« Tes parents ne sont pas normaux et toi non plus ! Tu ne portes pas un prénom français ! »
« Hey !! Julie ce n'est pas gentil de dire cela ! Non attend !! Sally !! »

Je me mis à courir à toute vitesse et le plus loin possible de mes soit disant amis. Je ne m'arrêtais que quand je n'eus plus assez d'air pour que mes poumons fonctionnent correctement. Je pleurais en même temps que je rageais. Personne n'avait le droit de parler comme cela de mes parents. Personne n'avait le droit de se moquer de leur handicap. Ils sont sourds et ce n'est pas facile tous les jours pour eux comme pour moi. Contrairement à eux, j'ai la chance d'entendre les sons mais je ne me sens pas forcément à l'aise avec les morts verbaux. Nous pouvons plus facilement nous cacher derrière la langue des signes : notre intonation ne nous trahissait jamais tout comme les tremblements dans notre voix. Je regardais au loin devant moi et je me disais que j'avais eu tord de partir comme cela. J'aurai du lui crier dessus mais je n'avais que dix ans et je ne savais pas ce que j'aurai pu lui dire. Il y avait des moments même où j'avais honte d'avoir des parents comme eux mais souvent je me maudissais d'avoir eu cette pensée. Assise dans l'herbe du jardin des Tuileries, je regardais tout autour de moi le temps de reprendre mon souffle. Une fois plus calme, je me relevais et je rebroussais chemin pour aller rejoindre mes amis qui étaient maintenant proche de Louvre.

« J'ai honte de t'avoir pour amie Julie. D'ailleurs tu ne l'es plus et plus aucun d'entre vous ! »

Je redressais mon menton, je prenais mon sac à dos et j'allais attendre ma mère au point de rendez-vous. Je ne tardais pas à la voir arriver.

Ma chérie comment vas-tu ?
Les autres enfants se sont moqués de vous.
Oh... Je suis désolée ma chérie mais tu sais...
Non pas d'excuse. Ils ne sont plus mes amis c'est tout.

Nous rentrâmes à la maison sans rien dire de plus. Une fois dans notre foyer, je montais dans ma chambre directement et je m'asseyais à mon bureau. Je prenais un papier et un crayon. Je griffonnais un moment jusqu'à ce que je me rende compte du dessin que j'étais en train de faire : moi m'interposant entre le monde et mes parents. Je m'endormais sur mon bureau et je ne me réveillais que quand mon père vient me mettre au lit. Il me caressa longtemps les cheveux et me regarda. Je m'endormais et le lendemain quand je me réveillais mon père m'attendait en bas. Il me sourit et me montra mon petit déjeuner. Je le remerciais et je m'asseyais à la table.

Ta mère m'a raconté.
Je ne veux pas en parler papa. Je vous aime et...
C'est à nous de te protéger pas l'inverse.

Il me tendit le dessin. Je baissais la tête.

Maman a trouvé un travail mais c'est loin d'ici... C'est aux États-Unis. Tu vas voir ma chérie. Nous allons être heureux là-bas.

J'acquiesçais mais je n'arrivais pas à afficher de sourire. Tout recommencerait là-bas comme ici. On se moquerait d'eux et je ne pourrai rien faire pour les aider. Je resterai toujours la petite fille des parents sourds et muets. Étrangement cela ne me faisait plus peur. Je me disais que dans un autre pays peut être que je pourrai plus les défendre. C'est avec cette promesse que je suivis mes parents dans l'avion qui me conduirait à mon nouveau chez moi.



Tu as reçu une nouvelle lettre de Marc. Tu veux la lire ou tu la jettes comme les autres ?

Je levais les yeux au ciel et je tendais ma main vers ma mère. Elle me donna l'enveloppe et j'allais dans ma chambre pour la lire. Très chère Sally. Tu me manques beaucoup. Tu avais raison à propos de Julie ce n'est pas une fille bien. J'ai eu tord de ne pas te suivre quand tu es partie aux Tuileries. Je voudrais tant que tu me pardonnes. J'espère te revoir un jour ou du moins que tu répondras à ma lettre. Je crois que c'est la quinzième que je t'envoie depuis que tu es partie. J'espère ne pas me tromper dans l'adresse, tu me connais je ne suis pas très doué pour tout ça les lettres, les excuses... Un rire s'échappa de mes lèvres quand je lis ça. Il était vrai que Marc n'était pas quelqu'un de très doué pour s'excuser. Aujourd'hui c'est ton anniversaire alors je t'envoie cette fleur. J'espère qu'elle ne sera pas trop fanée quand tu auras cette lettre. Réponds moi. Marc. Je reprenais l'enveloppe et je sortais un brin de lavande totalement séché. Je souriais. Marc avait toujours été le plus gentil avec moi et si on oublie l'épisode du jardin des Tuileries il était un véritable ami pour moi. C'était le seul que j'avais invité chez moi en France pour mon anniversaire parce que je sentais au plus profond de moi que je pouvais me fier à lui. Je soupirais en me laissant tomber sur le dos le brin de lavande toujours dans mes doigts. Il fallait que je lui réponde. Je me levais tout à coup et je retournais dans la cuisine.

