J’allais finir folle. J’allais vraiment finir folle si je ne trouvais pas enfin la bonne teinture pour restaurer cette foutue œuvre venue d’Italie expressément pour moi. Enfermée dans mon bureau au musée de Marple Spring, je contemplais l’œuvre d’un air hagard. Je n’en pouvais plus. Il fallait que je sorte, que je m’amuse un peu. Ma nièce pourrait peut êtres partir avec moi même si traîner avec sa tante de trente trois ans c'est trop la loose d’après elle. Je me ravisais alors avant de lui envoyer un texto. Je me dis alors que je pouvais appeler Charlie. Cela faisait quelque temps que je n’avais pas vu mon meilleur ami et je devais bien avouer qu’il me manquait énormément. Je prenais donc mon téléphone et j’écrivais rapidement à l’homme : « Libre ce soir ? La peinture me sort par les yeux. Un karaoké te dirait ? Bisous mon chou. » Je me relisais avant d’envoyer le mot. Je déposais mon téléphone sur mon bureau avant de me remettre au travail. La réponse de mon meilleur ami ne tarda pas à se manifester. Je souriais en lisant sa réponse avant de déposer mes pinceaux. Tant pis je finirais plus tard. Je prenais la toile pour le remettre dans son étuis. Une fois l’opération délicate passée, je sortais du bureau avec le colis sous les bras. Le conservateur du musée me regarde et je lui faisais un grand sourire lui signifiant que s'il venait me voir pour m’interdire de sortir le tableau des murs du musée je lui grognerai dessus. Heureusement pour lui, il ne me fit qu’un petit signe de main. Je sortais donc du musée et je rentrais directement à mon loft. La bas, je me changeais. Une jolie robe, des talons hauts, une maquillage léger et une coiffure tendance. J’étais prête il ne manquait que mon cavalier du soir. En attendant l’arrivée de Charlie, je branchais mon ordinateur et plus particulièrement YouTube. Je lançais toutes les chansons du moments françaises histoire de me tenir un peu au courant de ce qu’il passait sur les ondes dans mon pays d’origine. J’écoutais attentivement les paroles tout en sortant la toile de son étuis. Je la déposais sur mon chevalet puis je m’asseyais devant. Je la regardais attentivement jusqu’à ce que ça soit une évidence pour moi : il fallait une touche de bleu dans ce rouge pour qu’il soit parfait. Je me remis au travail en attendant. Quand Charlie arriva devant mon immeuble, il klaxonna comme il le faisait habituellement. Je me levais de devant ma toile, passais mes mains sous l’eau, prenais un torchon pour me les essuyer puis je descendais les escaliers rapidement histoire de ne pas trop le faire attendre tout de même. En rentrant dans la voiture, je me penchais vers lui pour lui faire une bise.

« Comment vas tu chou ? Je ne t’ai pas trop fait attendre j’espère ! J’ai enfin trouvé ce rouge qui m'insupporte depuis quatre heures ! »

Je me mis à rire devant son regard.

« Pardon. Je ne parle plus de travail pour ce soir promis ! Comment vas tu ? »

Je m’attachais et j’attendais qu’on se mette en route pour le karaoké.

« Au fait le karaoké ça te va ? Je pense les bassiner en ne demandant que des titres français. »

Je lui faisais un petit clin. Il n’y avait pas beaucoup de monde depuis mon divorce avec qui je me sentais totalement bien et Charlie en faisait partie pour mon plus grand bonheur.

Une petite soirée avec mon meilleur ami c'était toujours ma recette miracle pour que j'aille mieux. C'était d'ailleurs pour cela que j'avais envoyé un texto à mon chou. Oui j'aimais bien donner des surnoms à mes amis et pour Charlie c'était chou parce que je trouve que ça lui va parfaitement bien. Descendant les escaliers de mon immeuble quatre par quatre, je me dépêchais de monter dans sa voiture pour qu'il ne soit pas ennuyé par d'éventuel voisin qui voudrait partir de devant l'immeuble. Je lui demandais s'il allait bien.

« "Ça va bien, et toi ? Oh t'inquiète pas, si tu veut me parler de ton travail, te gène pas. »

Je tournais la tête vers lui et je souriais. Je bouclais ma ceinture et j'attendais qu'il démarre avant de me détendre un peu. J'avais passé une semaine assez difficile. J'avais revu Harley, mon travail me gonflait un peu – enfin surtout cette histoire de peinture – j'avais participé à mes associations mais voilà que je me retrouvais seule à gérer plusieurs missions. Bien sur pour moi c'était un peu mieux parce que comme ça je m'arrêtais de penser à tous mes tracas. Pour finir le tout, Chloé, ma nièce, s'était installée à la maison parce que son père craint d'après elle. Louis avait une totale confiance en moi et comme j'aimais énormément ma nièce j'étais très heureuse qu'elle s'installe avec moi. Comme ça, je pensais à autre chose. Cependant ce soir, je voulais sortir et du coup Charlie était l'heureux élu de mon cœur pour la soirée bien entendu. Je prenais une grande inspiration et je décidais à me lancer.

