En écoutant les dires de Lissandra, je vins à me demander pendant un instant si je n’avais pas parlé trop rapidement contre ces fameux producteurs. Peut-être que j’aurais dû attendre qu’elle me présente les deux côtés de la médaille avant de m’exclamer de quelconque façon, puisqu’alors que je m’étais faite mon idée sur le sujet, vu ce qu’elle avait avancé, je me rendais compte qu’en fait, ce n’était pas vraiment ça, que même si oui, ils étaient désagréables, ils n’avaient pas que de mauvais côtés. D’accord, oui, j’avais peut-être réagi trop vite, et pendant un instant, je m’en sentis un peu mal, si bien que je n’osai pas dire quoi que ce soit par la suite, raison étant que oui, je reconnaissais mon erreur, mais en même temps, je ne me voyais pas brusquement changer mon fusil d’épaule et soudainement dire que ceux-ci étaient des personnes bien, travaillantes et tout ce qui venait avec, surtout pas quand je voyais la personne que j’aimais aussi épuisée, paraissant limite lassée de ce boulot qu’elle aimait à la base. Déconcerté, je gardai le silence jusqu’à ce que j’aie la bonne idée de lui faire savoir que j’étais là pour elle, pour lui venir en aide, la réconforter en cas de besoin. Pour moi, ce n’était pas quelque chose de difficile à lui dire, c’était la pure vérité; en étant avec elle, je me faisais la promesse de prendre soin d’elle, faire en sorte qu’elle soit bien, qu’elle soit heureuse. S’il fallait que je lui masse les pieds quand elle rentrait du boulot, alors j’allais le faire. S’il fallait que je fasse son ménage quand elle bossait trop, je le ferais. D’accord, je ne disais pas que j’irais jusqu’à me déguiser en Justin Bieber et chanter « baby » pour lui faire plaisir, il y avait des limites quand même, mais l’essentiel était que oui, je serais là pour elle, tant et aussi longtemps qu’elle voudrait de moi. Heureusement, cela sembla suffisant pour la réconforter, et je n’aurais pas su m’en montrer plus satisfait. Je la serrai un peu plus contre moi, l’emprisonnant dans mes bras avant de déposer un baiser sur sa tête, puis lui dire : « Hey… Tu n’as pas un métier de merde… Ce sont les conditions qui le sont. » avec un petit sourire. Ce propos, je n’avais pas eu honte de le dire, mais pas du tout. J’avais toujours cru que Lissandra avait beaucoup de courage de pratiquer le métier qu’elle faisait en ce moment, et aussi énormément de talent. Je ne voulais certainement pas qu’un producteur exigeant vienne miner son estime personnelle. Elle ne méritait pas ça, et j’avais bien l’intention de le lui rappeler, comme je venais tout juste de le faire.

Ce n’était pas par méchanceté ou bien parce que j’étais vexé, bien loin de là, mais je préférais ne pas vraiment parler de solutions pouvant aider la jeune femme, puisque je m’étais rendu compte que je ne m’y connaissais pas assez pour pouvoir concrètement l’aider. Le mieux que je pouvais faire dans la situation présente, c’était être là pour elle, lui prodiguer des conseils si jamais elle en ressentait le besoin, bref, l’aider comme je le pouvais sans tenter de m’aventurer sur des sujets que je ne connaissais pas nécessairement. J’étais maintenant persuadé que c’était le mieux, et les dires de Lissandra venaient me le confirmer. En effet, celle-ci vint à soudainement commencer à me parler d’une éventuelle solution pour être moins fatiguée, plus aussi épuisée en raison de son travail, soit en demandant plus de temps de congé, de façon plus régulière. Franchement, je ne pouvais pas m’en plaindre, surtout que c’était moi qui lui en avais parlé dans un premier temps. Enfin, pas nécessairement comme ça, j’en étais bien conscient, mais au final, j’étais quand même content d’avoir mis le sujet sur la table et permettre à la jeune femme de poser une réflexion sur la question. Conséquemment satisfait, je ne le montrai toutefois pas, parce que les derniers dires de la demoiselle vinrent placer sur mon visage un air un peu plus triste, un peu plus austère. Je ne pouvais pas m’en empêcher, je n’aimais pas vraiment la voir dans un état pareil, c’est ce qui expliqua probablement pourquoi mon premier réflexe fut de lui demander : « Et tu viendras me voir pendant tes congés ? » en adoptant un air de chien battu pour montrer que ma question n’avait rien d’égoïste, mais avait pour simple but de lui remonter le moral. D’accord, peut-être