Des bruits. Des bavardages. Des remous. Je soupirais, frustrée par mon incapacité à m'endormir à ce moment précis. Une moue à l'image d'une enfant boudeuse se dessina sur mon visage tandis que j'ouvrais les yeux et que je m'étirais sans la moindre grâce. A travers la fenêtre du bus, je pouvais apercevoir le soleil décliner lentement et les paysages défiler. Rien d'extraordinaire, rien de passionnant. Je soupirais de nouveau en regard ma montre avant de déposer ma tête contre la vitre. Après plusieurs années avec un seul but en tête, celui de devenir ballerine et me voilà assise dans un bus pour une ville au milieu de nul par sur un continent bien loin de ma terre natal. Ma remise en question concernant mon futur avait semblé accélérer la décision de mes parents concernant "leur petite escapade en amoureux". Ils disaient vouloir se retrouver, échapper au stress et surtout à moi, de toute évidence. Quoi de mieux qu'un tour du monde loin de tout, loin de moi. Je leur en voulais. Ils m'avaient abandonné, indécise et confier à un membre de la famille que j'avais dû rencontrer une seul et unique fois dans ma vie, si ce n'est moins. Je soupirais de nouveau. Déçue de leur comportement autant que par ma propre réaction. Les dernières années n'avaient pas été des plus simples pour notre petite famille et mes parents avaient besoin de se retrouver si je ne voulais pas me retrouver en garde partagée. Ils connaissaient mon désirs, mon rêve de faire le tour du monde et pourtant... Je me retrouvais ici, en terre inconnue. Une manière de voyager à mon tour également, sans doute.

Le trajet avait été long, trop long et il était loin d'être terminé alors que je foulais le sol de Détroit. Sacs et valises en main, je décidais de prendre place sur l'un des bancs de la gare routière et attendit. Regardant les passants, leur expression toutes aussi différentes qu'hilarantes les unes que les autres, je m'interrogeais sur ce qu'allait être ma vie pour les années à suivre. J'allais sans doute terminer le lycée à Marple Spring et m'élancer dans les joies de la fac. Enfin, si je venais à survivre à l'année qui m'attendait en compagne d'une personne qui m'était inconnue. Je sentais les larmes me monter aux yeux, déjà nostalgique de ma terre natal qui me manquait déjà. Je voulais retrouver la vie que j'avais abandonnée sur le simple souhait de mes parents, retrouver les ami(e)s que je perdrais sans doute d'ici quelques temps et plus que tout, je voulais vivre aux côtés de personnes que je connaissais. La seule chose que je savais sur la personne qui m'hébergerait pendant l'escapade de mes parents autour du monde était qu'il était un oncle du côté de ma mère, qu'il portait le nom de Lùkas et son numéro de téléphone, rien de plus. Les photos que ma mère avait de lui datait de trop longtemps pour qu'il puisse être reconnaissable aujourd'hui.

Je pianotais sur mon portable, prévenant finalement de mon arrivée et obtenue une réponse en monosyllabe : " OK ". Une réponse qui transpirait la joie de mon cher oncle et qui m'arracha un sourire aussi faible qu'éphémère. Je rangeais mon portable et attendis, encore et encore. Je balançais mes jambes dans le vide en rythme. Je soupirais. Je regardais l'heure. Une suite d'action que je répétais sans cesse pendant l'attente qui avait été la mienne. « Tear Maxwell, fille de Leïla et de Shawn Maxwell ? » Je détournais mon regard vers la provenance d'une telle interrogation et la détaillait. C'était un homme d'une trentaine d'année, grand, brun. « Oncle Lùkas ? » L'interrogeais-je à mon tour. Il acquiesça, m'informa rapidement de sa surprise lorsqu'il découvrit mon existence et du fait qu'il devrait m'héberger quelques temps. De toute évidence, cette situation le m'était aussi mal à l'aise que moi. J'acquiesçais à mon tour, répondant aux questions de bases qu'il me posait sur ma mère, mon père et autres tandis qu'il m'accompagnait jusqu'à mon nouveau lieu de vie.


Sonate au clair de lune. La mélodie résonnait dans la pièce qui serait à présent ma chambre. Elle était sobre et ne demandait qu'à être décoré par mes soins, mais peut-être une autre fois. Je détaillais le moindre recoin, assise sur mon lit et soupirais une nouvelle fois. A se demander si j'étais devenue une machine à soupire durant le trajet. Je cherchais la force de ranger mes affaires dans les armoires et commodes en bois blancs. Je jetais un regard noir à mes sacs qui trônaient sur mon lit et les cartons près de la fenêtre eurent le même destin. Je rassemblais le peu d'énergie et de courage qui me restait en cette nuit déjà bien avancé et me mettais au travail. Au premier regard, la pièce semblait petite, mais elle ne l'était pas tant que ça. Elle comptait peu de meuble. Un lit double aussi confortable qu'un duvet de plus, une grande armoire, une commode et un bureau surplombé d'une étagère. Ce dernier était situé non-loin de la fenêtre qui offrait une vue aussi captivante que splendide. Hélas, le paysage ne faisait que me rappeler à quel point je me trouvais loin du lieu que je pouvais appeler "maison". Il n'y avait pas de balcon, mais cela n'avait pas la moindre importance.

Je commençais par vider mes sacs de fringues, laissant mes nombreux ouvrages et jeux vidéos de côtés pour la soirée. Fredonnant la mélodie, je m'activais à la tâche tel un nain de Blanche-neige. Avec quelques centimètres de plus... Je pilais, mettais sur cintre et finalement m'étalais sur cette petite merveille qui ne cessait de m'appeler. Et ce fut ainsi, sur le point de succomber à l'appel de Morphée si un lit trop confortable pour être vrai que mon oncle frappa à ma porte. L'expression qu'il arborait semblait difficile à cerner et ne convenait absolument pas à la situation. « Chinois? » Et une monosyllabe, une ! Je me retenais d'exploser de rires et cela dû évidemment se lire son visage comme n'importe quelles autres de mes pensées. J'attrapais mon portable, baissais le volume et lui répondis enfin. « C'est parfait pour moi. » Le repas fut aussi court que pesant. Lùkas était partis son repas à peine terminé et je ne le vis pas de la soirée. De retour dans ma chambre, j'optais pour la feignante et remerciais Morphée qui m'attirait dans de doux songes. Et voilà comment commençait mon séjour dans cette petite ville nommée Marple Spring.