Tobias… Je n’ai jamais vraiment compris pourquoi mes parents avaient choisi ce prénom. Nous ne connaissions personne de ce nom… En dehors du chien de la voisine qui avait emménagé l’année de mes cinq ans… Super avoir le nom d’un animal de compagnie. Comme si j’avais une tête de caniche. Peu importe. Que pourrais-je vous raconter sur mon enfance ? Et bien elle fut heureuse. J’ai toujours été très proche de mon père comme de ma mère, même si celle-ci avait une fâcheuse tendance à me surprotéger. J’étais un petit garçon sage, et passionné. J’ai toujours été très curieux. Je m’intéressais au monde qui m’entourait. Un trait de caractère que je partageais avec mon père. Je pouvais passer des heures dans son bureau à regarder ses livres et ses curiosités. Et puis un jour mon monde a basculé : Ma mère a gonflé du ventre !

Je me laissais tomber dans le couloir de la maternité. Mon père commençait à s’énerver. Il faut dire que son aîné n’était pas des plus patients. Il était venu me chercher à la fin de l’école pour m’annoncer que ma petite sœur était en route… A partir de ce moment-là, impossible de me ramener à la maison comme prévu. Mais le temps commençait à devenir très long. Un cri strident se fit entendre. Ca y est : j’étais grand frère. Mon dieu si je savais ce que cela représentait à l’époque : mon enthousiasme aurait certainement était différent. Les petites sœurs c’est bien… Mais c’est chiant et surtout on n’arrête jamais de s’en faire pour elles ! Ce jour-là c’est Judith qui pointa le bout de son nez et quelques années plus tard, ce fut Lillith. Et oui en plus mes parents n’ont fait qu’un seul garçon. La poisse, comme j’aimais le dire pendant mon adolescence.

Parlons d’ailleurs de mon adolescence. Je n’ai jamais été quelqu’un de difficile, je n’ai pas été insupportable, en dehors de quelques sautes d’humeur. J’avais de bonnes notes à l’école, j’étais toujours dans les premiers de la classe, j’avais pas mal d’amis… Niveau amour, j’ai eu quelques petites amies. Mon charme particulier faisait des ravages mais j’avais du mal à m’accepter. Ca a prit beaucoup de temps. Lors du choix de mes études, je ne savais pas trop quoi faire… J’ai commencé par des études d’histoire avant de m’orienter en lettres après un trimestre, hésitant pour les sciences. C’est Judith qui m’a finalement poussé involontairement dans le droit : elle s’était battue et avait été envoyé dans une maison de redressement. J’ai toujours trouvé que c’était injuste et je décidais que c’était ça que je voulais faire : défendre les gens. Si mon père avait très mal accepté que sa fille soit considérée comme une délinquante, il avait totalement approuvé mon choix. Quelques années plus tard, j’arrivais au bout : Je devenais avocat.

Autre changement dans ma vie : j’étais fiancé. J’avais rencontré une jeune femme au sourire timide et aux longs cheveux blonds. J’étais rapidement tombé amoureux de celle qui était bien trop discrète dans l’amphi et qui rougissait alors que je faisais exprès de me placer à côté d’elle pour avoir la chance de croiser son regard. Après plusieurs invitations elle avait finalement accepté de boire un café avec moi. Nous ne nous étions plus jamais quitté à partir de ce moment-là. J’étais convaincu qu’elle était la femme de ma vie. Tout était parfait : je travaillais pour un grand cabinet, j’emménageais avec elle, ma famille allait bien… Que pouvais-je demander de plus ? J’étais heureux. Mais le bonheur est éphémère.

Le 12 septembre. Cette date sera à jamais gravé en moi. C’est le jour où mon père a été assassiné. Je me souviens encore avoir plaisanté avec mon collègue, avoir attrapé le téléphone pour répondre d’un air jovial avant d’apprendre la nouvelle. J’étais parti sans aucune explication. Mes sœurs avaient découvert le corps et étaient hospitalisées. Je passais des journées entières assis dans le fauteuil de la chambre d’hôpital. Ma mère était totalement éteinte et j’avais l’impression que son regard était totalement vide. Du moins quand elle me regardait. Je n’étais même plus certain d’exister à ses yeux. La police a rapidement supposé que nous étions en danger… et on nous a collé une protection policière. Ma vie a complètement changé… J’ai brisé mes fiançailles suite à une autre douloureuse révélation, j’ai changé de boite, et déménagé quatre fois en un an pour suivre ma famille. Ils sont ma priorité.

Marple Spring. Un énième nouveau départ… Le dernier je l’espère. J’ai immédiatement été embauché dans un cabinet d’avocat du coin et acheté mon propre appartement. Il est clair que j’avais besoin d’espace et de reprendre ma vie en main. Mais est-ce réellement possible ?