Pour une des rares fois de ma vie, je me surpris à rougir aux propos de Lissandra. Non pas parce que je n’avais pas d’estime de moi ou que celle-ci était si basse que j’avais besoin qu’on me dise que je paraissais bien pour que j’y croie, mais plutôt parce que venant d’elle, c’était tout particulièrement flatteur. Après, je me doutais bien que moi rouissant n’était pas nécessairement la chose la plus virile qui soit, mais pour être tout à fait honnête, je m’en moquais. Ce que j’aimais tout particulièrement avec Lissandra, encore plus maintenant que nous avions décidé de nous donner une chance d’être ensemble, de dépasser le stade de l’amitié, c’était que je pouvais être moi-même, sans devoir penser à ce que je faisais nécessairement. Bien sûr, il y avait des moments où je gardais une petite retenue, mais cela me semblait tout naturel, parce que je respectais Lissandra, et tout ce que je souhaitais, c’était la rendre heureuse. De ce fait, rougir devant elle ne me gênait pas vraiment, même si je devais admettre que cela ne me rendait pas fier non plus. C’est ce qui expliqua pourquoi je ne commençai pas à faire une tonne de simagrées et que je ne m’attardai pas sur ce fait bien longtemps, préférant réfléchir à ce que je dirais par la suite, puis une fois que ce fut fait, affirmer :  « Merci, mon ange. », me disant que c’était là une bonne façon de commencer mon propos. Puis après une brève pause pendant laquelle je me permis de l’embrasser furtivement, j’ajoutai :  « En fait, c’est plutôt au niveau des photos que je ne sais pas trop comment faire. Genre prendre la pose, le regard, ce genre de chose. Tu vois ce que je veux dire ? » En gros, je me disais que j’aurais limite besoin d’un professeur avant de passer devant la caméra, ne voulant pas passer pour l’empoté de service qui ne savait pas comment faire une photo qui le rendrait désirable aux yeux des autres. Lissandra pourrait-elle m’aider à ce niveau ? Très certainement. Parce qu’elle n’était peut-être pas pompière, mais elle aussi, elle était magnifique et ce, à tout moment. De plus, vu son métier, elle devait certainement savoir mieux que moi quoi faire, ou du moins, je l’espérais.

J’avais tellement obtenu peu de détails concernant ces fameuses photos que je me sentais complètement démuni par rapport à Lissandra qui, elle, en connaissait un rayon sur le sujet. Je savais bien que je n’avais pas à me sentir mal ou faible devant elle - et c’était ce qui me plaisait tant à l’idée d’être en couple avec une personne que je connaissais depuis tant d’années - mais quand même, j’avais un amour propre que j’aimais bien entretenir, ne pas trop blesser, et du coup, cela était quelque peu frustrant. Je n’allais pas piquer une crise de colère pour autant, j’étais bien loin de là, mais bon, je ne pouvais m’empêcher de faire quelque peu la moue tandis que j’écoutais la belle me parler de comment cela se déroulerait, qu’ils allaient me dire comment me positionner et tout ce qui venait avec. Non pas parce que ses propos étaient dénués de sens ou impertinents, bien loin de là, mais plutôt parce qu’en même temps, je tentais de m’imaginer comment cela pourrait se dérouler, qu’on me dise de placer mon pied là, mes mains sur mes hanches, bref, ce genre de chose. Mais est-ce que cela changeait quelque chose au niveau du visage que je devais adopter ? Malheureusement, je ne le pensais pas, et c’était probablement cela, mon plus gros problème, soit le fait que oui, on pouvait me retirer mon t-shirt, m’enduire d’huile pour rendre mon corps encore plus désirable qu’il ne l’était actuellement, il n’en demeurait pas moins que si j’avais un sourire crispé, cela ne rendrait pas la photo vraiment sexy. Voilà pourquoi, au bout du compte, je vins à dire:  « Oui c’est vrai… Mais après, comment je fais par rapport à ça ? », désignant mon visage avec ma main libre. Je marquai ensuite une petite pause, puis je vins à expliquer mon propos de façon un peu plus détendue en disant:  « Genre… Prendre un air sexy… Comme ça, tu vois ? » tandis que je prenais un air un peu plus charmeur, mais qui me semblait peut-être un peu trop exagéré. Pour le coup, je faisais confiance à Lissandra pour me dire à quoi je ressemblais pour le coup, espérant quand même lui faire un peu d’effet, parce que ce serait là la preuve que j’avais réussi mon coup, ce pour quoi je n’avais aucune certitude pour le moment.

