On m’a bien longtemps dit « Ambre regarde le bon côté des choses. » Je l’ai pas aussi bien vu que je l’aurais voulu. En fait je suis née à Boston le premier Octobre. Ce n’était pas ce qui était prévu initialement. En faite je suis arrivée beaucoup trop tôt. Ma mère, une grande artiste réputé de Boston, me donna la vie à six mois et demi de grossesse à peine. Ce fut une première grande épreuve dans ma vie. Je ne m’en rappelle pas forcément j’étais encore plongé dans l’insouciance. Ma mère a tenu un journal depuis le jour où elle a été hospitalisé en urgence et ce jusqu’à ce que je sorte dans ces bras de la clinique.

J’y ai lu beaucoup de choses. Une grossesse difficile, un accouchement que ma mère jugeait de « volé » c’était dur de rester insensible à ce qu’elle avait écrit… En tout cas, une chose était sûre, j’étais une petite fille plus que désirée et aimée. Une fois la barre symbolique des trois kilos dépassée, je pus connaitre autre chose que les murs blancs de l’hôpital.

De mes trois mois jusqu’à mes sept ans, j’eu une enfance heureuse, jouissant d’une complicité familiale baignée de plus d’amour qu’il n’en faut. Le propre de l’être humain est de dire quand rien ne va, j’ai plutôt tendance à voir le verre à moitié plein et jouir du bonheur qui m’a été offert ! Profitant de la vie, jouant en toute innocence. J’avoue avoir été une petite fille assez simple à vivre sans être totalement toute rose hein, comme tous les enfants je faisais des caprices, je tentais les limites… Une enfance normale en soit ! Des amis, l’école la famille, un train-train quotidien des plus normal.

La normalité s’échappa quelques mois après mon septième anniversaire. Ma vu commence à se troubler par moment, j’ai du mal à lire le tableau à l’école, du mâle à me relire toute seule et quand je me forçais cela me flanquait des maux de tête foudroyant. J’en fis part à ma mère le plus naturellement du monde, ce changement me perturbe. Naturellement on m’envoya consulter une ophtalmologue. Ce dernier expliqua à ma mère que ce n’était rien de grave que des lunettes suffiraient et me voilà avec ces machins sur le nez.

Dans les premiers temps qui suivirent, elles me suffisaient. Mais plus j’avançais dans l’âge et plus je me rendais compte que ce petit problème banal n’en était pas un. A l’âge de douze ans, mon père excédé de voir que le temps n’améliorait en rien ma vision m’envoya chez un grand dans le métier. Traitant l’ancien d’escroc à la moindre occasion. On me fit faire mille et un tests, mille et un examens qu’à force je ne savais plus vraiment à quoi il servait mais le grand ponte, lui, le savait. Ce fut quelques mois plus tard qu’il me convoqua avec mes parents. Je me rappellerais toujours de ces mots à notre entrée. « Ce que je m’apprête à vous dire n’est pas simple. » je me souviens alors de cette tension plus que palpable dans la pièce. Il nous expliqua tout ce qu’il y avait à savoir. Le couperet qui oscillait au dessus de moi depuis l’âge de mes sept ans venait de me tomber dessus. Je finirais mes jours dans l’obscurité la plus profonde. Je ne verrais plus. C’était génétique, une malformation qui malheureusement pour mon avenir serait héréditaire. A l’âge de douze ans on ne comprend pas forcément tout et comment expliquer à ce moment là que mon rêve de devenir vétérinaire était fortement compromis, comment comprendre que si je devais avoir des enfants ils finiraient leur vie avec cette même tare que je portais au plus profond de moi ?

L’ophtalmologue mais laissait une dizaine d’année avant d’être atteinte de cécité complète. Dès lors je me décidais de vivre ma vie à fond, de voir les choses les plus belles tant que je le pouvais encore ! Lors des vacances qui suivirent mon père m’envoya à Paris accompagnée de ma maman. Le Louvre, la tour Eiffel, ce sont des choses qui ont laissé une marque indélébile dans ma mémoire. Mon père me paya les plus beau voyages qu’on puisse payer à une jeune fille, Venise, Rome, le Caire, Moscou, Pékin, Sydney. Beaucoup de ville que j’ai pu voir et au quel j’ai vu les magnifique monuments. Je n’ai jamais assez remercié mon père pour ça ! Je pense que quelque part il devait s’en vouloir de ce qui m’arrivait, bien que je savais pertinemment que ce n’était pas sa faute.

