Déjà que l’avoir contre moi me plaisait énormément, je n’aurais pas pu être plus heureux quand je la sentis passer de son plein gré ses jambes autour de ma taille et prolonger le baiser en glissant ses doigts dans mes cheveux. Ce dernier geste m’arracha même des frissons tandis que je refusais que ce baiser s’arrête, tandis que je la serrais toujours un peu plus contre moi comme si jamais je ne voudrais la lâcher. Pendant un instant, je sentis même que j’avais envie de plus que l’embrasser, que la caresser. Je voulais lui prouver mon amour au-delà de ces gestes qui me semblaient très, voire trop simples à ce point. Mes intentions n’étaient pas nécessairement perverses, mais pour ne pas rendre Lissandra mal à l’aise, je ne fis rien, faisant en sorte qu’au bout d’un moment, elle fut libre de rompre le baiser un peu soudainement, ce qui me laissa quelque peu stoïque, surtout compte tenu de ce qu’elle me dit par la suite. Enfin, ce n’était pas ses mots qui m’embêtaient, mais plutôt le fait qu’en plongeant mon regard dans le sien, je me rendis compte qu’elle semblait limite… triste. Inquiet, je perdis quelque peu mon air ravi, histoire de la regarder plus longuement. Je ne trouvai rien d’alarmant, ne serait-ce que ce qui me semblait être un peu de nostalgie. Après, je n’étais pas le plus doué pour deviner les émotions des gens, ce qui expliqua pourquoi, au bout du compte, je me contentai de simplement lui dire : « Moi aussi… » avant de lui sourire tendrement, puis libérer une de mes mains pour la passer délicatement sur la joue tandis que je la considérais encore et toujours. Puis, finalement, je ne résistai pas à la tentation de lui demander : « Tout va bien ? », ayant résisté toutefois à l’envie d’utiliser un mot doux pour la qualifier. Encore une fois, ce n’était certainement pas l’envie qui me manquait, mais je n’oubliais pas que c’était nouveau pour elle, et trop ce n’était comme pas assez, ça rendait inconfortable. Je voulais surtout voir ce qu’elle allait répondre, comment elle allait réagir avant d’ajouter quoi que ce soit.

Un petit sourire apparut automatiquement sur mes lèvres quand Lissandra chercha à me rassurer comme quoi il n’y avait rien, même si au fond de moi, je demeurais quand même quelque peu inquiet. Non seulement, sauf peut-être si jamais j’étais vraiment mauvais pour l’embrasser ou que je la serrais trop fort contre moi, elle n’avait pas vraiment de raison de perdre son enthousiasme comme cela, surtout si elle disait être bien avec moi. Après, je ne disais pas qu’elle me mentait, parce que la connaissant depuis des années, je me doutais qu’elle me fasse ça, d’autant plus qu’elle connaissait mes expériences douloureuses par rapport aux gens qui m’ont menti par le passé, et qu’elle savait que c’était quelque chose que j’avais beaucoup de mal à supporter. C’était d’ailleurs ce qui expliquait pourquoi je me faisais un devoir d’être honnête envers elle, et l’inviter à l’être envers moi, même si les dires pouvaient être parfois difficiles à avaler, même si les choses n’allaient pas toujours être faciles, surtout quand elle serait en tournage, loin de Marple Spring, aux prises avec un emploi du temps qui ne nous permettrait peut-être même pas de s’envoyer des messages pendant une journée. Toutefois, je voulais m’assurer qu’elle sache que si jamais il y avait quoi que ce soit, à n’importe quel moment, elle pouvait me le dire, m’appeler, frapper à ma porte, parce que je voulais être là pour elle, autant que possible, de toutes les façons possible. Cependant, puisque je ne me voyais pas le lui dire de façon aussi sérieuse, brisant ainsi l’ambiance si agréable qui était en train de s’installer entre nous, je me contentai de simplement la regarder, puis affirmer tout en douceur :  « D’accord… Mais si tu as besoin de partager tes « conneries », tu ne te gênes pas, d’accord ? » Puis, comme si je voulais m’assurer qu’elle prenne en considération mes propos non pas comme une obligation, ou bien quelque chose de trop sérieux pour le moment présent, je resserrai encore un peu mon étreinte sur elle, puis je déposai un petit baiser sur le bout de son nez avant de la considérer avec un petit air amusé, me languissant déjà de revoir son sourire réapparaitre encore une fois sur son beau visage. Elle était magnifique quand elle souriait, et tout ce que je voulais, c’était réussir à la faire sourire, autant que possible, à chaque moment de la journée.

