« Lâches là espèce de petite limace toute molle ! » Ca c’est de l’insulte. Mais quand on a neuf ans on ne cherche pas à faire dans le littéraire. Tu regardes alors le jeune garçon, qui fait une tête de plus que toi, qui est surement un peu plus vieux que toi, mais surtout qui vient de te menacer. C’est la première fois qu’on te parle ainsi dans le parc municipal de la ville mais tu sais que tu ne risques rien puisque tu as un super héro, un garçon de cinq ans ton ainé, ton grand frère. Le garçon qui était venu t’embêter voulait simplement prendre ta place sur le toboggan et a profiter que ta mère a les yeux ailleurs. « C’est bon j’ai rien fait à ta sœur ! »  Finit-il par grogner à Garrett, ton frère, ton sauveur, ton super héro. Tu finis par te cacher derrière ton frère quand celui-ci t’aide à te relever et tu serres entre tes petits doigts le tissu de son t-shirt. Tu as toujours été proche de Garrett, bien plus que de Trish. Tu n’a que quatre ans mais tu ressens déjà c’est chose là. Une petite moue, ton frère finit par tendre une main vers toi que tu acceptes et il reprend la parole, comme si tout allait bien. « Tu crois que maman nous paiera une glace ? » Une glace ! Tu souris de toute tes dents, tu veux une glace toi aussi.

« Non mais c’est rien. Prenez Lily et Laz’ avec vous, je vais rester sagement ici à étudier. » Tu leur souris doucement, venant embrasser la joue de ta mère et celle de ton père. Vous êtes très proche, une famille soudée même s’il y a des hauts et des bas comme entre tous frères et sœurs. Mais vous vous aimez, vous vous adorez et jamais vous ne vous ferez du mal. C’était la réunion parents-profs de Lazlo, et tu avais demandé a tes parents de te déposé en même temps cependant, ils n’avaient pas le temps. Tu as donc laissé la place à Lily qui voulait aller voir les professeurs de son grand frère. Tu trouves ça tellement adorable de la part de la petite princesse de vouloir faire comme son grand frère. Tu n’as jamais jalousé leur relation, tu avais la même chose avec Garrett de ton coté et avec votre différence d’âge, c’est logique selon toi. Tu as finalement passé les heures devant tes bouquins de psychologie. On finit par sonner à la porte, Garrett était au téléphone. Tu descends donc puisque personne ne veux prendre cette tache que d’aller ouvrir à la porte. « J’arrive, j’arrive, pas de panique. » Tu souris, ouvrant la porte sur la police. Tu hausses un sourcil et finalement ils ne passent pas par quatre chemins. « Mademoiselle Williams ? Je suis désolé de vous annoncer cela mais.. Vos parents ont eu un accident, votre frère et à l’hôpital. » Tu n’as pas le temps de demander ou se trouve tes parents et Lily. « Je suis désolée mademoiselle, votre frère est le seul survivant. » Et là, tout s’effondre. Tu tombes au sol, les larmes roulant sur tes joues. Tu aurais du être là, tu n’aurais jamais du dire que Lily pouvait prendre ta place, tu aurais du mourir à sa place. Tu pleures, encore et encore et même l’arrivé et la présence de Garrett ne change rien. Vous venez d’être orphelin, et votre petit frère est blessé. Votre monde s’est effondré.