Où vas-tu ?
A la bibliothèque. Je rentrerai pour dîner.
D'accord. Fais attention chérie.

Je souriais à ma mère et je lui faisais un signe de main pour lui dire au revoir. Une fois dehors le soleil m'éblouit les yeux. Je n'étais pas sortie de trois jours et mes rétines n'étaient plus très à l'aise avec le feu du soleil. Après quelques battements de cils, je pris mon vélo et je pédalais jusqu'à la bibliothèque. Je m'asseyais à une table dans l'allée des contes de fée. Il n'y avait que dans cette aile de la bibliothèque qu'il n'y avait pas trop de passage. Je prenais une feuille et je commençais par écrire ma réponse à mon meilleur ami Mark. Je souriais de plus en plus au fur et à mesure que j'écrivais cette lettre en français. J'aimais beaucoup ma langue maternelle et il m'avait fallu beaucoup de temps pour m'adapter complètement à l'anglais. Une fois ma lettre finie, je sortais en trombe de la bibliothèque et je courrai jusqu'au magasin de photo. Là-bas je fis une photo avec la lavande que je légendais ainsi : "Le plus beau cadeau qu'on m'ait jamais fait. Merci à toi Marco. A très vite." J'étais toute fière de moi alors que je me rendais à la poste. Je garai mon vélo contre la murette et je rentrais dans la poste. Après près de vingt minutes de queue, j'arrivais enfin à ce que ça soit mon tour. Je donnais ma lettre, je payais et je sortais. Alors que je voulais prendre mon brin de lavande je me rendis compte que je l'avais perdu. Je regardais tout autour de moi et je commençais à chercher. Je le vis enfin, j'en étais très soulagée, mais quelqu'un me bouscula et écrasa ma fleur. Je soupirais et dis en français :

« Oh non pas ma fleur ! »

Le jeune homme se retourna vers moi tandis que je m'accroupissais pour ramasser le cadavre de ma fleur.

« Oh pardon... Je n'avais pas fait attention. »
« Oui bah vous me devez un brin de lavande monsieur, avais-je rétorqué un sourire aux lèvres. »

Il me regarda ne semblant pas comprendre que c'était une blague.

« Je plaisante. Ce n'est pas grave je n'avais qu'à pas la perdre. »
« Vous êtes sure ? »
« Oui merci.... Au fait nous nous connaissons non ? Vous êtes au même collège que moi je crois.... C'est Harley si je ne me trompe pas. »
« Oui c'est bien ça. Et tu es ? »
« Sally. Sally Carter. »

Je ne sais pas pourquoi mais à cet instant je me sentis bien. C'était la première fois depuis ma naissance que je me sentais aussi bien.


« Sally doit être au courant ! HEY SALLY ! »

Je relevais mon nez de mon bouquin et je regardais William, un ami lycéen.

« Ne m'apostrophe pas de la sorte tu sais que je déteste cela ! Qu'est-ce qu'il y a ? »
« T'es au courant que le fils O'Connord s'engage dans l'armée ? »
« Qui ? »
« Bah Harley nunuche ! »

Je baissais les yeux et je n'écoutais plus le moindre mot. Harley s'était engagé dans l'armée mais nous commencions à sortir ensemble et il m'abandonnait.

« Youhou Sally ! ça va ? »
« Oui Will'. Bien sur que je suis au courant. »
« Ahhhhh ! Vous voyez je vous l'avez dit. »

J'affichais un sourire de circonstance et dès que je pus je m'échappais du cercle amical pour me rendre chez mon petit ami. Il s'était engagé dans l'armée. Putain ! Une fois sur le parking du lycée et au volant de ma voiture, je me mis à trembler. S'il ne m'avait rien dit c'était peut être qu'il voulait me quitter. Je fermais les yeux pour tenter de me calmer mais n'y arrivant pas comme cela je frappais simplement mon volant. J'envoyais un texto à Harley parce que je voulais absolument lui parler. Je lui mis que c'était urgent. Il pouvait très bien penser que je voulais le voir avant d'aller passer mon mois de vacances en France, ce qui n'était pas totalement faut à vrai dire. J'allais dans le parc et je m'asseyais sur un banc en attendant l'arrivée d'Harley. Quand je le vis, mes mains se mirent à trembler. Je regardais droit devant moi et quand il voulut poser sa main sur mon épaule je me dérobais.