Encore un peu inquiet quand je mentionnai à la jeune femme qu’elle pouvait se confier à tout moment si elle en ressentait le besoin, je me sentis un peu plus rassuré quand elle réitéra son propos, affirmant qu’elle n’en ressentait pas le besoin. Pour sûr, j’étais un peu plus soulagé, mais en même temps, il fallait que j’admettre que maintenant, j’étais pas mal curieux de savoir ce qui lui était passé par la tête, ou plutôt, si cela avait quelque chose à voir avec nous deux, quelque chose comme ça. Cependant, je n’osai pas lui demander, raison étant que cela faisait maintenant deux fois qu’elle me disait que tout allait bien, que je n’avais pas à m’en faire et que par conséquent, insister reviendrait à me montrer un peu trop exigeant, à mon avis, et pour sûr, je ne voulais pas causer un froid pour une chose qui n’avait peut-être même pas raison d’être. De plus, je me disais que maintenant qu’elle le savait, si elle en ressentait vraiment le besoin d’en parler, elle le ferait. Je pensais être en mesure de la mettre suffisamment en confiance pour qu’elle se confie, sans parler du fait que ce n’était pas nouveau ; relation amoureuse ou pas, j’avais toujours fait tout mon possible pour être là pour la jeune femme, alors cela n’allait certainement pas changer aujourd’hui, bien au contraire. Je ferais encore plus mon possible pour être là pour elle, pour la rendre heureuse, exactement comme je voulais le faire depuis si longtemps maintenant que je ne saurais mettre le doigt sur un nombre d’années exact. De toute façon, là n’était pas l’essentiel, le plus important à présent étant de profiter de l’instant immédiat, c’à quoi je m’affairai rapidement quand j’entendis Lissandra rire, mettant le baume final sur toutes mes inquiétudes soudainement. Suite à cette réaction, je lui souris avec tendresse, puis après un bref moment, je choisis de réitérer, histoire de l’entendre rire une nouvelle fois, déposant ainsi un autre baiser sur son nez, pour finalement en mettre un sur sa joue, puis encore une fois sur ses lèvres, avant de me laisser aller et en déposer un sur sa mâchoire, à proximité de son cou, sans toutefois aller plus loin pour le coup, histoire, encore une fois, de ne rien faire qui pourrait être mal interprété.

Mes lèvres sur son visage, ses mains dans mes cheveux, elle dans mes bras, pas besoin de mots pour décrire ou même démontrer que je me sentais bien. J’étais heureux, purement et simplement, et pas une seule parole, pas un seul geste ne pourraient venir changer ça. En vérité, je ne voulais pas que quoi que ce soit vienne ruiner ce moment, qui était tout simple, mais pourtant si précieux à mes yeux. Après avoir terminé de déposer ces furtifs baisers sur le visage de ma bien-aimée, je la regardai encore une fois, la gardant ainsi contre moi, en silence, pendant un petit moment. Son poids léger et ma musculature imposant faisaient en sorte que je pouvais la garder ainsi, sans que ses pieds ne touchent terre, sans trop de problème. Pourtant, puisqu’il fallait que je prépare le repas à un moment donné, et qu’en ce moment, je faisais tout sauf cela – même si pour être honnête, cela ne me déplaisait pas du tout, bien au contraire – je décidai de me bouger, ou plutôt, j’eus l’intention de le faire, sans vraiment comment procéder. Je ne voulais en rien me montrer brusque ou quelque chose comme cela, alors je me contentai de simplement sourire une nouvelle fois à la jeune femme, puis m’avancer quelque peu, le temps de m’approcher du plan de travail le plus proche. Toujours en la gardant dans mes bras, je m’assurai qu’il n’y avait rien qui trainait sur le comptoir, puis je la déposai sur celui-ci, faisant en sorte qu’elle n’était plus à ma hauteur, mais un peu plus surélevée par rapport à moi, ce qui me convenait très bien, soit dit en passant. De plus, cela me permettait de la garder non loin pendant que je préparais ce fameux poisson, si elle voulait bien rester là, évidemment, parce que bien sûr, je ne l’obligeais en rien. Elle était quand même libre de faire ce qu’elle voulait. Cependant, je comptais bien profiter de cette posture pour un petit moment, soit en m’approchant d’elle et en posant délicatement mes mains sur ses cuisses pour lui dire, toujours avec un sourire niais : « Jus de fruits, c’est ça que tu m’as dit, n’est-ce pas ? » en ajoutant un petit rire à mon propos, histoire de signifier que je plaisantais, parce que oui, je m’en souvenais, mais je voulais aussi montrer que je passais un moment qui me faisait oublier le reste du monde, et j’espérais qu’elle allait être en mesure de le deviner.

