La fête nationale. Un jour important mais surtout un jour férié, un jour de fête pour célébrer l’histoire du pays. Une occasion pour Alexander de se détendre. C’était un jour de repos. Alors il en profita pour rester chez lui pour finir de décartonner ses affaires, du moins les affaires que les cambrioleurs n’avaient pas volées. Il aurait aimé joué un peu de guitare pour se dégourdir les doigts mais il ne put que regarder le support vide. Quelque peu grognon, le cuistot finit par sortir et profiter des festivités qui avaient lieu dans la ville en sortant en fin de journée. C’était bien moins impressionnant qu’à New York mais cela avait son charme. Vêtu simplement, oubliant ses costards au placard, il ne portait qu’un simple haut blanc, un bomber kaki et un jean sombre. Discret et détendu, intemporelle. Il voulait profiter de la soirée et si l’occasion se prêtait, ne pas rentrer seul ce soir. Comme beaucoup de soirs.

Rejoignant l’est de la ville, il eut sa mère au téléphone qui souhaitait avoir de ses nouvelles. Cette dernière était toujours inquiète pour lui et cherchait à ce que les choses s’arrangent avec son père. Mais les deux hommes étaient têtus et n’étaient pas prêt à faire un pas l’un vers l’autre. Une fois arrivé, il put découvrir le lieu des festivités. Au bord du lac, il y avait des buffets pour tous les goûts, une buvette et un feu de camp. Plus loin, le cuisinier pouvait voir une scène où des musiciens jouaient un rythme entrainant. Faisant un tour, il aperçut sa patronne avec son compagnon, quelques cuistots et même sa voisine et flic Shepard qui devait bosser pour surveiller la soirée. Alex se dirigea vers la buvette, dans l’espoir de boire un whisky mais il ne proposait que des bières et du punch. Il prit une bière par défaut et se balada à travers la foule, allant regarder le groupe jouer, battant du pied le rythme.

La bière se descendit plus vite que prévue et il alla la jeter dans une poubelle non loin. Regardant autour de lui, ses yeux bleus s’arrêtèrent sur un visage qui lui était familier. Mais il s’y reprit à deux fois pour être certaine que c’était bien elle. Une barmaid qu’il avait rencontrée à New York avec qu’il y avait passé plusieurs nuits séparées mois et années, se revoyant pour remettre le couvert après avoir apprécié un bon verre et un bon repas. Une amitié où les parties de jambes en l’air faisaient partie du petit plus de cette relation. Aucun des deux ne semblait vouloir plus et c’était amplement suffisant, donnant à ces deux jeunes gens plein de complicité.

Nooon, Lynn ?!

Fronçant les sourcils, il croisa son regard et un grand sourire apparut sur son visage. Sans lui laisser le temps, en quelques enjambées, il se retrouva à sa hauteur pour l’attraper par le bassin et la poser comme un sac sur mon épaule, la tête à l’envers, pour l’entraîner quelques mètres plus loin de la foule, posant une main sur ses hanches pour la maintenir afin de ne pas tomber.

J’arrive pas à croire que tu sois là, qu’est-ce que tu fais ici ? Dit-il en finissant par la reposer sur le sol en la faisant glisser tout en la gardant près d’elle, le sourire toujours aux lèvres, heureux de la revoir.



@Kaelynn S. Hiddleston Fiche créée par ©️ Summers

Alex entendit la jeune femme rire après avoir poussé un petit cri de surprise alors qu’il l’attrapait pour l’entraîner plus loin. La ramenant sur terre, il ne voulait pas la lâcher, gardant une main posée sur son épaule afin d’avoir l’occasion de la détailler, lui aussi, pour voir si elle avait changé depuis leur dernière rencontre à New York. Inchangée, toujours aussi pimpante, belle et féminine. Habillée légèrement par rapport à la chaleur, elle était ravissante avec ce débardeur et cette jupe courte. Assez grande, fine et gracile, la jeune femme avait un charme indéniable qui pouvait faire tourner la tête de bien des hommes. En tant que barmaid, cela devait être utile mais aussi usant mais elle avait le caractère pour ne pas se laisser faire.

