Cela fait quelques semaines maintenant que Catalina a une nouvelle kinésithérapeute. Quelques semaines seulement, et pourtant elle a cette sensation de la connaître depuis toujours. C’est étrange, ce qu’elle ressent en compagnie de Cassie. Elle se sent immensément bien, comme si elle était totalement à sa place avec elle. Elle n’a jamais éprouvé quelque chose de similaire. Puis, il y a cette complicité qui est née entre elles. Cette connexion particulière qui fait qu’avec elle, la jeune femme n’a pas besoin de jouer les faux-semblants. Elle est, simplement, elle-même. Et c’est peut-être ce qui lui plait tant dans les moments qu’elles passent ensemble. C’est aussi ce qui les rend si faciles, si agréables à ses yeux. Là où elle redoutait parfois ses séances d’exercice avec son ancien kiné, elle est pressée au contraire de retrouver Cassie. C’est difficile à expliquer, difficile à comprendre pour elle aussi. Mais c’est ainsi qu’elle le ressent. Et c’est pour cette raison qu’une fois encore, elle était impatiente aujourd’hui, toute la journée durant, de voir arriver le joli minois de la jeune femme. Une fois la séance commencée, le temps a défilé à une vitesse impressionnante. Elles sont encore là, toutes les deux, à faire les derniers exercices ensemble. Catalina a conscience que bientôt, elle va partir. Elle veut profiter de l’instant au maximum. Mais c’est sans compter sur son petit-ami. Aaron, qui se trouve chez elle depuis un bon moment, s’impatiente. Il ne peut pas simplement attendre que la séance se termine. Il vient une première fois les retrouver, juste pour lui poser une question complètement sans intérêt, une question qui pourrait attendre. L’héritière en est agacée, mais elle tente de paraître impassible pour lui répondre. Le seul problème, c’est qu’il ne comprend pas. Aaron revient une seconde fois. – Dites, vous en avez pour longtemps ? Cette fois, Lina laisse échapper un soupir. – Certainement, si tu viens nous déranger à chaque fois. – On a une table qui nous attend au restau. Donc, c’est juste pour savoir si on sera à l’heure ou si je décale la réservation. Il l’énerve. Il l’énerve tellement. Il est oppressant, il ne s’en rend même pas compte. Elle voudrait qu’il comprenne, un jour, que ces séances sont loin d’être une option pour elle. Elle voudrait aussi qu’il comprenne qu’elle n’aime pas qu’il la voit dans cet état, vulnérable. – Je ne savais même pas que tu voulais aller au restaurant ! Ecoute, je n’en sais rien, on verra quand j’aurais terminé. – Je voulais te faire la surprise, c’est tout. Je ne pensais pas que ça t’embêterait. C’est dingue comme il la fait passer pour la méchante… Devant Cassie, en plus. Ou c’est peut-être elle qui n’est pas normale. Peut-être qu’une femme normale apprécierait ce genre d’attentions de la part de l’homme qu’elle aime. Mais elle se sent étouffée, Catalina. Il ne lui laisse pas une seconde de répit, jamais. Elle se dit parfois que retrouver son célibat lui ferait du bien. Cela ne dure souvent qu’une seconde ou deux, puis elle s’en veut, et elle oublie, et elle lui donne ce qu’il veut… Mais là, il y a Cassie. Et il est en train de gâcher ses dernières minutes avec elle. Cela ne la met que plus en colère. – Très bien. Je serais prête pour vingt-heures trente. concède-t-elle en retenant un soupir alors qu’il lui sourit, heureux. Et elle se sent presque coupable, Lina… Parce qu’elle n’est pas comme ça, elle n’est pas méchante normalement… C’est juste qu’elle n’en peut plus, à vrai dire. Elle est juste soulagée quand il s’en va… Et qu’enfin, elle peut retrouver un peu d’air. Seule avec Cassie à nouveau, elle sent surtout un certain embarras qui l’envahit quand elle réalise qu’elle n’a pas manqué une miette de la scène. – Je suis navrée que tu aies assisté à cela…

C’était la dernière séance de la journée. En sommes, elle allait donc bientôt débaucher. Et d’habitude, c’était le moment le plus long, le plus épuisant, celui dont Cassie avait hâte de se débarrasser pour pouvoir rentrer chez elle et vivre sa vie. Mais aujourd’hui ce n’était pas le cas, parce que sa dernière patiente était Catalina. Cela faisait des semaines maintenant et qu’elle était sa kinésithérapeute et elle ne parvenait toujours pas à la voir comme une simple patiente qu’elle devrait oublier une fois rentrer chez elle. Non, elle l’appréciait sincèrement, elle n’était jamais en manque de discussion avec elle et elle adorait ça. C’était comme si depuis leur première rencontre, elles sentaient qu’elles étaient faites pour se connaître et se côtoyer toutes les deux. Alors elle la voyait plusieurs fois par semaine, et elle ne s’en plaignait pas. Au contraire. Elle était sa patiente préférée. Que c’était ridicule de se dire ça, parfois Cassie se trouvait même stupide d’avoir ce genre de pensées. Et pourtant, c’était le cas. Catalina était et resterait différente des autres à ses yeux.
En plus de cette connexion évidente entre la belle blonde et elle, Cassie avait le sentiment que ses séances aidaient vraiment Catalina et qu’elle se sentait mieux après celles-ci. Alors elle en était heureuse, parce que s’il y avait bien une personne avec qui elle tenait absolument à réussir son travail c’était elle. A vrai dire, elle avait le sentiment qu’elle ne supporterait pas de la voir souffrir et de ne pouvoir rien faire. Elle était protectrice, Cassie, c’était certain, mais avec elle il ne s’agissait pas seulement d’une simple partie de son caractère. Avec elle c’était bien plus profond que cela. Elle ne le comprenait pas, mais à vrai dire elle ne cherchait pas vraiment à le faire, et c’était peut-être mieux comme cela.
Et puis, quelque chose lui faisait aussi ressentir que c’était réciproque. Elle voyait bien comme Catalina était heureuse lorsqu’elle la voyait devant sa porte. Le sourire sur ses lèvres lorsque la séance commençait. Pourtant, cela devrait être plutôt le contraire non ? Enfin la brunette imaginait bien que pour elle ce n’était pas de tout repos. Mais pourtant elle était toujours heureuse et agréable, elle était toujours… Irrésistiblement elle.