« T’en veux une ? » Ton petit ami s’adresse enfin à toi, après deux heures, mais peu importe puisque tu es déjà dans un état second. Finalement, quand il te propose une nouvelle pilule blanche, tu acceptes et tu la pose sur ta langue. Tu ne comprends pas pourquoi et comment tu en es arrivé là. Bon oui tu le sais mais tout cela a l’air si lointain. Les yeux à moitié clos, tu tentes enfin de te redresser et tu t’éloignes pour aller comater dans la chambre principale, celle que tu partages la plupart des nuits avec ton petit ami. Tu finis par t’endormir, et c’est le néant totalement pendant quelques heures. « Réveille-toi connasse ! » Un cri, tu ouvres enfin les yeux mais tu n’as pas le temps pour véritablement te réveiller qu’un coup dans le nez te fait sursauter et tomber du lit. Tu as rencontré ce type il y a quelques mois, un an peut être. Quand tu as commencé ta dépression, à dire que ta sœur n’aurais jamais du prendre ta place, que tu devais être dans la voiture et que c’était toi qui aurait du mourir, quand tu as commencé à ne plus voir tes amis, à te retirer du monde réel. Prendre ses coups, c’était surement une façon de te punir. Un nouveau coup visant ton ventre, tu n’as pas vraiment le temps de réagir. Encore un, ta tête frappe le sol et en plus des effets encore actuelles de la drogue, tu plonges dans l’inconscience. Il n’y a que là, que tu semble heureuse, ou tu vois encore tes parents, ta famille, tes amis.

Pas un mot ne sort de ta bouche. Tu as une lèvre qui saigne, des hématomes sur la mâchoire, et sur les omoplates. Tu as mal partout, et les larmes roulent sur tes joues. Quand finalement ton grand frère arrive devant toi, il devient rouge de colère. Ho, il ne t’en veut pas à toi mais tu vois déjà ses poings se serrer. Laurena arrive juste après et elle vient tout de suite te prendre dans ses bras, t’amenant sur le divan et posant un plaid sur tes épaules. Tu ne prononce pas un mot, tu as mal à la mâchoire qui est encore rouge. Tu entends la porte se claquer et Laurena va rapidement voir à la porte avant d’aller faire un thé. Mais ton grand frère a disparu. Les larmes montent aux yeux, tu sais parfaitement ce qu’il est partie faire et tu culpabilise encore plus pour tout cela. Cependant, tu sais bien que jamais ton frère ne dira que c’est de ta faute, il n’y a que l’autre, cet homme violent, qui affirme que tout cela est de ta faute, que tout cela tu l’as cherché. « Tout va s’arranger, Garrett va te réparer tout ça tu verras. Chuut ma puce, tout ira bien. » La tête sur son épaule, tu pleures comme une enfant. Ton frère ne revient qu’une heure plus tard, le poing en sang et il se dirige tout de suite vers toi. Tu as toujours été proche de Garrett, et il a toujours été protecteur envers toi. Il avait déjà mis en garde cet homme, ce petit-ami, mais cette fois c’est de trop. En voyant ton état, il ne peut que te serrer contre toi et te bercer un peu pendant que Laurena part rapidement chercher son matériel médical.

Une sortie scolaire, tout ce qu’il y a de plus simple et de plus joyeuse alors que le soleil tape haut dans le ciel. Avant de partir et de quitter l’enceinte de l’école maternelle avec les petits pour rejoindre le stade afin de préparer le spectacle de fin d’année. Les mains tenant celle de deux petits garçons qui chantonnent dans les rues. Le stade ne se trouve pas très loin de l’école et c’est en compagnie des autres classes que vous marchez en cœur. « Maicresse ? on va danse quelle chansonnn ? » Tu lâches un petit rire, les enfants ne font que vous questionner depuis des semaines et même les parents tentent de le savoir mais, pour une fois, les professeurs que vous etes avez su garder le silence. Une fois arrivée au stade, vous laissez les enfants en charge avec les professeurs de sport et vous n’avez qu’à encadrer les lieux et faire attention aux enfants. Assise sur un banc, le sourire énorme et émerveiller de voir ses petits bouts de choux se déchainer sur le gazon, tu es finalement déranger par un homme séduisant, grand et ténébreux portant un badge de journaliste. « Bonjour, je suis Matthew O’Connor, journaliste et j’aimerais beaucoup faire un article que l’école et le spectacle des petits. » Il était charmant mais tu reste méfiante. Les hommes, tu n’as plus confiance et tu es assez parano avec eux. Pourtant, ça fait déjà deux ans que tu as quitté ton ex violent. Contrairement à lui, il a toujours été doux, rassurant. Il est venue à chaque répétition des enfants, prétextant son article de presse pour ne pas avouer qu’il venait pour toi. Et puis, il a osé proposer un rendez vous. Tu ne voulais pas, il a su te faire céder. Et depuis, il a su conquérir ton cœur.