Lynn lui répondit qu’elle allait lui poser la question ce à quoi il fronça les sourcils pour chercher où elle voulait en venir. Elle ajouta qu’elle habitait ici. Évidemment. La jeune femme avait dû lui dire mais se souvenir du nom d’une petite ville donnée dans une conversation qui datait d’il y a plusieurs années … Il ne fallait pas trop en demander au chef cuisiner, pourtant connu pour avoir une bonne mémoire et qui arrivait à utiliser les éléments énoncés par ses proies pour pouvoir les amener plus rapidement dans son lit. Pourtant cette soirée était l’une des rares qui ne s’était pas passé comme prévu. Hochant d’un signe de tête, se souvenant de cette info, la bouche ouverte avec un rictus qui disait « c’est vrai, je suis un boulet ».

Tu … Je crois que tu me l’avais dit, une fois … Il fallait que je m’en souvienne, c’est ça ?

Alexander lui adressa un sourire malicieux pour la taquiner. Difficile de se souvenir de toute cette soirée, la jeune femme était coriace et avait une meilleure descente que lui. Non seulement elle préparait des cocktails à retourner les esprits mais en plus Kaelynn avait cette capacité de trouver le goût des gens. Le jeune homme était plus du genre alcool pur, sans mélange mais elle avait trouvé celui qui conviendrait à ses papilles. Il s’était donc retrouvé, ivre, chez elle, incapable de sustenter ses besoins le soir même. Elle aurait probablement pu le jeter le soir même ou le lendemain matin mais elle n’en fit rien, l’accueillant dans son lit. Peut-être avait-elle été ivre elle-aussi mais suffisamment habituée pour ne rien montrer, ça c’était un secret qu’elle gardait. Et, malgré la gueule de bois, le cuisinier put se rattraper le lendemain pour se faire pardonner. Et elle était une des rares avec qui il avait remis le couvert, développant une relation de "friends with benefice", sans prise de tête.

La barmaid continua en lui retournant la question, lui demandant s’il était perdu et terminant par un constat. Lui aussi allait bien. Alex fit un signe de la tête, enlevant la main de son épaule mais restant à une distance raisonnable entre deux amis complices.

Je te retourne la chose,  répondit-il en retour, charmeur. Et oui, en effet, je crois que je me suis perdu, je cherchais une grande ville, type Chicago mais je me suis trompé de sortie et me voilà coincé ici !

Il leva les deux bras en même temps à mi-hauteur puis les baissa et ajouta plus sérieusement pour lui donner une vraie explication de sa présence. Lui qui pensait ne connaître personne dans cette ville, cela allait changer la donne.  

J’ai trouvé une place de chef à l’hôtel Fitzgerald, au sud de la ville. Je n’arrivais pas à évoluer à New York dans les différents restos où j’ai bossé et je n’avais pas les moyens d’en ouvrir un, j’ai sauté sur l’opportunité. La gérante de l’hôtel m’a amadoué avec ce poste et comme elle était belle, j’ai pas entendu que j’allais me retrouver ici, loin des grands buildings.

Toujours une connerie à dire. Il semblait ne jamais prendre les choses au sérieux et pourtant il plaisantait à moitié. Sa patronne était une belle femme mais il n’avait pas dit oui pour son joli minois, loin de là. Il voulait avoir l’expérience d’un chef de cuisine pour pouvoir avoir son propre restaurant, gagner un salaire plus conséquent pour mettre suffisamment de côté pour emprunter le minimum possible. Il avait une attitude détendu, détaché des choses mais ce n’était qu’une apparence, bien plus sensible qu’il ne le montrait parce qu'il état interdis pour un homme de se montrer faible.

Bref, qu’est-ce que tu me racontes ? T’es toujours dans le même bar ?


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Lynn ne lui en voulait pas de ne pas se souvenir de cette conversation alors qu’il avait fini par s’effondrer sur son lit sans être capable de la remercier comme il se doit de cette soirée. Le cuistot eut un sourire suggestif, ne se rappelant certes pas de tout mais il savait que le lendemain, sa tête avait fini dans sa superbe poitrine. Chose qu’il avait eu l’occasion de réitérer.

