Le jour est arrivé, c'est aujourd'hui que je vous quitte mes très chers parents, mes frères, mes soeurs, et vous tous. Je pars découvrir le monde par moi-même. Vivre une aventure extraordinaire. Ma propre aventure.
J'ai vu tant de choses, parcouru tant de routes et j'ai fini par fuir. Fuir cet avenir tout tracé pour bâtir mon propre empire. Celui d'un magicien appelé Oz. Oz du petit et pourtant célèbre cirque Prévost tenu aujourd'hui par un père. Cirque français tournant depuis presque cent ans en France et dans toute l'Europe. Je voulais vivre. Je voulais grandir seul et me voilà ici accompagnée de celle que je pourrais considérer comme mon alter ego. Celle pour qui je pourrai tout quitter, tout donner.
Et nous l'avons fait. Nous avons tout quitté, laissé derrière nous famille et amis et nous avons construit cette chose qui ne nous appartient qu'à nous. Crapahutant dans les rues nous avons façonné ce spectacle. Offrant magie aux plus jeunes, grâce aux plus belles et espoir aux tourmentés. Nous mangeons à notre faim, dormons à même le sol des rues et faisons des rencontres. Nous vivons tout simplement. Nous vivons mes chers parents.

Bien sûr mon coeur ne vos oublis pas. Je ne vous oublierai jamais. Je vous remercie pour toutes ces années passées à vos côtés, les acrobaties apprissent, la magie et la musique aussi. Ces années furent des plus belles, mais il était temps pour moi de vous dire adieu. De m'envoler pour un nouveau voyage.
Niniel "fille aux larmes", ma soeur, tu portes si bien ton nom, je te vois d'ici, sèche tes joues, ce n'est que le début pour moi, Elendil Angus et Samuel, mes frères nous nous reverrons.

Une nouvelle route nous attend, et nous rejoignons enfin ce chemin qui mène vers notre avenir. Un avenir heureux, sans les tourments d'un père. Car oui mes chers parents vous avez fermé les yeux. Vous avez choisi la voie du silence et m'avez profondément déçu. Elle est à plusieurs reprises venues vous avertir, vous faisant confiance et vous n'avez pas bougé. Préférant vous murer dans le silence. Dans votre petit confort. Vous saviez ce qu'elle subissait, vous saviez qu'elle tombait sous les coups de cette brute, qu'elle se faisait violer jusqu'à quatre fois par jour. Vous saviez, mais vous n'avez rien fait. Je vous en blâme mes chers parents, et ce soir je fuis cette vie de silence emportant avec moi celle pour qui je serai capable de tout. Pensez à saluer son père, car il ne pourra plus la toucher. Aujourd'hui nous sommes bien loin de cette vie. Nous voguons de nos propres ailes loin de Paris, loin de tout ce monde que j'aimais tant et qui l'a pourtant détruit.

Je vous aime malgré tout.
Votre cher et tendre fils, Oz.