Rencontre au centre commercial {Libre

L'anniversaire de Cassidy approche à grand pas et je n'ai toujours rien acheter pour cet événement. Ma sœur n'est pas difficile à contenter tant que je lui trouve quelque chose en rapport avec les étoiles. En plus, cette année, elle a 18 ans et il faut quelque chose qui marque vraiment le coup.
J'ai passé pas mal de temps sur internet pour lui trouver le cadeau parfait, enfin les cadeaux parfaits. Même si nos parents sont morts, ils lui offrent toujours un cadeau pour son anniversaire ou à Noël. Le certificat indiquant qu'une étoile porte son nom me sera bientôt expédié et là, il ne me reste qu'à aller chercher un foutu télescope.

Normalement, la chipie aurait dû être avec moi aujourd'hui. On avait toutes les deux passée une mauvaise nuit à cause de son cauchemar et dans ces cas-là, je la garde avec moi mais pas aujourd'hui. « Cassidy veut pas aller au centre. » Sa voix n'exprimait pas vraiment de la colère, du moins dans le sens où le commun des mortels l'entend mais moi, je savais qu'elle l'étais. « Je sais Cassie mais j'ai plein de chose à faire aujourd'hui et je n'ai vraiment pas le choix. » La forcer à aller au centre était un déchirement mais je n'avais pas le choix. Je ne pouvais pas aller acheter son cadeau avec elle quand même. Bref, je suis perdue dans mes pensées, à tel point qu'en déambulant dans le centre commercial à la recherche de ce foutu magasin d'électronique, je bouscule quelqu'un. « Désolée, je ne regardais pas au j'allais. » Enfin, si je regardais mais plus les enseignes que les gens m'entourant.

Rencontre au centre commercial

Jack R. Matthews & Melody G. Sullivan

J'avais encore fait des folies au niveau de mes vêtements, mon compte en banque allait souffrir. Et il fallait absolument que je garde de quoi décorer mon studio... Je soupirai et remerciai la vendeuse, avant de quitter le magasin d'un air songeur. Ma garde-robe commençait à être bien remplie, mais j'avais pris la mauvaise habitude d'acheter des fringues à chaque fois que je passais par le centre commercial. J'avais mis un peu d'argent sur le côté, mais ce n'était que pour les cas extrêmes, lorsqu'il s'agissait de survivre. Tant pis, j'allais m'en sortir. Je m'en étais toujours sorti, d'ailleurs, et ce sans l'aide de personne. Je m'engageai dans le grand hall du centre commercial en traînant les pieds, très peu motivé à rentrer chez moi. J'avais besoin de voir du monde, d'observer les allées et venues des gens qui avaient des vies trop remplies pour passer leur temps à attendre que le temps passe. Moi, c'était devenu ma passion. Fallait avouer que mon boulot n'était pas bien passionnant, en réalité, mais écouter de la musique à longueur de journée me plaisait bien malgré tout. Au final, chacun son truc, n'est-ce pas ?

C'est la tête dans les nuages que je croisai toutes sortes de personnes, sans trop y faire attention pour l'instant. L'odeur de gaufres chaudes me parvint aux narines et je tournai la tête vers le minuscule stand tenu par deux adolescents. Non, je ne pouvais pas. Pas maintenant. Un peu plus loin, l'odeur de dizaines de parfums mélangés me donna le tournis, c'était le genre d'endroits où je ne mettais pas un seul pied. J'accélérai le pas et entrepris d'observer le plafond à moitié transparent du centre, mais heurtai assez violemment quelque chose une fraction de seconde plus tard. Ou plutôt, quelqu'un. Je baissai mon regard et le posai sur la jeune femme que je venais de bousculer, du haut de mon mètre quatre-vingt-quatorze. Embarrassé, je m'empressai de m'excuser.

