Elyssa & Lazlo

e déteste les pieds, c’est plus fort que moi. Et pas seulement ceux des autres. J’ai simplement du mal avec cette partie du corps. Ça ne m’empêche pas de porter des chaussures nu-pieds pendant l’été, mais il est hors de question pour moi de regarder des pieds ou même d’en toucher. Erk. C’est tout simplement au-dessus de mes forces. Je préfère donc prévenir Lazlo que mes pieds sont hideux, mais voilà, il trouve que non. Je fronce les sourcils, étonnée. Il ne doit pas voir la même chose que moi, c’est évident. « T’es sérieux ? » que je réponds en le regardant. « J’ai le pied grec ! » j’ajoute. Mon second orteil, en partant du gros, est plus grand que les autres. « Et je peux faire ça aussi ! » continuais-je, en écartant mes doigts de pieds, façon éventail. Comme mon frère faisant lorsqu’on était gosse et qu’il voulait me faire rire parce que j’étais contrariée d’avoir été réprimander pour une bêtise qu’il avait fait. Evidement, ça marchait du premier coup, j’étais pliée de rire et mon frère, fier de lui. Jusqu’à la prochaine réprimande de maman, parce que soi-disant, lorsque l’on plaisantait, je mettais en péril la vie de son fils chéri. Non, mais quelle cinglée ma mère ! Finalement, à trop le surprotégé comme elle l’a fait, elle l’a empêché de vivre et c’est peut-être bien pour cette raison que mon pauvre frère n’est plus là aujourd’hui. De toute façon, s’il avait encore là, il m’aurait poussé à suivre Lazlo aux Etats-Unis, mon frère était loin d’être bête, il avait parfaitement compris que le beau brun américain me mettait dans des états pas possibles. Il ne servait à rien de le nier devant lui. En revanche, devant le principal intéresser, je faisais comme si de rien n’était, simplement parce que j’avais peur de le perdre. Enfin, revenons-en à mes pieds. Mon ami verse un peu d’huile sur ses mains, qu’il frotte l’une contre l’autre avant de les pauser sur mes pieds. « T’a les mains froides ! » dis-je avec un frisson. J’étais déjà tendue comme un arc à l’idée de me laisser toucher les pieds, maintenant, c’est pire. Il a raison, il faut que je détende. « Je crois que je vais m’endormir ! » que je dis, sans me douter qu’il s’est trouvé gêner lorsqu’il à parler de me retirer mon haut. Moi, il en faut plus que ça pour me mettre mal à l’aise, et pourtant, j’en ai connu des situations embarrassantes dans ma vie.

Elyssa & Lazlo

e ne pense pas être coincée, mais il est vrai que je n’ai pas beaucoup d’expérience. Qu’il s’agisse d’amour ou d’amitié, c’est la même chose. Il faut dire que je n’ai pas été très aidé de ce côté-là, on est tous bien d’accord là-dessus ! Je n’ai jamais eu beaucoup de chance dans ma vie, donc oui, je suis maladroite, nerveuse, tendue comme un arc et j’en passe, mais dans le fond, je pense que c’est entièrement normal. Quant à Lazlo, je le connais suffisamment pour savoir que ça n’est pas dans ses habitudes d’être comme ça, peut-être qu’il est aussi nerveux que moi, parce qu’il est comme ça ? Qu’il ‘na pas l’habitude de ce genre de choses ? Vous croyez que c’est possible ? Enfin, pour l’heure, j’agite mes affreux doigts de pieds en les écartant au maximum, ce qu’il semble trouver drôle. Une chance pour moi, parce que pendant que je faisais ça, une voix dans ma tête ; à savoir celle de ma tordue de conscience ; me disait que ça, c’était la chose à éviter si je ne voulais pas le faire fuir en courant. Enfin, par bonheur, il trouve ça drôle. « Je t’apprendrais si tu veux ! » que je réponds en m’esclaffant. Il n’empêche que je n’ai pas changé d’avis, je trouve réellement mes doigts de pieds hideux. Mais chacun son truc, hein ! Comme il m’indique que je suis très tendue, je lui explique qu’il à les mains froides, ce qui a pour effet de raidir. Après, il faut croire que mon aversion pour les pieds, fait que j’ai du mal à ce qu’on mes les touches, chose que je ne savais pas, puisque je n’avais jamais été suffisamment proche d’une personne pour la laisser faire ce genre de chose. Je lui avoue ensuite que j’ai envie de dormir, mais bon, il l’avait sans doute remarqué, puisque je passe mon temps à bailler. Je me sens honteuse, parce que bon, il ne m’a pas proposé de venir chez lui pour que je baille comme ça. Mais j’ai vraiment du mal à me retenir de le faire tellement je suis épuisée. Il me propose alors de rester dormir, ce que j’accepte, volontiers. De toute manière, je ne crois pas que j’aurais la force d’aller jusque chez mon oncle. « J’veux bien ! » que je réponds en retenant un énième bâillement.