« Pourquoi tu ne m'as pas dit que tu t'étais engagé dans l'armée ? Tu pensais que ça serait plus simple de rompre quand je serai en France. »

Je n'osais même pas le regarder. J'étais bien trop blessée, triste et en colère.

« Je ne voulais pas te rendre triste. »
« Et bien c'est raté. Quand comprendras-tu que je t'aime. »

Je me tournais vers lui et je passais mes bras autour de son cou. Je tremblais toujours cependant je prenais sur moi pour lui. Je ne voulais pas le perdre. Je n'avais pas grand monde sur qui compter vraiment : il y avait Marc mon meilleur ami mais il était en France, mes parents sont présents mais ils ne peuvent pas m'aider tout le temps, mon frère Louis est en étude à San Fransisco donc je ne le vois que très peu. Il y avait bien sur Mary, ma meilleure amie mais voilà il y avait maintenant Harley et il comptait bien plus que je ne l'aurais imaginé.

« Je ne te demanderai pas de rester. Je te demanderai juste de ne pas me mentir... Tu veux me quitter c'est ça ? »

J'avais eu du mal à dire cette phrase mais il fallait que je sache maintenant. Je ne voulais pas qu'il m'annonce cela dans une lettre. Je ne voulais pas qu'il me laisse un doute avant de partir.

« C'est plutôt toi qui devrait me quitter tu sais. »
« Tu ne m'as pas écoutée encore... Je t'aime Harley. Je t'aime. Il n'y a pas à penser ni rien d'autre. Je t'aime. »

Je l'embrassais et je le serrais dans mes bras un long moment. Je ne voulais pas le perdre, ça devenait une de mes plus grande peur.


Tu es bien sur de toi chérie.
Je n'ai jamais été aussi sûre de moi papa.
Ta mère aurait été fière de te voir comme cela.

Je lui souriais et je portais ma main à mon poignet. Ma mère était partie il y a un an maintenant. Elle était morte des suites d'un accident vasculaire cérébral. Ça avait été soudain mais nous nous en étions remis avec papa. Il devait d'ailleurs déménager auprès de mon frère à New-York après mon mariage. Je ne pouvais pas dire que j'étais heureuse de cela mais je comprenais qu'il ne puisse pas rester à Marple Spring. De plus, Louis faisait des études de médecine et papa voulait participer à un essai clinique pour retrouver de l'ouïe. Ce n'était qu'un essaie clinique mais papa et Louis comptaient beaucoup dessus. Personnellement, je m'en fichais que mon père m'entende. J'étais la plus heureuse que j'étais avec lui et ce jour là je n'aurai pas supporter de le savoir loin de moi. Il m'embrassa sur le front et me laissa dans la pièce seule. Je me regardais dans le miroir. Je ne me sentais pas vraiment à l'aise dans cette robe blanche. J'aurai préféré un mariage plus sobre. J'aurai aimé qu'il n'y ait que mon futur mari, nos parents et nos témoins. Cependant, la famille O'Connord était une grande famille. Nous aurions donc droit à un mariage assez grand. J'avais quand même pu négocier un peu parce que c'était quand même mon mariage. Dans tous les cas, il y avait les personnes les plus importantes pour moi dans la salle. La porte de ma chambre s'ouvrit et je vis une Mary plus belle que jamais, une robe rouge sur le dos et toujours ses mèches fuchsia aux cheveux. Je lui souriais et j'allais la prendre dans mes bras.

« Tu sais que tu peux encore t'enfuir de là. »
« Nan Harley ne s'en remettrait pas. »
« J'oublie toujours que ma meilleure amie est indispensable à son très cher Harley. »
« Toi aussi tu trouveras chaussure à ton pied tu verras Mary. »
« Je suis très heureuse pour vous deux. »

Je souriais à ma meilleure amie et elle se leva pour m'aider à mettre mon voile. La cérémonie fut très belle. Mon père m'accompagna à l'autel ainsi que mon frère. Marc mon meilleur ami avait fait le déplacement exprès de France avec son petit ami pour moi. Lorsque je passais à côté d'eux il me fit un petit clin d'oeil qui me fit rougir. Je rejoignais Harley devant l'autel et je prenais une grande inspiration et mes yeux ne quittèrent plus ceux d'Harley. Une fois nos vœux prononcés et la fête bien engagée, nous dûmes entamer le bal. Dans les bras de mon époux, je fermais les yeux. Je faisais glisser ma main dans son dos doucement.

« Je t'aime. »

Je souriais et je redressais un peu ma tête pour lui voler un baiser.

« Pas autant que moi monsieur O'Connord. »
« Nous verrons cela madame O'Connord. »

Je riais un peu et quand la musique s'arrêta nous rejoignîmes notre table. Le bal battait son plein quand mon père s'approcha de moi.

On danse chérie ?
Avec plaisir.

