J’étais de ceux qui bossaient continuellement, il suffisait de me voir attablé avec mon ordinateur afin de s’en convaincre. Quittant mon écran du regard, pendant quelques secondes, je pris une gorgée de ma boisson tout en prenant une bouchée de mon sandwich et je revins à ce qui m’intéressait. Scrutant les données financières d’un de mes clients je remarquai vite fait qu’un truc clochait. Il dépensait trop, il se permettait des dépenses insensées, et il risquait fort de finir ses vieux jours sur la paille. De toute évidence j’allais devoir le discipliner un brin et lui faire entendre raison. Mais comment ce crétin pouvait-il avoir dilapidé près de 500 000 $ en tout juste six mois ? Je dois admettre que la situation avait de quoi me sidérer. Fermant les yeux, soupirant, je finis par sauvegarder les informations de ce dossier-client pour ensuite le fermer. Valait mieux passer à autre chose.

Il semblait avoir un peu plus d’animation, l’endroit commençait à voir davantage de clients passer le seuil de la porte, et il suffisait de regarder autour de moi pour réaliser que la plupart des tables étaient maintenant occupées.

Prenant une autre bouchée, et une autre gorgée de ma boisson, je m’apprêtais à plonger de nouveau mon regard vers mon écran lorsque soudain j’entendis une voix m’interpeller. Levant les yeux, et regardant autour de moi afin d’identifier à qui pouvait appartenir cette voix d’une douceur plus qu’agréable, je finis par pouvoir y apposer un visage. Effectivement mon interlocutrice ne m’était pas totalement inconnue.

Bonjour. Je crois bien que oui. Ne serait-ce pas au stade de football ?

Je m’en souvenais comme si c’était hier, je m’y étais présenté afin d’épier un jeune joueur afin de rendre service à l’un de mes amis, recruteur professionnel, et je ne lui avais pas dressé un portrait élogieux du jeune homme. Il faut dire que je n’ai jamais apprécier la désinvolture et la nonchalance chez un athlète et ce dernier ne semblait pas en manquer.

Regardant la jeune femme et lui adressant un sourire, se voulant tout aussi léger que subtil, je ne fus pas sans remarquer qu’elle venait de poser son sac au pied de cette table à laquelle elle venait tout juste de s’installer.

Dure séance d’entraînement ?

Victoria essayait de creuser dans sa mémoire afin de tenter de se souvenir de qui elle avait en face d'elle. Ce n'était pas quelqu'un qui fréquentait le milieu du lycée au sens propre du terme elle l'aurait déjà retenu en mémoire ... et mater surtout !
Non c'était une personne externe. Pas des membres politiques que sa famille pouvait côtoyer ou du moins elle n'en avait pas connaissance. Elle gardait son sourire au visage car malgré tout, elle avait une bonne sensation de cette personne.
Je ne savais pas si vous cernez ce que Victoria ressent mais parfois on rencontre ou croise une personne une fois et une sensation s'en dégage. Positive ou négative. Lui, ce mec hyper baraque, une montagne de muscles et pourtant à l'air si adorable, donnait une belle et bonne impression.
Les mots qui s'échappèrent de la bouche de l'inconnu lui confirmèrent ses pensées. Au stade. Il devait venir peut être voir quelqu'un de sa famille ? Ou un entraineur ? La seconde option ne l'étonnerait pas.. Hâte d'en savoir plus sur lui.

" C'est fort probable ! Si c'est au lycée, j'entraine l'équipe des cheerleader de mon lycée ! "

Victoria écarte un peu son pull pour laisser voir l'inscription de son haut d'entrainement. Elle sourit et remit son pull. Elle se laissa tomber sur une chaine qui se trouvait entre les deux tables et croisant les jambes, posa son coude sur la table et logea son menton dans le creux de sa main. Elle braqua son regard sur l'homme assit en face d'elle et répondit à sa question.

" L'entraînement n'est pas encore commencé ! J'y vais après avoir faire le plein. Et vous alors humm... "

Elle se rendit compte qu'elle ne connaissait pas son prénom et qu'elle même ne s'était pas présentée. Elle se redressa, toute droite, bascula sa crinière en arrière et tendit sa main vers son interlocuteur.

" Je m'appelle Victoria. Victoria O'Connor, enchantée de pouvoir faire officiellement connaissance plutôt qu'une entrevue. Et vous ? Que faites vous à Marple Spring ? "

Vic connaissait tout le monde et cette personne ne devait pas être là depuis si longtemps que cela. Du moins sa fréquentation au lycée de Marple Spring devait être récente.
Elle sirota son jus de fruit mixés en mettant la paille aux lèvres.

Je dois admettre que la jolie jeune femme avait ce léger je ne sais quoi dans le regard, et dans la voix, qui faisait en sorte que l’on ait envie de mieux la connaître. J’étais persuadé qu’elle était plus qu’une jolie jeune femme ; je pouvais me tromper, d’ailleurs j’étais loin d’être infaillible, mais je dois admettre qu’elle me laissait une impression des plus favorables. La discussion tournant autour de là où nous pourrions nous être rencontré pour la toute première fois j’eus un large sourire lorsqu’elle confirma mes propos.

Voilà c’était au stade du lycée, j’y avais observé le quarter back de l’équipe afin de donner mon avis à un ami recruteur pour une importante université mais, comment dire, mon rapport n’a pas été des plus élogieux.

Ne perdant pas un seul instant je la regardai prendre place à ma table, après l’avoir invitée à m’y rejoindre, et je souris en entendant cette réponse qu’elle venait d’apporter à cette question que je lui avais précédemment formulée.

D’accord, je vois. Pour ma part je dois aller rencontrer un client donc, comme je n’ai que peu de temps devant moi, j’ai décidé de venir prendre un petit déjeuner rapide tout en parcourant mes dossiers. J’aurais l’air idiot de me pointer sans une bonne préparation.

L’écoutant se présenter, je ne fus pas sans lui sourire, elle s’exprimait avec énormément d’éloquence pour quelqu’un de son âge ; j’allais donc tenter de me présenter à mon tout et répondre aux quelques questions qu’elle venait de soulever.

Enchanté Victoria, c’est un réel plaisir de faire ta connaissance. Je lui souris de nouveau avant de reprendre. Je m’appelle Evan Terini. Effectivement c’est plus agréable et surtout moins formel. En fait j’habite à Marple Spring. Cela faisait déjà plus de huit ans que j’y résidais. Je passe le plus clair de mon temps à effectuer des allers-retours entre Marple Spring et Detroit c’est probablement ce qui explique que l’on ne se croise pas fréquemment.

Prenant ma boisson je finis par la porter à mes lèvres je dois admettre que je commençais à avoir soif.