Je me rendis compte bien rapidement que ce n’était pas si difficile, en fin de compte, d’adopter un air sexy susceptible de faire craquer les femmes. D’accord, je ne pouvais pas dire que j’avais l’avis le plus objectif devant moi pour le coup, mais pour être totalement honnête, cela ne me dérangeait pas le moins du monde. Voir ce magnifique sourire apparaître sur le visage de Lissandra était suffisant pour me rendre heureux, et de ce fait, me faire sourire à mon tour, d’une façon un peu plus normale, évidemment. Puis, elle réussit même à m’arracher un petit rire quand elle me dit que si jamais je m’y prenais ainsi, elle finirait par être jalouse. Pour le coup, je m’étais permis de rire essentiellement parce que j’avais compris qu’elle plaisantait. Autrement, si cela avait été un réel problème. ça aurait été une toute autre histoire, évidemment. Toutefois, puisque ce n’était pas le cas en ce moment, je me permis de rire, puis de regarder ma petite-amie avec un air brillant quand elle me dit que ce sourire que je lui avais sorti alors que je croyais qu’il serait totalement cliché, voire ridicule, serait parfait pour la photo. D’accord, il faudrait bien que je me souvienne de comment j’avais fait, mais aussi nunuche cela puisse-t-il être, j’en vins à la conclusion que je n’aurais qu’à repenser à ma dulcinée au moment où l’appareil immortaliserait ma pose et je devrais y arriver. Enjoué, je ne pus m’empêcher de lui dire:  « Ce n’est pas si compliqué que ça, au final ! », sincèrement satisfait de voir que je n’avais pas de souci à me faire, comme le trahissait très bien mon sourire. Puis, après une brève pause, je repris une once de sérieux, et je dis:  « Mais je t’assure, tu n’as pas à être jalouse… » avant de l’embrasser tendrement une première fois, puis dire contre ses lèvres:  « Tu seras la première à en avoir un exemplaire. » en riant doucement pour signifier que je plaisantais pour le coup. Si elle voulait vraiment en avoir un exemplaire, alors elle le prendra, mais je ne pourrais pas la forcer. Puis, je me permis par la suite de l’embrasser une nouvelle fois, de façon un peu plus tendre et passionnée, cette fois-ci.

Un petit sourire apparut sur mes lèvres au moment où Lissandra m’assura qu’elle prendrait un exemplaire du calendrier et qu’elle ne serait pas jalouse que je me retrouve sur le mur de certaines personnes, des homosexuels, de vieilles dames qui veulent un peu de compagnie, et pour tout dire, c’était tant mieux. En effet, il était clair dans ma tête que si cela lui avait posé problème, très certainement que j’aurais refusé l’offre, même si je me doutais bien que cela aurait été mal pris. Toutefois, ma relation avec Lissandra était la chose la plus importante pour moi en ce moment, et personnellement, si quelque chose m’avait posé problème, j’aurais aimé qu’elle fasse de même pour moi. Après, je savais bien que ce serait pas mal plus difficile de faire un caprice, mais je n’avais pas vraiment l’intention d’en faire; j’en avais fait un, une fois, et cela avait été suffisant. Loin de moi l’idée de refaire quelque chose susceptible de venir affecter notre couple. Tout ce que je voulais, c’était être heureux avec elle, même si cela signifiait que je devrais faire attention pour ne pas être jaloux. Ne voulant pas penser à cela pour le moment, je me contentai de simplement sourire à ma belle, puis lui répondre:  « Oui, je sais… » tout en esquissant un petit sourire, avant de finalement poser ma main sur sa joue, puis lui dire en plongeant mon regard dans le sien:  « J’ai beau te connaître depuis toujours, j’ai l’impression de te découvrir encore un peu plus chaque jour, et j’adore ça… » en esquissant un léger sourire par la suite, un peu surpris de moi-même de sortir des paroles aussi… nunuches, mais quand même heureux de les avoir prononcés pour le coup, parce qu’elles n’auraient certainement pas pu être plus sincères.