C’était aussi le cas aujourd’hui, alors qu’elles étaient en pleine séance depuis un bon moment maintenant. Cassie aidait Catalina à faire les derniers mouvements, des mouvements plus doux qui avaient pour but de commencer doucement le repos de son épaule. Mais c’était à cet instant que le petit-ami de Catalina était entré dans la pièce, ce qui agaçait particulièrement la belle blonde. Cassie pouvait le voir, et le ressentir aussi, puisque la tension semblait monter encore et encore, et elle pouvait la comprendre. Non pas que cet homme la dérangeait, elle aussi, mais elle savait que ces séances étaient quelque chose de difficile pour Catalina alors elle ne voulait pas qu’il vienne fréquemment la perturber en plein exercice. Elle savait qu’elle était plutôt pudique au niveau de sa santé, et même s’il était son petit-ami Cassie préférait la préserver mentalement et physiquement.
Une fois Aaron partit, Catalina semblait mal à l’aise et s’excusait de lui avoir infligé ça. La jeune kinésithérapeute lui fit alors un beau sourire rassurant avant de répondre. T’en fais pas c’est rien. Tu sais, ça peut arriver. Après tout elle était kinésithérapeute à domicile, alors d’une certaine manière elle s’immisçait dans sa vie privé qu’elle le veuille ou non.  
Terminant alors son mouvement, Cassie caressa légèrement l’épaule de sa patiente pour la détendre un peu avant de reprendre la parole. Ça va ? Elle s’assurait toujours que Catalina aille bien avant de la laisser. Et aujourd’hui encore plus, elle venait d’avoir une légère altercation avec son petit-ami et elle ne voulait pas que le stresse ou quoi que ce soit d’autre ne la crispe risquant de lui faire mal à nouveau. Et puis, il s’agissait de Catalina, et, pour elle, elle était largement prête à faire des heures supplémentaires.

