"La maison ne repose pas sur le sol, mais sur une femme."
> proverbe mexicain.

Des doigts fins et délicats parcouraient les touches blanches et noires à un rythme décroissant. La mélodie emplissait la pièce et les reflets du soleil flirtait avec le diamant accroché au bout de son doigt. Les mains délicates poursuivaient leur progression, sans la moindre fausse note. La maîtrise de l'instrument était parfaite. Les yeux braqués sur le visage serein de sa mère, Kael l'observait faire. Il avait toujours aimé entendre sa mère jouer. Mais le piano était délaissé de plus en plus souvent, au grand dam du petit bonhomme qu'il était. Pourtant il voyait dans le regard de sa mère que cela lui manquait. La musique était sa vie avant la rencontre avec son compagnon. Une musique qui l'avait fait voyager partout, acclamé par des foules charmées par le talent de la jeune femme. Maintenant, elle ne jouait que pour moi, pour sa sœur. Et bientôt pour ce nouveau bébé qui allait naître. Le ventre rond, sa mère s'adonnait encore à sa passion. Mais Kael savait qu'après l'arrivée de ce nouvel enfant, les choses allaient être encore un peu plus compliquées pour elle. Ce qu'il regrettait, parce qu'il aimait l'entendre jouer. Il aimait la voir heureuse. Les absences de son père pesaient beaucoup sur le moral de sa mère. Alors Kara et lui, il essayaient de la distraire, de lui redonnait le sourire. Ils n'avaient que quatre ans mais ils comprenaient très bien. La mélodie avait fini par s'arrêter, replongeant la pièce dans le silence. Kael porta son regard sur celui de sa mère. La chanson était terminée. « Joue encore maman. » Le sourire de Rachel se porta sur son fils. Elle passa une main sur sa tête avant de dire : « D'accord, je vais t'apprendre quelques notes. Tu veux bien ? » Kael hocha la tête. Sa mère lui montra quelques notes et le petit garçon fit son possible pour les reproduire. Jusqu'à ce qu'un bruit brisa les notes régulières de façon inattendue. Kara entrait dans le salon, un ballon dans les mains. « Kae, tu viens jouer avec moi ?! » La petite avança jusqu'au piano. Elle embrassa sa mère avant de porter son regard sur son jumeau. Rachel esquissa un sourire. « Allez jouer dehors. Je vais préparer le repas. » « Maman.. » Kael aurait voulu que ce moment dure plus longtemps. Ces derniers temps, sa mère était mélancolique et elle avait un sourire triste. Quand elle jouait, c'était différent. Et le petit garçon avait compris. « Allez ouste ! » S'exclama gentiment Rachel, avant de laisser ses enfants s'amuser dans le jardin. Elle les observa un instant avant de poser une main sur son ventre arrondi. Puis elle soupira légèrement, en se dirigeant vers la cuisine.