A l’âge de treize ans, j’ai pu vivre une autre expérience comme les autres en vive. J’ai rencontré un jeune garçon de trois ans mon aîné. Pour moi c’était l’homme parfait, mais pour lui je n’étais qu’une gamine sur son tableau de chasse. J’étais trop naïve à cette époque, je le suis toujours mais un peu moins. Il a longuement voulu que je m’offre à lui, mais ma douceur et ma naïveté ne pouvait concéder à lui offrir ce qu’il cherchait. Je pensais qu’il me comprenait… Je l’aimais, si bien que je lui confiais ma maladie. La encore il semblait me comprendre. Du moins c’est ce que je pensais.

Après un an de relation avec lui, j’acceptais de me livrer à lui toute entière. Un moment pour lequel je ne garde pas de bon souvenir malheureusement. Mais il était content, et moi de mon côté j’étais sûre qu’il s’agissait de l’homme de toute ma vie. Stupidité que de penser cela. Alors que ma vision se plongeait petit à petit dans la pénombre la plus obscur, je le sentais se détacher de moi. Certaines copines à moi disaient qu’il n’était pas sincère, d’autre fille plus vieille riait sur mon passage. Je me décidais, après un mois qu’il m’évitait, de crever l’abcès. La vérité fait souffrir, celle qu’il me cracha au visage l’était encore plus ! Il avait fait un pari avec ces amis, ceux que j’avais appris à connaitre au travers lui. Un stupide pari… Celui de se taper la future petite aveugle de l’école. Il ne m’aimait pas. Il ne m’avait jamais aimé.

J’en fus détruite. Anéantie. Mon ophtalmologue fut catégorique quand trois mois plus tard la cécité me prit intégralement. Ma peine. Ma tristesse immense avait été un facteur qui avait aggravé ma tare. Il m’avait dit que je ne finirais pas aveugle avant mes vingt ans. Ce garçon m’avait volé six ans de vision du monde avec ces bêtises. Comme je n’avais rien caché à mes parents, mon père se décida de le trouver et de le lui faire payer malgré notre refus à ma mère et moi. Oh, il ne le tua pas, mon père n’était pas ce genre d’homme mais ces relations d’affaire l’avait entrainé à côtoyer des hommes pas forcément très recommandable. Quelques mois plus tard, les journaux de Boston affichait à leur une, avoir épinglé et démantelé un réseau de trafic de drogue et d’arme. Le nom de ce garçon en faisait parti. Les perquisitions chez lui avait permis aux enquêteurs de retrouver prés de dix kilos de drogue et trois armes non enregistrées.

Mon père m’avait vengé, mais il était bien trop fier pour l’avouer…

Peu de temps après cette affaire je fus déscolarisée totalement. Ma mère me mis en relation avec beaucoup d’association, de manière à m’apprendre à vivre dans le néant. J’ai pu apprendre à lire le braille, aidé par divers objets j’arrivais à garder mon autonomie, et plus les jours avançaient plus j’arrivais à prendre le dessus, je me faisais à mon monde et chacun de mes faits et geste était calculer. Je savais le nombre de pas à faire avant d’arriver de l’entrée de chez moi jusque dans la cuisine, je savais le nombre qui me séparer de ma chambre, mon lit superposé avait cédé la place à un lit normal. Mes parents avaient tout fait pour faire en sorte que ma vie soit facile. Une fois encore je ne les remercierais jamais assez pour ça.

Une fois la maitrise de tout ça, je pu reprendre une scolarité quasi-normal, mais je devais changer mes plants d’avenir. Etre aveugle et vétérinaire, ce n’était tout simplement pas compatible. Après divers recherche je fus en état de dire ce que je voulais faire de ma vie. Etre avocate. A cette époque je voyais le côté rose du métier. Défendre des innocents contre des vilains méchants était ce qui me motivait. J’ai donc travaillé très dur pour ça !

