« Thomas ! Descend, Eddie est là ! » Un soupir était sortit de ma bouche alors que je me poussais du bureau, sur ma chaise de bureau roulante, pour arriver devant la porte ouverte et me lever. « Ben fais le monter, on va bosser, tu crois qu'on va sortir peut-être ?! » J'avais entendu ma mère soupirer en lui disant d'entrer. Et finalement ce beau-gosse qu'était Eddie était arrivé dans ma chambre, il m'avait... Presque sauté dessus en me disant que je lui avais manqué, pendant le peu de temps où on avait été séparés. Il s'était assit sur mon lit, pour finir, alors que j'avais fais la même chose. Eddie était mon meilleur ami, du moins c'est ce que j'avais cru. Il savait ce que je voulais être, ce dont je rêvais, tout. Et le soir-même, on fit une erreur si grande qu'elle réussit en même à briser notre amitié. « Xénosis.. Je t'aime, Thomas Xénosis Lodéqeski. », et ce fut ces mots qui firent que mon cerveau acceptait que je perde ma virginité avec cet enfoiré. Même si j'avais été du genre à toujours tout prévoir, ça je ne l'avais pas prévu. J'avais pas prévu la réaction de mes parents, quand le lendemain matin je m'étais levé pour leur dire bonjour et qu'ils m'avaient regardé de travers en me répondant que ce serait péché de parler avec un des fils de Satan, qu'ils refusaient de m'adresser le moindre mot. Ce fut Eddie même qui m'aidait à tenir le coup, j'étais toujours chez moi, dans ma maison à Chicago, seulement mes parents ne faisaient plus rien pour moi, je devais me débrouiller seul. Et un jour, tout changea en pire, encore pire. « T'y arriveras jamais, Thomas. Jamais, réellement. T'es trop... Toi, trop toi pour être avocat. Hypocrite, égocentrique, tu t'attends à ce qu'on accepte quelqu'un qui se fout de tout ? La seule chose qui t'intéresse, qui est importante à tes yeux, c'est toi-même. Si t'es avocat, je sais que tu diras toujours gagner, même si c'est faux. T'es quelqu'un qui serait prêt à tout pour se faire payer par ses clients. Comme une véritable petite pute. Mais t'es une petite pute, j'en ai eu la preuve. » Le plus blessant ? C'était probablement que ces mots viennent de mon meilleur ami. Et ce fut la raison pour laquelle je finis par arrêter mes études. J'étais blessé au point de ne plus vouloir le voir, et je passais mon temps enfermé dans ma chambre, à réfléchir ou à me blesser physiquement, pour épuiser toute la douleur mentale que j'avais au niveau de mes poignets, mais sans pour autant me blesser à en crever. C'est cette chose, ce moment alors que j'étais âgé de dix-sept ans qui fit que j'arrêtais, tout. J'arrêtais d'être gentil, j'arrêtais d'être calme. Je devenais cette chose qu'Eddie avait décris. Je devenais une sorte de monstre, à mes yeux.

« Pyramide de baisers. » Mon corps refusait, ma conscience ne se taisait pas. Il continuait, et continuait à prononcer ces mots, des phrases, des lames qui me coupaient et me blessaient. Il continuait, continuait à se souvenir, à se remémorer. « Tempête d'amitié. » De simples mots, de simples métaphores qui pourtant en disait long sur moi. Paroles de chansons modifiées à sa guise, paroles émises de sa voix tranchante lorsqu'elle l'avait prononcé. Pourquoi se souvenir de mots qui blessent ? « Vague de caresses. » Je ressentais de nouveau ses mains se poser sur mes épaules, je l'entendais, sa voix douce et aussi coupante que les lames d'un rasoir, me chuchoter la suite de ses mots. « Océan de pensées. » Ses lèvres se posaient dans mon cou, elle me parlait toujours aussi tendrement, calmement. « Building de tendresse. » Ses cheveux blonds semblables à la couleur du soleil volaient à cause du vent qu'il y avait. N'oublierais-je jamais donc ce moment là ? « Pyromane de ton cœur. » J'étais effrayé, apeuré. Comment des sentiments avaient-ils pu me faire tourner ainsi ? « Canadair de tes frayeurs. » J'avais comme l'impression de voir trouble, des sensations de picotements traversaient tout mon ventre. Bordel, ce que c'était magique. « Je t'ai offert une symphonie de couleurs. » Je ne voulais pas de son amour. Je n'en voulais pas. Appuyé contre un mur alors, attendant qu'ils s'approchent de moi, je croisais les bras avec ma capuche noire rabaissée sur ma tête pour cacher un minimum mon visage. Xénosis, voilà sous quel nom on me connaissait. Ce nom, c'était un surnom qu'on m'avait donné au lycée. Dans mon groupe d'amis, Ryan avait été surnommé Ladie étant donné qu'il était le plus gros machiste que ce monde ait pu connaître, et que c'était improbable qu'il travaille un jour avec des femmes. Jordan avait été surnommé Noob étant donné que c'était le plus geek de toutes les personnes que j'ai pu rencontré, c'était encore contraire à la réalité. On m'avait nommé Xénosis, ça sonnait comme un surnom de dealer, ce que je n'aurais pas voulu être, étant donné que j'étudiais pour devenir avocat. Qui l'aurait cru ?