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l est vrai que, bailler comme je le fais, n’est pas très gentil. Je sais bien que n’importe qui pourrait penser que je baille de la sorte parce que je m’ennuie, alors que pas du tout et ça, je sais parfaitement que Lazlo le sait, puisqu’il me connait bien. Je ne suis pas le genre de fille à faire semblant de bailler pour signaler que je m’ennuie, si je me fais chier, je ne vais certainement pas prendre de gants pour le signaler. Ah ça non ! C’est d’ailleurs la seule chose que j’ai en commun avec ma mère, cette faculté de dire aux autres ce que je pense, plutôt que de mentir pour ne pas faire de peine. Je trouve ça ridicule, parce que la vérité finit toujours par se savoir à un moment ou à un autre. Quand on ment à une personne pour ne pas la contrarier, le jour ou elle apprend la vérité, elle se sent trahie, alors, ce n’est pas rendre service, bien au contraire ! C’est foutre en l’air une amitié pour rien et je n’aime pas ça. Mais, pour l’heure, si je baille, c’est uniquement parce que je suis crevée. J’ai simplement envie de me glisser sous la couette et de dormir. Je sais que ma tête aura à peine touchée l’oreiller que déjà, je serais au royaume des songes. Des songes qui risquent d’être beaux, parce que l’homme de mes rêves est juste à côté de moi. D’ordinaire, je déteste que l’on me touche les pieds, mais si c’est Lazlo, je ne tiens pas le même discours. J’ai beau lui avoir dit de ne surtout pas essayer de me chatouiller, s’il le fait, je ne serais pas fâchée, pour la raison simple et évidente que Lazlo peut fait tout ce qu’il veut de moi, je ne dirais rien. Il me demande alors si j’ai envie qu’il me parle de Sidney ; sa fameuse meilleure amie qui ne peut pas me sentir alors que je ne lui ai rien fait ; ou si je préfère attendre le lendemain. J’ai beau être épuisé, je me connais, maintenant qu’il est près à parler, s’il ne le fait pas maintenant, je ne vais pas dormir de la nuit. « Maintenant ! Sinon, je ne vais pas réussir à m’endormir ! » que je lui réponds en retenant un bâillement.

