#1 Un jour, on apprend que toute notre vie change et on a peur...
«
Maman et papa sont morts et on ne les reverra plus comme papi et mamie hein Anne ? » «
Oui Anna. » Je regardais ma sœur jumelle. Nous étions dans la voiture toutes les deux quand nos parents eurent leur accident fatal. Nous n'avions rien eu mais nous avions perdu nos parents. C'était quelque chose de très dur pour nous deux. Notre sœur Alice revient exprès de Londres pour être avec nous. L'enterrement passé, nous étions assises dans le salon toute les trois. Il ne restait plus que nous trois. Nous n'avions plus de grand-parents depuis longtemps et comme nos parents étaient tous les deux uniques... Je regardais ma sœur sans savoir ce qu'il allait nous arriver. Quelqu'un sonna à notre porte et Anna se leva très vite pour aller ouvrir. Une femme apparue dans le bureau. «
Je suis Madame Lewis, assistante sociale. Il faut que j'amène vos sœurs dans un foyer. » «
NON !! » Je me levais, prenais la main d'Anna et nous nous courûmes jusqu'à notre chambre. Nous nous serrions toutes les deux. Nous ne voulions pas quitter notre maison. Nous ne tardâmes pas à entendre la voix de notre sœur s'élever dans la maison. «
Il est hors de question que vous emmeniez mes sœurs ! Je connais la loi ! Je fais des études de droits ! Je suis majeure je peux les garder avec moi. » «
Vous n'avez aucun travail, aucune source de revenu. Aucun juge ne vous accordera la garde de vos sœurs. » «
Il est hors de question que je les perde ! J'ai déjà perdu mes parents. Tant que vous n'aurez pas de mot du juge elles restent avec moi. » Je n'avais jamais entendu Alice être aussi ferme avec quelqu'un. Alors que la porte d'entrée se referma ma sœur nous rejoignit dans notre chambre. «
Je ne vous lâche pas les filles. Jamais. » «
Mais et tes études ? » Je n'avais que onze ans mais je savais très bien que ma sœur adorait ses études de droit. Elle me sourit et ne dit pas un mot en sortant de notre chambre. Dans le mois qui suivit la mort de nos parents, Alice resta sur Clifden. Elle trouva un travail dans un restaurant en tant que serveuse et elle suivait des cours du soir à Westport pour continuer ses études de droit. Je la voyais exténuer mais elle ne nous lâcha pas comme elle nous l'avait promis. Le procès pour notre garde fut gagné. Nous resterions sous la garde de notre sœur jusqu'à notre majorité.
#2 Et un jour on prend une décision qui changera toute notre vie...
«
Je suis contre le fait que vous arrêtiez vos études Mademoiselle O'Malley. Vous êtes très douée. Tout le monde n'a pas son bac à quatorze ans. Vous êtes entrés dans notre université il y a deux ans... Et je pense que vous pourriez être une grande dame dans le monde de la littérature ou même de la médecine. Vos soucis d'intégration avec les autres jeunes ne doivent en aucun cas influencer votre décision. » «
Je vous arrête de suite professeur. Si j'arrête mes études ce n'est pas à cause de ses raisons. Je dois aider ma soeur tout simplement. »
Ne gâcher pas votre avenir. » «
Elle a bien gâché le sien pour nous. » Je regardais mon professeur de lettres droit dans les yeux. Elle était une des rares à connaître mon histoire. Elle soupira et se leva. «
Je vous enverrai des cours de littérature par mail tous les jours et je vous enverrai les devoirs sur table aussi. » «
Merci. » Je souriais à ma professeure et je me levais de ma chaise pour sortir de l'université. J'étais très jeune. J'avais tout juste seize ans et je me sentais un peu seule dans ce monde. Je ne m'étais jamais sentie à mon aise. Je marchais tranquillement dans les couloirs de l'université de Trinity à Dublin. Je ne pouvais pas prendre un chemin qui avait été interdit à ma grande sœur à cause d'un concours de circonstances. Je me devais de l'aider au maximum. Je me retrouvais bien vite devant l'entrée de l'université et je me retournais pour voir une dernière fois les bancs que j'aurai tant rêvé fouler l'année prochaine. Une larme s'échappa de mes yeux et je reniflais un peu en la séchant. Je marchais jusqu'à la gare et je prenais mon train en direction de Clifden. Je ne pouvais pas abandonner Alice mais surtout je ne pouvais pas abandonner ma sœur jumelle Anna. Je ne pouvais pas vivre sans elle et c'était quelque chose qui me rongeait petit à petit de l'intérieur. Arrivée à Clifden, je descendais du train. J'avais les yeux rouges et légèrement bouffis. «
Anne ! Ça ne va pas ? » «
Je n'y arriverai plus Alice. Je n'arrive plus à être loin de vous deux. » «
Viens là. » Je me mis à pleurer dans les bras de ma grande sœur. «
Tout ira bien ma puce. » «
Où est Anna ? » «
Tu ne lui dis rien mais elle te prépare une petite fête. » Je me mis à rire. «
Promis je ferai semblant d'être surprise. » Je souriais à ma sœur et nous rentrâmes chez nous. Anna m'attendait. Je me précipitais dans ses bras et je la serrai fort contre moi. «
Je reviens à la maison. » «
J'en étais sûre. » Je regardais ma jumelle et je me mis à rire avec elle. Je ne pouvais pas partir loin de ma famille. Elles étaient toutes les deux ma vie.