Un petit rire gêné accompagné d’une grimace faussement embêtée furent suffisants pour répondre à la blague de la jeune femme concernant mon âge. Je savais bien qu’elle me taquinait, et je n’étais pas vexé, même s’il était vrai quand même que la différence d’âge était plus que considérable. Onze ans, ce n’était pas rien, quand même, bien que personnellement, je ne pensais pas que cela pourrait venir interférer sur nos relations. En fait, la seule chose que cela avait altéré, c’était le temps, le fait que je n’avais pas pu me rendre compte de la sublime jeune femme qu’elle était devenue avant qu’elle n’atteigne l’âge et que surtout, il avait fallu que j’attende pour lui avouer comment je me sentais, essentiellement parce que je ne voulais pas être ce vieux pervers qui prend le risque de faire un détournement de mineur ou quelque chose comme cela. Je savais bien qu’avec Lissandra, c’était différent, mais dans ma tête, ça demeurait délicat, et finalement, je ne le regrettais pas, puisque ma patience avait payée et maintenant, j’avais la jeune femme que pour moi, et je ne pouvais pas m’en montrer plus heureux. Au final, je haussai les épaules, et je lui répondis avec mon plus beau sourire : « Ni un ni l’autre, c’est toi qui me fais perdre la tête. », sachant que mes propos étaient plus que clichés, mais je m’en moquais bien pour le coup. J’étais juste ravi de pouvoir tenir des propos de ce genre à l’adresse de quelqu’un que j’aimais sincèrement, surtout que d’une certaine façon, je les pensais, vraiment. Ensuite, elle vint me confirmer son choix en me disant qu’il devrait y en savoir, ce qui fut suffisant pour moi pour acquiescer, me retourner le temps de retourner au frigo, et finalement aller trouver le fameux jus. Rapidement, j’en vins à la conclusion que « Effectivement, il y en a. » avant de sortir le carton de jus pour finalement aller à la quête d’un verre. Malheureusement, tout ce que je trouvai, ce fut des verres à vin. Décidant que ça ferait l’affaire, j’en pris deux, servis du jus dans ceux-ci – parce que j’avais décidé de prendre la même chose qu’elle, n’étant pas difficile – et quand ce fut fait, je lui en tendis un, et je lui dis, dans un sourire : « Et voilà, mademoiselle est servie. »

Heureusement, Lissandra ne se montra pas insultée que je prenne des verres qui étaient loin d’être appropriés pour servir du jus en temps normal, en société. Plus encore, elle semblait plutôt amusée, ce qui me convenait tout à fait et qui faisait en sorte que je me balançais complètement des formalités. De toute façon, à quoi bon de s’en faire avec ce genre de détail ? En mon sens, l’essentiel était que Lissandra et moi étions heureux, étions en train de passer un bon moment. Le reste n’était que futilité. Nous étions, dans un certain sens, heureux dans notre petit cocon actuellement, et rien ni personne ne pourrait changer cela. Souriant à ses propos, je ne sus que confirmer son affirmation quand je pris moi-même une première gorgée de mon propre verre. Un hochement de tête plus qu’approbateur fut alors suffisant pour faire savoir à mon adorée qu’elle avait d’excellents goûts en matière de jus. Il fallait que de mon côté, je n’étais pas nécessairement un expert. Oui, j’en buvais, mais bien souvent, je m’en tenais à ceux qui n’étaient pas sucrés, remplis de protéines, ce genre de chose, tout cela dans le but de garder la forme. Boire et manger certaines choses pour le plaisir de le faire, c’était quelque chose que j’avais quelque peu oublié pendant ma carrière de footballeur professionnel, et c’était le genre de plaisir que je retrouvais graduellement et pour tout dire, je ne regrettais absolument rien. De plus, ce n’était pas comme si j’étais en train de boire quelque chose de tout à fait malsain; c’était un jus, qui me semblait particulièrement frais, juste parfait pour mettre la main à la pâte pour faire ce fameux repas, quand je trouverais la motivation, évidemment. Cependant, un évènement vint rapidement me rappeler à l’ordre, soit le moment où Lissandra se leva pour s’occuper de son chien. C’est là que je décidai de finalement apporter tout le nécessaire pour faire le repas sur le comptoir, non loin de là où Lissandra était installée quelques instants auparavant, puis je commençai à préparer le tout. Puisque je commençais déjà à avoir faim et que ce n’était pas bien compliqué à faire, je pris ce qu’il me faudrait pour préparer le riz de même que le poisson. Tandis que je laissais l’eau chauffer pour le riz, je commençai alors à couper des légumes pour accompagner le tout, souriant à Lissandra quand elle revint à ma rencontre après s’être occupé de son animal de compagnie. Je fis exprès de ne pas lui proposer de m’aider, raison était que je voulais la gâter, alors je n’allais certainement pas lui demander de mettre la main à la pâte, elle aussi. De toute façon, j’avais fait exprès de prendre un repas rapide à faire, faisant en sorte que je ne demeurai pas trop de temps à devoir partager mon attention entre le repas et ma bien-aimée. Au bout d’un moment relativement bref pour cuisiner quelque chose, je me montrai alors plus que satisfait de l’odeur qui se dégageait des fournaux. Souriant, je servis le tout dans deux assiettes, puis je regardai Lissandra en disant: « Madame, le repas est servi. » dans un petit sourire espiègle, déjà impatient de voir ce qu’elle allait en penser, espérant sincèrement que ça allait lui plaire, évidemment.