Lorsque Alex lui donna les explications sur sa présence, la barmaid confirma le dépaysement total entre une grande ville comme New York, où les gens ne voyaient rien d’autre que le chemin qu’ils avaient à faire alors qu’ici, les gens semblaient être toujours les mêmes. Le jeune homme s’était même retrouvé à saluer d’un signe de tête des passants qu’il avait déjà vu, sans encore avoir eu l’occasion d’en aborder un. La question arriva immédiatement. Où habitait-il ? Et s’il avait déjà trouvé un logement. Suspicieux, il ne répondit pas tout de suite, il cherchait à trouver un avantage.

Ça dépend, est-ce que j’aurai le droit de squatter chez toi si je dis que j’ai trouvé un appart ?

Le chef cuisiner ne perdait pas le nord. Jamais. C’était une invitation muette pour se revoir plus régulièrement surtout maintenant qu’ils habitaient dans la même ville. Le courant était bien passé et ils s’amusaient bien ensemble, et ce n’était pas qu’une question de pieu. Encore avait-il eu la décence de ne pas dire,  « squatter ton lit ». Kaelynn faisait partie de ces femmes qui sortaient de l’ordinaire, il lui devait bien ça, même si le sous-entendu était là. Bon après, vu qu’ils ne s’étaient pas vu depuis un bon moment, sa situation pouvait avoir changé et il pourrait très bien s’imaginer un homme bourru le dégager du canapé à coup de poing dans le visage. Au final, qu’importe la réponse, qu’elle soit positive ou négative il ajouta :

J’ai trouvé un appartement dans le centre-ville, un quartier sympa, même si j’ai pas encore eu l’occasion de rencontrer mes voisins… A part un mais, c’est une longue histoire.

Alexander finirait par lui parler de son cambriolage mais il était plus pressé à savoir comment elle allait, oublier cet incident et profiter de la soirée en charmante compagnie. La mixologue pouvait très bien avoir des impératifs et rejoindre des amis à elle, il la laisserait sans problème et n’insisterait pas, pas avec elle. Il voulait savoir comment elle allait, ce qui avait changé depuis leur dernière rencontre et Lynn lui annonça travailler toujours dans le même bar mais qu’elle en était la proprio à présent. Le cuistot ne comprit pas pourquoi la jeune femme semblait soudainement gênée. Et son incompréhension pouvait se lire sur son visage quelques secondes avant de s’exclamer, clairement heureux de savoir cette bonne nouvelle !

Mais c’est génial ! Félicitations Lynn ! Pourquoi tu fais cette tête ? Viens on va fêter ça et promis cette fois-ci, je ne finirai pas comme à notre première rencontre.

Il l’attrapa par l’épaule pour l’approcher de lui et se dirigea d’un pas décidé vers le stand où ils vendaient des boissons. La jeune femme lui expliqua que l’homme qui possédait avant le bar, celui qui lui avait tout appris, un homme important dans sa vie, était mort et elle avait racheté son bar. En souvenir de cet homme. Un acte qu’il aurait certainement apprécié.

T’as racheté son bar ? T’as eu raison, il avait de la valeur à tes yeux, il me semble non ? Il serait content que tu l’aies repris, au moins, il peut reposer en paix et sait qu’il est entre de bonnes mains. D’ailleurs où est-ce qu’il est ? Oh ! Je veux un cocktail avec mon nom, tu sais que je le veux ! Il aurait comme nom Le merveilleux Alex, ou Le Fougueux, ou l’Ardent, ou encore mieux ! L’Irrésistible Alex… ça me rassemblement parfaitement.

Ou le prétentieux … Le jeune homme ne voulait pas que Lynn sente le coup de blues monter en pensant à son mentor. Alors il allait faire le con jusqu’à ce qu’elle retrouve son jolie sourire.

Tu veux quoi ?  demanda-t-il alors qu’ils se retrouvaient au stand où ils ne proposaient que du punch ou de la bière.