J'avais l'impression de retourner en arrière. J'avais l'impression d'avoir à nouveau cinq ans. Je souriais un peu maladroitement mais surtout mélancoliquement. Mon père comprit à mon sourire que je pensais à ma mère. Comment ne pas penser à elle. Je savais qu'elle aurait aimé être là, à mon mariage. Louis dût comprendre mon malaise parce qu'il ne tarda pas à m'entraîner loin de la fête. Je le suivis non sans malaise.

« Pourquoi tu m'amènes ici ? En plus il fait froid et Harley va se demander où je me trouve ! »
« Je voulais qu'on allume une bougie pour maman. »

Je souriais et je prenais sa main. Je me pris par les épaules et enleva sa veste pour la déposer sur moi. Personne ne pouvait dire que nous étions frère et sœur. J'étais noire et mon frère blanc. J'avais pris les couleurs de mon grand-père contrairement à Louis. Quand nous arrivâmes devant la fontaine, je m'assis sur le rebord et Louis sortit de sa poche une bougie et un briquet.

« Tu ne devais pas arrêter de fumer. »
« J'ai arrêté... Enfin presque. Mais là n'est pas la question ! On l'allume cette bougie ou pas ? »

J'acquiesçais et nous passâmes un moment à discuter tout les deux – le temps que la bougie s'éteigne d'elle-même. Louis me laissa un moment. Je lui rendis sa veste mais au lieu de remonter directement à la salle je restais quelques instants à regarder l'eau. Une main ne tarda pas à se poser sur mon épaule. Je sursautais et je reconnus Harley.

« Tu vas bien chérie ? »
« J'ai un peu froid. »
« Viens là. »

Je souriais et j'allais me caler dans ses bras. Il enleva sa veste de costume et la posa sur mes épaules. Je passais mes bras autour de son cou et je posais mon front contre le sien. Étant plus grand que moi, je dus me mettre sur la pointe des pieds pour arriver à mes fins.

« On ne se quittera jamais. »
« Promis. »


« Laisse tomber Sally il ne t’appellera pas. »
« Il est en mission Louis. Il ne peut pas être partout. »

Je me tournais vers mon frère sans réellement quitter mon téléphone portable des yeux. Je venais d’avoir vingt cinq ans et nous devions faire un repas de famille pour les fêter. Cependant, il n’y aurait pas grand monde a ce repas : mon père était mort six mois avant mon anniversaire, mon meilleur ami était en voyage au Japon avec ma meilleure amie avec qui il était en couple chose qui m’avait vraiment surprise puisqu’il était gay mais passons - nous avions fait une vidéo conférence tout à l’heure – et mon mari était en mission. Nous ne serions que tous les deux pour le dîner de ce soir et voilà.

« Bon allez. Nous ne mangerons pas là ce soir. Non pas que ta cuisine soit mauvaise mais autant se promener un peu ! »

Je lui souriais et j’acquiesçais. Une petite sortie ne me ferait pas de mal après tout. Il se leva de mon canapé et me donna rendez-vous à vingt heures le soir même dans un des restaurants de Marple Spring. Je me préparais tranquillement toute l’après-midi. J’enfilais une de mes plus jolies robes, je me maquillais et me coiffais avant de partir pour le restaurant. Je décidais d’y aller à pied ça me ferait du bien. Mon téléphone sonna et je décrochais. C'étaient Mary et Marc qui me rappelaient pour me souhaiter une énième fois un bon anniversaire. Je riais et je raccrochais une fois arrivée au restaurant. Je passais la moitié de ma soirée à rire et a manger avec mon frère. J’étais heureuse de passer un peu de temps avec lui. Depuis qu’il avait emménagé en ville nous ne nous étions pas beaucoup vu. Une fois la soirée terminée, il me proposa de me raccompagner mais je lui dis que je préférais marcher à nouveau. Il me fit une bise et je rentrais tranquillement chez moi. Je m’arrêtais devant la porte de la maison. Il y avait de la lumière à l’intérieur et ce n’était pas normal. J’étais un moment a appeler la police mais je me précipitais à l’intérieur quand je reconnus l’ombre qui était à la fenêtre. J’ouvrais la porte et j’allais dans le salon.

« Tu es rentré ! »

Je courrais vers lui et le prenais dans mes bras.

« Je ne savais pas si je serai la a temps pour ton anniversaire chérie. »
« Tu aurais dû me dire que tu arrivais quand même. Je n’aurai pas bouger de chez nous et... »
« Je suis la maintenant mon cœur. »

Je souriais et je l’embrassais. Cela faisait bien quatre mois que je ne l’avais vu que par écran interposé. Je profitais d’être dans ses bras pour respirer son parfum. Il m’avait manqué énormément.

