Il est souvent difficile de se confier, il est souvent dur de poser des mots sur ses propres maux, il est compliqué de raconter son histoire en détails. On a tous des choses que l’on tente de cacher plus ou moins, des anecdotes qu’on espère voir disparaître un jour où l’autre de son esprit. Il y a toujours des confessions que l’on ne souhaiterai jamais dire. C’est avec difficulté qu’Ily réussit à poser ces quelques lignes sur du papier. C’est son histoire qu’elle tenta de retracer, de définir.


Toute naissance, aussi difficile ou singulière soit elle, est le résultat amoureux ou non d’un homme et d’une femme. Ilyana, comme tous ceux présents ici sur terre avait effectivement deux parents.

to begin...
Elle, Carmen Alvaro, était une jeune femme d’une vingtaine d’année, née d’un mixage entre une jolie espagnole et un migrant algérien. Elle vécut toute sa vie dans la banlieue chaude et orientale de Madrid. Fille unique de prolétaires, elle ne connaissait pas la grande vie, elle se contentait d’aller au cinéma du quartier, en plein air tous les samedis soirs avec sa copine Rosa. Lorsqu’elle rencontra Jonathan Dawson, se fut sans doute l’une des plus belles choses de sa vie. L’homme, de quinze ans plus âgé avait su combler la belle. Il lui avait vendu du rêve, en amour comme en richesses. Pour la première fois, grâce à lui, elle avait pu voir la mer, sur une petite plage près de Valence. C’est grâce à lui aussi, qu’elle fit l’amour pour la première fois. Un acte romantique, et solennel. Elle s’était laissée bercer par ses mots doux et son accent américain.
Lui, Jonathan Dawson, n’avait jamais voulu raconter son histoire. Il s’était rendu en Espagne pour effectuer un voyage d’affaires, il était “business man” comme il le disait si bien. Il était rapidement tombé sous le charme de cette jeune femme aux traits hispaniques, à la peau basanée et aux grands yeux bruns. Venant des États-Unis, cela lui changeait, il avait l’impression suite à cette rencontre de n’avoir touché autrefois que des poupées barbies en plastique.
Leur idylle n’était alors largement pas approuvé par les membres de la famille de Carmen, et par le quartier en général. Carmen ne se sentait plus chez elle, et lorsqu’elle découvrit sa grossesse, elle dû fuir de chez elle afin d’éviter les coups violents de son propre père.
Elle n’avait pas été prudente Carmen, elle s’était trop vite emportée, mais sur le moment, elle ne regrettait rien. La mère de Carmen, elle, n’avait rien contre cette histoire, mais elle était triste de voir sa si jolie fille tomber dans les pattes d’un homme plus vieux, mais après tout l’amour n’avait pas véritablement d’âge.

De ce que l’on raconta, la naissance d’Ilyana se passa rapidement, sans aucun soucis, le 14 février 1996, comme si le destin lui-même envoyait un signe et approuvait cette idylle entre l’américain et la jeune espagnol. La tête déjà toute chevelue de boucles ébènes, elle avait charmé dès le premier regard son père et sa mère. Le père de Carmen avait refusé de la voir, contrairement à la grand-mère d’Ilyana qui dès la nouvelle avait accouru au chevet de sa fille, et de sa petite fille. Carmen fit le choix d’offrir à sa fille, comme deuxième prénom, celui de sa mère, Loreta.
Les mois passèrent, et les jeunes parents semblaient comblés. Ils avaient emménagé tous les deux dans un petit rez-de-jardin dans un quartier populaire de Madrid, non loin du Parque de la Cornisa, idéal pour les sorties dominicales. Presque tous les jours, la mère de Carmen venait leur rendre visite, et s’occupait avec beaucoup de tendresse de la petite Ilyana. Rien ne prédisait le drame qui allait survenir.

to continue...
Il faut avouer qu'elle ne souvient pas véritablement de ce jour-là. Pourtant, il est celui qui changea un peu toute sa vie. Trop jeune sans doute, elle ne s'était pas rendu compte des événements, des cris et des larmes. Elle se souvient juste de ce petit oiseau qui chantait devant sa fenêtre, qu'il était beau, presque irréel. Son père avait disparu. Comme ça, du jour au lendemain, sans raison précise. Elle avait alors cinq ans. Elle se souvient pourtant du rire trop gras de son grand-père, raillant avec sournoiserie sa mère en pleurs, et de sa grand-mère suppliant ce dernier de se taire. Elle, elle n'écoutait pas, elle n'écoutait plus. Comme absorbée par ce petit oiseau aux couleurs mordorées.
C'est cette année là aussi qu'elle fit son entrée à l'école, elle aimait tout particulièrement cet endroit, avec sa cour pleine de marronniers, et sa maîtresse qui sentait bon la pomme verte. Elle s'était révélée être une bonne élève, assidue et attentive. Elle faisait des efforts afin de ramener des notes excellentes afin de faire plaisir à sa mère.
Carmen, sa mère, qui ne sortait plus de sa chambre plongée dans une triste noirceur. Elle ne voulait plus parler, tout ce qu'elle pouvait murmurer c'était qu'il lui manquait. Ilyana s'en voulait de ne rien pouvoir faire, et encore plus lorsqu'on emmena sa mère dans une maison de soins. Elle avait du alors elle aussi tout quitté pour partir vivre chez ses grands parents. Sa chambre, ses jouets, tout était parti à la poubelle, il n'y avait pas de place pour ça là bas. L'unique consolation qu'elle trouva à ce départ fut dans sa nouvelle activité : cette même année encore elle découvrit la danse qui s'avéra être une véritable passion pour elle.