#3 Puis au final, on décide de faire juste confiance en la vie.
«
Prenez une grande inspiration et libérer votre corps de toutes vos toxines. » Je rentrais dans le théâtre en étant toute rouge. J'étais en retard et je détestais me faire remarquer. En plus, ce n'était même pas de ma faute. C'était les gars à l'association qui m'avaient mis en retard et comme je n'étais pas à Marple Spring depuis longtemps, je n'avais pas encore de repère. En plus, la réunion qui devait durer une heure avait été plus longue que prévue et j'étais en retard pour mon premier cours de théâtre. Je déposais mon sac sur un siège et je voulus me mettre au fond de la scène pour qu'on me remarque le moins possible mais le professeur en avait décidé autrement. «
Mademoiselle puisque vous êtes arrivée avec exactement dix huit minutes de retard, vous voudriez bien vous mettre en centre de la scène pour vous présenter. » «
Euh c'est que... » J'avais murmuré cela. Il leva un sourcil. «
Je ne vous entends pas Mademoiselle. Approchez vous. » Je l'écoutais et je me mettais au centre de la scène. Les autres élèves visiblement plus habitués que moi s'assirent. «
Nous vous écoutons. » J'avais difficilement ma salive. Je me mordais la lèvre inférieure presque jusqu'au sang. Je prenais une grande inspiration. «
Je m'appelle Anne O'Malley. Je suis née à Clifden en Irlande. J'ai une sœur jumelle qui s'appelle Anna et une grand sœur qui s'appelle Alice. Je travaille dans une association. Voilà. » Le professeur se leva et se plaça dans la lumière pour la première fois. «
Et c'est tout ? Bien nous allons avoir un grand travail à faire ensemble Mademoiselle Anne. Retournez vous asseoir. Bien reprenons ! Nous allons faire un exercice de respiration. » Je m'asseyais et je regardais le professeur du coin de l'oeil. J'essayais de l'écouter le mieux possible et de me concentrer au maximum. Quand le cours fut finit, je voulus m'échapper mais le professeur m'attrapa au vol. «
Je m'appelle Erik. Je suis désolé de vous avoir mis en avant comme ça tout à l'heure. Je n'avais pas vu que vous étiez très mal à l'aise. » «
Ce... Ce n'est rien. » «
Pourquoi êtes-vous venus faire des cours de théatre ? » «
Il paraît que je dois m'ouvrir aux gens. » «
Vous travaillez dans une association, vous êtes ouverte. » «
D'accord... Il faut que j'arrive à extérioriser toute la peine que j'ai en moi. Je n'arrive plus à danser et... » «
Vous dansez ? » Il s'approcha de moi et me prit par la taille. Je devais encore une fois rouge tomate. «
Libérez-vous. » Je prenais une grande inspiration et j'essayais de me lâcher mais je n'y arrivais pas. Il me sourit. «
Désolée. » «
Ne le soyez pas. On se voit mercredi Mademoiselle Anne. » «
Je préfère juste Anne. » «
J'y réfléchirais. » Je lui souriais et je sortais du théâtre. Je ne tardais pas à retrouver Anna. «
Où étais-tu ? » «
Au théâtre. » Je souriais un peu bêtement. «
Pourquoi tu souris comme ça ? » «
Oh pour rien. » Anna ne me crut pas j'en étais certaine. «
Tu as l'air heureuse. » «
Tu ne l'es pas toi ? » «
Je ne sais pas. » «
Anna... » Je regardais ma soeur. Peut être que j'étais la seule à apprécier ce renouveau finalement.