"Je suis désolé..." Elle ne me laissa pas le temps d'ajouter quoi que ce soit, puisqu'elle aussi s'excusa parce qu'elle ne regardait pas où elle allait. Je secouai doucement la tête, avant de lui répondre : "Moi non plus, j'ai eu la mauvaise idée d'observer le plafond... Il est plutôt mal entretenu, d'ailleurs..." Je rougis et me frappai mentalement. J'avais le don de parler pour ne rien dire parfois, et avec les femmes ce n'était pas mieux, c'était même bien pire. Je passai une main sur ma nuque, gêné, avant de poursuivre d'une voix douce : "Bref, euh... J'espère que je ne vous ai pas fait mal. Vous alliez quelque part ? Sinon je peux vous offrir un café pour me faire pardonner... ou un coca, un thé, j'en sais rien..." Je lui servis un sourire innocent, presque ridicule. Si seulement j'avais pu m'enterrer dans ce sol en pierre...

Fiche créée par Rinema

La déception de ma sœur est toujours en moi. Je la revois hurlant quand je la dépose au centre mais je ne me voyais pas l'emmener avec moi faire les boutiques pour son anniversaire. En voyant le téléscope, elle n'aurait pas compris qu'il faut qu'elle attende avant de l'avoir et puis, égoïstement, j'ai envie de voir son regard s'animer en ouvrant ses cadeaux. Un anniversaire rien que nous deux, comme toujours enfin, peut-être que je pourrais inviter Siobhan, Eliott et ses enfants mais j'ai peur que ça perturbe ma sœur de voir autant de monde d'un coup, surtout deux enfants qu'elle ne connait pas. Deux enfants qui ne connaissent pas ses règles, son monde.
Je suis tellement enfoncée dans mes pensées et dans les enseignes des magasins que je finis par percuter quelqu'un. Je m'excuse aussitôt pendant qu'il fait de même. Qu'il fasse de même me fait rire. C'est assez rare, souvent, ce sont des insultes qui fusent, pas des excuses. Je souris même quand je vois qu'il rougit, surement à cause de sa maladresse, m'obligeant à me dévisser la tête pour le regarder. « Ce n'est rien. J'avais aussi l'esprit ailleurs et vous ne m'avez pas fait mal. » Je continue de lui sourire, amusée par cette situation.
Quand il me questionne pour savoir si j'allais quelque part, j'hésite à lui répondre. Non parce que je ne souhaite pas dire que je recherche un magasin précis mais parce que j'hésite à continuer mes recherches où a accepter son offre. « En fait, je recherche ce foutu magasin d'électronique mais je pense que je vais accepter votre offre. Non pour que vous vous fassiez pardonner, nous sommes tous deux fautifs, mais parce que ça me fera du bien je pense. » Je lui souris toujours. Un sourire avenant pour le détendre avant de lui tendre la main. « Au fait, moi, c'est Melody. »

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Jack R. Matthews & Melody G. Sullivan

Elle était blonde aux yeux foncés. Ravissante, il fallait le dire. Elle devait avoir le même âge que moi, deux-trois ans de plus peut-être, mais au final on ne voyait pas vraiment la différence. En plus d'être jolie, elle avait l'air tout à fait sympathique aussi, plutôt douce dans sa façon de parler. Ca, ça me plaisait. Les grandes gueules qui attiraient toute l'attention étaient loin d'être mon style, surtout que généralement je n'en plaçais pas une avec elles. Lorsque je lui proposai d'aller boire quelque chose pour me faire pardonner, elle sembla hésiter. J'espérais juste ne pas lui avoir fait peur avec ma proposition rapide, après tout c'était tout à fait innocent et je n'y avais pas vraiment réfléchi. Je posai mon regard sur elle lorsqu'elle se remit à parler, reculant discrètement d'un pas pour lui éviter le torticolis. Réflexe de grand. Lorsqu'elle accepta, je souris et lui répondis, déjà un peu plus rassuré :

"Ca marche ! Pour le magasin d'électronique, c'est un étage en-dessous. Je vous montrerai après." Je croisai son regard et son sourire avenant, qui m'arrachèrent moi aussi un sourire doux, toujours un peu nerveux. Lorsqu'elle me tendit la main, je la lui pris dans un geste ferme mais tendre, avant de lui répondre : "Moi c'est Jack."