que je ne m’y prenais pas de la meilleure façon qui soit, mais je m’en moquais. J’étais maladroit comme ça, et voilà maintenant longtemps que j’avais décidé de l’assumer, parce qu’autrement, regretter mes faits et gestes quand ceux-ci n’avaient rien de méchant aurait pour simple effet de me rendre malheureux, et ce n’était pas cela dont j’avais envie, surtout pas aujourd’hui. En effet, je n’avais aucune raison d’être triste, sauf pour le fait que Lissandra travaillait trop et semblait en avoir assez, mais elle semblait avoir trouvé une solution, et sachant qu’elle était capable de ne pas s’en laisser imposer, je savais qu’elle parviendrait à ses fins. Après un petit moment de silence, moment pendant lequel je la gardai encore et toujours contre moi. Puis, une petite idée me vint à l’esprit, et je décidai de lui proposer : « Et si je te faisais à manger, ce soir ? » Je savais bien que ce serait un peu m’imposer chez elle, mais je m’en moquais. J’avais envie de la faire sentir bien, de la faire sentir à l’aise, que même si la journée avait été riche en émotions, elle soit en mesure de profiter encore de son congé et se détendre. Et puis, j’avais une petite idée en tête, rien de compliqué. Après, encore fallait-il qu’elle me laisse faire, et je ne prendrais aucune initiative sans avoir son accord, c’était sûr et certain.

Lui demander si elle viendrait me voir quand elle serait en congé était essentiellement une blague, mais cela me fit quand même plaisir de l’entendre me dire que c’était là une évidence, que même c’était pour moi qu’elle voulait plus de jours de congé, d’une certaine façon. Je ne voulais quand même pas être la cause d’une éventuelle perte d’emploi ou quelque chose dans le genre, mais cela me toucha quand même de l’entendre dire cela. De plus, ses propos me firent comprendre que cette relation que nous étions en train de construire quelque chose de solide, encore plus grand que je ne l’aurais espéré. Non pas que je n’avais pas d’attentes concernant notre relation, que je pensais que Lissandra ne serait pas en mesure d’avoir une relation sérieuse vu qu’elle ne savait pas ce que c’était, comme elle me l’avait dit à plusieurs reprises, mais plutôt parce que je ne m’attendais pas à tant, ou du moins, pour le début. Tout ce que je voulais à la base, c’était d’avoir une opportunité de la rendre heureuse, la voir dès qu’elle le pouvait, passer du temps en sa compagnie, ne pas l’obliger en quoi que ce soit. J’étais conscient à la base que son métier lui prenait énormément de temps, alors jamais je me serais vu lui exiger quoi que ce soit, pas qu’elle prenne plus de vacances pour moi pour commencer. Cependant, puisque je ne pouvais certainement pas m’en plaindre, parce que moi aussi, éventuellement, je me voyais dans une relation sérieuse, stable, je ne passai aucun commentaire, me contentant de simplement la garder contre moi. Toutefois, j’avais bien l’intention de lui faire savoir que j’étais plus qu’heureux, plus que reconnaissant à ma façon, à commencer par lui proposer de préparer le repas pour nous deux. Heureusement pour moi, elle accepta rapidement, m’arracha un petit sourire de satisfaction qui me quitta toutefois momentanément quand elle me demanda ce que j’allais lui préparer. Pour tout dire, ça, je n’y avais pas encore réfléchi, raison étant que je pensais pouvoir me débrouiller dès que j’aurais une idée. Choisissant alors de répondre : « Hum… Tout dépendant ce que tu as dans ton frigo. » dans le sourire qui venait de faire son retour. En effet, je n’avais pas nécessairement envie de partir faire les courses pour aller trouver des éléments en particulier, sachant que c’était possible d’improviser avec ce qu’on avait, j’étais même devenu un expert pour ça. L’idéal serait alors que je me lève pour aller voir ce qu’effectivement, le frigo contenait, mais n’oubliant pas que je n’étais pas chez moi, même s’il faudrait que je m’empare de la cuisine à un moment ou un autre pour préparer le repas, je me ravisai, puis je préférai lui dire : « À moins que tu aies une envie quelconque ? » Il était certain que j’aurais préféré lui faire une surprise, mais parce que justement, je ne savais pas ce que je ferais, je me disais qu’au final, ce serait mieux de lui demander si elle avait une proposition, en espérant juste que je n’allais pas la décevoir.