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Avec un sourire comme le sien, comme résister ? La barmaid voulait en échange d’un squattage de son domicile, des repas gratuits. Eh, je suis pas un homme facile, pensa-t-il amusé. Il aimait cuisiner, c’était son métier mais il lui arrivait aussi de commander lorsque la flemme était trop grande que passer la journée au fourneau pouvait parfois être usant. Mais pour la jeune femme, contre une bonne soirée en sa compagnie, il n’aurait de cesse de cuisiner pour elle. Surtout qu’il se souvenait de ses goûts et qu’elle n’était pas difficile à satisfaire. Il lui répondit par un sourire malicieux se rapprochant d’un sourire diablement charmeur.

Le gîte et les cocktails contre ma cuisine et mon corps de rêve, on ne pouvait rêver mieux !

Alexander ne se prenait pas au sérieux et plaisantait bien évidemment. Il se considérait certes comme un bon cuisinier, même un très bon mais il fallait être un brin prétentieux dans ce domaine pour ne pas se laisser marcher sur les pieds. Quant au corps de rêve, il s’entretenait mais n’avait pas des abdos en béton armé. On ne touche pas à la petite brioche. C’est très bon surtout avec de la chantilly maison. Lynn devait faire partie de ses rares personnes qui avaient pu apercevoir que derrière l’homme solide qu’il prétendait être, il y avait une certaine fragilité. Il jouait les baratineurs, les effrontés, les séducteurs pour ne pas montrer qu’il avait été blessé plus d’une fois pour fermer définitivement les portes de son cœur. Alex ne s’était jamais étalé sur son passé, restant bref et succins mais c’était sûrement parce qu’elle avait vu au-delà du personnage qu’ils s’étaient rapidement rapprochés.

La mixologue l’invita lorsqu’il se sentirait à lui narrer ses aventures, ce à quoi il répondit par un simple signe de tête, préférant s’intéresser aux aventures de la jeune femme, détentrice d’un bar. Elle le remercia de son enthousiasme au sujet de ledit bar. Haussant les épaules, un sourire sur le bout des lèvres, elle avait de quoi être fier. Loin des trente ans, elle était la gérante d’un établissement probablement très lucratif. Elle lui annonça aussi qu’elle allait le surveiller pour la soirée alors qu’ils prenaient la direction du stand des boissons. Alexander approuvait son idée de reprendre le bar de son ancien patron, un bar qu’elle aimait et auquel elle tenait. C’était un bel héritage et une belle passation mais elle répondit qu’elle ne savait pas si cela aurait plus à l’homme mort. Que de toute manière, il n’avait pas son mot à dire.

Te pose pas la question, c’est une perte de temps. T’as fait le bon choix, finit-il par dire.

Puis il préféra lui changer les idées en fanfaronnant sur un cocktail portant son nom. Lynn leva les yeux, se tenait devant lui les bras croisés, insensible à la vantardise du jeune homme. Répondant par pique, le cuisinier s’arrêta dans son élan et la regarda en biais de haut en bas, une main légèrement en l’air comme aurait pu l’être un créateur de vêtement en train de juger son mannequin. Il se retenait de rire, un sourcil arqué. Puis se tournant légèrement en direction du stand, il répondit.

Hein ? Allo ? Je crois que je passe sous un tunnel ? Tu disais ? Aah oui, le meilleur coup du siècle ? Ouais tu ne te trompes pas, c’est moi. Appelle-le comme ça, je suis d’accord, je signe les papiers quand tu veux.

Penchant la tête sur le côté, un sourire enfantin sur le visage, son visage s’était rapproché du sien, il lui fit un clin d’œil avant de s’avancer et de lui demander ce qu’elle voulait boire. Sans surprise, Alex s’attendait à ce qu’elle réponde une bière car les cocktails risquaient de ne pas lui plaire. Forcément quand c’est son métier, c’est toujours plus difficile d’apprécier le travail des autres. Mais avec le temps, les choses se tassent. Il paya les deux bières et en tendit une pour la jeune femme avec qui il trinqua une fois en main.

