LOST & FOUND

Presque minuit, les lumières du cinéma s'éteignent progressivement. Après les lampes du guichet d'information et de vente des places à l'accueil, c'est au tour des LED à ambiance tamisée que mon collègue régule jusqu'à extinction dans la pièce entièrement vitrée du magasin à bonbons. Le soir tombe à l'intérieur du bâtiment où n'illuminent plus que les néons au sol le long du double couloir menant aux salles de projection ainsi que les spots fixés . L'éclairage des toilettes est un système de détection automatique, et les dernières ampoules se trouvent à l'extérieur au-dessus de la double-porte que mon collègue pousse pour embraser sa cigarette. Nous venons de nous croiser dans le hall, nous gratifiant d'un sourire qui confirme mutuellement que nous savons ce qu'il nous reste à faire avant de fermer l'établissement jusqu'au lendemain matin. Un autre duo prendra notre place, rapidement rejoints par d'autres employés pour former une équipe qui peut aller jusque quatre personnes qu travaillent en même temps.

Je me dirige vers la salle 2 dont je pousse les portes pour m'apercevoir que le générique touche à sa fin. Ma mission est de m'assurer que tout le monde quitte les lieux, et qu'aucun déchet ne traîne sur ou sous les sièges. C'est rare mais parfois on retrouve des accoudoirs bien amochés ou de la nourriture gaspillée par terre. Le pire sur quoi il m'est un jour arrivé de constater, c'est du popcorn éparpillé dans une étendue de soda. Le maïs soufflé était devenu mou et collant, ça n'a pas été une partie de plaisir de récurer la partie du sol souillée par une telle négligence.

Ce soir, le public était en petit nombre et presque tous sont déjà partis pour rentrer chez eux. Vu l'heure c'est très compréhensible. Une femme est cependant toujours là, de dos à l'écran géant, au milieu d'une des rangées hautes. Je présume qu'elle ne va plus tarder à rejoindre la sortie. Je commence déjà mon inspection des sièges les plus bas, sans constater de dégradation ni de saleté. Je monte lentement les marches, une par une, m'approchant au et à mesure de celle qui ne déloge pas. La toile est désormais d'un noir total, la pellicule du film est arrivée au bout, et je ne vais pas pouvoir lui donner beaucoup plus de temps. Je ne suis pas le plus chiant des employés en ce qui concerne les clôtures de séances, mais à minuit quinze je ne souhaite pas traîner à outrance non plus. « Excusez-moi, vous serait-il possible de rejoindre l'une des issues ? Nous fermons nos salles. Merci », je l'aborde après avoir fait le tour complet de ma ronde. La fatigue se ressent dans ma voix et surtout mes yeux. Mon lit m'attend, même si je sais que je mettrai encore de longues minutes avant de m'endormir une fois allongé.

FICHE ET CODES PAR YAVANNA