C’est difficile, pour Aaron, de comprendre combien ces séances de kinésithérapie sont importantes pour elle. Il la voit, pourtant, au quotidien. Il voit qu’elle souffre, il voit qu’elle est gênée chaque matin à son réveil. Mais il ne réalise pas. Il ne comprend pas. Et elle a toujours eu cette désagréable sensation que personne ne peut le faire, Catalina. Personne, sauf sa kinésithérapeute. Cassie, particulièrement, semble avoir pleinement conscience du mal-être qui l’habite. Elle ne comprend pas seulement, elle sait. Elle sait comme le mal-être est aussi physique que mental. Elle sait combien ces séances sont aussi douloureuses que réparatrices. Elle sait agir avec elle comme Lina a besoin qu’on le fasse. C’est peut-être ce qui rend leurs séances ensemble si agréables pour elle. Pour la première fois, elle a l’impression d’être, pas seulement entendue, mais écoutée aussi. Avec ce mélange de force et de douceur qui lui est si propre, ce petit bout de femme la comprend mieux que son propre petit-ami. Au fond d’elle, Catalina a l’impression qu’elle était faite pour la rencontrer. Et cela va au-delà du médical parce que, peu importe ce dont elles parlent, elle découvre toujours un peu plus la personne formidable et exceptionnelle qui se cache derrière son beau minois. Elle l’apprécie sincèrement, pas uniquement pour son travail mais pour la personne qu’elle est. Tout doucement, elle s’attache à elle. A sa délicatesse quand elle lui montre un mouvement, à ce regard déterminé qu’elle affiche quand elle vérifie qu’elle fait bien ce qu’elle lui demande, à son sens de la répartie ou bien même au rire si sincère qu’elle a parfois. Avec elle, elle se sent simplement heureuse. Et, au-delà du dérangement qu’il occasionne à chacune de ses interventions, c’est peut-être aussi pour ce bonheur qu’il gâche qu’elle en veut tant à Aaron. Les minutes qu’elle détient auprès de Cassie sont précieuses, elles sont loin d’être illimitées. Et c’est incroyablement frustrant de se dire qu’il les lui vole. C’est excessif, c’est même étrange de sa part. Elle n’aurait pas réagi de cette façon avec son ancien kinésithérapeute. Mais Cassie n’est pas comme lui, Cassie ne ressemble à personne. La belle blonde ne cherche pas véritablement à comprendre ses propres réactions. Elle est agacée, elle le sait, elle n’a pas besoin d’y réfléchir davantage. Mais c’est surtout quand elle se retrouve à nouveau seule avec la jeune femme qu’elle prend conscience de l’irritation qui a dû se dépeindre au ton de sa voix, à l’air sur son visage. Elle se sent soudain bien plus embarrassée, Catalina. Elle n’a pas l’habitude que les autres se retrouvent confrontée à cette facette, quelque peu caractérielle, de sa personnalité. Elle ne l’est même pas, à vrai dire… En temps normal. C’est peut-être son couple avec Aaron qui s’essouffle mais… Elle ne veut pas l’envisager. Elle a enfin trouvé un homme respectueux, bon et rempli de qualités qui plus est. Elle serait vraiment idiote de le laisser filer. C’est juste que… Elle a besoin d’air, parfois, et elle aimerait qu’il le comprenne une bonne fois pour toutes. Mais elle ne veut pas y songer à cet instant. Toute son attention est focalisée sur la jolie brune qui lui fait face. Elle craint de l’avoir rebutée, ou même choquée. Mais, lorsqu’elle s’excuse pour la scène gênante qui vient de se passer, Cassie lui offre tout de suite son si beau sourire. Celui qui apaise ses nerfs sans même qu’elle ne s’en rende compte. Elle lui assure également qu’elle n’a pas à s’en faire, et que ce genre de situation peut arriver. Elle a surement raison, Lina le sait. Mais elle n’a pas l’habitude de se donner en spectacle. Ce n’est même pas du tout quelque chose auquel elle adhère. On lui a appris à savoir se tenir qu’importe les circonstances, pour maintenir à la perfection cette si belle apparence… Aussi fausse soit-elle. – Ce n’est pas vraiment dans mes habitudes. avoue-t-elle comme éviter qu’elle ne la voit comme un monstre fini… Car c’est le sentiment que lui a donné Aaron sur le coup. Celui d’être l’éternelle insatisfaite qui se plaint de ce qui ravirait n’importe quelle femme normalement constituée. Encore quelque peu tendue, l’héritière sent la caresse de son interlocutrice contre son épaule. C’est… Agréable. Un peu trop, peut-être. Elle détourne les yeux vers la porte, encore perdue dans ses pensées, quand elle entend la question de la belle. Elle le demande à chaque fois, et à chaque fois, Catalina s’en étonne. Elle n’a jamais connu de kiné si attentionné, si prévenant à l’égard de ses patients. – Oui, enfin… Je crois. Elle laisse échapper un bref soupir, presque inaudible car sa retenue l’empêche de se montrer trop expressive. – Tu crois que j’ai été trop dure avec lui ?

Catalina était une femme d’une quarantaine d’année, à en voir sa grande et belle maison elle ne manquait pas de grand-chose, et pourtant, Cassie sentait en elle un besoin d’être rassurée. C’était peut-être dû à son handicap ou bien à tout autre chose, mais elle avait cette impression, cette impression qui lui disait au fond d’elle que Catalina était bien plus frêle et fragile qu’elle pouvait le paraître au premier abord. C’était pour cela, qu’elle l’avait raccompagnée à la sortie de boite de nuit le soir de leur rencontre. Et c’était aussi pour cela qu’aujourd’hui elle faisait toujours autant attention à elle, que ce soit dans ses mouvements lorsqu’elle s’occupait de son épaule, mais aussi dans ses paroles lorsqu’elle discutait avec elle de ce qu’elle vivait. Et elle ne connaissait pas vraiment Aaron, mais si il avait l’air très gentil, il ne semblait pas en revanche avoir détecté cette petite parcelle de la jolie blonde. Enfin, c’était peut-être Cassie qui se trompait, mais pourtant elle sentait que malgré leur différence d’âge, Catalina était particulièrement bien avec elle, alors elle n’avait pas l’impression de s’y prendre à l’envers avec elle. Et c’était peut-être pour cela, justement, que Catalina s’était emportée en cette fin de journée avec lui. Quoi qu’il en soit, cette altercation l’avait quelque peu perturbée, Cassie le ressentait. Elle avait l’air soudainement ailleurs et puis elle s’inquiétait visiblement de ce que la belle kinésithérapeute pourrait bien en penser. Alors elle la rassura sur ce point. Je sais. Je commence un peu à te connaître… Il ne fallait pas qu’elle s’en fasse à ce sujet, Cassie avait une opinion plus que positive d’elle et ce n’était pas près de changer.

C’était aussi pour cela qu’en la voyant ailleurs, avec une petite mine, Cassie ne pouvait pas se résoudre à la laisser dans cet état et à rentrer chez elle. Alors elle laissait tomber la casquette de kinésithérapeute pour prendre celle… D’amie ? Peu importe, elle s’approcha d’elle à ses paroles avant de s’asseoir tout près d’elle, à ses côtés. Non. Bien sûr que non, tu n’as pas été trop dure avec lui. Il n’a surement pas compris ta réaction, c’est sûr. Mais moi je sais. Elle esquissa un tout tout petit sourire avant de reprendre la parole. Je sais que ce n’est pas facile pour toi, les séances… Alors s’il vient te voir comme il l’a fait là, même si ses attentions sont bonnes, ça t’angoisses, et c’est normal. Elle déposa sa main sur la cuisse de Catalina presque instinctivement, elle voulait vraiment la rassurer et la calmer. Elle n’avait rien fait de mal. Cassie était une fille franche et direct, elle le lui aurait dit en toute sincérité si elle avait trouvé son comportement déplacé. Il ne faut pas t’en vouloir, d’accord ? Et au cas où cela ne suffirait pas, elle reprit la parole d’un ton un peu plus joueur pour l’amuser et la détendre. Tu ne vas quand même pas réduire à néant tous les efforts que j’ai fait aujourd’hui ? Elle serra une seconde sa jambe d’une manière tendre et protectrice, attendant sa réponse, et attendant surtout un joli sourire sur le visage de cette belle poupée blonde.