À nos retrouvailles ! Répondit-il en réponse à la sienne, un sourire en coin.

Après une gorgée, il regarda autour de lui et crut apercevoir une chevelure rousse au loin. Elle ressemblait de dos à Sally mais il n’en était pas certain. Il n’irait pas non plus vérifier. Lynn le ramena sur terre en lui annonçant qu’elle n’avait rien prévu pour les prochaines heures. Parfaitement satisfait d’entendre ces paroles, il enchaîna :

Je suis venu moi aussi en touriste. Donc, c’est parfait, tu es à moi pour l’instant. Ça te dit d’aller mettre les pieds dans l’eau ? J’ai cru comprendre qu’il y aurait un feu d’artifice un peu plus tard et autant être aux premières loges. Dans une petite ville comme Marple, je ne pensais pas ça possible mais la mairie semble faire le nécessaire pour en mettre plein les yeux!

Il ne se souvenait pas, ou peut-être ne lui avait-elle pas dit que son père était le maire de la ville. Il avait vu au loin d’un ponton où il y avait quelques places encore libres qui pourraient être à toutes instantes prises par des habitants de la ville. Pour l’instant, les gens étaient encore intéressés par les musiciens qui jouaient un morceau endiablé, tandis que d’autres, un peu plus loin, sûrement les plus jeunes, jouaient dans l’eau sous la surveillance de la sécurité. Prenant une gorgée de sa bière, il finit par dire.

Tu m’avais manqué ma petite Lynn. C’est bon de te revoir. Alors, ton bar, dis-moi tout sur lui ?

Ou est-ce qu’il se situait ? Son nom ? Avait-il rouvert depuis longtemps ? Était-il en retard sur les informations ou était-ce une nouvelle récente ?   


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Le deal semblait bien plaire aux deux amis qui ne s’étaient pas revus depuis longtemps. Alex ne répondit que par un sourire à ses paroles. Lui aussi avait hâte d’y être, de passer une bonne soirée, vautrés dans le canapé à boire ses cocktails, à manger un bon repas et se retrouver sous la couette à jouer au jeu du chat et de la souris tout en froissant les draps.

Elle se mit au garde à vous lorsqu’il lui ordonna ne pas avoir à se poser de question sur ses choix de vie. Le chef cuisinier hocha de la tête pour répondre à son salut maladroit. Lynn en arriva à le charrier sur le choix du nom du cocktail pour vanter ses mérites. Outré, il mit une main sur son cœur, jouant les effarés faces à une bonne taquinerie et se mit à rire.

Tu me le payeras, interdiction de toucher ce corps parfait, susurra-t-il en attrapant son menton, d’une menace à peine voilée, une menace pleine de promesse sur la suite.

Il ferait tout pour qu'elle ne le touche pas, quitte à courir dans tous les sens parce qu'il était certain que s'il lui interdisait, Lynn ferait tout pour désobéir et il risquait de finir dans l'eau tous les deux. Les bières en main, il en but une gorgée, sentant la fraîcheur lui donner un coup de fouet. Il l’invita à aller au bord de l’eau et tandis qu’elle ôtait ses chaussures, Alex lui tendit sa bière pour qu’il fasse de même, enlevant les chaussettes et remontant son pantalon pour pouvoir tremper lui aussi les pieds. Il laissa ses chaussures dans le sable. On lui avait volé suffisamment d’affaire, il n’était plus à ça prêt. C’était blasé qu’il entra dans l’eau fraîche, récupérant sa bière, reprenant une nouvelle gorgée. La barmaid lui rappela que son père était le maire de la ville et qu’il aimait à faire les choses en grand pour que les gens se souviennent de cet instant. Il n’avait pas les moyens d’en faire un à la hauteur de celui de New York, c’était certain mais cela attisait la curiosité du bel homme, regardant en l’air dans l’espoir de le voir commencer. S’enfonçant un peu plus dans l’eau jusqu’à arriver au mollet, Alex l’invita d’un geste de la main à ce qu’elle se rapproche de lui afin de s’avancer dans le lac.

J’ai hâte de voir ça, c’est toujours un beau moment à découvrir.