« J’ai un cadeau d’anniversaire pour toi tu sais. »
« Ton retour à la maison pour un mois ? Deux mois ? Non trois mois ! »
« Hum pas vraiment mais tu vas aimer aussi. »

Je levais un sourcil et je le regardais. Il me sourit, déposa un baiser sur ma joue et sortit un écrin de sa poche de pantalon. Je souriais et j’allais lui dire qu’il n’avait pas besoin de me faire un cadeau mais il me demanda de me retourner et de fermer les yeux ce que je fis. Je sentis quelque chose de froid sur ma peau. Je rouvrais les yeux et je vis que c'était un collier en argent avec au bout un...

« Je te devais un brin de lavande il me semble non ? »

Je riais et je tournais vers Harley pour l’embrasser.

« Tu n’as pas oublié. »
« Non Madame. »
« Attention à vous soldat, je pourrai tomber amoureuse de vous. »
« Je crains fort que ma femme n’apprécie pas cela. Elle est très jalouse. »
« Votre femme a de la chance de vous avoir. »
« Non. C’est moi qui ait de la chance de t’avoir. »

Je lui souriais et je me calais à nouveau contre lui. Ça me faisait du bien d’être dans ses bras.


Je bossais énormément. Je devais absolument faire de tonnes d'heure de travail pour pouvoir être en congés quand mon mari rentrerait du front. Il allait bientôt rentrer. J'allais pouvoir passer un peu de temps avec lui. Je souriais un peu bêtement à cette idée. Nous avions parlé il y a peu avec Harley d'avoir des enfants et cette idée m'enchantait réellement. Je n'avais aucun doute sur le fait que Harley était l'homme de ma vie. Je ne me voyais avec personne d'autre que lui. Je m'entendais en plus pas mal avec sa famille ce qui était une bonne chose. La distance qu'il y avait entre nous me gênait, je ne pouvais pas dire le contraire mais nous étions heureux et je n'avais jamais vu Harley aussi sûr de lui depuis qu'il était dans l'armée. Je l'avais vu évolué et j'en l'aimais d'autant plus. Nous nous comprenions vraiment lui et moi. Nous nous connaissions par cœur alors oui avoir un enfant c'était la suite logique des choses. De plus avoir un mini Harley avec moi me faisait envie. Machinalement, je posais ma main sur mon ventre comme si j'étais déjà enceinte. Je secouais ma tête un peu et je me remis au travail. J'avais des vases chinois à expertiser pour le musée de la ville. Je prenais ma tâche très à cœur surtout quand il était question d'art. C'était peut être le vingtième vase de la journée et celui-ci était un faux. Il y avait des traits qui ne correspondaient pas du tout à l'original. J'allais m'en saisir d'un autre quand mon téléphone portable sonna. Je décrochais et j'entendis une voix que je n'aurai jamais voulu entendre. Je bondissais de mon siège et j'en cassais même un vase mais je m'en fichais totalement. Je tremblais de toute part.

« Dans quel hôpital ait-il ? »
« Madame O'Connord. Vous ne pourrez pas le voir donc nous vous donnerons des nouvelles et... »
« DANS QUEL HÔPITAL ? »
« L'hôpital militaire de Washington Madame mais comme je vous le disais vous... »

Je raccrochais au nez de cet homme et je prenais ma veste. Ma supérieure me demanda si j'allais bien et je lui répondais bien sûr non. Je rentrais en trombe chez nous pour faire un sac. Je ne savais même pas ce que je prenais je m'en fichais totalement. Je n'avais jamais fait un sac de voyage aussi rapidement. Je grimpais ensuite dans ma voiture et je conduisais plus rapidement que les limitations de vitesse me le permettaient jusqu'à l'aéroport le plus proche. Là-bas je prenais un billet d'avion pour Washington et j'attendais que mon vol parte. Je vécus les heures les plus longues de ma vie. Je sentais mon cœur battre à tout rompre. J'allais le perdre. Je pouvais le perdre. C'était la première fois que j'avais aussi peur de perdre l'homme que j'aimais. Les hôtesses eurent beau me proposer des tonnes de choses je n'arrivais pas à me détendre. Quand le vol attérit à Washington, je prenais le premier taxi disponible direction l'hôpital militaire. Arrivée devant, je descendais de la voiture, je payais le taxi et je prenais mon sac. Je restais un moment devant les portes sans arriver à les franchir. J'avais peur qu'on me dise qu'il était mort, que j'étais arrivé trop tard, que je ne pourrai jamais plus lui dire que je l'aimais. En plus, il pleuvait et j'étais trempée.

« La chambre de Monsieur O'Connord. »
« Vous êtes ? »
« Sa femme. »
« Vous n'êtes pas habilité à  le voir Madame je suis désolée. »
« Il s'agit de MON MARI et j'EXIGE de le voir !!! Vous n'avez pas le droit de m'empêcher de le voir ! »
« Je suis navrée Madame. »
« Très bien. Je resterai là jusqu'à ce que vous me laissiez le voir. »

Je m'asseyais sur une chaise et j'attendais là. Des minutes. Des heures. Des jours entiers. Jusqu'à ce qu'on vienne me voir enfin.