"La famille est un refuge dans ce monde cruel."
> Christopher Lasch

Les yeux posés sur sa jumelle, il l'observait résoudre ce problème dont il avait du mal à trouver la solution. « Maman n'aimerait pas ça... » Les yeux de Kael allaient de la table de son bureau à la porte de sa chambre. « Arrête d'avoir peur. » Sa sœur se trouvait sur sa chaise, son cahier d'algèbre ouvert devant elle. « Laisse, je vais le faire seul. » Le garçon tenta de récupérer son livre d'exercices mais c'était sans compter la détermination de sa sœur. « Non. Tu es trop long. Et en plus, tu n'as rien compris. » Kael se gratta la tête, visiblement ennuyé par la situation. Kara n'avait pas tort. Il n'avait rien compris à cet exercice mais ce n'était pas une raison pour le faire à sa place. Ce n'était pas jste. C'était ce qu'il pensait. Mais en même temps, s'il finissait ses devoirs, il pouvait aller jouer dans le parc avec ses amis. Et après une longue journée, il n'avait envie que de ça. « Mais c'est pas bien. » Le visage de sa jumelle se posa sur lui. « Tu es mon frère, c'est normal que je t'aide. » Oui mais quand même, pensa le petit garçon... Ce n'était pas très correcte. Quand Kael était fatigué, les mots avaient tendance à se mélanger et il avait un peu de mal à faire ses devoirs. Il était intelligent. Mais le médecin qu'il voyait, disait qu'il souffrait d'une maladie. Un trouble du langage. Une dyslexie. Pour lui, c'était un mot barbare. Et surtout, cela voulait dire qu'il risquait de ne pas être dans la même classe que sa jumelle l'année prochaine. Ce qui n'était encore jamais arrivé... Les jumeaux avaient toujours fait leur scolarité ensemble. Et ils ne voulaient pas que ça change. Alors quand parfois ils avaient du temps, ils s’entraînaient ensemble. Kael préférait apprendre avec sa sœur, plutôt qu'avec un inconnu. Mais parfois, Kara utilisait des méthodes plus radicales. La petite fille reporta son attention sur son frère. « Voilà, c'est terminé. Maintenant, on peut aller jouer au parc. » Kael jeta un œil à son cahier. Sa sœur avait effectivement terminé tout son exercice. « Fais pas cette tête, quand je ne comprends rien en chimie, tu m'aides. C'est pareil. » Il réfléchissait aux paroles de sa jumelle. Après tout, c'était leur rôle de s'entraider non ? Enfin, Kael n'était pas certain que leur mère soit de leur avis. Mais en ce moment, elle était occupée avec leur petite sœur qui commençait à marcher. Il fallait la suivre sans cesse pour qu'elle ne fasse pas de bêtises. Un sourire s'afficha sur les lèvres de l’aîné des Matthews avant qu'il n'ajoute : « Ce sera notre secret. » La petite fille hocha la tête avant de quitter la chambre de son jumeau. Quelques minutes plus tard, ils étaient dans le parc, s'amusant avec leurs amis. Bien que les jumeaux vivaient parfois dans un monde à part, cela  n'empêchait qu'ils avaient un groupe d'amis avec lequel ils passaient pas mal de temps.


"Vous gagnez en force, courage et confiance à chaque fois que vous prenez le temps de regarder la peur dans les yeux. Faites ce que vous pensez ne pas pouvoir faire."
> Eleanor Roosevelt

De grosses larmes roulaient sur les joues de sa sœur. Il n'aimait pas la voir comme ça. Kara pleurait rarement. Et à chaque fois, ça lui brisait le cœur. « Je vais le chercher ! » Annonçait le garçon, déterminé. Son regard se posa sur le grand chêne qui trônait fièrement dans leur jardin. Il était énorme. Il faisait parti de ces arbres qu'on avait envie d'escalader sans toutefois avoir le courage de le faire. Mais aujourd'hui, il n'avait pas le choix. Les pleurs de sa sœur se mêlaient aux miaulement paniqués de Ficelle qui se trouvait sur l'une des plus hautes branches de l'arbre. Ce stupide chat avait eu peur de Barney, le chien du nouveau voisin et il s'était sauvé dans l'arbre, montant toujours un peu plus haut. Kael l'observait. Quel idiot ! Mais il n'avait pas trop le choix. Il savait que ce chat comptait beaucoup pour sa jumelle. Alors même s'il avait peur, il commença à grimper dans l’arbre sous l’œil inquiet de Kara. « Fais attention... » Le garçon faisait attention où il mettait les pieds. Il portait de bonnes baskets mais l'arbre était énorme et il avait du mal à trouver de bonnes prises avec ses petites mains d'enfant. Il porta son regard sur Kara qui l'observait. Il pouvait le faire. Il en était capable, oui. Il reprit alors son ascension, évitant de regarder en bas, cherchant du regard le chat apeuré. Peu à peu, il arrivait à monter jusqu'à l'animal qui avait planté ses griffes dans l’écorce de l'arbre. Il était à moins d'un mètre de lui. Il attrapa une nouvelle branche qui craquait sous son geste. Le cœur de Kael battait la chamade. Il se demandait déjà comment il allait pouvoir redescendre. Parce qu'il n'allait pas pouvoir regarder en bas et il ne pouvait pas non plus demander à sa sœur de monter. C'était trop dangereux. Enfin il arriva près de Ficelle. « Viens ici. » Kael avança le bras pour attraper le fugueur sauf que ce dernier recula tout en gardant ses deux émeraudes sur le visage de son sauveur. « Allez, fais pas l'idiot. » A ce moment-là, la voix terrifiée de leur mère se fit entendre. « Mon dieu ! Qu'est-ce que vous faites ?! » Rachel se mit à courir vers eux. Kael reporta son attention sur le chat et essayant une seconde fois de l'attraper mais ce dernier prit peur et griffa le garçon au visage, lui faisant perdre l'équilibre. Son dos cogna contre une grosse branche avant de tomber au sol dans un bruit sourd. De cette chute, il ne se souvenait que des cris effrayés autour de lui et du choc quand il était tombé sur l'herbe. Il s'était réveillé une semaine plus tard, à l'hôpital pour enfants. Ses parents étaient à ses côtés. « Tu nous a fais peur... » Annonça Rachel en l'embrassant sur le front. Kael pouvait entendre les sanglots étouffés dans la voix de sa mère. Mais elle gardait un sourire, sûrement pour le rassurer. Lui qui pensait qu'on l'aurait réprimandé pour sa bêtise. En plus, son père était là, ce qui arrivait rarement ces derniers temps. Il était toujours en voyage. « Comment tu te sens, bonhomme ? » A  vrai dire, il avait encore mal partout, surtout à sa jambe. Son genoux était très douloureux. Mais il cherchait quelqu'un des yeux. Et elle était là, un peu en retrait, des larmes sur tout le visage. Kael lui fit un sourire, l'invitant à approcher du lit. « Je suis désolée... excuse moi... » Mais ce n'était pas de sa faute. C'était la sienne. Et puis ce n'était pas si grave que ça. Lui, il ne se souvenait plus du coma duquel il venait de se réveiller. La temps n'avait pas eu d'emprise sur lui. Ce qu'il ne savait pas c'était que sept jours étaient passés et que son père, furieux, avait fait abattre l'arbre centenaire qui était dans leur jardin.