Catalina est une princesse. Une princesse trop longtemps surprotégée, une princesse que ses parents ont pris bien soin d’éduquer pour qu’elle devienne une femme respectable, une femme modèle. Une princesse qui, quelque part, a toujours cru au prince charmant. Pourtant, elle a compris combien la vérité est loin des contes de fées. Elle sait que le prince charmant n’existe pas, elle sait qu’elle ne peut pas attendre d’Aaron qu’il se montre parfait avec elle. Mais le problème, avec elle, c’est qu’elle est malgré tout cette princesse délicate et vulnérable, celle qui a tant besoin de quelqu’un pour prendre soin d’elle. Malheureusement, sa kinésithérapeute le fait mieux que son propre petit-ami. Mais Aaron n’est que ce qu’il est. Elle s’en veut presque, Lina, de ressentir une telle chose. Elle culpabilise car elle sait qu’il est déjà un bien meilleur homme que celui qu’elle avait épousé. Alors elle se dit parfois que le problème vient surement d’elle… Elle est trop compliquée, trop exigeante, trop difficile avec les hommes… Mais Cassie, pourtant, y arrive… Elle arrive à la comprendre, à la soutenir, à être comme… Elle en a besoin. Et c’est cela qu’elle ne saisit pas, Catalina. Elle ne comprend pas comment une jeune femme qui la connaît à peine peut se montrer plus clairvoyante que l’homme qui partage sa vie. C’est peut-être sa faute, au fond. C’est peut-être elle qui n’ose pas montrer cette partie si fragile de sa personnalité à Aaron. Alors qu’elle le fait, avec elle, sans aucun mal, aucune peur. Comme si tout était naturel avec elle. La jolie brune le dit elle-même : Elle commence à la connaître. Mieux, finalement, que son petit-ami. Un petit sourire triste apparaît simplement sur le visage de l’héritière, tout de même rassurée que Cassie ne lui en tienne pas rigueur, alors qu’elle se perd à nouveau dans ses pensées. Elle songe à cette dispute, à ce sentiment de ne pas être comprise qu’elle éprouve de plus en plus. Et elle ne peut s’empêcher de lui demander ce qu’elle peut en penser de son côté. Elle voudrait savoir si, en réalité, le problème vient d’Aaron ou bien d’elle-même.

Sans attendre plus longtemps, Cassie s’approche pour s’asseoir juste à côté d’elle sur la table de massage. Elle ne perd pas une seconde pour se montrer présente, une fois de plus. A force, Catalina a l’impression qu’elle devient bien plus que sa kiné. Une confidente… Une amie, certainement. Quoi d’autre de toute façon. Le regard posé droit devant elle, la belle blonde l’écoute avec attention. Mais moi je sais. Ce n’est que lorsqu’elle entend ces mots qu’elle tourne subitement la tête vers son interlocutrice. Celle-ci n’imagine pas à quel point elle arrive à la toucher. A la rassurer, aussi. Parce qu’elle, elle comprend. – Oui, c’est… C’est exactement ça. murmure-t-elle alors qu’elle sent sans s’y attendre la main de Cassie contre sa cuisse. Elle est quelque peu… Troublée par ce geste. Pourtant amical, pourtant anodin. Elle avale difficilement sa salive et chasse ses pensées confuses pour plonger son regard dans le sien, un petit sourire amusé en écoutant ses derniers mots. – Non, bien sûr que non. déclare-t-elle avec un peu plus d’assurance alors qu’elle pose finalement sa main sur la sienne. Sa présence lui fait un bien immense. Elle est d’un véritable soutien pour elle jour après jour. – C’est juste que, parfois, j’ai l’impression qu’il ne peut pas comprendre. dit-elle sans réfléchir. Elle ne se confie pas si facilement aux autres, Catalina. Elle a appris à garder ses états d’âme pour elle, à garder cette image impeccable face au reste du monde. Mais, avec elle, elle peut souffler et… Etre elle-même. – Je ne sais pas si c’est ma faute, si c’est parce que je ne me confie pas vraiment sur ce point mais… Mais il devrait être capable de voir ce que je n’arrive pas à dire… Ou j’en attends peut-être trop de lui… Elle ne sait pas, elle ne sait plus, elle est perdue.