« Madame. Vous ne pourrez pas voir votre mari avant des semaines. Il est en convalescence mais il va bien. »
« Je veux le voir. »

Je restais en tout un mois à Washington et je ne pus même pas le voir. Je rentrais à la maison dépitée. J'appelais tous les jours et c'était toujours la même réponse : « vous ne pouvez pas lui parler Madame, il est encore trop faible ». Je passais les pires mois de ma vie. J'étais comme morte de l'intérieur.


Cela faisait maintenant quatre mois que je n'avais pas pu parler à mon mari. Cela faisait quatre mois que j'étais comme morte de l'intérieur. Cependant ce matin là, je retrouvais un peu goût à la vie. Je devais aller voir Harley à l'hôpital. Je m'étais levée de bonne heure pour me préparer. J'avais mis la robe que mon mari préférée, je m'étais coiffée et maquillée. J'avais même pris grand soin à lui faire un sac de vêtements avec ce qu'il aimait le plus. J'avais préparé son retour avec grand soin. J'avais voulu vraiment que tout soit parfait. Je ne m'attendais pas à ce que son retour à la maison soit facile mais nous serions ensembles à nouveau. J'allais me mettre en route quand quelqu'un frappa à la porte. C'était le postier. Il me tendit une lettre que j'ouvrai une fois la porte fermée. Je veux le divorce, signe les papiers s'il-te-plait. Je m'asseyais et j'ouvrai grands les yeux. Ce n'était pas possible. Il ne pouvait pas me faire cela pas maintenant. Il ne pouvait pas. Il n'avait pas le droit. Je me levais d'un coup sec et je sortais de la maison. Je ne prenais même pas la peine de fermer la porte. Je marchais au moins une heure avant de rentrer à la maison. Mes talons avaient endommagés mes talons. Je les quittais et je retournais voir les papiers. Il voulait divorcer. Il voulait divorcer. Je prenais un vase et je le jetais par terre.

« Merde ! »

Je prenais les papiers et de rage je les signais. J'allais ensuite à la poste pieds nus et je postais le tout à l'attention d'Harley. Il voulait divorcer. Il voulait me quitter et j'avais signé. Je ne m'étais même pas battue pour le garder. Je ne voulais même pas savoir les raisons de son désamour. Je voulais juste partir loin et ne plus revenir. Oui c'est ce que j'allais faire. J'allais partir et ça serait mieux beaucoup mieux pour moi et pour lui visiblement. Je rentrais à la maison et je me mis à faire mes valises. En fait je ne prenais que quelques trucs. Je laissais simplement un mot que la table du salon à l'attention d'Harley : Je te déteste. Je sortais de la maison et je montais dans ma voiture. Je roulais pendant près de deux heures avant de m'arrêter. Je restais un moment sans rien dire. Il allait me quitter, je ne serai plus avec lui dans peu de temps. Je me mis à pleurer parce que je n'avais rien d'autre à faire. Je pleurais au moins une heure et après mettre calmée, je faisais demi-tour pour retourner en ville. J'allais toquer à la porte de mon meilleur ami.

« Il veut divorcer. »
« Oh Sally je suis désolé ! Viens entre. »

Je rentrais chez lui et je m'asseyais sur le canapé. Je pleurais en silence pendant des heures. Marc lui ne faisait que m'amener des mouchoirs. Il m'amenait à boire et à manger pour que je ne périsse pas. Il finit par s'asseoir à côté de moi et il me prit dans ses bras. Il savait qu'être quitté pouvait faire énormément de mal. Mary et lui s'étaient séparé il y a plus de deux ans mais au moins ils étaient restés amis. Moi, je ne pourrai jamais plus rester en présence d'Harley sans avoir envie de l'embrasser ou de la baffer. Il était tout pour moi, absolument tout. Une fois calmée, je me calais dans les bras de mon meilleur ami.

« Je ne veux plus jamais le revoir. »
« Tu dis ça parce que tu l'aimes encore Sally. »
« Je l'aimerai toujours. »
« Tu verras avec le temps la peine s'efface. »

Je ne le croyais pas. Je ne pensais pas qu'on puisse oublier aussi facilement dix ans de sa vie. Je ne pensais pas qu'on puisse se remettre de la perte d'un être cher. Finalement, j'aurai aimé qu'il soit mort. Au moins je n'aurais pas la peur folle de le revoir. Je m'endormais dans les bras de mon meilleur ami. Je ne quittais son appartement que quelques jours plus tard pour partir pour la France. Je ne pouvais plus vivre à Marple Spring. Je ne pouvais prendre le risque de retomber sur lui.