Même s’il allait être moins impressionnant pouvoir le regarder les pieds dans l’eau, une petite bière à la main en bonne compagnie, cela risquait de surpasser celui de New York. L’ambiance était plus importante. Bon, s’ils arrivaient à faire un dragon, là, ils surpasseraient toutes ses attentes, ses rêves et ses espoirs. Lynn répondit qu’elle était contente qu’il soit en ville, ce à quoi, il répondit :

Si je m’étais rappelé que tu habitais ici, je serai venu plus tôt te voir. D’ailleurs, il faudra que je reprenne ton numéro, mon téléphone m’a lâché avant de venir ici. J’ai toujours le même numéro mais plus de répertoire.

La technologie et le cuistot faisaient deux. Il avait du mal avec les dernières technologies et était resté coincé dans une ère où c’était moins compliqué. Des boutons, pas de tactile, de petit voix sortant de son téléphone ou d’une machine. Ce n’était pas pour rien qu’il aimait sa vieille chaîne hifi qui avait malheureusement disparu dans le cambriolage.

Elle lui fit une description du bar qu’elle avait acheté et il hocha à chacune de ses explications alors qu’il regardait au loin, imaginant son acquisition. L’ambiance des pubs du vieux continent. Une ambiance qu’il avait toujours appréciée lorsqu’il avait fait son année à Paris et qu’il préférait de loin les boites de nuit. Mais pour rencontrer des filles un peu plus faciles, les boites étaient plus faciles. Cela ne l’avait pas empêché de réussir, loin de là, mais sans faire de généralité, les femmes des pubs cherchaient le plus souvent autre chose qu’un coup d’un soir. Mais encore pas de généralité car il y en avait aussi des deux côtés. Danser coller serré dans un pub était plus compliqué ! Prenant une nouvelle gorgée de sa bouteille, il tourna simplement la tête pour s’adresser à son amie.

J’aime l’ambiance des pubs donc forcément je vais venir et squatter le comptoir pendant que tu me serviras des cocktails ventant tous mes mérites.  (il lui adressa son sourire le plus gamin mais reprit un peu plus sérieux) T’as des groupes qui vont passer ? Ça serait cool, un soir dans la semaine que tu donnes l’occasion à des groupes ou des personnes plus ou moins connus de venir jouer devant un public, non ?

N’importe qui a envie de jouer de la guitare ou d’autres instruments aient la chance de venir s’amuser et amuser un public pourrait être intéressant et être un article de vente. Allait-elle seulement vendre de l’alcool ou comme dans certaines pubs, rappelant les pubs irlandais, allait-elle aussi nourrir ses trous noirs imbibés d’alcool ?


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Kaelynn lui annonça que le feu d’artifice ne devrait plus tarder ce à quoi il répondit par un hochement de tête satisfait, descendant un peu plus sa bouteille de bière en quelques gorgées. La barmaid trouvait surprenant que le jeune homme soit venu se perdre dans une petite ville alors qu’il avait toujours aimé le fourmillement qu’offraient les grandes villes. Alex haussa des épaules, un sourire innocent sur les lèvres faisant bouger son pied pour faire de légers remous autour de lui. Il pensait à son avenir avant tout et lorsqu’il ne voyait plus de moyen d’avancer, il cherchait un autre chemin. C’était important pour lui de ne pas stagner, tant que ses objectifs n’étaient pas atteints. Lynn enchaîna rapidement, choquée qu’il ait perdu son numéro, ajoutant que s’il voulait le récupérer, le cuistot devrait le mériter ou le demander très gentiment.

Tu sais que je peux être trèèès gentil quand je veux, lança-t-il taquin. Et tu vas même me supplier pour que je le récupère…

Il se rapprocha pour lui susurrer à l’oreille d’une voix efféminée et sensuel, un brin exagéré.