Assise près de Catalina, Cassie se rendait compte à quel point elles étaient proches toutes les deux. Peut-être pas en apparence, peut-être qu’elles étaient un peu pudiques et peu démonstratives, mais dès qu’elles se retrouvaient toutes les deux elles avaient toujours quelque chose à se dire. Elles savaient toujours quoi dire. Et la jolie blonde se confiait à elle, un coup sur son handicap, l’autre sur son petit ami. C’était peut-être étrange, mais la jeune kinésithérapeute avait l’impression d’avoir une place à part entière dans la vie de sa patiente, une place qu’elle ne détenait pas dans la vie de ses autres patients, et cela lui allait parfaitement. L’avoir que pour Catalina lui allait parfaitement. Parce qu’elle avait aussi une place bien différente à ses yeux, elle pour qui elle ressentait toujours ce besoin d’en prendre soins. Comme en cette fin de journée, d’ailleurs. Sa main sur la cuisse de Catalina, Cassie écoutait tout ce qu’elle avait à lui dire. Et dans le fond, si elle était loin d’être une experte en amour, elle n’en restait pas moins une fille lucide et perspicace, elle savait voir plus loin que le bout de son nez. Et ce qu’elle voyait, c’était que Catalina n’était pas la plus heureuse qui soit, avec lui. Il n’était certainement pas ce qu’il lui fallait, et même si elle ne le disait pas clairement, à travers ce qu’elle voulait bien lui confier, Cassie sentait bien que la belle héritière en avait conscience. La jolie brune souriait toutefois en voyant qu’elle avait réussi à amuser Catalina. Et puis soudainement la main de la belle blonde vint rejoindre la sienne, alors Cassie entremêla légèrement ses doigts dans les siens, les serrant un peu, toujours plus rassurante. Non, c’est toi qui as raison. Quand on aime quelqu’un, et qu’on est proche de lui, on voit ce genre de choses. Peut-être aussi qu’il est maladroit, et qu’il ne sait pas vraiment comment s’y prendre vis-à-vis de ta douleur. Elle ne savait pas précisément ce qui pouvait bien se passer dans la tête d’Aaron, mais ce qu’elle pouvait voir en revanche c’est qu’il ne s’y prenait pas de la bonne manière avec Catalina. Elle l’avait cerné. Elle savait qu’il ne fallait pas la mettre mal à l’aise avec son handicap mais qu’il fallait tout de même la protéger et la rassurer à ce sujet. Elle savait qu’il fallait prendre soins, d’une femme aussi délicate qu’elle.

La regardant dans les yeux, de son regard perçant, Cassie reprit la parole pour essayer de l’aider et la conseiller au mieux. Et si tu essayais de lui en parler ? De lui dire ce que tu ressens ? Elle se disait que la belle blonde devait sûrement tenir à lui et qu’il fallait en conséquence essayer d’arranger la situation plutôt que de la laisser s’empirer. Et puis, pour une femme comme Catalina, il serait forcément prêt à faire des efforts. Il ne laisserait quand même pas passer une femme aussi touchante qu’elle, pour Cassie c’était impossible. Jamais elle ne le ferait, elle. Si elle était à sa place…

C’est difficile de savoir précisément à quel moment leur relation a pris un tournant aussi… Intime. D’un regard extérieur, ce n’est peut-être pas le mot qui convient, parce qu’elles sont loin de partager quelque chose qui relève de la vie intime comme c’est le cas entre Catalina et Aaron. Mais, en vérité, ce que l’héritière donne d’elle à Cassie est bien plus intime, bien plus personnel que tout le reste. Parce qu’elle a bien conscience, Lina, que ce qu’elle montre d’elle à la jeune kinésithérapeute est extrêmement différent de ce qu’elle laisse entrevoir au reste du monde. Avec Cassie, elle peut être elle-même en toute confiance. Et elle est la seule personne avec laquelle elle y arrive, la seule personne qui a pris cette place si particulière dans son cœur. A ses côtés, elle n’a pas peur de laisser apparaître la jeune femme vulnérable et frêle qu’elle tente de cacher derrière son sourire impeccable. Et ce n’est pas uniquement lorsqu’il est question de son mal-être physique. C’est aussi tout ce qu’elle ose lui confier avec une facilité déconcertante. Ses peurs, ses angoisses, jusqu’à ses interrogations au sujet de son propre couple. Elle ressent depuis quelques temps déjà ces doutes sur Aaron, sur elle. Elle se demande s’ils sont bien faits l’un pour l’autre… Parce qu’il est doux et patient avec elle, c’est indéniable. Mais il y a encore tant de choses qu’elle ne partage pas avec lui. Il n’est peut-être pas l’homme qui lui faut, mais existe-t-il au moins, cet homme-là ? Celui qui lui fera oublier ses angoisses, celui qui saura la rassurer, celui qu’elle aura toujours envie de retrouver le soir dans sa chambre ? Elle n’en a aucune idée, Catalina. Elle a de plus en plus la sensation que le problème ne vient pas d’eux, mais bien d’elle-même. Pourtant, la belle brune à ses côtés lui affirme tout le contraire. Elle lui assure que ce qu’elle attend est normal, en somme… Mais elle est une femme. C’est plus facile de la comprendre pour elle certainement. Serrant un peu plus fortement ses doigts entre les siens, la grande blonde garde le silence quelques secondes, un peu perdue dans ses réflexions. C’est peut-être Cassie qui a raison, elle devrait surement parler d’elle-même à Aaron. Mais elle éprouve cette peur au ventre à cette simple idée. Elle déteste tant ça, avouer combien elle est faible au fond. – Je ne sais pas s’il comprendrait… Ni même si j’y arriverais… avoue-t-elle, l’air un peu penaude. Elle a conscience qu’elle est difficile à suivre. Elle se plaint qu’il ne comprenne pas, mais elle appréhende de l’aider à le faire. Elle est tellement compliquée qu’elle s’épuise elle-même, parfois. Elle voudrait juste que les choses soient plus simples. Naturelles. Comme dans les films. Mais la réalité ne ressemble guère au cinéma malheureusement. – Tu vois, avec toi, c’est facile. Je ne sais pas vraiment comment tu fais mais je… Je me sens à l’aise. J’arrive à en parler… Et ce n’est pas uniquement parce que tu es ma kiné, c’est juste… Ses mots restent en suspens. Elle qui s’exprime si bien d’ordinaire ne sait comment expliquer ce qu’elle ressent à Cassie. C’est juste elle, en réalité. Elle parvient à un tel miracle… Pourquoi pas lui ? – Dommage qu’il n’est pas un peu plus comme toi. murmure-t-elle sans réfléchir, sans mesurer non plus l’importance de ses mots. Pas encore.

