Deux bébés, s'étaient trop. Un était un poids sur les épaules de cette mère. Qui n'était pas sûr de son choix, mais deux. Impossible. Elle aurait pu en prendre un avec elle, et laisser l'autre devant cette porte de ce refuge. Et partir, sans se retourner, face à son destin. À l'absence de regard. Elle avait fait son choix, c'étaient les deux. Elle ne se sentait pas capable. Elle était trop jeune. Dix-sept ans, et déjà des jumeaux sur le dos. Sans père, puisqu'il ne voulait pas assumer. L'accusant qu'elle l'avait piégé. C'était facile. Mais que pouvait-elle dire ? Ne parlons pas de ces parents, qui restaient insensibles à sa douleur, à cette sensation d'être perdus, face à la réalité. L'adoption. La sentence était donnée. Et pourtant, elle ne pouvait pas voir ces nourrissons lui arrachaient des bras et partir. Ce n'était pas, pour facile pourtant de les laisser là, à cette porte. Et de ne pas faire marche arrière. Pourtant, il le faut et c'est exactement ce qu'elle faisait le cœur lourd. Avec cette certitude qu'elle ne les révéra jamais...

Ce jour-là, Noham s'en viendra certainement toujours. Ce jour, où sa vie avait basculé. Ou on lui avait arraché ce qui lui restait. Depuis quand il était ici. Il ne s'en souvenait même pas. Parce que pour lui, il a toujours connu l'orphelinat. Aujourd'hui, il en avait six. Il avait perdu l'espoir qu'on l'adopte un jour. Qui voulait d'un enfant de six ans. Et puis ce n'était pas si mal ici. Il s'amusait bien, il avait ces amis. Même si, ils les voyaient partir, les uns après les autres. Mais il s'en faisait d'autre. Et puis, il avait encore sa jumelle, son double. Sa meilleure amie, ils ne se quittaient jamais. Noham gardait un œil sur les plus jeunes, comme un frère protecteur. Et pourtant, aujourd'hui, ils devaient se montrer. Se faire beau, montrer leurs avantages. Comme si c'était un choix de viande, face à des familles potentielles. Dans l'espoir d'être adopté. Ce qu'il ne savait pas, et qu'il découvrait au dernier moment. C'était cette valise rose, si caractéristique qui était à sa sœur. Cette dernière en larmes, face à lui. Il n'avait pas compris toutes les raisons, peut-être sonner, de se retrouver seul. Elle paraît, sa moitié. Celle qu'il le comprenait mieux que personne. Et dont les larmes lui piquaient les yeux parce qu'il voulait aller avec elle. Parce que la séparation lui déchirait déjà le cœur, et que la colère, sommeillait en lui. Remonter progressivement. Elle était là, la crise. Mais il la voyait déjà partir, empêchant ces nouveaux parents de regarder en arrière. Comme si Noham faisait partie du passé.

Tu ne peux pas rester ici. Rien que cette phrase tournait en boucle dans sa tête. Elle datait maintenant d'un an, datant de l'époque du centre. Mais c'était comme un refrain entêtant. Il n'avait pas beaucoup bougé orphelinat, familles d'accueil, il ne restait que quelque temps parce que ne supportait pas l'image de la famille. Mais pas seulement... C'était idiot, mais il pensait toujours qu'il ne devait pas bouger. Pour que sa jumelle le retrouve, au cas où. Ce jour n'est jamais arrivé. Et depuis un an, qu'il avait quitté le centre d'accueil, il avait fait en sorte de laisser des coordonnées, l'espoir. Il devrait arrêter. Il vit au jour le jour, dans une cohabitation qui lui plaît, ces colocs ne sont pas désagréables. Loin de là, ils s'amusent et organisent souvent des soirées. Il étudie, travaille... Le dernier reste tout de même en suspend parce qu'il y a beaucoup à en dire. Mais il a toujours ce manque. Peut-être que lui aussi devrait tourner la page...