C'est grâce à la danse qu'elle pu entrer dans l'une des plus prestigieuses écoles de Madrid. Elle entra au conservatoire, et évolua au travers des différentes danses. Elle progressait rapidement, et se tenait parmi les meilleurs élèves de l'établissement, pour la grande fierté de sa grand mère.
C'est à travers la danse qu'elle étouffait le chagrin causé par la perte progressive de sa mère, cette dernière n'étant plus que l'ombre d'elle-même, refusant dorénavant de s'alimenter.
Elle fut loin d'être surprise, lorsqu'on lui annonça pour son seizième anniversaire le décès de sa mère. Les larmes ne lui vinrent même pas lors de l'enterrement. Il faut dire qu'elle ne l'avait jamais réellement connue.

to stop...
Ily avait toujours plu aux garçons, puis ensuite elle avait plu aux hommes. Elle connaissait son charme, et savait jouer de ce dernier pour parvenir à ses fins. Combien de fois lors de son adolescente a-t-elle séduit un jeune homme pour aller au cinéma gratuitement ? Elle savait parfaitement ce qu'elle faisait, ce qui plaisait. C'est donc presque avec évidence qu'elle commença le pole-dance vers dix-huit ans, pour se montrer dans des clubs. Elle avait besoin d'argent, elle en avait marre d'être la dernière à la mode, et surtout, elle avait envie de pouvoir s'échapper de son trou, quitter ses grands-parents, même sa grand-mère qu'elle aimait tant. Après avoir reçu son diplôme de fin de scolarité, elle décida d'éviter les études ce qui lui valu tous les blâmes de son grand-père, mais elle n'était plus à cela près.

Elle se construisit tout un réseau au travers des différents bars-clubs de Madrid. On la connaissait bien, comme la jeune danseuse, elle se faisait surnommée la Panthère , et on s'arracha presque ses shows. Mais tout ne peut pas toujours tourner rond, et elle eut la fâcheuse idée de se mêler à des histoires de drogue, ce qui lui valu de nombreuses emmerdes auprès des propriétaires des boîtes dans lesquelles elle travaillait.

À la rue, n'osant pas retourner chez ses grands-parents, elle se retrouva totalement perdue. Ne sachant presque que danser, il faut dire qu'elle ne voulait vivre que pour cela, elle refusait d'endosser le job de caissière ou encore de serveuse. Elle fut donc réduit à faire les poubelles, et errer tard le soir dans les rues espagnoles. Une rencontre hasardeuse, lui proposa alors beaucoup d'argent pour sa beauté enchanteresse. Au départ, elle ne compris pas très bien ce que l'homme lui proposait, mais bien vite, lorsqu'elle reçut une main aux fesses, les idées lui parurent beaucoup plus claires. Vendre son corps était donc devenu son unique solution, et son gagne pain.
Elle remonta la pente grâce aux hommes, et à ses services. Elle n'en était pas fière, mais au moins, elle avait un toit pour se protéger.
Un soir, elle s'occupa d'un homme assez particulier, qui lui demanda plus que ce qu'elle pouvait faire habituellement. Lui et sa femme, qu'il trompait par ailleurs, cherchaient à concevoir un enfant, mais cette dernière était stérile. Trouvant Ilyana très belle, il lui proposa une énorme somme d'argent afin qu'elle devienne le corps portant de leur futur enfant. Elle n'avait alors qu'à peine vingt ans, et sans vraiment réfléchir, elle accepta.

La grossesse fut pénible, et longue. Neuf mois avec un corps étranger, un corps qu'elle n'acceptait pas. Elle ne voulait rien savoir, sur son sexe, son état, sa vie future. Elle portait un enfant qui ne serait pas le sien. Elle se sentait salie, il faut l'avouer, mais l'argent qu'elle récupérerait lui permettrait de s'évader de cet endroit et de fuir toutes ses histoires.
À la naissance, elle avait voulu être seule, sans les futurs parents de l'enfant. Très riches, ils avaient manigancés leurs affaires et avaient payés le personnel soignant pour faire paraître l'épouse comme la véritable mère de cet enfant. C'était une fille parait-il. Une fois celle-ci sortie, Ily ne demanda pas son reste, récupéra l'argent et parti aussi vite que possible.

to restart...
La fuite fut douloureuse et presque déchirante. Elle était tout de même marquée par cet enfant qu'elle ne connaîtrait sans doute jamais. Elle avait besoin de s'évader. Elle n'était plus chez elle ici, à Madrid.
C'est ainsi qu'elle pris un billet pour les États-Unis, et se retrouva dans la ville de Marples Spring. Au départ, son intégration fut difficile et compliquée, de nouveau à la rue, elle du jongler avec des petits boulots inintéressants. De plus la chaleur du sud lui manquait tout particulièrement. Elle du s'habituer aussi à la langue anglaise, et elle a parfois encore du mal avec certains mots. Elle finit par trouver un emploi stable au Penthouse Club en tant que strip-teaseuse et pole-danceuse. Elle vend encore ses charmes au plus offrant, et essaie de créer son empreinte dans cette nouvelle ville. Et qui sait, peut-être retrouvera - t - elle son père ?