Lenzo & Otylie
Bad night.

Otylie jeta un œil dans son rétroviseur, constatant l’état déplorable dans lequel elle était. On voyait qu’elle avait pleuré, même si les larmes avaient cessé de couler sur le trajet qui la ramenait à la maison. Elle savait qu’elle avait fait le bon choix, mais elle savait également qu’elle avait été trop brusque. Ni elle ni Nolan n’avaient été préparés à avoir cette discussion, et elle s’en voulait de l’avoir embarqué de cette façon dans cette histoire. Elle l’avait de nouveau mis en colère et pour couronner le tout, elle rentrait chez elle tard, sans avoir prévenu Lenzo, sans avoir pu voir Gabriela qui était couchée à cette heure-ci. La jeune femme avait pensé à envoyer un message à son fiancé juste avant de reprendre la route, s’excusant de ne pas avoir donné de nouvelles, précisant qu’elle arrivait. Lenzo devait très certainement se douter que quelque chose d’inhabituel s’était passé, mais il était encore loin de la vérité. Une nouvelle dispute à affronter avant de pouvoir disparaître sous les draps et effacer cette journée à tout jamais. Les prochains jours ne pouvaient définitivement pas être pires. La russe rassembla tout son courage et s’extirpa de sa voiture, sortant avec elle le dîner qu’elle avait tout de même pensé à ramener, et qui ne servirait probablement à rien, Lenzo avait sûrement mangé en même temps que Gabi en voyant qu’Otylie ne rentrerait pas tout de suite. Inspirant profondément, la jeune femme ouvrit la porte et se faufila à l’intérieur, refermant doucement derrière elle. Malheureusement pour elle, la porte d’entrée était visible depuis le salon, et son fiancé était assis sur le canapé. Il tourna la tête vers elle et son regard mêlant fureur et inquiétude fit frissonner d’avance Otylie. Elle brandit timidement le sac de nourriture. « J’ai quand même pensé à ça…. » dit-elle avec une toute petite voix. Mais elle vit Lenzo ouvrit la bouche, s'apprêtant sans doute à lui passer un savon comme un père face à son adolescente qui aurait dépassé le couvre-feu. Visiblement sa tentative pour l'amadouer n'avait pas fonctionné. Otylie leva les mains devant elle en signe d'abandon. « D’accord, d’accord, avant que tu dises quoi que ce soit, laisse moi embrasser Gabi. » Sans attendre de réponse, elle déposa le sac sur la table du salon se précipita à l’étage - elle aurait juré avoir entendu un soupir de la part de son fiancé - en silence, avant de pousser la porte de la chambre de sa fille. Elle avança vers le lit et se pencha sur la chevelure blonde de Gabi qui recouvrait son visage. Otylie écarta délicatement quelques mèches et déposa un baiser sur la joue rebondie de sa fille. « Maman est là mon bébé. Je suis désolée d’être rentrée aussi tard. » Murmura-t-elle, sans savoir si la petite l’entendrait à travers les limbes du sommeil, avant de soupirer. « Maintenant, donne moi la force d’affronter ton père… » la jeune femme réarrangea les couvertures et sortit sans faire de bruit, appréhendant ce qui allait suivre. Après avoir redescendu les marches, la russe s'empara du sac de nourriture et se dirigea vers la cuisine, faisant signe à Lenzo de la suivre, afin de faire moins de bruit en cas de hurlements de rage non contrôlés. Elle sortit un verre du placard, sans un mot, et le plaça sous le robinet, avant de se raviser. Au diable l'eau! Otylie sortit d'un second placard une bouteille de vodka, et, alimentant parfaitement le cliché de la russe, s'en servit une bonne dose avant de porter le liquide à ses lèvres, attendant que la tornade Lenzo ne s'abatte sur elle.

BY .SOULMATES

Lenzo & Otylie
Bad night.