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e suis loin d’être stupide, alors quand quelqu’un que je ne connais pas me déteste, je le remarque tout de suite. Et cette fille m’a prise en grippe alors que je suis certaine que demain matin, après une bonne nuit de sommeil, je ne me souviendrais même plus de son prénom ; c’est vous dire à quel point ça m’intéresse de la connaitre. Pourtant, j’ai hâte de faire la connaissance des sœurs de Lazlo, mais cette fille, non, je n’en ai pas envie. Pourquoi aurais-je envie de connaitre quelqu’un qui m’a prise en grippe alors que l’on ne s’était jamais vu auparavant ? Voilà pourquoi, lorsque mon ami américain me demande si je veux en savoir plus à propos de son passé avec cette nana, j’accepte. J’ai beau être épuisée et m’endormir debout ; enfin assise serait plus juste ; je préfère entendre ça maintenant et pas demain. Et d’ailleurs, maintenant que je sais qu’il a quelque chose à me dire à son sujet, je suis tout de suite beaucoup réveiller. Lazlo lâche mes pieds, puis commence à m’expliquer qu’il connait cette fille depuis des lustres, c’est à depuis qu’il est gosse. Je ne pensais pas qu’ils se connaissaient depuis longtemps, mais il faut dire qu’il ne m’a jamais vraiment parler d’elle auparavant. J’ai un pincement au cœur quand il m’indique avoir coucher avec elle, bien des années auparavant et qu’apparemment, depuis, ses sentiments pour lui ont changer. En gros, elle est jalouse parce qu’elle est amoureuse de lui. Sauf que pour lui, rien n’a changé, elle reste sa meilleure amie, quoiqu’il arrive. Je comprends mieux pourquoi il à insister à ce point, toute à l’heure au Sushi Bar. Je comprends aussi qu’il vaut mieux pour moi que je ne montre pas que la relation qu’il a avec cette fille ne me plait pas des masses, parce qu’il vaut mieux pour moi que je ne sois pas jalouse et que je prenne sur moi. Mais, il faudrait qu’elle apprenne à le laisser respirer et qu’elle se face une raison. L’amour à sens unique, ça ne sert à rien. Il ignore si au jour d’aujourd’hui elle est toujours éprise de lui, mais ça me semble évident que oui, sinon, elle ne serait pas jalouse. C’est logique, non ? « Tu as le droit d’avoir d’autres amis qu’elle Lazlo ! » ? Etrangement, c’est tout ce que je trouve à répondre, mais c’est la vérité. Elle n’a pas à se montrer possessive et jalouse, simplement parce que lui et moi sommes amis. D’autant plus parce que nous ne sommes que des amis. Rien de plus.

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ans le fond, je n’étais pas tellement surprise par les confidences de Lazlo. C’est comme si, avant même qu’il n’est commencé à parler, je savais déjà ce qu’il allait me dire. Pas sur le fait qu’il est couché avec cette fille, mais plutôt sur le fait qu’elle est amoureuse de lui et très possessive. D’une certaine façon, je la comprends. Lazlo est un homme formidable, une personne souriante, attentive, attentionné. Quand on rencontre un homme tel que lui, il est évident qu’on veut tout faire pour le gardé. Donc oui, je comprends parfaitement qu’elle puisse me haïr sans me connaitre parce que j’ai fait partie de la vie de Lazlo pendant qu’il était en France et qu’en plus, je me pointe dans SA ville, l’air de rien. Elle craint qu’il ne lui passe sous le nez. Donc oui, je comprends, je pourrais faire la même chose. Mais, il y à tout de même une très grosse différence entre elle et moi, c’est que je pourrais le faire, mais je ne le ferais pas. Le libre arbitre, c’est important et s’il me parle de tout ça, c’est parce que cette fille l’épuise à agir comme elle le fait. Raison de plus pour ne pas me montrer trop possessive et intrusive à mon tour. « Et tu lui à parler de tout ça ? » que je lui demande. Après tout, si elle est intelligente, elle devrait comprendre. Quand on aime quelqu’un, on doit être capable de le laisser partir. Sinon, ça n’est pas de l’amour ou de l’affection, mais de l’obsession. Et je ne pense pas qu’elle en soit à ce stade quand même. Attention, qu’on se le dise, je ne lui cherche pas des excuses, loin de là, c’est juste que je ne la connais pas, donc je ne peux vraiment pas me permettre de dire qu’elle est obsédée. Je suppose qu’il a dû lui parler, mais qu’elle reste campée sur ses positions. Elle est bornée. Je trouve dommage d’agir comme elle le fait, parce que, à force elle va se retrouver toute seule sans avoir le temps de comprendre comment c’est arriver. Parce que Lazlo se sera lassée d’elle et tout ça. C’est dommage, vraiment dommage. Mais d’une certaine façon, je suis soulagée, parce que ça veut dire que j’ai le champ libre. Je ne dis pas que je vais pouvoir lui sauter dessus ; quoique ce n’est pas l’envie qui me manque ; mais vous voyez ce que je veux dire. Enfin, je suppose, car je manque très certainement de subtilité. Je retiens un bâillement ; je suis toujours autant épuisée d’être épuisée ; alors qu’il m’explique vouloir enfin vivre pour lui, car il s’est trop longtemps refuser d’avoir une relation à cause de la jalousie de sa meilleure amie. « Alors fais-le ! » lui dis-je, simplement. Je ne vois rien d’autre à ajouter. Il a le droit de vivre sa vie, cette fille n’a pas à l’en empêcher et à la tenir en laisse comme elle le fait. Je n’ose à peine imaginer ce que ça donnerait s’il était en couple avec cette nana, elle serait capable de l’empêcher de sortir ou de respirer en public. Si elle n’était pas obsédée, alors elle était folle.

