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Marple Spring n’était pas une grande ville et s’est précisément pour cette raison que je m’y sentais bien et heureuse. Ici, tout le monde se connaissait, mais personne ne se jugeait. Lyon, est peut-être une très belle ville, c’est ma ville, pourtant, je m’y suis toujours sentie comme une étrangère. Je marchais dans les rues en étant invisible. A Lyon comme dans n’importe quelle grande ville, c’est chacun pour soi. Personne ne te voit. Personne ne fait attention à toi. A dire vrai, même dans mon quartier ou pourtant tout le monde se connaissait, c’était la même chose. Oh, je n’ai rien à me reprocher, car j’ai la satisfaction de savoir qu’il en est de même pour mes parents. Eux qui prenaient un malin plaisir à faire comme si je n’existais pas, n’existent pas dans leur propre quartier, tout simplement parce qu’ils vivent en ville et qu’en ville, tout le monde se fiche de tout le monde, tout le monde ne pense qu’à sa petite personne. A Marple Spring, c’est différent et c’est justement ce qu’il me plait. Bien sûr, je ne connais pas tout de la ville, mais j’ai encore tout le temps de la découvrir puisque je ne suis pas de passage ici. J’acquiesçais avec un sourire sans trop savoir quoi ajouté. Je n’avais vu qu’un seul festival en ville et il y avait eu un mouvement de foule. Depuis, je l’admets, je ne m’étais pas rendu aux autres. Un tort sans doute, mais je suppose que lorsque j’aurais mis un peu d’argent de côté, suffisamment pour pouvoir avoir mon propre logement et un meilleur travail, alors, je ferais un peu plus attention à ce qui se passe dans cette ville. Déjà et c’était énorme, on me reconnaissait dans la rue, les habitués du Sushi Bar m‘appelaient par mon prénom et ça me faisait un bien fou. Je plissais le nez à la suite de sa remarque. » en fait, je n’ai pas beaucoup fait de tourisme non plus. J’ai déjà vu quelques magasins, mais rien de plus. » que j’explique alors. Il est vrai que le tourisme, ça n’était pas vraiment mon truc. « Oui, ça se passe bien. Je bosse dans un petit restaurant ou je fais pas de rencontres ! » que je réponds. Certes, ce n’était de la clientèle, mais c’est comme ça que l’on arrive à se faire des amis. ce qu’il y a, c’est que les gens ont parfois tendance à se montrer curieux, et je n’ai pas l’habitude, alors, je me braque, parce que je n’aime pas ça.

On dit que l’endroit ou on se sent le mieux, c’est chez soi. Et c’est vrai. J’ai beau être française, j’ai beau aimé ma ville natale plus que tout, je ne m’y suis jamais sentie bien. Je ne m’y suis jamais sentie comme chez moi. Alors qu’ici, à Marple Spring, même en connaissant peu de monde, je me suis tout de suite sentie chez moi. Et oui, pour la toute première fois de ma vie, j’ai le sentiment d’avoir trouvé ma place. Alors oui, je ne suis pas très causante, comme on dit, je ne cherche pas spécialement la compagnie d’autrui, mais je suis chez moi et c’est ce qui compte, non ? Je lui explique ne pas avoir chercher à faire de tourisme pour en apprendre plus sur la ville, tout simplement parce que je n’en ai pas le temps. Je n’avais déjà pas le temps de visiter Lyon de fond en comble. A dire vrai, je me moque parfaitement de connaitre la ville sur le bout des doigts ou pas. L’important, c’est que je connaisse l’essentiel, comme l’endroit ou faire mes courses, par exemple. Et je ne me suis perdue qu’une seule fois, ce qui est plutôt encourageant quand on me connait bien ! « Pas vraiment. Je vis au jour le jour ! » que je réponds alors quand elle me demande si je cherche à connaitre la ville petit à petit. J’ai bien conscience que pour elle, c’est important, mais pas pour moi. Sans doute parce que ma ville a à moi est tellement vieille qu’elle n’a plus de descendant parmi ses fondateurs depuis belle lurette. Et puis, il faut dire que c’est loin d’être un truc de français, de connaitre sa ville sur le bout des doigts. Par exemple, j’ai de la famille à Paris et ils ne sont jamais monter tout en haut de la Tour Eiffel, alors que c’est l’une des premières choses que font les touristes qui mettent les pieds en France pour la première fois. « Une chose est sure, ça change de Lyon, là, c’est un peu chacun pour soi. Mais je ne cache pas que c’est plutôt une bonne, car je n’aime pas que l’on sache tout de ma vie ! » Oui, parce que, dans les villages français, tout le monde sait tout sur tout et généralement, avant le principal concerné, ce qui est vraiment pénible à la longue.