Il y eut quelques secondes de silence, le temps qu’Otylie goûte à une gorgée de son breuvage. Le liquide lui brûla la gorge mais eut pourtant un effet provisoirement apaisant sur la russe qui ferma les yeux en poussant un soupir. « Tu peux m'expliquer pourquoi j'ai pas eu de nouvelle ? Je me suis imaginé tout et n'importe quoi et je commençais à devenir fou là !» cracha Lenzo. Il avait raison, il n’y avait aucun doute là-dessus. Et Gabriela aussi avait dû s’inquiéter de ne pas voir sa maman rentrer alors que ce n’était pas prévu. Otylie ouvrit rouvrit les yeux mais ne trouva pas encore le courage d’affronter le regard de son fiancé. « Je suis désolée Lenzo. Et je sens que je vais être encore plus désolée quand tu vas apprendre ce qui s’est passé. » Le neurochirurgien devait bien comprendre que ce qui allait suivre n’allait pas être une partie de plaisir. Otylie déglutit, avant de vider son verre cul-sec. Une nouvelle seconde, qui parut durer une éternité, s’écoula avant qu’elle ne se dirige vers le plan de travail qui la séparait de Lenzo, appuyant elle aussi ses mains sur le comptoir, les yeux figés sur le bois de celui-ci comme si elle voulait disparaître entre les rainures. « J’ai vu Nolan. » finit-elle par lâcher avant d’inspirer et de lever les yeux vers sa moitié. « Et… je lui ai tout dit. » Nul doute qu’Otylie allait devoir affronter la colère de Lenzo, parce qu’ils avaient parlé de ce moment à plusieurs reprises et que lorsque ces discussions ne tournaient pas au vinagire, la conclusion était que cette révélation devait se faire en douceur, et qu’ils devaient tous les deux se sentir prêts. La vétérinaire n’avait pas respecté son engagement. Elle s’était montrée égoïste, elle avait embarqué trois des personnes les plus importantes de sa vie dans cette situation difficile à supporter. Les larmes emplirent les yeux d’Otylie de nouveau, et elle lutta pour ne pas les verser. Quelle idiote irresponsable, capable de détruire la confiance de son futur mari en l’espace de quelques secondes. « Je… je n’ai pas réfléchi. Je l’ai croisé dans la rue, comme ça, et je lui ai demandé de m’accorder quelques minutes pour discuter. C’était le moment où jamais. C’était comme si c’était le seul moment où j’aurais été capable de tout lui déballer. J’ai eu la sensation que si je ne sautais pas le pas aujourd’hui, jamais je n’aurais pu. Rien de tout ça n’était prévu, et c’est peut-être la raison pour laquelle j’ai osé. » La voix de la brune était tremblante. « A la seconde même où j’ai pris la décision de lui parler de Gabriela, j’ai su que je te faisais du mal. Tu n’as pas idée d’à quel point je m’en veux. » Otylie se mordit l'intérieur de la joue, guettant les réactions de Lenzo. Ses explications n’excusaient en rien son comportement, elle le savait, et elle redoutait la rancœur que son fiancé risquait d’avoir à son égard. La simple pensée de le voir lui tourner le dos la terrifiait.

BY .SOULMATES

Lenzo & Otylie
Bad night.