Maintenant que j’avais servi Lissandra et que celle-ci était sur le point de me dire ce qu’elle pensait du repas que j’avais préparé, je dus admettre que je me sentais quelque peu nerveux. Pourquoi ? Non pas parce que je remettais en question mes capacités culinaires, mais plutôt parce que j’espérais sincèrement que cela allait lui plaire, que je n’aurais pas mis une épice qui ne lui conviendrait pas ou quelque chose dans le genre. Rares étaient les moments où je pouvais cuisiner ainsi pour les gens que j’aimais et en temps normal, quand je le faisais, je mettais beaucoup de temps et d’attention à ce que je faisais. Ce soir, j’avais improvisé quelque chose du mieux que je le pouvais, ne pouvant certainement pas me concentrer autant que lorsque j’étais seul chez moi, dans ma cuisine. Cela ne voulait pas dire que j’avais bâclé le repas pour autant mais quoiqu’il en soit, compte tenu des circonstances, compte tenu de la personne pour qui j’avais préparé le dîner, je voulais juste que tout soit parfait. Heureusement, peu de temps après qu’elle m’ait souhaité un bon appétit et que je lui eus répondu :  « Merci, à toi aussi. », elle me confirma que je n’avais pas raté mon coup en me disant que c’était délicieux. À ces mots, un grand sourire niais apparut sur mon visage, laissant parfaitement voir que j’étais plus que fier de mon coup. Puis, je ne tardai pas à lui dire :  « Je suis content que ça te plaise, vraiment. » Sur ces mots, je pris à mon tour une bouchée pour confirmer qu’effectivement, je n’avais pas raté mon coup. Franchement, je n’aurais pas pu en être plus heureux, si bien que par la suite, je finis par dire à la jeune femme :  « J’essaie d’apprendre toujours un peu plus de recettes, maintenant que j’ai du temps devant moi pour le faire. Et puis, j’adore ça, alors je ne vois pas pourquoi je m’en priverais. » tout en lui souriant doucement avant de reprendre une autre bouchée de mon repas, plus qu’heureux de pouvoir partager cette activité qui me tenait à cœur avec une personne qui me tenait plus qu’à cœur.

Cela me surprit quelque peu que Lissandra me dise que je ne lui avais jamais mentionné que j’aimais cuisiner. En effet, ce n’était pas un secret pour qui que ce soit, raison étant que même si ce n’était pas l’image qu’on pouvait se faire de moi dans un premier temps, il n’en demeurait pas moins que je n’avais pas honte de savoir faire la cuisine. Cependant, je décidai de ne pas trop m’en faire, ne voulant pas la perturber comme c’était arrivé précédemment. À la place, je me contentai de simplement lui répondre, toujours un petit sourire en coin : « Ça fait un moment que j’ai commencé, mais le temps me manquait, donc je me contentais de discuter avec les chefs de restaurants, pour avoir des trucs et tout. Depuis que j’ai pris ma retraite du sport, j’ai pas mal plus de temps, donc j’y ai beaucoup travaillé. », pensant avoir adéquatement résumé la situation. Toutefois, je ne m’arrêtai pas là, décidant de prendre le fait que Lissandra n’était pas au courant et le tourner en quelque chose de positif pour garder l’atmosphère détendue de la sorte, soit : « Et maintenant, tu l’as appris probablement de la meilleure façon qui soit. » avant de continuer mon repas, la considérant encore et toujours d’un air admiratif, ravi, amoureux. Cependant, celui-ci devint un peu plus sérieux quand elle vint à m’avouer qu’elle ne cuisinait pas beaucoup, ce repas étant le premier réellement bien depuis qu’elle était là. C’était triste, je devais l’admettre, mais je me doutais bien que ce n’était pas ce dont elle voulait parler, alors encore une fois, je choisis de dédramatiser le tout, puis simplement répondre dans un haussement d’épaules : « Eh bien maintenant, je te ferai à manger quand tu veux, mon ange… » avant de lui sourire une énième fois, puis continuer à manger avec elle, passant ainsi une soirée exceptionnelle en sa compagnie, encore mieux que je n’aurais pu l’imaginer.