« Imbécile. T'as réellement cru à tout ça ? À ces déclarations ? Dit moi que je me trompe Xéno, je te pensais pas aussi.. Stupide. Regarde moi, regarde moi dans les yeux maintenant. Maintenant que t'es attaché là, que t'es bâillonné aussi simplement. Regarde moi Lodéqeski. Nous deux, ça n'a jamais existé. Je te voulais seulement pour ça. Regarde toi, regarde nous. Regarde où tu es, tu nous prend nos clients, notre argent, le nôtre. Le nôtre à mon gang. Et pour ça, tu vas mourir. Tu m'as bien comprise ? » J'avais hoché ma tête doucement alors que les larmes menaçaient de couler sur mes joues. Pourquoi elle m'avait fait ça ? En parler n'aurait pas été suffisant ? J'avais juste, tout juste cherché de quoi pouvoir vivre, et surtout de quoi pouvoir payer mon chez moi. Et il avait fallut que je tombe sur une fille comme elle, que j'en tombe amoureux. Je baissais ensuite le regard, fermant les yeux en sentant un canon contre mon crâne. Fini, terminé. J'avais dix-huit ans, et j'allais mourir en me faisant exploser la cervelle par une blondasse, par une salope. Bien, pas de problèmes. Je l'entendis me chuchoter de fermer les yeux, que ça irait et que je ne sentirais rien. Effectivement, je n'ai rien senti. J'ai entendu un coup de feu. Entendu. J'étais en vie. Et je sentis mes mains se détacher, le scotch de ma bouche se retirer assez furtivement. Et je vis alors ce garçon derrière moi. « Cours Lodéqeski ! Casse toi ! » Je l'avais écouté, ce garçon que je ne connaissais pas, j'étais parti, je m'étais enfuis. J'avais finit dans la rue, assit devant les marches de la maison de mes parents, en ne voulant pas entrer, alors que je n'arrivais pas à contrôler le fait que je me mette autant à pleurer, comme si j'avais eu le cœur brisé. J'avais le cœur totalement brisé, déchiré et à la limite d'être consumé dans un feu si intense que j'en avais du mal à le croire. Et je revis ce garçon là, il était venu me voir alors que j'étais en larmes, totalement en train de craquer. « Arrête de pleurer Thomas. Regarde moi. Je m'appelle Scott, je faisais partie du gang de Kélia.. Tu vas devoir rester avec moi, d'accord ? Je vais te protéger. Pleure pas, elle ne le mérite pas. »

Assit sur le lit d'hôpital, les bras bandés à cause de la dernière fois où j'avais voulu faire ressortir ma douleur, j'attendais que les médecins viennent me donner des résultats à leurs analyses. Scott avait voulu rester à côté de moi, il passait ses doigts dans mes cheveux en me disant que ça irait, qu'ils n'apprendraient pas ce que j'avais fais à Givan. Les multiples coupures que je lui avais infligé, les brûlures, et en plus de ça les baisers et les morsures, on pouvait dire qu'il avait souffert le martyr. Et il était actuellement plongé dans un des comas les plus intenses, d'où j'espérais quand même qu'il se réveille. Mais ce fut à ce moment-là que j'entendis des bruits de chaînes et que la porte s'ouvrit. Un des médecins s'était approché de moi et m'avait passé des sortes de menottes, attachées par des chaînes, au niveau des poignets et des chevilles sans même que je puisse comprendre pourquoi. « Vous êtes atteint de psychopathie, Thomas. Vous prenez un plaisir intense à faire souffrir les gens, même s'ils ne vous ont rien fait. Vous n'avez pas d'empathie, et vous avez... Des sortes de troubles bipolaires. Vous allez être transférés dans l'hôpital psychiatrique le plus proche, on espère trouver une solution pour vous aider. » Mon regard posé sur mes poignets, je me mordais les lèvres en réfléchissant un long moment avant de poser mon regard sur Scott, qui m'avait fait signe de ne rien faire. Et je n'avais rien fait, je les avais