Hmm, je t’en supplie encore une part de ton … Tiramisu…

Il s’écarta légèrement, restant assez proche de la jolie mixologue, se mordant la lèvre inférieure, mimant une tête à la limite de l’orgasme avant de rire comme une baleine. Ils se taquinaient l’un l’autre assez facilement et c’était presque deux gamins qui en arrivaient parfois à se chamaillaient, en finissant par en venir aux mains lorsqu’ils avaient quelques verres dans le nez, bien que la barmaid ait clairement plus d’entraînement. Un sourire malicieux s’installa sur ses lèvres alors qu’il reprenait une nouvelle gorgée

Honnêtement, se lança-t-il pour expliquer la raison de sa venue à Marple. Je n’aurai pas mis l’ombre d’un orteil dans cette ville si la proposition n’avait pas été faite par ma nouvelle patronne en personne, j’aurai même pas cherché sur google map pour savoir où c’était. J’ai choppé une occasion rêvée de me faire un nom comme chef cuisinier, dans un hôtel assez luxueux pour être connu à l’extérieur de la ville. Je sais qu’ils comptent en ouvrir d’autres dans d’autres villes plus grandes… Mais une fois que j’aurai fait parler de moi, je compte bien ouvrir mon propre restaurant ailleurs pour être parfaitement autonome.

Une explication toute simple. Si Megane Fitzgerald ne lui avait pas demandé de le rencontrer et de lui proposer le poste, jamais il n’aurait pensé chercher dans le milieu de l’hôtellerie, préférant de loin les restaurants classiques mais appréciant le changement qui allait lui être bénéfique. Lynn lui expliqua après avoir décrit son bar et échanger là-dessus, les raisons de l’absence de groupe pour l’instant. La période était le gros problème majeur. Elle lui rappela aussi qu’elle cherchait à obtenir un diplôme en gestion et comptabilité afin d’avoir tous les moyens pour gérer son bar car savoir servir des verres n’étaient plus suffisant. Lynn lui avait déjà parlé de ces études mais l’avait vaguement évoqué sans pour autant le développer à leur dernière rencontre.

T’en es où de tes études du coup ?



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L’invitation n’était pas tombée dans l’oreille d’un sourd mais il préférait rire à gorge déployée plutôt que se jeter sur elle pour retrouver ses lèvres qu’il n’avait pas côtoyé depuis un long moment. C’est dire qu’il ne pouvait s’arrêter de rire. Pourtant Alex arriva à se calmer et lui expliqua les raisons de sa venue ici. Simple et efficace, il n’y avait pas grand-chose à dire. Lynn lui expliqua en retour avoir entendu parler de sa patronne qui était du genre à se vanter des personnes qu’elle recrutait ce qui lui donnait l’espoir que son nom tombe dans de bonnes oreilles. Mais pour l’instant, il était satisfait de sa situation, bien qu’il y ait des choses à arranger et un cambriolage à résoudre, sûrement lié à son nouvel emploi. La barmaid termina sa bière et il la suivit quelques secondes après. La jeune femme le complimenta sur son choix, confirmant que la vie à Marple Spring était beaucoup moins cher qu’à New-York. Faisant un signe de tête, avec ce sourire taquin qu’il affectionnait tant, il montra d’un geste de la main son corps et répondit sur un ton vantard.

Appelle ça le talent !

Même s’il parlait toujours sur le ton de la plaisanterie, il appréciait d'entendre les félicitations de Lynn car c’était quand même rassurant de voir et entendre qu’il ne fonçait pas tout droit dans un mur. Même s’il était obstiné, il pouvait se tromper … Bien que pour le coup, il avait peu de doute. Le cuistot finit par lui demander ce qu’il en était de ses cours, se rappelant que la jeune femme lui en avait parlé lors de leur dernière rencontre. Elle pouffa de rire avant de lui expliquer qu’elle avait arrêté il y a dix ans ses études et retomber dedans était étrange et loin d’être facile. Elle aura bientôt des examens qui, si elle les réussit lui permettra d’obtenir son diplôme. Elle pourra être vue avec un peu plus de sérieux face à des concurrents potentiels.

Hum. Moi qui ai toujours voulu passer la soirée avec une jeune étudiante, lança-t-il en se rapprochant d’elle. Me voilà comblé.