"J'ai vu des enfants braver et surmonter l'influence d'une hérédité malsaine. Cela tient à la pureté qui est un composé inhérent à l'âme humaine."
> Gandhi

Les relations avaient toujours été difficiles avec son paternel, même en grandissant. Il avait été trop souvent absent pour qu'une quelconque complicité puisse naître entre eux. Ce n'était pas un étranger, mais il n'y avait pas vraiment de lien spécial entre eux. Il venait et sortait de sa vie régulièrement à cause de son statut de militaire. Si bien qu'un fossé était apparu entre eux au fil des années. Autant il était proche de sa mère, de son frère et de ses soeurs, autant avec lui, cela avait toujours été conflictuel. Encore plus quand il grandissait, qu'il commençait à voir le monde avec ses yeux d'adolescent puis d'adulte. Kael ne faisait jamais rien d'assez bien pour lui. Andrew Matthews attendait toujours mieux de son fils. Et Kael avait sans cesse l'impression de le décevoir. Il avait réussi à dompter sa dyslexie et à avoir ses examens. Il n'avait pas des notes excellentes comme sa jumelle, mais il faisait de son mieux. Pour sa mère, c'était ce qui importait. Pour son père, ce n'était pas assez. Alors au fil des ans, Kael avait cessé de rechercher l'attention de ce père, trop souvent absent. Il avait travaillé pour lui et il avait fait ses propres choix. Sa mère et le reste de la fratrie avaient toujours été là pour l'encourager, comme lorsqu'il participait à ses concours de dessins. Ou quand il avait gagné le premier prix au Festival du film amateur de Chicago. Ce qu'il avait été fier de lui ce jour-là. Les gens, des étrangers, avaient reconnu son talent et sa passion pour le cadrage, pour le montage de vidéo. Ce que son père avait toujours été incapable de faire. Mais Kael avait grandi. Il ne recherchait plus l'attention et encore moins l'approbation de son géniteur. Il avait réussi à faire ce qu'il voulait dans sa vie. Avant même la fin du lycée, il avait obtenu un emploi dans une boite télévisuelle. Mais il avait promis à sa mère de finir ses études. Ce qu'il a fait. Une fois, son diplôme en poche, il a accepté la proposition d'une chaine de tv locale et il a commencé à travailler. Son père bien sûr, était furieux. Il voulait que Kael fasse des études. Mais lui, les études ça ne l'intéressaient pas plus que ça. Il était intelligent mais il ne se voyait pas des années supplémentaires sur les bancs d'une fac. Non, il voulait bouger, gagner son propre argent et surtout, faire ce qu'il aimait. Son choix de carrière a été le sujet de nombreuses disputes chez les Matthews. Sa mère acceptait son choix, et elle savait à quel point, son fils était passionné par ce qu'il faisait. Et pour lui, c'était le plus important. Il était heureux. Et c'était tout ce qu'un parent recherchait pour son enfant. Rachel leur avait appris à suivre leur instinct et à avoir le courage de faire des choix. Kael était donc devenu cadreur pour une chaîne de télévision. En parallèle, il faisait ses propres clips qu'il diffusait sur internet. Il filmait ses voyages et cela marchait plutôt bien. Il avait gagné des sponsors qui finançaient ses expéditions. C'était chouette. Kael était heureux dans ce qu'il faisait.