Je me dirigeai vers le premier café venu, qui avait d'ailleurs l'air plutôt accueillant. Style rétro, délicieuse odeur de café émanant de l'entrée et quelques personnes assises aux petites tables, ni trop ni trop peu. Mon regard se posa alors sur la porte d'entrée. Il fallait absolument que je la tienne pour Melody. Je n'avais vraiment pas l'habitude de toutes ces petites attentions, mais il fallait que je fasse bonne impression. Je passai donc devant pour tirer la porte vers moi, puis je m'écartai et lui montrai le chemin dans une révérence exagérée, tout sourire. Elle avait dû comprendre dès mes premiers mots que je n'étais pas du genre gentleman en temps normal, mais j'avais envie de faire des efforts, pour une fois. Un serveur nous plaça à une petite table avec vue sur le hall du centre commercial par une énorme fenêtre qui montait du sol au plafond. Une fois installés, je remarquai que je ne lui avais pas tiré sa chaise pour qu'elle s'asseye. Je me mordis la lèvre intérieure, puis engageai la discussion pour tenter de faire comme si de rien était.

"Vous m'avez dit tout à l'heure que ça vous ferait du bien de boire un verre... Je sais qu'on ne se connait absolument pas, mais..." J'hésitai pour la tournure de ma prochaine phrase. "Je suis là pour vous écouter si vous en avez besoin."

Bon, ce n'était pas trop mal, tout ça. Avec un petit sourire adorable et innocent ça passait crème. J'acceptai le menu que nous tendit le serveur et passai en revue les boissons chaudes. Au risque de ne pas être original du tout, ce serait donc bel et bien un café pour moi. Je refermai le menu et posai ma tête dans la paume de ma main, appuyé sur la table.

"Qu'est-ce que vous cherchez dans le magasin d'électronique, si ce n'est pas trop indiscret ? C'est le genre de magasins que je ne connais absolument pas, je sais même pas ce qu'on y trouve..."

Fiche créée par Rinema

Je ne suis pas du genre maladroite sauf quand je suis plongée dans mes pensées et en ce moment, c'est bien plus souvent le cas. Avant, il n'y avait que Cassidy qui m'embrumait l'esprit ainsi, comme aujourd'hui d'ailleurs, mais depuis peu, Eliott s'ajoute à ma sœur.
Bref, tout ça pour dire que ce n'est pas dans mes habitudes de foncer dans les gens comme je viens de le faire avec ce grand jeune homme avec qui j'accepte de boire un verre, me répondant même que je ne suis pas au bon étage pour le magasin que je cherche. « C'est sur que si je ne suis pas au bon endroit, j'aurais du mal à trouver. » Je ris en me maudissant mentalement. Je dois vraiment être fatiguée pour m'être trompée d'étage mais au moins, j'aurais fait une rencontre sympa, celle de Jack.
Je le suis jusqu'au café et je m'amuse de sa galanterie, riant légèrement devant sa révérence et j'imagine la tête que ferait Eliott s'il nous voyait et ça suffit à égayer ma journée. Je remercie le serveur et je m'installe face à Jack qui engage la conversation sur une tournure assez inattendue. « Je pense qu'on peut se tutoyer, j'aime pas qu'on me vouvoie, j'ai l'impression d'être vieille. » Je ris de nouveau avant de commander un chocolat viennois et de répondre à sa demande. « En fait, c'est à la fois simple et compliqué. Je m'occupe de ma petite sœur qui est autiste et cette nuit, elle et moi avons très peu dormi et que je t'ai foncé dedans, c'est parce que je repensais à sa crise de ce matin. »
Je remercie le serveur revenu avec notre commande et je commence à boire une gorgée avant de continuer. « Et si je vais au magasin d'électronique, c'est pour lui acheter son cadeau d'anniversaire. Elle est fan d'astronomie et donc, j'ai décidé de lui offrir un téléscope. Sinon on trouve toute sorte de chose, des composants électroniques, des ordinateurs, des consoles de jeu parfois mais comme ils ont un petit rayon astronomie, j'espère y trouver mon bonheur pour ma sœur et toi alors ? Qu'est-ce que tu dévalisais comme boutiques ? » D'un signe de tête, je lui montre la montagne de sac qu'il transporte avec lui.