Je n’allais pas cacher le fait que ma plus grande crainte à l’idée de ne pas faire la cuisine chez moi était de ne pas avoir les ingrédients que je désirais à portée de main. Quand j’avais proposé à Lissandra de préparer le repas, j’avais pris en considération ce fameux risque, me disant que compte tenu que j’avais passé pas mal de temps à développer mes habiletés culinaires depuis que j’avais pris ma retraite du football américain, je saurais m’adapter avec ce que je trouverais et que dans le pire des cas, je n’aurais qu’à faire des macaronis au fromage, seulement les meilleurs que la jeune femme aurait goûtés, ou plutôt, j’aurais tenté de les faire. Cependant, je me rendis compte que je n’avais absolument pas à m’en faire pour cela, raison étant que si je me fiais aux dires de la demoiselle, il y avait de quoi faire non pas un dîner, mais bien plusieurs repas. À ce moment, ce ne fut pas vraiment le manque de nourriture qui commença à me faire peur, mais bien l’idée que justement, il y ait tellement de possibilités que je ne sache pas quoi faire au final. Voilà pourquoi je crus bon de demander à Lissandra si elle avait une idée ou une préférence. Après tout, peut-être avait-elle des plans concernant ce qu’elle voulait manger ? J’espérais juste ne pas les avoir trop gâchés pour le coup, mais visiblement, cela ne sembla pas être le cas. Plus encore, la demoiselle vint à me dire qu’elle n’avait pas vraiment de préférence, tant et aussi longtemps que je n’incorporais pas les deux aliments auxquels elle était allergique. Ça, j’y avais déjà pensé, même si je ne le mentionnai pas dans un premier temps, toujours perdu dans mes réflexions par rapport à ce que je pourrais faire avec toutes les possibilités qui s’offraient à moi. Voilà pourquoi je vins à adopter une moue un peu plus sérieuse, mais pas trop quand même, parce que lorsque je réfléchissais, j’avais pour habitude de faire cette grimace un peu étrange que les gens trouvaient très drôle, sans que je ne comprenne vraiment pourquoi. Cependant, parce que c’était mon lot de faire rire les gens sans le vouloir, je ne m’en fis pas trop, d’autant plus que je ne gardai pas cette moue bien longtemps, Lissandra me tirant de mes pensées pour m’emmener à la cuisine avec elle, histoire de me montrer tout ce qu’elle avait. Maintenant, en ayant un visuel de tout cela, je pourrais mieux m’y retrouver, j’en étais persuadé. Souriant donc doucement à ses dires, une fois qu’elle eut terminé de tout ouvrir, je me permis de m’approcher derrière elle, passer mes bras autour de ma taille pour la serrer encore une fois contre moi, sans allusion quelconque. Lorsque ce fut fait, je l’embrassai doucement sur la joue, et je lui dis, à présent un sourire aux lèvres :  « Mais ce n’est pas moi que ça va gêner, tu sais ? Le plus j’en ai, mieux c’est. » J’ignorais si Lissandra connaissait cette facette de moi, en fait. Oui, je cuisinais et j’aimais cuisiner depuis un moment maintenant, mais ma carrière précédente ne m’avait jamais vraiment permis de montrer mes talents. Après, je lui en avais peut-être touché mot, je ne m’en souvenais plus mais si elle ne le savait pas, alors elle l’apprendrait ce soir. J’espérais simplement que je saurais être à la hauteur de ses attentes, ou juste d’elle, tout simplement. Au bout du compte, je vins tout simplement à lui dire :  « Tu sais quoi ? Je crois que je saurai amplement me débrouiller avec ce que tu as. » Puis, sachant que si jamais je voulais préparer le dit repas avant qu’on ne meure de faim, il faudrait que je m’y mette sous peu, mais une partie de moi n’avait pas envie de la lâcher. Pourtant, il faudrait bien que je le fasse, et comme si je voulais me donner du courage pour y parvenir, je me penchai un peu plus sur elle, puis je tournai son visage de sorte à pouvoir aller capturer ses lèvres pour un tendre baiser.