A l’âge de dix-huit ans, mes diplômes en poche, je fus admise dans une prestigieuse école de droit ou tout semblait me sourire. Mon père me loua un appartement, l’école fit éditer mes livres en braille, et l’association qui me suivait depuis le début de ma cécité accéda à ma demande de chien-guide. Tout me réussissait ! Sauf l’amitié, et encore moins l’amour ! Je m’étais refusée de faire rentrer tout homme dans ma vie la seule expérience fut tellement catastrophique que je ne leur faisais plus confiance.

Par le plus grand des hasards lors de ma deuxième année d’étude une jeune fille insista pour s’installer à mes côtés dans l’amphithéâtre. Je me rappelle lui avoir répondu de manière peu courtoise « Si tu n’as pas peur que je te contamine fait comme tu veux. » Depuis ma première année, les autres me fuyaient. Elle, elle avait rit à mes mots si bien que j’en fus réellement déstabilisée.

J’étais à mille lieux de penser que cette fille allait me faire découvrir une nouvelle facette de moi-même. Ce fut le début d’une amitié, mais aussi d’une relation plus fusionnel. Elle me fit connaitre cette facette de moi que je ne connaissais pas. Elle me fit reprendre confiance en ces sentiments que je taisais au plus profond de moi. Ce fut avec elle que je compris que les hommes n’étaient pas faits pour moi, et que les femmes me captivait. La première femme de ma vie.

Un an après nous emménageâmes ensemble. Et le noël qui suivit je m’étais décidée à inviter mes parents, leur révéler ce que je taisais depuis une année. Un magnifique repas fait par ma compagne qui fut appréciée par mes parents à mon plus grand soulagement. Ma mère m’a toujours dis après ça « Ce que nous voulons c’est que tu sois heureuse ma fille » cela m’a toujours soulagé d’entendre ça et même de me le remémorer.

Mes diplômes en poche, je souhaite déménager à Boston où un poste venait de se libérer et m’acceptais. Mais ma compagne venait de se voir offrir un poste à New York. Nous avions envie de continuer notre relation, mais le travail commençait à nous séparer. Je suis retournée à Boston, elle est restée à New York. Dans les temps qui suivirent, nous continuions à nous appeler régulièrement, à nous voir quand nous le pouvions, mais les choses n’étaient plus pareil et ne serait sans doute jamais plus les mêmes.

Notre relation cessa après deux ans ainsi, pour elle comme pour moi les choses avaient trop changé pour que nous restions ainsi. Malgré tout, nous avons gardé un contact très étroit et très complice. Elle a retrouvé quelqu’un à New York, et de par t les aléas de la vie viennent à se construire sa propre famille. Pour ma part, je faisais mon bonhomme de chemin à Boston. Travaillant dur pour me forger une bonne réputation. Dès que j’en eus les moyens je déménageais de chez mes parents vers une maison de banlieue de plein pied avec mon chien et fidèle ami. Traçant ma route professionnellement et amicalement, laissant de côté le cœur. C’était une vie qui me convenait.

J’eus à faire à de très grande affaires dans le cabinet d’avocat dans lequel j’étais et plus le temps passé plus je prenais de l’expérience et plus j’étais reconnu. Professionnellement j’arrivais quasiment à mon apogée. Malheureusement la vie et viens et ma mère vient à tomber malade. Le crabe l’avait contaminé. J’ai tenté au début de concilier ma vie professionnelle et la maladie de ma mère, mais je me suis vite rendu compte que cela n’était pas compatible. J’ai décidé de prendre un congé temporaire pour être à ces côtés. J’étais avec elle du début jusqu’à la toute fin. Mon père avec moi. J’avais trente ans quand elle nous a quittés. Elle venait de fêter ces soixante huit ans. D’aucun dirait que c’était une belle vie, moi je trouvais ça jeune…

Après ça j’ai repris le travail normalement. Mon père suite au décès de ma mère pris sa retraite. Il avait de toute façon les moyens de le faire. Ce qu’il voulait maintenant c’était profité de la vie en ma compagnie, nous nous voyions régulièrement, des fois je lui emmener des plats de mon cru, d’autre fois c’était lui, notre relation évolua de manière beaucoup plus fusionnel.