« Je peux donc dire adieu à ma fille… » Ces mots eurent l’effet d’une gifle pour Otylie. C’était la pire phrase que Lenzo pouvait prononcer. Elle ne s’attendait vraiment pas à des mots aussi... violents ? La jeune femme eut du mal à croire que Lenzo pouvait vraiment penser une chose pareille. Elle le vit passer une main sur ses yeux pour dissimuler des larmes, et le peu de volonté qu’il restait à Otylie pour ne pas verser les siennes s’effondra, elle sentit une goutte rouler le long de sa joue tandis qu’elle secouait la tête. « Ne dis pas ça je t’en prie… » Voir son fiancé dans cet état lui brisait le cœur à un point qu’elle n’avait pas pu imaginer. C’était le pire spectacle auquel elle pouvait assister. Elle pensait qu’affronter Lenzo serait plus facile dans le sens où elle les sentait capables de tout surmonter, mais en réalité c’était pire. Bien plus déchirant. Il s’efforça de continuer : « On était pourtant d'accord tous les deux. Tu m'as trahis … tu n'as pas respecté ta promesse et moi j'étais là comme un con à jouer le papa et à mentir en lui disant que maman était retenu au boulot. Je passe pour quoi dans l'histoire ? Qu'est-ce que je deviens moi au final. » Etrangement, ses mots ressemblaient beaucoup à ceux que Nolan avait prononçés un peu plus tôt dans la soirée. Tous deux s’inquiétaient pour le rôle qu’ils allaient jouer dans la vie de Gabriela. Tous deux pensaient qu’ils ne pourraient pas ou plus être considérés comme père. Et cela ne fit qu’ajouter au chagrin de la vétérinaire. A peine Lenzo eut-il terminé sa phrase qu’Otylie contournait le bar pour s’approcher de lui. Elle avait peur qu’il la repousse ou qu’il s’éloigne d’elle, mais tant pis, il fallait qu’elle soit là pour lui, qu’elle le rassure. « Lenzo… » Elle passa tendrement une main le long de son dos, remontant jusqu’à sa nuque, essuyant de sa main libre une autre larme sur sa propre joue. « Tu as raison… Je t’ai trahi, et je sais que je n’ai pas le droit de te traiter comme ça après tout ce que tu as fait pour nous… Je n’aurais peut-être pas dû agir comme ça, je te demande pardon… Mais s’il te plaît ne dis pas des choses pareilles Милая*… » Elle voulut attraper son visage avec douceur pour l’inciter à la regarder, mais se ravisa, trop effrayée à l’idée de le braquer. Elle se contenta de caresser doucement sa joue. « Tu es et resteras le père qui l’a élevée. Ne doute jamais de ça. Je sais que ça sera difficile, mais je sais aussi qu’elle t’aime de tout son cœur et que jamais Nolan ne te remplacera. Vous êtes tous les deux géniaux, je voudrais seulement qu’ils apprennent à se connaître tous les deux et qu’ils aient une place dans la vie de l’autre. Elle vous aimera tous les deux. Tu es celui qui étais là pour la consoler quand elle faisait des cauchemars, celui qui s’en occupe quand je dois rentrer tard, celui qui était là pour sa première rentrée à l’école. Tu l’aimes, tu es celui qui lui apprends les valeurs qui seront un jour les siennes. Je pensais que ce moment serait comme un pansement que l’on décolle. Que ça ferait mal mais que tout s’arrangerait… J’ai été bien naïve. Je suis tellement, tellement désolée de te faire souffrir autant… » Mais le mal était fait.

*trésor, chéri…

BY .SOULMATES

Lenzo & Otylie
Bad night.

« Est-ce que tu l'aimes encore lui ? Est-ce que tu ressens toujours quelque chose pour lui ? » Otylie fut surprise d’une telle question, tout autant qu’elle était surprise que Lenzo pouvait penser qu’elle pourrait retomber dans ses bras. « Bien sûr que non, voyons. Il est le père… biologique de ma fille, je serai toujours attachée à lui mais ça fait huit ans, Lenzo… C’est du passé, et c’est toi que je veux à mes côtés aujourd’hui. »Dit-elle doucement. Elle avait ensuite passé sa main sur sa joue et tenté de le rassurer avec tendresse. Malheureusement ça n’eut pas l’air de marcher, ce qui fit couler une nouvelle larme sur la joue de la russe. Venait-elle de dépasser le point de non-retour ? Avait-elle réellement dépassé la limite de l’acceptable ? Elle observa la bague de fiancailles qui ceignait son annulaire gauche. Elle ne pouvait pas s’imaginer la retirer parce que Lenzo ne pouvait pas supporter ce qu’elle avait fait. Elle ne pouvait pas accepter qu’il lui tourne le dos par sa faute. La russe releva les yeux vers son fiancé alors qu’il reprenait la parole. « Je savais … Je savais que ça arriverait un jour, c'était forcé. Mais pas comme ça ! Écoute Oty, tu es la femme de ma vie et tu le sais et pour vous deux je suis prêt à tout alors crois moi que je ne laisserais personne nous séparer. Les plans à trois ou les familles recomposées avec les pièces rapporter qui s'incruste dans une vie, c'est pas pour moi ! » Ces mots la rassuraient et la terrifiaient à la fois. Il ne semblait pas vouloir les quitter toutes les deux, mais l’idée d’un deuxième papa dans la vie de Gabriela lui paraissait invivable. Otylie pouvait totalement comprendre. Si elle avait été dans la situation de Lenzo elle aurait sûrement réagi encore plus mal. Peut-être même qu’elle n’aurait pas accepté de vivre ainsi avec la pensée qu’un jour la mère biologique de l’enfant pourrait venir lui voler sa place. Lenzo avait fait tant d’efforts malgré cette épée de Damoclès qui se balançait au-dessus de la petite famille, et Otylie se prit un instant à regretter de l’avoir laissé rentrer dans sa vie. Sa main retomba mollement contre son corps tandis qu’elle se détournait, fixant le sol. « Je ne te mérite pas, Lenzo. Je le sais. Tu as tout fait pour qu’on soit bien, tu as tout accepté, et je ne comprends toujours pas pourquoi. Tu aurais pu construire ta vie avec une autre, tout se serait déroulé autrement. Ça aurait été beaucoup plus facile pour toi, tu n’aurais pas eu à supporter ce genre de choses… Mon vœu le plus cher aujourd’hui est de rendre officiel ce que nous avons. Te dire oui à jamais et avoir un autre bébé, rien qu’à nous cette fois-ci… » Otylie se laissa tomber sur un tabouret du bar qui était à côté d’elle, le regard perdu dans le vide. « Je ne voulais pas tout gâcher, je ne veux pas te perdre. Mais il sera toujours là maintenant, et je comprendrais que tu ne veuilles pas l’accepter. Malheureusement je ne pourrai rien y faire. Je ne peux que te supplier de ne pas m’abandonner sur ce coup là. » La jeune femme attrapa la main de Lenzo, ses yeux emplis de larmes et de désespoir se levant vers lui. « S’il-te-plaît… » La terreur nouait l’estomac d’Otylie, et elle en était réduite à attendre que la sentence ne tombe. S’il partait, elle ne s’en remettrait pas.