Un haussement d’épaules fut suffisant, à mon avis, pour signifier à la jeune femme que non, je n’avais pas vraiment d’idées précises par rapport à ce que j’allais lui préparer pour ce soir. Une chose était certaine, c’était que je ne voudrais pas prendre des heures dans la cuisine, histoire de ne pas la laisser de côté trop longtemps, mais que je ne voulais pas non plus faire quelque chose de trop simple, du quotidien. Je faisais la cuisine pour la femme que j’aimais, dans ma tête, ce n’était pas rien. Après, ce n’était pas comme si ce serait la seule fois que je lui préparerais à manger, certainement pas. J’aimais cuisiner, j’aimais faire plaisir aux gens en cuisinant, surtout quand ils appréciaient ce que j’avais préparé. S’il y avait la moindre chance que Lissandra aime ce que j’allais préparer, alors je n’allais certainement pas me priver pour lui préparer à manger, d’autant plus que j’avais pas mal plus de temps qu’elle, maintenant que ma carrière chargée était terminée, carrière chargée pendant laquelle manger n’était pas une activité que je pouvais vraiment apprécier, même si jamais je ne m’étais permis de manger quelque chose de malsain. Bien sûr, maintes fois, j’avais mangé rapidement, sans originalité, mais vu mon métier, je m’étais toujours assuré de manger sainement. Malgré cela, je pouvais très bien comprendre qu’après une longue journée, un long séjour à l’extérieur, préparer un repas élaboré n’était certainement pas une priorité, ce qui expliqua pourquoi je ne me montrai pas étonné de ce que la belle me dit par rapport à son quotidien. Je me contentai plutôt d’apprécier le contact de ses mains sur mes bras, sans toutefois demeurer indifférent. En effet, un petit sourire triste apparut sur mes lèvres, mais je décidai de ne pas assombrir le moment en jugeant préférable de l’embrasser tendrement, plus que ravi qu’elle réponde à mon baiser comme cela. Non pas parce que je craignais de ne pas savoir embrasser, à trente-trois ans, je pensais avoir assez d’expérience dans ce domaine, mais plutôt parce que je voulais m’assurer de ne pas avoir de geste brusque envers elle, même si je prenais des initiatives. Cependant, pour le moment, je cessai bien rapidement de m’en faire, me rendant compte que je me sentais bien, que j’étais bien comme ça avec elle, et que je me doutais bien que si ce n’était pas son cas, elle n’aurait pas répondu à mes gestes comme elle l’avait fait. Une fois que le baiser prit fin, je crus bon toutefois de lui dire : « Alors je vais faire en sorte que ça change de tes habitudes… » avant de pencher la tête sur le côté le temps de déposer un petit baiser dans son cou. Rien de bien méchant, simplement en guise de geste affectif tout simple. Puis, d’un ton un peu plus plaisantin, j’ajoutai : « Sans ail ni oignon, bien sûr. » avant de poser mes lèvres encore une fois sur la peau chaude de sa nuque avec tendresse.

Je ris doucement quand elle ne fit que répéter mon propos concernant l’ail et l’oignon, trouvant cela simplement adorable de sa part de ne pas prendre mal le fait que je l’avais taquinée, d’une certaine façon, sur ses allergies. En fait, je l’avais fait sans aucune méchanceté, jamais je n’aurais pu me permettre de faire une telle chose. Après tout, ce n’était pas comme si ses allergies, c’était sa faute. Elle était née avec celles-ci, ou bien elles s’étaient développées avec le temps sans qu’elle ne puisse le contrôler. Quoiqu’il en soit, je me doutais bien que c’était particulièrement frustrant, et je n’allais pas commencer à lui rappeler maintes fois. Une fois, c’était suffisant, et de plus, c’était sans parler du fait que pour moi, il était pas mal plus intéressant de l’embrasser tendrement dans le cou, la serrer dans mes bras, profiter de son contact, parce que quelque chose me disait que sous peu, quand elle reprendrait la travail, il faudrait que je m’en prive. Je savais qu’il faudrait que je vive avec, je l’avais déjà accepté, mais je ne pouvais pas nier le fait que j’avais déjà l’impression qu’elle allait me manquer. Elle me manquait déjà, je devenais fou quand elle ne me donnait pas de nouvelles, alors je me disais que ça donnait une bonne idée de ce que ce serait une fois qu’elle serait loin. Bien sûr, je n’allais pas commencer à être le petit-ami qui la harcèle, ce n’était pas moi, ce