« La confiance, un mot qui perd tout son sens quand la trahison et la déception sont commises.  »
> Anonyme.

Il consacrait tellement de temps à sa famille et à son boulot, qu'il avait un peu de mal à trouver le temps de faire des rencontres. Et à vrai dire, il était plutôt malchanceux sur ce coup. Les femmes étaient un peu trop compliquées pour lui. Il n'y avait qu'avec Kara, qu'il se sentait sur la même longueur d'ondes. Enfin jusqu'à ce qu'il rencontre Nova. Elle était superbe. Ce qui l'avait fait succomber, c'était son sourire. Son sourire illuminait une pièce dès qu'elle y entrait. Pourtant, elle était froide avec lui. Enfin, elle l'avait repoussé quand il avait essayé de faire le premier pas. Elle avait refusé son verre. Elle ne semblait pas intéressée. Et Kael n'était pas du genre à jouer les pots de colle. Alors il a laissé tomber. Jusqu'à ce que leurs chemins se recroisent à nouveau. Et à nouveau, il sentait son cœur s'emballer en sa présence. Il en était amoureux. Le genre de truc improbable, que l'on ne voit que dans les séries tv ou les films à l'eau de rose. Et pourtant, il s'était passé quelque chose. Et elle s'en était rendue compte aussi. Elle a fini par baisser les barrières qu'elle avait mise autour d'elle. Tous les deux savaient très bien qu'ils ne venaient pas du même milieu. Elle venait d'une très bonne famille influente de la région. Pourtant, ils se sont aimés en dépit de tout ce qui les opposait : milieu, famille, couleur de peau. Jusque là, pour Kael, la couleur de Nova n'avait jamais été un frein à une histoire solide entre eux. Et il n'avait compris son erreur que lorsque Nova l'avait quitté après trois ans de relation. Trois ans pendant lesquelles, elle n'avait jamais présenté Kael au moindre membre de sa famille... Kael avait compris mais pour lui, c'était le prix à payer pour la garder dans sa vie. Sauf que la jeune femme avait fini par partir sans un mot, du jour au lendemain. Les mois qui avaient suivi, avaient été difficiles pour le cadreur. Il s'était consacré à son travail. Il avait accepté toutes les propositions pour partir hors de l'Etat et même du pays. Il avait besoin d'air. Mais sa famille lui manquait trop. Alors il était revenu. Les mois étaient passés. Il avait réussi à aller de l'avant. Mais après des coups de fatigue réguliers, Kael avait fini par consulter un médecin. Et le verdict avait été sans appel. Il avait une leucémie. Le cadreur avait du adapter son emploi du temps pour ses séances de rayon à l’hôpital. Il avait eu du mal à se sentir ainsi diminué, lui qui était sans cesse en mouvement. Il devait apprendre à se poser et à prendre soin de lui. Heureusement que Kara et sa famille étaient là. Elles arrivaient à le faire lâcher prise. Son traitement se passait bien. Même s'il avait quelques effets secondaires indésirables. Puis un jour en allant à une de ses séances de rayon, il était tombé nez à nez avec Nova. La jeune femme était aussi belle qu'autrefois. Elle voulait renouer contact avec lui. Mais orgueilleux et surtout, encore trop blessé par la fuite de la jeune femme, il avait refusé de passer chez elle. Elle avait déménagé à Marple Spring depuis quelques mois. Mais le cadreur avait refusé catégoriquement de la revoir. Même s'il s'était rendu compte que ses sentiments étaient toujours intacts pour elle... A ce moment là, il pensait que c'était la meilleure solution. Les parents de la jeune femme ne voulaient pas que leur fille unique fréquente un blanc, qui n'était pas de leur milieu. Kael avait fini par le comprendre. Pourtant jamais il n'avait jugé Nova sur ses origines, jamais. Il ne savait pas s'il avait pris la bonne décision. Parce qu'elle prenait encore beaucoup de place dans sa vie. Mais il avait trop peur qu'elle le quitte encore une fois. Alors il était resté loin d'elle.