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e comprenais ce que traversait mon ami, même si je n’avais jamais été confronté à ce genre de situation. Disons que je le comprenais, parce que moi aussi, on m’avait mis des bâtons dans les roues. Le fait de ne pas avoir été aimer par mes parents, d’avoir été ignoré, oublié, mais en même temps toujours là pour servir de bouc émissaire quand quelque chose n’allait pas selon leur vœu m’a plus desservie qu’autre chose. Toute mon enfance, j’ai été traité comme un moins que rien, on ne voyait en moi qu’un être indésirable et inutile, on me faisait comprendre que je n’irais nulle part parce que je n’étais pas assez intelligente, pas assez jolie, polie et j’en passe et des meilleures. On m’a dit plus de choses méchantes que de choses gentilles et j’ai finis par y croire. J’ai fini par me dire que oui, j’étais incapable de faire quoique ce soit de mes dix doigts et de mes dix orteils. J’ai fini par croire tout ce que me disais ma mère. A rejeter les compliments, parce que c’était évident qu’ils n’étaient pas sincères. Je n’ai jamais dit à qui que ce soit combien j’avais pu souffrir de cette situation, pourtant, c’est tellement évident … Même mon frère, dans les rares moments où il était en pleine forme, n’a jamais réussi à me faire prendre conscience que je n’étais pas une idiote, que j’avais des qualités et que j’étais douée. Il a fallu qu’il ferme les yeux pour toujours pour que je me rende enfin à l’évidence qu’il fallait que je parte, que c’était mieux pour tout le monde, mais surtout pour moi. Ça n’a pas été une décision facile à prendre, vraiment pas. Parce que mes parents ont beau m‘avoir rejeté et méprisé toute ma vie, ils sont mes parents et je ne pourrais jamais les effacer de ma vie. Même après un an en ville, je reconnais volontiers qu’ils me manquent. C’est comme ça, j’y peut rien. Mais je sais que si moi, j’ai réussi à passer outre tous ceux qui me tenait en échec, alors Lazlo y arrivera aussi. Il ne manque pas de volonté, je sais qu’il y arrivé. Et s’il le faut, je l’aiderais à mettre un bon coup de pied aux fesses de toutes celles et ceux qui veulent le tenir en laisse. « Alors c’est qu’elle est complètement conne ! » que je dis, sans réfléchir, quand il m’indique que sa meilleure amie le prend peut-être pour un challenge, un défi à réaliser. Lazlo n’est pas un objet, c’est un être humain, merde ! J’espère juste qu’il ne prendra pas mal ce que je viens de dire, mais il est mon ami et à un ami, on se doit de dire la vérité. Or, la vérité, c’est que je trouve cette Sidney complètement conne d’agir comme elle le fait. Alors oui, je n’y suis pas aller de main morte, mais au moins, maintenant, il sait ce que je pense vraiment. Comme je suis épuisée et que je tombe de sommeil, il me propose ensuite de dormir, avant de tapoter son lit pour que je m’installe. Je ne me le fais pas dire deux fois et après lui avoir souhaiter une bonne nuit, je m’endors aussitôt.

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