« Tu quoi ? » Je le regardais avec de grands yeux tandis que lui affichait un sourire fier. « Je m'engage dans l'armée. » me redit-il toujours aussi heureux. Mon frère partait pour l'armée ? Mais qu'est-ce que j'allais devenir moi sans lui ? Qui va m'aider à faire mes devoirs quand il n'y aura personne à la maison ? Qui est-ce que je vais réveiller à 9h du matin par téléphone le dimanche ? Les larmes commençaient à me monter aux yeux. Je n'étais qu'âgée que de onze ans mais je savais très bien ce que cela voulait dire, il pourrait mourir à n'importe quel moment. « Je veux pas que tu y ailles ! Reste ici, je t'en supplie ! » Soudain, son sourire s'effaça et il me prit dans ses bras. « Je reviendrais vite, promis. » Je soupirais tandis que les larmes perlaient sur mes joues silencieusement.

« Kylie, trois patients t'attendent ce matin, et t'as pas fini... » Je levais les yeux au ciel, je vais à peine de rentrer dans l'établissement qu'on me harcelais déjà. Tant pis pour mon café. Je soupirais et enfilais ma tenue de travail. Je mis mon stétoscope autour de mon cou, prenais un stylo et filais. Premier patient, monsieur Miller. Oh non... Pas lui. Il vient souvent parce qu'il a trop bu et ses enfants ne savent plus quoi faire de lui. J'arrive devant le lit où se trouve mon patient et je commence de l'osculter tout en engageant la conversation. Soudain, une de mes collègues arrive en courant. « Kylie, je m'occuper de monsieur Miller, on a besoin de toi en salle 4. » Je fronce les sourcils et pars, généralement, pour qu'elle soit comme ça, c'est que ça doit être assez grave. J'entre dans la salle où se trouve un homme dans un sale état. « Bonjour. » Je m'approche du lit et je constate qu'il est même sacrément amoché. Il me salut ensuite, un léger sourire aux lèvres. « Je vais vous faire des points de suture sur votre main, puis je vais m'occuper de vos plaies sur la lèvre et l'arcade, je vais vous devoir demander de ne pas bouger pendant quelques minutes. » Il hôcha la tête tandis que je préparais tout ce dont j'avais besoin. Je commençais ensuite à le recoudre. « Comment vous êtes vous fait ça ? » finis-je par demander après quelques minutes. « Je me suis battu... » dit-il simplement. Je le regardais, il ne semblait pas regretter une seule seconde. Je restais cependant neutre. « Vous savez que la violence n'est pas la meilleure des solutions. » Il haussa les épaules mais je lui fis signe de ne pas bouger. Je finissais de lui recoudre sa main puis je m'occupais de ses plaies. « Au moins, je vous donne du travail. » déclara t-il. J'écarquillais légèrement les yeux, surprise. « Ah parce que vous pensez que je n'ai pas d'autre patient qui attendent ? J'en ai encore trois qui ont besoin de soins, vous n'êtes pas le centre du monde. » Oui je m'étais légèrement énervée, mais ce genre de patient m'énervais au plus haut. Je terminais de le soigner et j'enlevais mes gants. « Je voulais pas vous énerver, je suis désolé. » Je ne répondais pas, préférant ne rien dire. Je soupirais légèrement tandis qu'il se levait. « Merci pour les soins. » Je plantais mon regard dans le sien, puis ouvrais la porte. « Je vous laisse vous diriger vers le secrétariat, ils vous donneront les papiers. Je vous revois dans une semaine. Bonne journée. » Sur ce, je tournais les talons et continuais ma journée.
« Je m'en vais, à demain ! » déclarais-je à mes collègues. Je mettais ma veste et passais devant Miranda, celle qui se trouvait à l'accueil. « Kylie attend ! Un de tes patients m'a donné ça pour toi. Il était plutôt pas mal je dois dire. » J'arquais un sourcil surprise et dépliais le papier. « Charmant certes, mais c'est un véritable casse pied. » Je n'en revenais toujours pas qu'il m'ai laissé son numéro. Je jetais le papier dans la poubelle la plus proche et sortais. Je mettais mes gants ainsi que mon bonnet et continuais mon chemin. Sauf que, un homme me prit par le bras, j'allais me défendre lorsque je le reconnus. « Vous. » Il souriait tandis que moi, je me contentais de rester neutre. « Je savais que vous n'alliez pas garder le papier, ni me contacter, alors je suis directement venu à vous. » Je soupirais dans le genre collant, on pouvait pas trouver mieux. « J'ai terminé ma journée, si vous avez besoin de renseignements, je vous laisse aller à l'intérieur. »Il secoua la tête. « Non, c'est pas ça, je voulais savoir si vous accepteriez de venir boire un café, afin de m'excuser de mon comportement de tout à l'heure. » Quel culot. Je le regardais, ne décrochant pas un sourire. « Ecoutez, je vous ai soigné, je ne vous connais pas, vous êtes un de mes patients et de plus, je suis épuisée. Je vais devoir décliner l'offre, désolée. » Je me remise en route et entrais à l'intérieur de ma voiture. Je démarrais et pris la route afin de rentrer chez moi.

« Tu quoi ? » Cette scène vous rappelle quelque chose ? Moi aussi puisque je l'ai vécu il y a dix ans. « Je vais m'engager dans l'armée. » Ça, je l'avais bien compris. Je le fusille du regard et soupire. Je ne pouvais rien y faire, je savais très bien que lorsqu'il avait une idée en tête, il était impossible de lui enlever. Je me blottis alors contre lui tout en soupirant. Cet homme ? Eh bien, je l'ai rencontré il y a six moix, vous savez lorsqu'il m'a dit " Au moins, je vous donne du travail. " Eh oui, je suis actuellement en couple avec lui, qui l'aurais cru ? Et pourtant, je suis très heureuse, sauf lorsqu'il m'annonce des choses comme celle-ci. « Je reviendrai vite, promis. »


Trois mois auparavant.
« Oui, il rentre ce soir, j'ai tellement hâte de le revoir, attend deux minutes, on sonne à la porte. » Je posais le téléphone et allais ouvrir. Un sergent se tenait devant la porte, un air grave sur le visage. Oh non... Je savais ce que cela voulait dire. Il me tendit une enveloppe. « Je suis désolée Mademoiselle Grey. » Je secouais la tête, comme si j'allais me réveiller. C'est impossible, il ne peut pas être... Et pourtant, l'évidence était là devant moi, sur ce bout de papier. Il est mort. Mon cœur se sert et j'ai l'impression que je perd pied. Les larmes coulent sur mes joues tandis que je hurle de toute mes forces. J'ai l'impression que je vais devenir folle. « Vous mentez, il n'est pas mort ! Je vous déteste ! » Je frappe le sergent de toutes mes forces tandis qu'il essaie de me calmer. Je déteste l'armée. Je le déteste d'être parti. Je les déteste tous.

Aujourd'hui.
Cela fait trois mois que j'apprend à vivre sans lui, il me manque énormément et je pense à lui tous les jours. Cependant, je dois partir de Santa Monica afin de rejoindre mon frère qui est parti pour Marple Spring. Cela ne peut que me faire du bien, repartir sur de nouvelles bases, m'éloigner un peu de tout ces mauvais souvenirs.