« Il n'y a aucune recette pour devenir un père parfait. Mais il y a mille et une façons d'être un bon père. »
> J. Churchill

Il avait repris sa vie. Il partageait son temps entre son travail, l'hôpital et sa famille. La mort de son père avait laissé un vide dans la famille et Kael prenait son rôle d'aîné très à cœur. Sa mère avait consacré sa vie à ses enfants et il était temps qu'elle prenne un peu de temps pour elle. Ses enfants l'encourageaient à faire ce qu'elle aimait,  à reprendre la musique. Elle avait toujours été un pianiste exceptionnelle. Puis il était là aussi pour sa sœur, Kara se faisait connaître de plus en plus dans le milieu. Et il était fier d'elle. Oui, tout allait bien se passer pour la famille Matthews. En tout cas, c'était ce qu'il croyait. Mais c'était avant de recevoir un coup de fil étrange d'une assistante sociale. Kael n'avait pas compris au départ. Il avait demandé  sa sœur de l'accompagner au rendez-vous qu'on lui avait posé. Il ne prenait que très rarement la voiture du fait de sa santé chancelante. Il n'avait pas envie de créer un accident. Et puis, il devait admettre qu'il avait bien besoin de sa moitié sur ce coup. Puisqu'il ne savait pas du tout à quoi s'attendre. Ce n'était qu'après ce rendez-vous qu'il avait appris, par la bouche de cette femme, de cette étrangère, qu'il était papa d'une petite fille de plus d'un an.... Une petite fille dont il ignorait jusque là, l'existence. Nova avait accouché le 28 janvier 2016 sans rien lui dire. Sûrement à cause de sa famille. Famille qui l'avait rejeté quand elle avait appris sa grossesse. Lui-même lui avait tourné le dos, même s'il ne savait pas à ce moment là qu'elle était enceinte. Une famille, il avait toujours voulu en avoir une avec Nova. Il se fichait de sa couleur de peau. Il se fichait de sa famille. Il voulait un enfant d'elle. Un enfant qui n'aurait pas manqué d'amour. Au lieu de ça, il se retrouvait à se battre pour gagner la garde de cette petite princesse pour laquelle, il n'était qu'un étranger. En plus, sa santé n'était pas un atout bien au contraire. Kael s'est battu des mois avec l'administration pour gagner la garde d'Ava. La bonne nouvelle arrivait un mois après sa rémission : il avait la garde officielle d'Ava. Et Kael était le plus heureux des hommes. Seulement, les premières semaines avaient été difficiles puisque Ava ne connaissait pas Kael, ni Kara et qu'elle devait désormais vivre avec eux. Le cadreur avait été patient. Il avait pris son temps. Il avait laissé Ava aller à son rythme jusqu'à ce qu'elle les accepte tous les deux. A présent, tout se passe bien entre le père et la fille. Et cerise sur le gâteau, Ava l'a appelé « papa » pour la première fois. Encore une chose qui arrive à rendre Kael, complètement gaga de sa petite merveille. Il sait à présent que le meilleur est à venir. En tout cas, il est confiant et il se montre très présent. Même pour Kara qui a récemment appris qu'elle était stérile. Il essaie de se montrer réconfortant, de l'aider à avancer même s'il n'était pas d'accord pour qu'elle quitte Spencer. Il connaît ce dernier et il sait à quel point, il aime sa sœur. Alors le cadreur trouve que c'est un triste gachis. Il a l'impression que sa sœur fait la même erreur que lui avec Nova.