Ce matin, quand ton réveil sonne, tu as le plaisir de pouvoir repousser la sonnerie. Et même une seconde fois. Du pure bonheur ! Tout cela parce que vendredi, tu as accepter de relever un défis assez fou. Tu vas te rendre au lycée en pyjama ! Du temps où tu t’y rendais pour suivre, ou plutôt faire semblant de suivre les cours, tu n’aurais jamais hésité à te rendre en classe en pyjama. Avec tes énormes chaussons en forme de pattes de monstre que tu adorais porter. Tu faisais sensation à cette époque et aujourd’hui encore, tu es restée cette petite folle que tu étais quand tu n’avais pas encore 18 ans. c’est comme si tu étais restée bloquée à cette époque. On dit souvent de toi que tu es une grande gamine, que tu ne grandis pas et tu ne diras pas le contraire. Tu sais qu’il t’arrive assez souvent de te comporter comme une enfant, c’est pour cela que tu t’entends si bien avec eux ! Au lycée, tu étais le clown qui amusait la galerie, et plus tes camarades pouvaient rire, plus cela t’amusait et te pousser à aller encore plus loin. Ce qui désespérait tes professeurs qui eux, ne rigolaient pas vraiment et pour tenter de te calmer, te faisait enchaîner les heures de colles. Et maintenant, tu es de retour au lycée mais de l’autre côté. Tu as hâte de mettre ta première heure de colle à un petit con, sans doute juste parce que tu l’auras vue larguer une fille. Solidarité féminine !

Quand tu te lève enfin, tu vas quand même prendre une petite douche avant de remettre ton pyjama. Pour une fois que tu ne portes pas un truc trop enfantin comme ta grenouillère panda. Mais pas question que tu ne portes pas tes énormes chaussons de pattes de monstre. Ce sera le petit grain de folie. Ton pyjama semble trop sage pour vraiment te ressembler. Tu ne peux pas porter que des choses complètements folles. Tu aimes aussi les belles choses, les vêtements agréables à porter. Donc pour aujourd’hui, tu porteras ce pyjama en satin, à rayure, qui fait assez classe pour un pyjama. Bien que accompagné de tes chaussons, ça fait tout de suite moins classe. Mais c’est justement ce qui te ressemble. Avant de quitter la salle de bain, tu te fais un petit trait d’eyeliner et tu mets un peu de mascara, c’est rare que tu en fasses plus niveau maquillage. Et finalement, même en ayant ta tenue en moins à faire pour la journée, tu arrives à être en retard. Tu attrapes juste ton téléphone, que tu balances au fond de ton sac, ta veste en simili favorite et tu files en courant, ce qui n’est vraiment pas pratique avec tes chaussons.

Tu arrives au lycée et déjà, tu ne passes pas inaperçue. Tu es tout juste à l’heure pour l’arrivée des gamins avant que les cours ne commencent. Mais tu t’en fous un peu, celui que tu cherches, c’est Jack. Tu veux lui montrer que le défis est relevé, que tu ne recule devant rien. Et tu veux aussi faire ta belle avec ton beau pyjama. Mais surtout, tu veux lui montrer tes chaussons. Quand tu l’aperçois enfin, il semble discuter avec un groupe d’élèves, mais tu ne te gênes pas pour lui sauter dessus en lui cachant les yeux.
« Devines qui je suis ! »
Tu ne joues pas à ce jeu très longtemps, tu lui rends très vite sa liberté en venant te placer devant lui.
« Hey, salut collègue ! Regardes regardes, je suis mimi en pyjama, tu ne trouves pas ? »

Aujourd’hui, tu es une adulte, une adulte qui se comporte comme une enfant qui n’aurait pas voulut s’habiller ce matin pour se rendre à l’école et ne voulant plus se battre, sa mère l’aurait laissée en pyjama. Petite, tu étais bien le genre à être cette petite fille. Mais maintenant que tu es grande, ce n’est pas pour un caprice que tu te retrouves en pyjama au lycée. Quoi que, un peu quand même. Un petit caprice d’adulte qui relève un défi. Un défi idiot comme tu aimes les relever. Un défi que Jack, ton collègue t’a lancé vendredi avant le week-end. Tu es un peu folle pour la plupart des gens. Le directeur du lycée te voyant revenir demandé du travail alors que tu étais l’une des élèves les plus dissipée, avait ce sourire satisfait. Certains profs également, ceux qui ne croyaient pas en toi, qui disaient que tu terminerais équipière au McDonald du coin. Tu as réussi pendant un temps. Tu as crue pouvoir les faire mentir, tous. Et puis ta vie s’est effondrée. Et maintenant, tu sens dans ton dos, leurs sourires satisfait, leurs sourires qui veulent sous entendre qu’ils avaient raison. Mais tu te relèveras, ce n’est qu’une question de temps. Tu ne sais pas quand, ni comment et tu ne sais pas ce que tu veux faire. Tu ne sais plus, cette mauvaise expérience de la vie t’a perdue. Tu continues de coudre pour les amis, pour les gens qui croient encore en toi, mais veux-tu remonter une affaire pour la perdre de nouveau ? Avec internet et les sites en lignes, tout étant créé par les chinois pour des prix avec lesquels une petite entreprise comme la tienne ne peut concourir, est-ce une bonne idée de se lancer de nouveau ?

Qu’importe, aujourd’hui, tu vas t’amuser, tu vas amuser les élèves. Tu les entends déjà rire, tu sens les regards se poser sur toi alors que tu travers le lycée à la recherche de Jack. Tu lui saute dessus, tu lui fais la surprise. Il te regarde, il a un petit temps d’adaptation avant de rire. Tu es fière de toi. Juste du fait de l’avoir laissé sans voix même si ça ne dure que quelques secondes. Alors tu souris aussi. Même si son fou semble donner l’impression qu’il se fou de ta gueule, tu sais que non. Tu sais que c’est parce que tu l’amuses.
« Je sais, je sais, il est impossible de ne pas m’adorer quand on est pas un prof ! Mais arrêtes donc de t’étouffer, moi je le veux mon câlin ! »
Tu te moques un peu de lui, du fait qu’il s’étouffe de rire. Une jeune femme très compatissante ! Tu tires la langue, un peu moqueuse du fait que ton ami puisse mourir de rire juste pour t’avoir vue en pyjama.
« Non mais vraiment, il va falloir songer à respirer maintenant. »
Il faut peut être aussi songer à vous mettre au boulot. La sonnerie va bientôt retentir et vous devriez faire votre tour de chasse pour débusquer les élèves traînant dans les couloirs pour ne pas aller en cours trop vite, comme tu avais l’habitude de le faire lorsque tu étais à leur place. C’est ironique de se dire que maintenant, tu es à la place de la surveillante qui te faisait la chasse quand tu étais élève. Puis faire le tour des classes pour relever les listes des appels et noter les élèves absents, appeler les familles. Bref, beaucoup de travail qui vous attend.
« Quand tu arrêtera de faire l’imbécile, on pourra se mettre au boulot. Mes chaussons, ils ont envie de visiter le lycée ! »