Matthew et toi, vous avez souvent l’habitude de vous faire des petites soirées en amoureux, mêlant une séance de cinéma et un restaurant, ou l’inverse. Vous aviez eu une grosses journée tous les deux alors tu es juste passé à la maison pour te changer, afin d’être présentable et vous aviez finalement prévu de passer par le restaurant et de rentrer ensuite. Mais quand, juste avant le dessert, il se lève tu ne comprends pas. « Abagail Sally Williams… veux-tu me faire l’honneur et le privilège, de devenir ma femme ? » Il est là, un genou au sol et les yeux poser sur toi. Une petite boite à la main avec une magnifique bague étincelante devant toi. Tu as le cœur qui a raté un battement quand il a finalement prononcé ses mots. C’était un rendez vous au restaurant simple, tu n’avais pas mise une robe hors de prix ou encore du maquillage qui aurait caché tes cernes mais tu ne t’attendais pas à une demande en mariage. Pourtant tu n’as aucune once d’hésitation et ton sourire s’élargit avant de hurler un grand « Oui… biensur que oui ! ». Les larmes aux yeux, tu lui sautes alors au cou et pose tes lèvres contre les siennes pour un tendre mais passionné baiser. Tu finis par reculer un peu la tête, posant ton front contre le sien le temps qu’il glisse à ton doigt la magnifique bague de fiançailles. A ce moment, tu repenses à tout ce que tu as subit, ce que tu as vécu avec ton ex petit ami, tout ce que tu a vu depuis l’accident de tes parents. La drogue, les coups, les hématomes sur ta peau. Mais aujourd’hui tout est finis, tu es heureuse et tu as enfin trouver l’homme qui sait te comprendre et qui te donne le sourire chaque matin. Au bout de cinq ans, tu te rencontre de la chance que tu as de l'avoir.

Tu fermes les yeux quelques instants, la tête dans la cuvette des toilettes à vomir tes tripes comme si tu étais malade. Pourtant, à part ses nausées horribles tu te sens bien. Les larmes roulant sur tes joues, tu n’arrives pas à t’arrêter. Mais tout cela a commencé il y a quelques jours déjà. Intoxication alimentaire ? Gastro ? Tu ne penses pas mais les nausées sont là et elles ne veulent pas s’arrêter. C’est pour cela que tu a fais quelque chose que tu ne penserais pas faire avant longtemps, pas avant ton mariage en tout cas. Il faut dire, avec les préparatifs, tu n’as pas vraiment pensé à tout cela. Tu soupire, te redressant enfin pour te mettre devant le miroir et l’évier afin de te rafraichir et de te brosser les dents. Enfin, un minuteur se fait entendre et tu tournes les yeux vers ce truc, ce machin qui est sensée te dire si ta vie va changer plus tôt que prévu ou non. C’est là, quand ton cœur se met à battre à tout rompre que tu te dis que tu n’aurais jamais du être seule pour cela. Mais c’est trop tard. Ta main tremble mais tu la tends malgré tout pour attraper le test que tu viens de faire. Tu soupires, tu respires fortement et tu sens ton cœur frapper contre ta poitrine de l’intérieur. Et finalement, le verdict, tu poses les yeux sur le résultat et tu murmure. « Je… suis enceinte. » Tu adores les enfants, tu travailles avec des enfants en bas âge mais tu n’as jamais imaginé un jour ta vie en étant maman, ni même la réaction de ton fiancée quand tu vas devoir lui en parler, ni même la réaction de ta famille. Voilà, tu paniques, tu secoues la tête et tu fais un exercice simple de respiration pour te calmer. Tu dois voir la réalité en face, tu vas être maman.