BY .SOULMATES

Lenzo & Otylie
Bad night.

Otylie avait hoché la tête sans hésiter lorsque Lenzo lui demander si elle voulait toujours l’épouser. « Bien sûr que oui, toute cette histoire ne remet pas cette décision en question. » Il lui fit part de nouveau de ses doutes. Il se croyait égoïste. C’était loin d’être le cas, pourtant, et Otylie regrettait qu’il se voie de cette manière. Elle ne pouvait pas se mettre à sa place, et pourtant elle comprenait. La question de l’adoption s’était posée très tôt pour la jeune femme mais elle n’avait jamais vraiment été capable de prendre une décision. Elle s’était beaucoup torturée les méninges : elle savait que d’un certain point de vue cela assurait une protection pour Gabriela, mais elle savait aussi que Nolan saurait un jour ou l’autre et que le fait que Lenzo soit le père légal pourrait braquer le père biologique de la petite, ce qui était la dernière chose qu’Otylie souhaitait.

Elle était désormais là, assise sur son tabouret, à attendre qu’il dise quelque chose qui pourrait la rassurer. « Je pense que j'ai besoin de temps pour digérer tout ça Oty. » La russe ferma les yeux et poussa un soupir. Ça commençait mal. « Je ne vais pas partir, je ne vais pas vous laisser, vous êtes ma famille. Tu es la femme de ma vie. Ne dit plus jamais que je ne te mérite pas parce que je ne possède rien d'exceptionnel, mise à part l'envie de faire de toi la femme la plus heureuse du monde. » Mesdames et messieurs, l’homme parfait. Otylie rouvrit les yeux et leva la tête vers lui, aussi surprise que reconnaissante. Alors il allait rester pour de bon ? Vraiment ? « Otylie futur Avery … Je t'aime ! » Elle prit cela pour un oui, et se leva de sa place pour enrouler ses bras autour de son fiancé, enfouissant son nez contre son cou. Son odeur si familière et rassurante l’enveloppa doucement. « Tu es le meilleur. » murmura-t-elle contre sa peau. Elle renifla et recula légèrement ensuite, essuyant ses joues mouillées. « Regarde-moi ça, j’ai inondé ta chemise de larmes. » Elle eut un léger rire un peu nerveux en contemplant les dégâts, avant de se mettre sur la pointe des pieds pour déposer un baiser sur ses lèvres. « Je t’aime aussi. Et tout va bien se passer, j’y veillerai. Je te demande de me faire confiance. » dit-elle, son regard plongé dans le sien. Ses mains étaient posées sur ses joues. C’était une promesse qu’elle lui faisait. Elle ferait en sorte que chacun ait sa place, que les limites ne soient pas dépassées, qu’ils soient tous heureux. Ses yeux se posèrent ensuite sur l’horloge de la cuisine et il y eut comme un déclic. « Je crois que tu es en retard… » Si elle ne se trompait pas, Lenzo était de garde cette nuit. Toute cette agitation avait fait complètement oublier la jeune femme qu’il était censé travailler. S’il se faisait taper sur les doigts, elle s’en tiendrait entièrement responsable. « Désolée… » Elle se mordit la lèvre en signe de regret. Ce n’était vraiment pas le moment idéal…

BY .SOULMATES