BANG! Un gros bruit, avec le coeur de la mère qui s'arrête en croyant que le médecin avait échappé son bébé. Fausse alerte, c'était le père qui avait perdu connaissance. Y'aura pas de mort aujourd'hui. Ça aurait quand même été assez briseur de party s'il y avait eue une perte. La gloire de sa naissance quoi, fallait pas la ruiner. Au final pas trop de mal, un petit bébé en santé, bien normal parmi la ville des palmiers. Il avait grandis avec ses hauts et ses bas, sans but particulier dans la vie. Il était un enfant après tout. Un peu téméraire parfois, à jouer des mauvais coups à ses parents avec un crayon permanent parce qu'ils avaient osés dormir pendant que lui s'emmerdait. Il était trop matinal ce petit. Il se prenait pour Picasso, mais se faisait souvent gronder pour cette raison. Il avait fini par comprendre au fil du temps, avait développé d'autres moyens de s'amuser. Bref, une enfance bien ordinaire, dans un milieu qui lui avait toujours donné tout ce qu'il avait de besoin pour bien vivre.

Plus il grandissait, plus le stress de la vie pesait sur ses épaules. Il avait toujours cette envie de jouer, sans prendre la vie bien au sérieux. Mais l'école, elle voyait la vie autrement. Il ne comprenait pas le but des mathématiques, de la géographie, et de tout le reste. Il croyait plutôt qu'il serait plus judicieux de prendre des cours dans ce qu'il aime réellement, lorsqu'il se sentirait près et un peu plus décidé. Il ne pensait pas avec sa tête à cette époque. Il se fichait un peu de tout, avait des notes de passages, pour démontrer un effort minimum. Enfin c'était surtout pour avoir la paix avec ses parents qui rêvaient de voir des A+ partout. Ouais ben, y'aurais fallu demander à Einstein de procréé un peuple en entier hein.  Ouais enfin, y'avais peut-être une idée en tête. Comme tout gamin qui rêve en grand. On rêve du feu et de la gloire, de se rendre utile parce que c'est bien. Et peut-être que c'était con et pas très mature mais... Hey, pompier, ça attire les filles pas vrai? On voyait bien qu'il ne réfléchissait pas très philosophiquement, et qu'il avait décidé d'orienter sa carrière vers ce métier pour les mauvaises raisons.

Définitivement les mauvaises raisons. Il avait regretté son choix de vie lorsqu'il avait commencé. Purée... Fallait vraiment être en forme pour devenir un pompier. Ça il l'avait compris en faisant un petit stage pour se donner une idée du métier. Ça avait pourtant l'air si facile... Enfin surtout à la télévision Américaine. Mais vous savez quoi? Il était sortit de ce stage moins con, à se dire que peut-être, il pourrait essayer. Il aimait bien, avait découvert réellement ce que c'était qu'être pompier. Ça impliquait beaucoup plus que simplement le feu, mais bien être les premiers répondants lors d'accidents à en faire vomir certain. Il ne savait pas s'il en serait capable, mais il était près à y mettre les efforts nécessaire pour arriver à être accepté dans cette école. Et pour la première fois de sa vie, il avait trouvé un but à atteindre, et y mettre tout ce qu'il avait pour y parvenir. Au fil des années, il avait réussit, sans jamais changer d'avis, malgré les hauts et les bas, les découragements et les moments de pertes de motivations. Et puis, il profitait un peu des à côtés, parce que c'était bien vrai que ça attirait les filles ce métier. Le classique quoi.

Les filles c'est bien, mais fallait trouver la bonne un de ces jours pas vrai? Mais c'était quoi en fait, trouver la bonne? Lowie n'en avait pas la moindre idée. Un mystère, comme la vie dans son entièreté. Il était loin de se douter qu'un jour, ça allait véritablement lui arriver. Surtout pas alors qu'il était convoqué au bureau du chef, pour se faire dire qu'il avait été sélectionné pour aller parler du métier dans une école. Avec les plus jeunes en prime. La semaine des métiers, avait-il dit. Bon, il avait été plus ou moins chaud à l'idée, certainement car il ne s'était jamais retrouvé devant autant de jeune, sauf quand lui même l'avait été évidemment, et car il ignorait quoi dire vraiment. Il ne pouvait s'empêcher d'être nerveux quand même, surtout qu'il savait qu'il allait se faire poser des questions complètement loufoques. On n'est jamais préparé à parler devant des enfants. Ça déborde d'imagination, c'est la créature la plus imprévisible sur Terre et la plus surprenante aussi. Bon... On verra bien. Pourquoi pas... Il faut dire qu'il n'avait pas regretté. Parce que l'enseignante était tout à fait charmante. Comme on dit, ça avait cliqué, presque au premier regard. Il y avait eu des petits regards, des petites blagues dans le cours, et au final ça c'était passé à merveille. Son seul regret ce jour là avait été de partir sans plus ni moins. Les jours suivants il avait le visage de la demoiselle qui hantait ses pensées. Et sans réfléchir, en pleine semaine, il y était retourné en civil, en pleine classe, lui demander son numéro de téléphone. La gêne pour les deux, la honte quand même un peu aussi. Mais elle avait dit oui, l'avait inscrit sur un bout de papier avant de l'intimer à sortir, le rire et le sourire aux lèvres. Ça avait réellement commencé là, en quelque part. Et vite développé en quelque chose de plus, de faire en sorte que leurs cœurs se lient par un fil doré.