n’était pas la personne que je voulais être. Cependant, si je pouvais l’avoir contre moi, alors je n’allais certainement pas m’en plaindre et saisir l’occasion. Voilà pourquoi je la gardai ainsi pendant encore un petit moment, laissant même un petit silence s’installer, silence qui fit comme si le temps s’était arrêté pendant quelques instants, mais cela ne me gêna pas, pas du tout. Plus encore, ce fut même légèrement embêté que je vins à dire :  « Il faudrait que je commence à chercher, hein… » en riant doucement. Puis, après avoir embrassé une dernière fois Lissandra sur la joue, je me détachai d’elle à contre-cœur, puis je commençai à chercher moi-même dans le frigo ce que je pourrais trouver. Comme la jeune femme me l’avait dit, les choix étaient multiples, mais heureusement, une chose en particulier attira mon attention, soit du saumon visiblement frais. Fronçant les sourcils, je me mis à réfléchir, et quand je trouvai d’autres ingrédients, puis un accompagnement parfait, soit du riz, je compris que je venais de trouver mon repas. Un sourire satisfait aux lèvres, je sortis tout le nécessaire, puis je dis à la belle blonde :  « J’ai trouvé ! » avant de sortir tout ce dont j’aurais besoin. Je déposai le tout sur le plan de travail, puis histoire de lui montrer que je ne l’avais pas oubliée, je me rapprochai d’elle à nouveau, puis tandis que je passais une mèche de ses cheveux derrière son oreille avec tendresse, avant de lui demander :  « Tu veux boire quelque chose pendant que je prépare tout ça ? »

Je n’eus pas le temps de présenter le menu que Lissandra le devina en considérant ce que je mettais sur le plan de travail, approuvant tout de suite le choix que j’avais fait. Sa réaction m’arracha un petit sourire ainsi qu’un : « Génial alors. » plus que satisfait. Il est vrai que j’aurais pu lui en vouloir de « gâcher la surprise » que je m’apprêtais à lui préparer pour le coup, mais franchement, je ne voyais pas en quoi je le ferais. Je ne pouvais pas nier que j’aurais voulu garder la surprise jusqu’au moment du service, mais si cela avait été d’une importance capitale, j’aurais simplement caché les ingrédients plutôt que de les sortir devant elle. De plus, je me doutais bien que lui faire la tête n’aiderait en rien. De ce fait, je m’étais contenté de passer ce commentaire, puis demander si elle voulait boire quelque chose. J’avais déjà la tête dans le frigo, alors pourquoi ne pas me rendre utile outre que pour préparer le repas ? De plus, Lissandra ne semblait pas s’opposer à l’idée, n’attendant pas plus longtemps pour me demander un jus de fruits. Instinctivement, je replongeai la tête dans le frigo pour chercher l’objet de son désir, mais avant que je puisse trouver quoi que ce soit, je sentis des bras enrouler ma taille. Je ne sursautai même pas, je me délectai plutôt de ce contact. Fermant les yeux l’espace d’un instant, je me retournai ensuite pour faire face à la belle en prenant soin de ne pas rompre le contact, évidemment. Je me retrouvai à la considérer pendant quelques secondes, un léger sourire flottant aux lèvres tandis que je plongeais mon regard dans le sien, sans rien dire, parce que je ne ressentais pas le besoin de dire quoi que ce soit à ce moment précis. Oui, hors contexte, ce silence pouvait paraître étrange, mais je m’en moquais. J’étais bien comme ça avec elle, et franchement, j’étais heureux qu’elle ait décidé de renouer ce contact que nous avions perdu lorsque j’avais commencé à chercher de la nourriture dans le frigo. Me rendant compte qu’en fait, je n’avais pas envie qu’il se brise, pas une seule seconde, je décidai de ne rien faire, de ne pas prétendre devoir me concentrer sur le repas une nouvelle fois, pas pour le moment. Plus encore, je décidai de pencher délicatement la tête vers elle, puis l’embrasser une première fois, furtivement, en toute délicatesse. Une fois que le bref baiser prit fin, je réalisai que j’avais envie d’en avoir un autre, et j’allai le voler sur sa délicate bouche avec un peu plus de ferveur, décidant de rendre celui-ci encore plus agréable en passant mes mains sur les jambes de Lissandra non pas pour un contact trop osé, mais plutôt pour la soulever de terre et passer ses jambes autour de ma taille pour que nos visages soient à la même hauteur pour apprécier encore plus ce baiser.