Spoiler:

Rencontre au centre commercial

Jack R. Matthews & Melody G. Sullivan

Je ne pensais pas du tout qu’elle se confierait à moi. Après tout on ne se connaissait ni d’Eve ni d’Adam, mais elle semblait vouloir en parler. J’espérais que ça lui ferait du bien, parce que j’adorais faire plaisir aux gens, les rassurer, leur montrer que quelqu’un les écoutait. D’après ce qu’elle me disait, elle avait une petite sœur autiste et ce n’était pas facile tous les jours de s’en occuper. Je penchai la tête légèrement sur le côté, les lèvres pincées, signe de compréhension. Lorsqu’elle termina, je lui répondis de ma voix rassurante habituelle :

« Je ne connais aucune personne autiste, mais j’imagine ce que ça doit être. Tu es seule à t’occuper d’elle ou y’a d’autres personnes qui t’aident ? »

Voilà quelque chose que j’avais appris au fil des trois années où j’avais vraiment commencé à vivre : ne pas prendre les gens en pitié dans des moments comme celui-là, simplement continuer à leur poser des questions pour montrer son intérêt. Ce n’était pas joué, loin de là, ce qu’elle me racontait m’intéressait vraiment et j’avais envie d’en savoir plus. En plus, ça permettrait à Melody de se lâcher un peu, peut-être, mais au final je ne savais pas si elle en parlait facilement ou pas du tout. J’avais plein de points d’interrogation dans ma tête, en réalité, mais au bout d’un moment elle finirait par répondre à mes questions, j’en étais persuadé. J’acceptai avec le sourire le café que le serveur déposa devant moi, avant d’y verser un nuage de lait, comme à mon habitude. Machinalement, je me mis à souffler dessus avant de changer de sujet, intrigué par le magasin d’électronique dont elle m’avait parlé un peu plus tôt. Elle comptait lui acheter un télescope ? Un grand sourire étira mes lèvres et je lui répondis joyeusement :

« Promets-moi que tu m’inviteras pour qu’elle me fasse découvrir son télescope ! Je déteste la technologie, mais les étoiles j’adore ça. » D’un côté je rigolais, d’un autre j’étais tout à fait sérieux. Elle ne m’inviterait que si elle en avait envie, et surtout si sa sœur en avait envie, mais j’étais sérieux dans le sens où je voulais vraiment rencontrer sa petite sœur. Je ne savais pas si c’était possible ou si elle aimait les visites, mais autant en faire la proposition et voir comment Melody réagirait. Juste après, elle enchaîna en me demandant quels magasins je dévalisais. Je jetai un coup d’œil aux nombreux sacs à mes côtés, soudainement un peu embarrassé sans le montrer. « Les boutiques de vêtements. C’est d’ailleurs les seuls magasins où je mets les pieds à part les supermarchés. Je pense que… » je fis une pause, haussai les épaules et poursuivis : « Je sais pas, c’est important de donner une image soignée de soi-même. Les vêtements c’est la première chose qu’on voit, et ça permet de… se faire des amis, souvent. Les gens aiment pas les vieilles fringues. » J’eus un sourire un peu triste en me rappelant mon enfance. Porter les vêtements de ses grands frères ce n’est pas l’idée du siècle, mais je n’avais jamais vraiment eu le choix. Maintenant, c’était différent.

Spoiler:

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