A l’âge de trente-huit ans, mon père et moi avons eut la peur de notre vie. Je marchais tranquillement dans la rue avec mon chien. J’avais l’habitude de marcher là. Je connaissais tous les recoins de tête. Alors que je m’apprêtais à traverser quand une voiture grille le feu jour et ce fut comme un jeu de quille. Sauf que les autres passant avait pu voir la chose se faire moi pas. L’accident inévitable se produisit. La voiture nous tapa mon chien et moi-même. Et alors que je m’égosillais dans des « Aidez-moi » j’entendais tout le monde parler et hurler autour de moi mais personne ne bougeaient. J’appelais mon chien à plein poumon sans que je ne le sente à mes côtés. J’étais en panique. Une jeune femme brisa la cohue à mon oreille. Je sentis qu’elle me posait quelques choses sur moi, sans doute une veste et tentais de me réconforter. Je fus transférée à l’hôpital le plus proche. Je m’en tirais globalement bien, une fracture de la cheville et une cervicale déplacé. Mon chien lui n’avait pas survécu au choc. Ce fut cette douce jeune femme qui me l’annonça. Elle m’avait suivit jusqu’à l’hôpital et avait tenu au courant mon père de ce qui s’était passé.

Elle laissa son numéro à mon père pour qu’il la tienne au courant de mon état, il me la décrivit longuement… Le lendemain elle fut de retour dans ma chambre avec un bouquet de fleurs. J’avais apprécié son geste, elle m’avait avoué avoir été quelque peu maladroite mais pour mettre fin à son malaise je lui avais demandé de me les décrire. En fait j’avais été touché par son geste. A ma sortie de l’hôpital et sur les conseils de mon père je l’avais recontacté pour l’inviter à prendre un verre en ma compagnie et pour la remercier. Nous avons longuement discuté et ce que j’avais laissé longtemps de côté venait de ressurgir. J’avoue m’être prise très rapidement d’affection pour elle.

Cette aventure nous a rapproché elle et moi, si bien que j’ai fini par briser sa carapace et qu’elle accepta mes avances. Ce fut ma deuxième relation, une relation qui comptait beaucoup pour moi une foi encore. Après tout j’ai toujours été quelqu’un d’entière quand j’aime je ne le fais pas à moitié. Nous avons rapidement décidé d’emménager ensemble. Quelque mois plus tard et avec son aide je pu à nouveau remarcher comme avant et un nouveau chien vient rejoindre notre nid d’amour. Mon père était aux anges, cette vie de famille que nous ne formions qu’à deux finir par se transformer en une vie à trois. Oh il n’est pas étouffant avec nous loin de là. Il aimait ma compagne comme si elle était sa propre fille et quelques parts c’e n'était pas plus mal. Quand sa famille à appris sa relation avec moi, ils ont tout simplement décidé de couper les ponts. Une fille bisexuelle, ça n’avait rien à foutre parmi eux… Tel était leur mot. Je n’ose pas imaginer ce qu’il dise de moi dans notre dos.

Un jour elle m’annonce qu’elle est mutée à Marple Spring. C’est sans aucune hésitation que je me décidais à mettre ma maison en vente, et à en chercher une autre avec elle. Avec les fonds que j’avais pu amasser, j’allais mettre un projet que j’avais longtemps remisé au placard sur mon bureau. En plus de la maison j’avais trouvé un cabinet libre pour m’y installer en tant qu’avocate à mon compte là-bas.

Nous avons donc déménagé là-bas, nous éloignons à regret de mon père. Mais c’était pour moi une façon de ne pas reproduire la même erreur que j’avais déjà fait. Je la suivais par amour. Nous nous sommes donc installé à Marple Spring, il m’a fallut longtemps avant de prendre mes marques dans cette nouvelle ville. Mais j’ai fini par y arriver, aidé par mon chien et ma femme. Cinq ans maintenant de bonheur, travaillant dans des choses qui me plait, voyant mon père quand il se décide à venir nous voir. Ce fut un nouveau départ pour nous, mais un départ réussi.