Il y avait eu un grand flash. Un cri à côté de moi et un dérapage. Quand j'avais ouvert à nouveau les yeux je n'avais vu qu'une étendue bleue. Ma nièce à côté de moi qui pleurait. Quelque chose de froid sur ma tête. Puis il y avait eu l'instinct. Il avait fallu que je sauve ma nièce. Quant à moi... Moi...

« Fait attention aux affaires de ta tante. Tu sais qu'elle n'aime pas qu'on les touche, ses bijoux notamment. »
« Oui papa. »

J'ouvrai les yeux et la lumière m'aveugla. Je devais grogner parce que je sentis la main de mon frère se poser sur mon épaule. Je voulus tourner ma tête mais je n'y arrivais pas. Je sentais quelques choses au niveau de ma bouche et j'avais des douleurs dans tout le corps. Je me souvenais tout à coup. Ma main se porta sur le masque à oxygène. Je le retirais.

« Chloé... »
« Elle va  bien. Repose toi. »

J'acquiesçais et je sentis quelqu'un se mettre à côté de moi. Je tournais un peu les yeux histoire de voir de qui il s'agissait. Ma nièce était là. Je ne me souvenais plus vraiment ce qu'il s'était passé. Je me souvenais juste que j'avais voulu tout lâcher. L'espace d'une seconde j'avais pensé à abandonner cette terre. Un médecin vint dans ma chambre et demanda à ma famille de sortir de ma chambre. Il me demanda ce dont je me souvenais après m'avoir aidé à m'asseoir dans mon lit.

« Nous avons fait une sortie de route il me semble... J'ai voulu éviter une autre voiture. On était sur un pont et je me souviens de l'eau... »

Mon corps se mit à trembler.

« Tout va bien vous êtes en sécurité ici. »
« Je n'arrivais pas à me détacher. Alors je me suis occupée de ma nièce. Je l'ai faite sortir de la voiture et après je ne sais plus. Je ne sais pas comment je suis sortie de la voiture. »

Le médecin me sourit et me raconta que la caserne des pompiers n'était pas loin de l'accident et du coup c'était un homme du feu qui m'avait sorti de la voiture. Cependant j'avais déjà avalé beaucoup d'eau et il avait fallu me faire un massage cardiaque pour évacuer une partie de l'eau. Je l'écoutais attentivement. Je buvais chacune de ses paroles. Quand il eut fini de parler, je me mis à pleurer. Il avait dit que je m'étais arrachée un ongle en essayant d'enlever ma ceinture sauf que ce n'était pas vraiment le cas. Je n'avais pas tenté de me détacher. J'avais tenté d'attraper dans mon sac une photo, celle de mon ex-mari mais je n'avais pas réussi. De plus quand je m'étais rendue compte que je n'y arriverai pas, j'avais arrêté de me battre. C'était à ce moment là que j'avais compris que je l'avais perdu. Pendant une seconde j'y avais pensé. J'avais même souhaité que personne ne vienne me sauver. Ma nièce était en vie et c'était le principal. Mais l'instinct de survie avait vite repris le dessus.

« Vous devrez rester quelques jours encore à l'hôpital. Par contre, le pompier a dit que vous aviez prononcé le prénom ''Harley'' avant de vous évanouir. Votre frère n'a pas su nous dire de qui il s'agissait... Peut être que vous voulez qu'on le prévienne que vous êtes à l'hôpital. »
« Il s'agit de mon mari... Enfin mon ex-mari. Son téléphone est dans mon portable. »
« Nous allons l'appeler Madame. »
« Merci. »

Je ne sus jamais si le médecin avait vraiment appelé Harley. Je n'eus jamais de nouvelle de mon ex époux. Je sortais de l'hôpital deux semaines plus tard. Je ne pus conduire que trois mois après mon accident mais j'ai depuis un problème avec l'eau.


Paris. Je me sentais revivre dans cette ville. Je me sentais bien à nouveau. Je n'avais plus à penser à quoi que se soit. L'armée était loin derrière moi. Marc et Mary me soutenaient à leur manière. Ils avaient été présents pour mon déménagement dans la capitale française. Je travaillais maintenant pour le Louvre. J'étais une nouvelle femme et pourtant je n'arrivais pas à m'enlever Harley de la tête. Lorsque Marc vient me rendre visite. Il disait que ça faisait trop longtemps que je ne l'avais pas embêté. Je ne pus m'empêcher de repenser à ce jour qui avait fait basculer toute ma vie.