« Et bien ma semaine n'a pas été des plus chaotiques. Tout d'abord j'ai ma nièce qui est venue vivre avec moi parce que son père craint. Du coup j'ai une colloc' mais comme c'est une ado je te laisse deviner l'ambiance. Après je ne trouvais pas la bonne peinture pour ma nouvelle toile et du coup j'ai crisé pendant deux jours avant de la trouver. Et pour finir, j'ai revu Harley. Mais je ne veux pas en parler. »

Charlie savait que j'avais énormément souffert de ma séparation. Il savait que j'avais eu un accident de voiture aussi dans lequel j'avais failli perdre la vie et il était le seul à savoir que j'avais souhaité mourir lors de cet accident. Je le regardais et je prenais une grande inspiration avant de lui dire que je voulais aller chanter en français dans un bar américain. L'idée semblait lui faire plaisir.

« Karaoké ? Parfait. On va leur montrer que les Français savent faire de la musique. »
« Les français sont les meilleurs voyons c'est bien connu. »

Je lui souriais et j'attendais qu'il m'ouvre la porte. Il était vraiment un gentleman.

« Gentleman.... Attention chou je vais faire des jalouses ! »

Je me mis à rire et nous rentrâmes dans le bar. Nous nous installâmes à une table et je nous commandais deux boissons. Je le regardais droit dans les yeux.

« Alors chou que me racontes-tu ? Ça fait longtemps que nous ne nous sommes pas vus. Et pitié je ne veux pas parler de Harley. »

Je prenais mon verre et je buvais une longue gorgée. Il savait très bien que quand je disais que je ne voulais pas parler d'un sujet c'était que je voulais justement en parler. Nous étions un peu en avance pour la karaoké. Nous aurions tous le temps nécessaire pour parler. Nous pourrions aussi manger avant de chanter.

Je n'étais pas à mon aise parce que je me disais que j'aurai dû avoir de nouvelle rencontre avec Harley. J'aurai dû revenir à Marple Spring pour les bonne raison à savoir mon frère, ma nièce et mon meilleur ami. J'avais un peu honte de les avoir oublié. De plus j'aurai dû revenir ici avec Arthur. Je me sentais vraiment seule ici.

« Tu l'as revu ? »

Je tordais du nez. Je regardais mon meilleur ami avant de baisser les yeux dans mon verre de vin blanc. Je ne savais pas comment aborder le sujet.Ma vie était plutôt compliquée en ce moment. J'avais revu Harley oui et même si j'avais été troublée de le revoir mes pensées étaient allées presque immédiatement vers Arthur. Cela faisait pourtant près d'un an que je ne lui avais plus parlé. Je m'étais alors demandée si j'avais fait le bon choix. Je ne regrettais de mettre rapprochée de ma famille. Soan et Chloé étaient bien trop importants pour moi pour que je reste aussi longtemps loin d'eux mais je m'en voulais de ne pas avoir insisté pour qu'il vienne avec moi. Peut être que je devrai lui envoyé un texto. Je soupirais une nouvelle fois et je relevais les yeux vers mon meilleur ami.

« Oui je l'ai revu et ça c'est pas trop mal passé. Finalement c'est mieux qu'on ne soit plus ensemble. Il est devenu totalement antipathique. Je l'ai revu. J'ai pu constater qu'il est en vie et voilà. J'ai vu ce que je voulais voir. »

Je souriais à mon meilleur ami et je tendais ma main sur la table pour attraper la sienne. Une fois que j'avais sa main dans la mienne je m'amusais à dessiner dessus du bout des doigts. Je gardais le silence et à vrai dire ça ne me ressemblait pas du tout. Charlie était patient. Il savait que je n'allais pas tarder à parler. Il me connaissait très bien. Je relevais les yeux vers lui.

« Je crois que je n'aurai pas dû revenir à Marple Spring ou du moins pas toute seule. Arthur me manque énormément. Je me demande si je ne vais pas retourner à Paris quelques jours pour le retrouver. »

Je lui souriais et j'attendais son conseil. Le serveur revient vers nous et nous décidâmes de prendre des assiettes à partager plutôt que des plats particuliers. Je le regardais droit dans les yeux et je prenais mon verre pour en boire une gorgée et je lui lançais :

« Et toi que me racontes-tu ? On ne va parler de moi toute la soirée quand même. »

Je lui faisais un petit sourire en coin. Chacun son tour pour les confidences.