Elles ne semblaient pas s’en rendre compte, l’une comme l’autre. Elles ne semblaient pas se rendre compte à quel point leur relation était de plus en plus importante dans leurs cœurs. Et pourtant, des mots, des gestes, des regards, le leur montrait à chaque fois qu’elles se voyaient. A chaque séance, en sommes. Et peut-être que c’était normal, pour une kinésithérapeute d’être si douce avec sa patiente, et peut-être que c’était normal pour une patiente de se confier de la sorte à quelqu’un qui prenait soins d’elle. Peut-être. Et pourtant, Cassie le ressentait au fond d’elle-même, la complicité entre elles n’étaient pas prête de disparaître. Au contraire, elle semblait grandir et grandir, encore et encore, un peu plus de jours en jours. Et cela ne la dérangeait pas. Non, c’était presque une partie de son quotidien désormais. Lorsqu’elle avait rendez-vous avec Catalina, elle le savait, tout se passerait toujours aussi bien.

Et puis elle n’arrivait pas à rester impassible, devant elle, Cassie. Ses douleurs, ses problèmes, ses états d’âmes, tout lui tenait à cœur. Comme aujourd’hui d’ailleurs. Son travail était terminé, et pourtant elle restait là. Avec Catalina. L’écoutant se confier sur son petit-ami. Voulant s’assurer qu’elle allait bien. Voulant s’assurer qu’elle allait bien, parce que jamais elle ne la laisserait si ce n’était pas le cas. Jamais elle ne partirait, si ce n’était pas le cas. Catalina, cette douce Catalina, elle avait pour elle un sentiment tellement étrange. Un besoin de la protéger. Comme si elle était sa jolie poupée en porcelaine. Pourtant ce n’était pas le cas, c’était une femme, sa patiente qui plus est. Alors pourquoi est-ce qu’elle était si protectrice avec elle, plus encore qu’elle ne l’était en général. La question resterait sans réponse… Pour le moment, du moins.

Serrant sa main dans la sienne, la caressant légèrement du bout des doigts, la brunette était touchée par les paroles de l’héritière. Touchée en plein cœur . Catalina ressentait visiblement la même chose qu’elle à son égard. Alors elle esquissa un petit sourire, différent de d’habitude. Il n’était pas charmeur, non, bien au contraire. Il était timide, mais heureux à la fois. C’est… Adorable. Et…je te comprends. Bien sûr qu’elle comprenait, c’était la même chose de son côté. Et puis Catalina avait l’air tellement perturbée par cette situation, peut-être même un peu triste, et cela brisait le cœur de la jolie kinésithérapeute. Alors sans même s’en rendre compte elle-même, Cassie lâcha la main de Catalina pour s’approcher d’elle et la prendre dans ses bras quelques instants. Plus tendre que jamais, comme si elle était une petite chose à protéger. Et c'était la première fois qu'elles avaient un contact physique si fort toute les deux. Je suis sûre que tu vas y arriver. Ne t’en fais pas, tu dois faire ce qui est le mieux pour toi. Cassie ne savait pas si cela allait s’arranger entre eux, mais en tout cas elle tenait à rassurer Catalina sur le fait que quoi qu’elle fasse, elle n’avait rien fait de mal. Elle devait simplement suivre son cœur, peu importe ce qu’il pouvait bien lui dire.