C'était devenu du sérieux, les présentations aux familles, le petits mots d'amours, le désir de réellement faire partit de la vie de l'autre sans se soucier du reste. Même si le frère de cette dernière n'avait pas semblé des plus joyeux de sa rencontre aux premières présentations, même si ça joie était douteuse parfois... Ouais bon, sans mentir, il avait eue un peu la chienne de demander la main de la femme de sa vie, devant la famille au grand complet. Il avait l'impression que peut-être le frère allait lui briser les dents, et le nez en prime. Aujourd'hui il les avaient toutes encore, fort heureusement.

Ils avaient ouvert un nouveau chapitre de leurs histoires, une fois les vœux faits. Quelques années plus tard, ils se lièrent à tout jamais... La moité de lui, et la moitié d'elle, qui avait commencé à se former sans qu'ils ne le réalisent pleinement aux premiers instants. C'était un projet, mais ils ignoraient encore vraiment lorsqu'ils allaient se concrétiser. Une surprise pour tous les deux, et la plus merveilleuse qui soit à leurs yeux. Ils avaient décidé de prendre un nouveau départ, pour eux, et pour la créature qui s'apprêtait à naître dans les mois à suivre. La raison même de leur déménagement à Marple Spring. Pour une nouveau chapitre de leurs histoires, cette fois belle et bien à eux.

Deux ans... Cela faisait deux ans que leurs livres était terminé. Perdu dans les oubliettes, jamais publié... Deux ans qu'il ne les voyaient plus, que simplement de temps en temps, devenue une présence. La peur qui le guette à chaque jour, de voir sa petite l'oublier, le détester. Il vivait dans le déni, refusait de signer quoi que ce soit pour mettre fin définitivement à leurs liens à tous les trois. Il vivait dans le silence et le vide, qu'il n'arrivait pas à digéré. Une tranquillité lourde, douloureuse, qui l'accompagnait la nuit comme au petit matin. Et comme à chaque soir, il prie pour elles, il espère que sa nuit sera sa dernière. Rester dans les brumes, dans le monde des rêves dans lequel rien n'existait, dans lequel il pouvait échapper à sa réalité.  De celle qui lui faisait ouvrir les yeux sur cette place vide à ses côtés, où jadis sa tendre aimé s’y trouvait. Et du jour au lendemain, ce petit bonheur auquel il s’accrochait avait disparu. 

Il s'était mit les pieds dans ce cercle sans fin. De celui qui était conscient de la source de ses misères, mais qui ne pouvait s'empêcher d'y toucher. L'alcool. On aurait pu croire qu'elle était la seule coupable, la source de tout. Mais elle ne faisait que taire la culpabilité d'un accident. Un mentor, qui avait lamentablement échoué. Un petit nouveau qui avait quitté le monde des hommes avant les autres. Il avait eu le temps de s'attacher, à ce jeune qui avait le cœur sur la main. Mais la vie avait décidé que son chemin s'arrêtait là, parmi les flammes. Il était sous sa responsabilité, on avait dû le tirer de force de cet enfer avant que lui aussi n'y perde la vie. Au final, en se regardant aujourd'hui, il se dit que ça aurait été mieux comme ça. Il jouait la carte de celui qui allait bien, lui et sa tête de mule, qui se refusait de voir un psychologue. Ils ne pouvaient pas comprendre, ils faisaient mine que oui, alors que non. Il ne voyait pas en quoi cela pourrait l'aider.

Il avait adopté un autre moyen, pour oublier, qui au final n'était que poison dans sa vie. Sa femme qui avait tenté de l'aider, les disputes qui se sont multipliés. Au bout du compte elle était partie, avec sa petite. Elles n'étaient plus là. Elle n'avait laissé qu'un mot, accompagné de sa bague de mariage. C'était fini. Il avait atteins la limite du supportable, avait-il compris. L'accepter? Jamais il ne le ferait. Il préférait cacher cette vérité, n'ayant parlé à personne de cette histoire. Il faisait mine que tout allait bien, encore une fois, cachant ses faiblesses. Malgré qu'il savait pertinemment qu'il ne s'aidait pas, à mentir de la sorte, à inventer des histoires, à faire croire aux autres que tout le monde allait bien, qu'elle finirait par passer un jour leur dire bonjour, qu'elle était terriblement occupée ces derniers temps... Ça commence à devenir louche après deux ans... Mais encore plus lourd, au fil du temps. Car son boulot est bien l'une des seules choses qu'il lui reste. Ils ne doivent pas savoir, il ne pourrait se permettre de tout perdre encore une fois. Être pompier... Ce travail qui lui permettait d'oublier, occupait grandement ses esprits dans les cas d'urgence. Il n'avait pas le temps de penser à rien d'autre que l'instant présent, il n'avait pas le temps de s’apitoyer sur son sort.

C'était ça, désormais, sa nouvelle réalité, dans laquelle il vivait au jour le jour sans se préoccuper du lendemain. Devenu une habitude, un train train quotidien. Il avait fait le choix d'abandonner, de se créer sa propre réalité parsemer de mensonges. Mais au moins, dans celle-ci, il peut survivre, il peut garder espoir qu'il retrouvera un jour le sens de la normalité.