« Allez arrête de penser à lui ! Il ne te mérite pas ! D'ailleurs il faudra bien que tu enlèves ton alliance un jour. Tu es divorcée Sally je te le rappelle. »
« Merci Marc tu m'aides énormément. »

Il comprit à ce moment là que ça ne serait pas aussi simple pour moi de l'oublier. Il avait tout représenter à mes yeux et il continuait d'ailleurs à hanter mes nuits. Il m'arrivait de me surprendre à composer son numéro de téléphone ou à commencer à lui écrire un mail avec dedans tout ce que je ressentais pour lui mais je n'y arrivais pas. Je ne pouvais pas me résoudre à tirer un trait définitif sur Harley. Je l'aimais et aujourd'hui encore plus qu'hier. Cependant Marc avait aussi raison. Il fallait que je sois moins abrutie d'amour pour lui.

« Tu veux aller dîner ? Je voudrais qu'on arrête de penser à l'année passée. Je suis fatiguée vraiment. »

Il me sourit et me prit dans ses bras un moment avant de déposer un baiser sur mon front. Il me regarda un moment et il me somma de me faire belle parce que ce soir nous allions sortir. J'avais râlé mais j'avais fini par l'écouter. Je m'étais faite belle et j'avais suivi mon meilleur ami de bar en bar pour une soirée mémorable. Il avait réussi à me faire sourire et même rire. Cependant il y avait toujours Harley dans un coin de ma tête. Marc voyait bien que je n'étais pas à mon aise. Je n'arrêtais pas de toucher mon alliance. Lorsque nous rentrâmes à mon appartement, nous nous installâmes dans le même lit et je me calais dans ses bras. Il soupira.

« Il est rentré à Marple Spring. Il a emménagé chez son frère il me semble. Je l'ai vu dans un café un samedi matin. »
« Quoi ? »
« Il est revenu en ville. Ça fait déjà un moment qu'il est là et je ne savais pas comment te le dire. Je ne voulais pas te rendre encore plus triste mais visiblement tu ne peux pas l'être plus. »
« Merci Marc. »

Il posa sa main dans mon dos et finit par s'endormir. Moi, je n'y arrivais pas. Je ne pouvais pas dormir maintenant que je savais que Harley était à Marple Spring. Le lendemain matin, je me levais avant mon meilleur ami et je lui préparai un petit déjeuner. Il me rejoignit une fois levée.

« Je vais rentrer à la maison. »
« J'aime quand tu me parles comme cela. »

Je souriais à mon meilleur ami. Il ne comprit pas ma décision parce qu'il avait oublié qu'il m'avait dit que Harley était de retour en ville mais il était heureux de me savoir à nouveau près de lui. Je déménagerais dans quelques semaines.


J'avais repris une ville normale dans la ville qui m'avait accueilli il y a maintenant vingt ans. J'avais retrouvé un travail et j'évitais soigneusement les lieux que pouvaient fréquenter Harley. Je n'avais pas encore trouver le courage d'aller l'aborder. Je voulais savoir pourquoi il m'avait abandonné. Je voulais comprendre. J'aurais préféré qu'il me dise que c'était pour une autre si ça avait été le cas. Je l'aurai compris ou du moins j'aurai accepté plus facilement notre séparation. Alors que Mary et Marc étaient très heureux de me savoir à nouveau en ville, Louis, mon frère, n'était pas du tout de cet avis. Il pensait que je me mettrais à genoux pour que Harley me reprenne et à vrai dire il n'avait pas tord.

« Je ne veux pas que tu le revois. »
« Je suis assez grande pour savoir ce que je dois faire Louis. »
« Tu oublies qu'il y a deux ans tu as eu un grave accident de voiture à cause de lui ! Tu oublies que tu as failli mourir et lui il s'en est fiché ! Il a tout pris, la maison, vos meubles, votre argent. Tu lui as tout laissé et maintenant tu veux le récupérer ? Tu es faible Sally. »
« Tu as raison Louis. Et si je le revois je lui mettrai ma main dans la figure avant de l'embrasser parce que je l'aimerai toujours. »

Mon frère leva les bras au ciel. Il ne comprendrait jamais ce que je pouvais ressentir. Lui, il était bien avec sa femme. Moi, je n'avais plus rien. Je touchais mon alliance que j'avais mis autour de mon cou. Je réfléchissais tandis que mon frère me laissait seule à nouveau dans mon appartement. Je ne voulais pas qu'il me juge comme étant faible même si je pouvais l'être. Je prenais du papier et un crayon et je commençais par écrire une lettre à l'attention d'Harley. Harley, tu m'as fait beaucoup de mal. Je ne te cache pas que je t'en veux beaucoup et... Non c'était nul. Je touchais le collier qu'il m'avait offert il y a maintenant quelques années. Je défis le collier et je le mis dans une enveloppe avec l'alliance. Je marquais simplement : Je pensais qu'il s'agissait de promesses ? Tu me dois une explication. Lundis 8pm à l'endroit habituel. Je sortais de mon appartement pour courir et j'en profitais pour poster cela dans la boite aux lettres d'Harley. Il fallait que je sache pour aller de l'avant que ça soit sans lui ou avec lui... Même si j'aimerai que ça soit avec lui.