Cassie entre peu à peu dans le cœur de la belle héritière sans même s'en rendre compte. Sans même qu'elle, elle ne s'en rende compte. Par sa douceur, sa gentillesse mais aussi la façon dont elle se préoccupe d'elle, elle prend soin d'elle comme personne ne l'a fait avant elle. Et elle parvient tout doucement à se créer sa place dans le cœur mais aussi dans la vie de Catalina, une place de plus en plus importante. Elle est bien plus qu'une simple kinésithérapeute à ses yeux. D'ailleurs, elle a tout de suite été plus que ça. Mais plus les séances se suivent, plus elle devient une personne à part pour elle. Une amie, une confidente, un repère tout simplement. Il y a ce lien indescriptible et pourtant bien réel entre elles, cette complicité et cette tendresse naturelles qui rendent les moments qu'elles partagent emplis de douceur. Comme une bulle magique loin du reste du monde. Une bulle à laquelle elle s'attache dangereusement, sans même tenter de s'en empêcher. Pourquoi le ferait-elle ? Cassie est quelqu'un d'exceptionnel, elle le sait. Elle a la chance de faire partie de sa vie désormais, et pour rien au monde elle ne s'en priverait. Parce qu'au fond d'elle, Catalina a bien conscience que la jeune femme fait largement plus que son du avec elle. Elle reste même l'écouter lui confier ses états d'âme alors que... Ce n'est pas cela, son métier. Leurs relations sont censées se cantonner au problème d'arthrose de la belle blonde, rien de plus. Pourtant, Cassie répond présente alors qu'elle a seulement besoin d'une oreille attentive. Cette fille est simplement merveilleuse. Lina ignore si elle se montre si méticuleuse, si attentionné envers tous ses patients... Elle suppose que oui. Cela fait sûrement partie de son caractère, de la personne qu'elle est. Ou peut-être qu'elle le ressent aussi, ce lien si particulier entre elles... En fait, cela importe peu à la jeune femme tant qu'elle, a ce privilège avec elle. Et c'est le cas. Avec candeur, elle n'hésite d'ailleurs pas à lui confier combien elle se sent bien en sa présence. Elle lui est reconnaissante pour tout ce qu'elle fait pour elle, et elle voudrait lui montrer que c'est loin de passer inaperçu. Mais, à ses paroles, elle voit un sourire très léger, presque imprescriptible, se dessiner sur le coin de ses lèvres pulpeuses. C'est, sans aucun doute, le sourire le plus craquant qu'elle n'a jamais vu, Catalina. Elle semble, comme, embarrassée, ou... Peut-être simplement intimidée par ce qu'elle vient de lui confier. Dans tous les cas, elle est bien trop adorable à cet instant. Un sourire attendri apparaît sur le visage de l'héritière en entendant les propos de son interlocutrice. Elle la comprend, une fois de plus, ce n'est même plus surprenant. Mais ce qui l'est bien davantage, c'est le geste qui suit. Sans prévenir, elle s'approche d'elle pour la prendre délicatement dans ses bras, comme une chose précieuse qu'il ne faudrait surtout pas abîmer. Ce que Catalina éprouve à ce moment est... Très difficile à expliquer. Ce n'est pas quelque chose qui se dit avec des mots, ce sont bien trop de sensations différentes qui la submergent. Son cœur se réchauffe, il s'adoucit comme s'il était posé dans un nuage de douceur et, en même temps, il se gonfle de joie. C'est très particulier, et elle est tellement accaparée par toutes ces émotions nouvelles qu'elle ne réagit pas tout de suite aux mots de Cassie. Elle se blottit simplement contre elle, comme pour s'imprégner de ce moment, de son odeur, de sa douceur... Juste quelques secondes, avant de retrouver la réalité. - Oui, tu as raison. Je dois faire le mieux pour moi... répète-t-elle un peu pensive tout en se détachant à contrecœur de l'étreinte quelles partageaient. Elle ignore encore ce que cela veut dire, ou peut-être qu'elle n'est pas prête pour le moment à se l'avouer. Mais elle sait au fond d'elle qu'elle ne peut pas continuer dans une relation dans laquelle elle n'est pas vraiment elle-même. Seulement, cela, elle a encore tout le temps d'en prendre pleinement conscience. Pour l'heure, la belle prend une profonde inspiration comme pour tenter de se ressaisir avant de s'adresser à la ténébreuse. - Cassie... Merci pour tout ce que tu fais pour moi. Tu... Tu dépasses largement le rôle que tu es censée avoir avec moi, et... Ça me fait du bien que tu sois dans ma vie. Encore une fois, elle se contente de laisser parler son cœur. C'est si facile avec elle.

Catalina avait le droit à la meilleure partie de Cassie. A la partie qu’elle était fière de montrer. A la partie douce, attentionnée, aimante. A cette partie qu’elle avait toujours un peu eue en elle mais qu’elle développait au fur et à mesure grâce à son travail. Et cette Cassie semblait plaire à la belle héritière, au vu de ce qu’elle lui disait sur elle et sur leur relation. Ce qui intimidait un peu la belle brune et cela se voyait à son sourire différent de ceux qu’elle lui adressait en temps normal. En réalité, Catalina n’en avait sûrement pas conscience, mais elle arrivait à percer un peu sa carapace. Non pas qu’elle était dure, Cassie. Loin de là. Mais elle avait pris l’habitude de se préserver. Mais aujourd’hui, elle se rendait compte que même si elle n’arrivait pas vraiment à saisir pourquoi, le bien être de Catalina était vraiment très important à ses yeux. C’était pour cela qu’elle faisait des heures supplémentaires pour elle, c’était pour cela qu’elle l’écoutait se confier quoi qu’elle ait à lui dire, et c’était aussi pour cela qu’elle avait fini par la prendre dans ses bras. Tendrement. C’était un signe protecteur, et doux à la fois grâce auquel elle voulait l’aider à aller un peu mieux pour ce soir. Elle ne savait pas précisément si cela marchait, mais elle en avait l’impression, parce que la jolie blonde se serrait dans ses bras, aspirant ainsi toute la douceur que la jeune kinésithérapeute avait à lui offrir. Durant de longs instants, de longs merveilleux instants. Jusqu’à ce qu’elle se détache finalement.