Un petit sourire apparut sur mes lèvres au moment où Lissandra me confirma que je ne me faisais pas de fausses idées en affirmant que oui, nous avions beau nous connaître depuis longtemps, il n’en demeurait pas moins que nous avions encore pas mal de choses à découvrir l’un de l’autre, qu’on le veuille ou pas. Toutefois, je ne croyais pas pour autant que ma théorie comme quoi être en couple ne changeait pas vraiment à la relation que nous avions précédemment, à quelques exceptions près. En effet, nous avions des choses à découvrir l’un au sujet de l’autre et vice versa, mais c’était, à mon avis, surtout par rapport au fait que nous passions beaucoup plus de temps ensemble, que notre quotidien avait changé et que bien sûr, certains détails qui nous échappaient précédemment allaient devenir évidents maintenant. Toutefois, je ne pensais pas que Lissandra n’avait à craindre quoi que ce soit, ou bien que je devais rectifier le tir concernant ce que j’avais dit précédemment. Enfin, je ne pensais pas lire quelconque crainte dans ses yeux, bien au contraire; elle me semblait aussi heureuse et amoureuse que moi et pour tout dire, je n’aurais pas pu me sentir mieux en ce moment. C’est ce qui expliqua pourquoi je passai un petit moment à la contempler ainsi, sans me lasser, sans ciller une seule fois, parce que je n’en avais pas envie, à croire que j’allais le regretter par la suite alors que je sentais que ce ne serait pas la dernière fois que j’allais la regarder ainsi, ou du moins, je l’espérais fortement. Toutefois, puisque je ne pouvais certainement pas rester planté ici pendant une éternité et que de plus, je me doutais bien que Lissandra devait avoir faim après une journée de tournage pareille, je vins à proposer:  « Tu as faim ? » Je me doutais bien qu’elle ne souhaitait pas vraiment bouger de chez elle, mais malheureusement, puisque ce n’était pas chez elle, mais un appartement fort probablement loué le temps qu’elle soit là, je ne me voyais pas vraiment proposer de faire la cuisine comme je l’avais fait quand je m’étais rendu chez elle la dernière fois, avant qu’elle parte pour Salem. De plus, puisque j’avais vraiment envie de profiter de ce moment, je décidai de lui proposer:  « On pourrait peut-être se trouver un petit resto sympa non loin ? » parce que oui, l’idée de faire un petit repas romantique avec elle me plaisait beaucoup. Restait juste à voir si elle, elle était d’accord, parce que je ne voulais pas lui imposer quoi que ce soit.

 « Je commence à avoir faim pour tout te dire. La nourriture d’avion, ce n’est vraiment pas ce qu’il y a de meilleur. » fut ce que je répondis quand Lissandra me demanda si moi-même, j’avais faim. Quand venait le temps de manger, il était difficile pour moi de cacher quand j’avais faim ou pas. Bien sûr, si jamais il me fallait être poli, je me taisais, mais pour le coup, je ne voyais pas pourquoi je ne pourrais pas être honnête avec elle. Et puis, je me doutais bien qu’à un certain degré, elle comprendrait ce que je vivais, parce qu’elle aussi avait l’habitude des avions, ou du moins, un peu, vu comment elle devait se déplacer pour ses nombreux tournages. Cependant, je ne l’avais pas dit en râlant, je l’avais même affirmé sur un ton un peu amusé, signifiant que je n’étais pas en colère contre qui que ce soit, j’avais faim, tout simplement. Par conséquent, ce fut avec bonheur que je l’entendis accepter ma proposition d’aller au restaurant, plus que content de voir que cela semblait l’emballer malgré la fatigue, malgré le fait qu’elle avait dit vouloir passer une soirée tranquille. Au pire, nous n’aurions qu’à aller au restaurant et simplement rentrer, sans faire de détour, sans perdre trop notre temps, ce n’était pas quelque chose qui me dérangeait vraiment. Puis, devant ses propositions, je décidai de m’en tenir à la première, et je dis donc dans un haussement d’épaules:  « Italien, ça me va ! » parce que de toute façon, je ne suis pas difficile, tant et aussi longtemps que je mangeais quelque chose de comestible et quand même bon au goût. Ensuite, je laissai quand même quelques instants pour laisser Lissandra confirmer son choix, et je décidai de lui demander:  « Veux-tu y aller maintenant ? Comme ça on pourra rentrer tôt et tu pourras te reposer… » en me disant qu’ironiquement, je sonnais un peu pépère à dire cela, mais je pensais surtout au bien-être de ma bien-aimée pour le coup, et à rien d’autre.