Je ne pense pas être hostile, mais j’ai tellement pris l’habitude d’être seule et que l’on ne s’intéresse pas de savoir ce que je pouvais penser, dire ou faire, bref, que l’on ne se préoccupe pas de ce que je suis en temps que personne, que, finalement, je dois l’être aux yeux des gens. Ce n’est pas de ma faute, je suis trop souvent rester dans l’ombre de mon frère, alors, je ne sais vraiment pas comment m’y prendre et je donne vite l’impression de toujours paitre froide et fâchée, alors que je ne suis pas comme ça. J’aime déconner, rire, mais, il est vrai, je n’aime pas que l’on se montre trop curieux, c’est quelque chose qui me met mal à l’aise. Je n’ai pas été gentille avec Pya, la jeune femme dont j’ai fait la connaissance au Sushi Bar, mais c’est plus for que moi, dès que l’on me pause des questions personnelles, je me braque, parce que ça me rappelle le regard inquisiteur de ma mère. Je n’en veux pas à mon frère, lui aussi n’y est pour rien. Mais voilà, d’être trop rester dans son ombre, de ne pas avoir fait l’objet d’un quelconque intérêt pour autrui dans le passé, fait que je ne sais pas comment me comporter avec les gens que je rencontre. Le seul à avoir sur brisé ma coquille, c’est Lazlo, mais il y a encore des moments, ou je me referme comme une huitre. « Justement, je voudrais m‘acheté un scooter d’occasion et je ne sais pas trop où trouver ça en ville ! » que je réponds, lorsqu’elle se propose de m’aider à découvrir la ville. Ce n’est sans doute pas ce qu’elle entendait par-là, mais c’est déjà un pas en avant. Comme je l’ai dit, faire du tourisme, surtout toute seule, ça ne dit pas grand-chose. Je finis tout de même par avouer que même si ça me change beaucoup de ma vie d’avant, je suis contente que le côté petite ville américaine, soit complètement différent que la vie dans une village français, ou tout le monde se permet de fouiner dans la vie des autres, chose que je déteste. Elle me dit que les gens d’ici ne sont pas trop fan de ragots, pourtant, quand je vois comment les gens se montre curieux à mon égard, j’en doute un peu, mais je ne me permets pas de faire de commentaires, car, je ne la connais pas.

J’aurais du m’en douté. Il n’y a pas de garage en ville. C’est bien dommage. Marple Spring a beau être beaucoup plus grande que les petits villages de campagne qui entour la ville de Lyon, elle s’y apparente quand même beaucoup. C’est un peu l’équivalent de nos village français, même si on y trouve un lycée et un collège. J’étais pourtant persuadé de trouver un garage en ville. J’avoue que ça me déstabilisait. Détroit, ce n’était pas la porte à côté. J’allais devoir demander à mon oncle ou à Lazlo de me conduire là-bas, pas le choix. Je n’avais pas vraiment envie de prendre le train. J’étais dans un train avec mon frère quand il a fait son dernier malaise. Ce dernier malaise qui l’a conduit une nouvelle fois à l’hôpital et dont il n’est jamais ressorti. Rien qu’à l’idée de monter dans un train, le souvenir de la mort de mon frère me revenait en plaine poire. En un an, j’avais pourtant réussi à faire mon deuil, mais voilà que ce souvenir revenait me hanter. La brune n’y était pour rien, c’était déjà gentil de sa part de me répondre. « Je n’ai plus qu’à demander à mon oncle de me conduire là-bas ! » que je réponds alors, avec un sourire. Dans une grande ville, je devrais très certainement trouver ce que je voulais. Mais, il y pouvait y avoir aussi une autre solution. « Sinon, il y a peut-être des gens en ville qui vendraient le-leur ? » hasardais-je. En France nous avions des sites comme Le Bon Coin, ou on trouvait absolument de tout, il y avait aussi des petits journaux comme Paru vendu, ou même des annonces, mises sur les portes des commerces. Il y en avait tout de même quelques-uns. Je demandais, à tout hasard, mais à dire vrai, vu sa précédente réponse, je n’y croyais pas vraiment. J’espérais que Roscoe tiendrait le coup jusqu’à Détroit. Enfin, je parlais de la jeep, mais peut-être que j’irais avec mon oncle. Je n’avais pas spécialement envie d’ennuyer Lazlo avec ça, d’autant que si ça se trouve, l’idée que je conduite un scooter ne lui plaira peut-être pas. Mais, mon permis voiture ne fonctionnait pas aux States, donc, je n’avais pas vraiment d’autres options. Faire les démarches pour que mon permis soit valide, ça prendrait des semaines, peut-être même des mois.