suivit bêtement alors qu'ils m'emmenaient, réellement. Et ce fut à ce moment, en passant devant la chambre de Givan, que j'entendis quelqu'un prononcer l'heure de la mort. Je l'avais tué, et ce n'était pas pour dire mais j'en étais plutôt fier. Deux mois, ce fut le temps que je passais à l'hôpital psychiatrique. Ils m'avaient mis en isolement, seul dans une pièce entièrement vide, la seule chose que j'avais était ces menottes avec lesquelles ils m'avaient attaché comme un chien à un poteau, sur lesquelles je tirais jusqu'à m'en faire saigner en demandant pourtant calmement à ce qu'on me laisse partir. Ce ne fut qu'un jour, alors qu'un éternel psychologue entrait dans cette pièce alors que j'avais, comme tout les jours, le poignet en sang, que je lui demandais d'une voix assez faible et épuisée de me relâcher, que j'allais bien, que j'eus enfin l'impression d'être écouté. Il s'était approché de moi, doucement, pour détacher les menottes avec lesquelles j'étais attaché, passant un bandage autour de mon poignet en me disant que tout irait bien, que c'était fini, qu'ils avaient eu la preuve que j'allais bien, à présent. Foutaises, rien n'avait jamais changé, j'étais juste devenu plus bipolaire que j'avais pu l'être auparavant.

Posant ma main sur la poignée de la porte, j'entrais dans l'appartement que j'avais avec Scott, il était venu vers moi aussi rapidement alors que j'essuyais le sang qui coulait encore au coin de mes lèvres. Il ne posait pas les éternelles et habituelles questions. Il savait, il savait qui m'avait fait ça et il savait que je ne pouvais pas répliquer. Il le savait, parce que ça avait été trop violent, et parce que je ne pouvais pas me battre contre elle. Pas contre elle, elle était tout pour moi, la femme que j'aimais, la femme qui me tuait. Et je ne pouvais réellement pas me battre contre Kélia, elle le savait et elle en jouait. Et sans même lui adresser un seul mot, je filais dans ma chambre pour en ressortir peu de temps après. « Tu vas où Xénosis ? », il m'avait posé cette question en voyant ma valise dans mes mains. Oui, je partais. Je ne faisais que me faire battre, me faire sauter dessus à chaque moment où je sortais dans les rues. J'avais arrêté de vendre cette drogue que je me procurais, ouais. À la place, je la consommais moi-même. Les coupures ensanglantées au niveau de mes lèvres et de mon visage montraient bien ce qu'il y avait : le monde que je m'étais crée avait disparu, il n'avait jamais existé. Il n'avait jamais été sujet d'un monde où j'étais tranquille. « Je m'en vais.. Scott. Je pars. Je peux plus, je pourrais plus rester ici avec Kélia. Elle veut ma mort. Et la tienne. Libre à toi de risquer ta vie, je tiens encore assez à la mienne. » Et vous savez quoi ? Je suis partit. J'ai perdu. Ouais. J'ai totalement perdu. Depuis que je suis ici, à Marple Spring, j'ai totalement perdu la tête. J'ai des sautes d'humeur incontrôlées et mes mains se donnent à elles-même l'ordre de tenter de me tuer. Je sais plus, je ne sais pas ce qui m'arrive, ce que j'ai. Je fume, je bois, j'me drogue. Rien de tout ça n'a changé. Ce qui a changé, c'est la cause. C'est elle, c'est plus Kélia. Elle, elle et rien qu'elle. Cette magnifique jeune femme, celle qui m'a sourit, celle pour qui j'essaye d'avoir un minimum bonne mine même quand ça va pas. Cette rousse, cette jolie rousse qui se tient souvent auprès de moi, qui me sourit mais ne parle pas. Celle-là, celle qui a fait aussi fort battre mon cœur. Mais l'amour, c'est très loin d'être pour moi. Et même si je la veux, je n'essayerais jamais, au grand jamais de l'avoir. Pourquoi ? Parce que je suis Xénosis Lodéqeski.