jeu où l’on ne gagne jamais.

Je suis née dans une famille aimante, unie, mais pas durable. Deux ans après ma venue dans ce monde, ma mère meurt en donnant la vie à un petit être sans défense. Cinq ans après cette tragédie familiale, mon père perd la vie dans l’attentat des tours jumelles, le 11 septembre 2001. En fait, c’est assez banal trois enfants qui deviennent orphelins. Envoyez quelque part, loin. Nous nous sommes arrivé à Detroit, chez une tante qu’on ne connaissait ni d’Eve, ni d’Adam.

Je n’ai pas connu ma mère, mais j’ai eu un père formidable. De ce jour où j’ai poussé mon premier cri, à cette date du 11 septembre 2001 ma vie était comme elle devait être, parfaite ou presque. J’étais cette petite fille qui voyait le monde avec des yeux innocent. Cette gamine qui croyait encore au prince charmant. J’avais sept ans, et j’ai vu tout mon petit univers s’effondrer. À sept ans, on ne comprend pas tout de suite qu’on son monde subit une attaque.

Je ne devais pas être une de ces petites filles à qui la vie sourit. Nan, moi, j’ai été cette petite fille pointée du doigt. Celle que la vie a fauchée au passage. Celle qui a trouvé refuge dans les bras des gangs du quartier de Detroit. J’ai dit adieu à cette petite fille sage, souriante, au cœur pur et tendre. Je lui ai dit adieu le soir même où j’ai enterré mon père. Une nouvelle vie pour une nouvelle fille.

J’ai trouvé ma place dans un monde réservé au mec, un monde pas très recommandé en fait. J’ai grandi dans la rue, peut-être parce que je me sentais plus en sécurité là-bas que chez moi. Je devais avoir dans les huit ans quand tout a commencé. Je me souviens comme si c’était, de ces nuits sombres où il se faufilait dans mon lit. Je sens encore son souffle dans ma nuque, son haleine imbibée d’alcool. Ses mains glacées sur mes cuisses, ses doigts faire glisser ma petite culotte, le goût salé de mes larmes versées.

J’avais huit ans, j’étais trop jeune pour me défendre face à un homme. Un homme bien plus fort que moi. J’ai gardé le silence, chaque nuit où il venait se glisser dans mon lit. Chaque soir où je me retrouvais seule avec lui, je n’ai jamais rien dit. Fallait que je protège mon petit frère des menaces, que je le protège de lui.

Les viols proprement parlés ont commencé en 2009, je devais avoir dans les quinze ans à l’époque. Un soir, il a débarqué dans ma chambre au milieu de la nuit. Il s’est allongé dans mon lit, juste à côté de moi comme il en avait l’habitude. Sauf que ce soir-là, il ne s’est pas arrêté où il en avait l’habitude. Non, ce soir-là, une nouvelle aire commençait. Je sens encore ses mains se balader sur mon corps. Ce soir-là, il m’attraper de force, il a déchiré ce que je portais et il m’a… Il m’a violé !

J’ai jamais vraiment eu de chance dans ma vie, j’ai accumulé les conneries en tous genre pour me sentir existé. Je suis cette fille brisée que vous croiser dans la rue, cette fille au beau sourire empli de soleil qui vous rappelle vos vingt ans. Cette fille paumée qu’on remarque pour sa beauté. Je suis la fille que vous allez vouloir sauver, tellement attachante.

Un jour, je me suis réveillée bien décidée a changé de décor. Je me suis levé, j’ai pris mes affaires et j’ai claqué la porte. C’est pénible d’être l’objet de convoitise. D'être l’obsession constante d’un pervers. Je n’y arrivais tout simplement plus. Je ne supporte plus mon reflet dans la glace, l’image que renvois le miroir.

Je n’arrive plus aussi bien qu’avant à faire semblant. C’est plus facile de mentir à une seule personne, plutôt qu’a une foule de monde.

J’ai posé le pied à Marple Spring il y a 8 mois et demi, déterminé à fuir mes démons. Je veux simplement ne plus rien devoir à personne. Je ne veux plus d’attente, de déception, de devoir. Je veux uniquement pouvoir me détruire comme bon me semble, me combler dans mon malheur comme une personne normal.