un sourire se glissa sur les lèvres de la jeune enfant devant la scène qui se dressait devant elle. ses parents riant aux éclats autour de la table du dîner. un spectacle dont la jeune Elspeth ne pouvait plus se passer à présent. du haut de ces six ans, cela faisait à présent plusieurs mois qu'elle avait passé la porte de cette maison, qu'elle avait trouvé une place à la table de famille, qu'elle avait trouvé mère et père. elle ne parvenait pas encore à réaliser, à comprendre que tout cela n'était plus seulement un rêve irréalisable d'orpheline. c'était à présent sa vie et elle ne pouvait qu'en sourire jusqu'à la naissance de douleur sur ses joues.

un doux et merveilleux tableau brisé dix ans plus tard, lorsqu'une personne supplémentaire vint s'incruster au tableau. un jeune homme à peine plus âgé que lui qui reçu, comme elle, la seconde chance de faire partie d'une famille. un jeune homme qui aurait pu être son frère, mais qui fut tout autre chose pour elle. son coeur chavirait à chaque fois qu'elle le voyait. tant qu'elle en perdait lentement se moyen alors qu'il s'en amusait. ces sentiments lui étaient interdit et pourtant. tous deux avaient fini par y succomber. il était son premier amour et il fut sa première trahison. lorsque vint le moment d'avouer, de rendre des comptes pour leur action, elle s'en retrouva unique coupable. ce jour-là, elle perdit plus que jamais. famille, amour et espoir.

et là voilà, à l'aube de ces dix-sept ans, de retour à la case départ. elle faisait de nouveau partie des rangs de l'orphelinat de la petite ville de Wilcklow.

Dix-huit ans, bourse en poche et une santé aléatoire, la jeune femme décida de s'éloigner de sa ville natale, d'enfin prendre un nouveau départ. Direction des USA, dans la belle ville de Los Angeles. Le soleil, la plage et une école parfaite. L'indépendance aux bouts des doigts.

Installée non-loin de l'université, dans un petit appartement en colocation avec une demoiselle et deux jeunes hommes. Tous avaient choisis un cursus différent. Arts, histoire et sport. Une diversité qui rendait l'ambiance toujours plus agréable. Pour la seconde fois de son existence, Elspeth se sentait chez elle, là où elle devait être. Ce fut à ce moment-là, poussée par sa colocataire féminine, qu'elle commença son blog. Quelques textes de temps à autre, une suite de récit. Elle se sentait heureuse et par-dessus tout, amoureuse. Formant un couple fusionnel avec sa meilleure amie et colocataire, elle voyait sa vie comme un conte de fée. C'était la perfection.

Deux ans plus tard, alors qu'Elspeth se reposait à l'appartement à cause de faiblesses dû à son coeur, ses colocataires l'appel pour venir la chercher à une fête. Tous ayant bien trop bu pour rentrer seuls. Sur le chemin du retour, sa belle à ses côtés, El' tentait de se concentrer sur la route. Mais, un moment d'inattention, un léger vertige et tout vira au cauchemar. Sous son regard flou, sa moitié s'enfonçait lentement dans les ténèbres. Le bilan globale ne fut aucunement joyeux. Elspeth eut un poignet foulé, les deux jeunes hommes eurent différentes contusions et la moitié de El' resta de longs mois dans le coma avant de succomber à une hémorragie.

Dès lors, Elspeth changea, perdant tout espoir. Son coeur brisé et faible l'entraînait de plus en plus bas. Et ce fut lorsque le médecin affirma que la greffe était indispensable, qu'elle prit la fuite. Elle plaqua absolument tout, suffoquant dans cette ville qui aurait dû être son nouveau départ, son havre de paix.

Ainsley frissonna doucement, resserrant machinalement sa veste autour d'elle. Ouvrant péniblement les yeux, elle s'assit sur le banc de la gare routière et s'étira. Tout son corps la lançait, inconfortable. Et pourtant, c'était là, la meilleure nuit qu'elle avait pu passer depuis plusieurs mois à présent. Un soupire lui échappa lorsqu'elle remarqua que la nuit était encore sombre dehors. Quelques heures et elle pourrait enfin monter dans le car pour sa destination finale. Marple Spring. Une toute petite ville et où on ne pouvait penser venir la chercher. Là, elle pourrait penser survivre jusqu'à la fin. Là, elle n'étoufferait peut-être pas à chacun de ses pas.