Entendant ses paroles, Cassie prit doucement sa main en lui faisant un petit sourire. Elle baissa un instant le regard avant de reprendre la parole. Ne me remercie pas Catalina. Je le fais vraiment avec plaisir parce que… Je t’apprécie énormément. Elle était franche et sincère comme toujours. Elle savait qu’en apparence elle pouvait avoir l’air plutôt frivole, Cassie, mais lorsque quelqu’un comptait pour elle, c’était tout autre chose. Et puis elle était vraiment touchée, Catalina était heureuse de l’avoir dans sa vie. Mieux encore, cela lui faisait du bien. Et c’était son rôle, mais quelque part, elle sentait que sa patiente ne parlait pas seulement des soins qu’elle pouvait lui offrir en tant que kinésithérapeute, elle sentait qu’elle parvenait à lui apporter aussi un bien-être moral. Et ça me touches vraiment ce que tu dis. Moi aussi, je suis heureuse de t’avoir dans ma vie. Je me dis même que c’était le destin. Elle souriait, parce qu’elle faisait référence à leur rencontre plutôt improbable en boîte de nuit. Et d’ailleurs, maintenant qu’elle la connaissait bien, elle se rendait compte à quel point c’était inimaginable de voir Catalina en boîte de nuit. Elle n’était tellement pas faite pour ce genre d’endroit, elle qui était si douce et délicate. C’était bien trop brutal pour elle. Elle était tellement attendrissante, Catalina. Cassie l’adorait, et elle avait sincèrement envie de la protéger. Et je veux que tu saches aussi que si tu as besoin de quoi que ce soit, même quelque chose qui n’a rien à voir avec mon métier, n’hésites pas je serai là… Elle serra un peu sa main dans la sienne avant de la relâcher doucement. Elle avait toujours cette impression de fragilité chez elle, et c’était peut-être justement pour cela qu’avoir une jeune femme comme Cassie dans sa vie lui faisait du bien. Parce qu’elle, elle était forte d’ordinaire. Elle faisait toujours tout pour l’être.

Elle a bien conscience, Catalina, de la chance qu’elle a. Avec elle, Cassie est aussi douce que protectrice, aussi patiente que compréhensive. Elle ne sait pas vraiment si elle est ainsi avec tout le monde, si c’est simplement sa personnalité… Elle ne sait peut-être pas combien elle est chanceuse mais, en tout cas, elle se rend bien compte que la jolie brune est apparue dans sa vie tel un ange. Elle est venue l’embellir, elle est venue la rendre heureuse. Et c’est étrange à dire, car elle n’est que sa kinésithérapeute. Mais si elle n’était que ça, elle ne serait pas là à écouter ses états d’âmes inconnus à tous ses amis. Elle ne serait pas là, en train de la prendre dans ses bras avec tant de tendresse. Elle n’est pas que sa kiné, non. Cassie est bien plus que ça à ses yeux. Elle est en train de dangereusement s’attacher à elle, et consciemment. Il n’y a pas de mal de toute manière, elle peut être amie avec sa kinésithérapeute après tout. D’autant plus que l’attitude de cette dernière démontre bien qu’elle n’est nullement dérangée par ce lien qui se crée entre elles. Elle lui affirme qu’elle n’a pas besoin de la remercier, et puis… Qu’elle l’apprécie énormément. Enormément, a-t-elle dit. Ses mots touchent l’héritière en plein cœur alors qu’un beau sourire naît sur ses lèvres. – Je t’aime beaucoup, moi aussi. dit-elle sans réfléchir, sans réaliser d’ailleurs qu’elle n’emploie pas exactement le même terme que son interlocutrice. Mais elle aime Cassie, c’est indéniable. Et elle n’a pas honte de ce qu’elle ressent, pas encore. Attentive aux paroles suivantes de la sublime brune, elle l’écoute, ses yeux bleus rivés sur elle. Elle sourit avec un peu plus de légèreté quand elle l’entend parler de destin. Elle ne sait pas vraiment si elle croit au destin, Catalina. Elle ne sait pas quel serait son but, ou son objectif, s’il existait. Mais si c’est bien le cas, elle est tout à fait d’accord avec elle. Elles étaient faites pour se rencontrer. Parce que jamais, elle ne s’est sentie si bien avec quelqu’un. Elle la trouve si merveilleuse, si parfaite avec elle. Et ses mots la touchent considérablement. Elle a conscience que Cassie n’est pas obligée de faire tout ça, elle se doute aussi qu’elle ne le ferait pas avec n’importe qui. Alors peut-être bien qu’elle réalise toute sa chance finalement, même si elle ne la comprend pas forcément. Elle est si banale, Lina. Serrant délicatement sa main encore quelques secondes, elles se détachent ensuite l’une de l’autre alors qu’elle reprend. – C’est vraiment adorable, Cassie et… Et je sais que tu dois avoir des dizaines d’amis de ton côté mais… Si un jour, tu en as besoin un jour, tu pourras aussi compter sur moi. Pour quoi que ce soit. Elle n’a jamais été aussi sincère. Cette fille lui offre tant que, si elle peut lui donner en retour ne serait-ce que la moitié, elle le fera sans réfléchir. Parce qu’au fond, elle sent que c’était bel et bien écrit entre elles… Même si elle ne sait absolument pas comment se terminera cette histoire.