Son regard restait un brin enjôleur. Il passa une main autour de sa hanche et s’approcha à nouveau d’elle pour lui répondre sur un ton grave, la fin de sa phrase faisant rapidement comprendre qu’il ne savait jamais s’arrêter lorsqu’il y avait des conneries à dire ou faire.

Tu vas y arriver. Et je pourrai t’aider, pour chaque bonne réponse je fais tomber un vêtement … Et crois-moi, il n’y a pas besoin de beaucoup de bonnes réponses.

Il mêlait le sérieux d’une réponse à la plaisanterie. Le cuistot déposa plusieurs baisers dans le creux de son cou, sachant avec une certaine impertinence que la jeune femme ne le repousserait pas. Deux aimants qui aimaient se retrouver pour le plaisir et une absence de prise de tête, sans chercher à plus, voulant juste s’amuser et profiter de l’instant présent. C’était une nouvelle invitation à passer la soirée ensemble et plus et affinité, affinité qui était déjà là. Il se rapprocha de ses lèvres et après un bref regard pour y chercher cette complicité qu’ils avaient, Alex s’empara de ses lèvres, ramenant le corps de la barmaid contre lui, devant se pencher légèrement car elle faisait une tête de moins que lui. Il tenait toujours sa bouteille vide dans la main, ne pouvant glisser cette autre main sur elle. Finissant par se détacher, la jeune femme finit par lui annoncer que le feu d’artifice allait commencer. Regardant derrière lui, il put voir en effet la barge était placée et qu’ils risquaient à tout instant de démarrer.

Je sais pas si je vais arriver à suivre le feu d’artifice maiiis, je vais faire un effort !  Lança-t-il taquin en se glissant derrière pour poser sa tête sur la sienne, gardant son bras pour l’entourer, de cette manière possessive qui lui appartenait tant.


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L’un contre l’autre, ils se connaissaient et n’avaient plus les maladresses des premières fois. Ils savaient ce que l’autre aimait, comment et de quelle manière. La main de la jeune femme se posa sur sa nuque pour y caresser sa joue. Leur baiser se termina et ils savaient tout deux que ce ne serait pas le dernier. Leur regard en disait long sur ce qui allait se passer par la suite. L’envie, le plaisir de se retrouver, de retrouver leur complicité presque enfantine, naturelle entre ses deux amis de longue date.

La barmaid voulait voir le feu d’artifice. Quant au chef cuisinier, il commençait sérieusement à vouloir le voir alors qu’une jolie jeune femme était devant lui. Il l’exprima et comptait bien faire un effort pour bien se tenir le temps du spectacle. Entourant de ses bras la jeune femme, il la laissa se blottir à son grès contre lui. Alex lui caressait du pouce l’un de ses bras dont la peau avait été rafraichie par la nuit. Elle ne semblait pourtant pas avoir froid alors qu’elle avait les pieds dans l’eau. Mais peut-être que le cuisinier se trompait. Ne rompant pas le contact avec lui, Lynn avait aussi une main sur son bras.

Les premières fusées partirent sous les regards ébahis des habitants de la ville, sous les exclamations, les élans de surprises. Il serra un peu plus son étreinte en observant le ciel, un sourire enfantin sur le visage. Les couleurs éclataient dans le ciel, de l’or tombait du ciel pour disparaître dans la nuit au-dessus d’eux. Le spectacle était éblouissant, il fallait le reconnaître. Cette petite ville avait les moyens pour faire de belles choses. Le jeune homme ne sut combien de temps ils passèrent à regarder le feu d’artifice. En tout cas, il ne regrettait pas d’avoir fait un effort pour bien se tenir et ne pas dévorer la nuque de la jeune femme.

Posant un baiser sur sa tempe, il lui murmura à l’oreille sur un ton enjôleur :

Est-ce que si je demande l’hospitalité, vous me l’accorderez mademoiselle Hiddleston ?

Il n’était pas impossible que la ville ait prévu d’autres surprises mais le trentenaire avait d’autres choses en tête et être en plein milieu d’un public n'allait probablement pas l’aider à se concentrer sur les formes agréables de son amie.  


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