Le restaurant étant maintenant choisi, et Lissandra acceptant de s’y rendre dès maintenant afin de pouvoir rentrer relativement tôt, il n’y avait plus de raisons d’attendre avant de se rendre à celui-ci et manger un morceau. Acquiesçant quand elle accepta définitivement le plan, je ne me fis pas prier pour me lever. D’accord, peut-être que cela pouvait paraître un peu brusque pour le coup, mais évidemment, je ne le fis pas de façon complètement excitée comme si je ne voulais pas attendre plus longtemps avant d’aller manger au restaurant. Je n’avais pas vraiment mangé à ma faim dans l’avion, mais j’avais quand même un certain savoir-vivre me permettant de bien me comporter, et surtout ne pas être impatient au point d’oublier de complètement oublier ma petite-amie, celle pour qui j’avais fait tout ce chemin. Pour le prouver, je ne tardai pas, une fois debout, de tendre la main en sa direction, histoire de l’aider à se lever, et surtout, ne pas lâcher sa main tandis que nous sortions de l’appartement pour finalement se rendre à ce restaurant. Rapidement, tandis que nous étions sur la route, je me rendis compte qu’en fait, l’appartement de Lissandra était stratégiquement bien placé; non seulement il était proche du studio, mais il était proche d’autres éléments utiles, comme ce fameux restaurant. En quelques minutes, nous étions arrivés, et par chance, il n’y avait personne qui attendait dans l’entrée. Nous eûmes facilement une table. Le maître d’hôtel nous y conduisit, et tout naturellement je tirai la chaise de Lissandra pour qu’elle s’y installe. Une fois que ce fut fait, je pris place en face d’elle, et je lui demandai par curiosité, toujours un sourire aux lèvres:  « Tu es déjà venue ici ? »

J’aimais cuisiner, ce n’était plus un secret pour personne, mais c’était essentiellement parce que j’aimais la nourriture, et j’avais encore plus appris à l’apprécier ces derniers temps. En effet, maintenant que j’avais l’occasion de manger environ tout ce que je voulais, parce que je n’avais pas un régime strict à respecter plusieurs mois par année, je ne me privais plus pour essayer de nouvelles choses et par conséquent, les sorties au restaurant, bien que peu fréquentes parce que cuisiner ne me dérangeait pas du tout. De ce fait, demander à Lissandra si elle était venue ici n’était pas pour moi une façon de déterminer si le restaurant allait me plaire ou pas. Je lui faisais suffisamment confiance pour me dire que si elle l’avait proposé, c’était parce qu’il était susceptible d’être bon, et surtout agréable. Si je lui avais posé la question c’était essentiellement par curiosité, et celle-ci ne s’était pas gênée pour répondre, ce qui m’avait aussitôt arraché un sourire qui devint plus enthousiaste quand elle m’avoua que la nourriture était très bonne. Franchement, c’était tant mieux, et cela me rendait encore plus curieux d’y goûter, et encore plus affamé par la même occasion. Peu de temps après que nous fûmes assis, un serveur vint nous voir, nous donnant les menus, accompagné d’une carte des vins. Pour le coup, je me retrouvai dans un moment d’hésitation; je savais bien que Lissandra ne buvait pas beaucoup, mais peut-être voudrait-elle accompagner son repas malgré tout par un verre ? Ne sachant pas trop prendre une décision pour le coup sans la consulter d’abord et avant tout, je demandai, tout simplement:  « Tu veux boire quelque chose ? »