Eddie S. Humphrey est âgé de vingt belles années. Il est originaire du Kansas, là où il est né, qu’il a grandi et vécu, avec ses parents, sa sœur et son frère. On l’a élevé à Wichita, dans une ferme familiale. Il connait donc cette routine qui est de se lever tôt et de travailler dur avant même que l’aube ne pointe le bout de son nez. C’est le genre d’homme qui n’a pas peur de suer ou de soulever de lourdes charges. Ses deux parents, sont tous les deux très amoureux de leur famille, même s’ils sont très différents l’un de l’autre. Sa mère est passionnée d’aventure et ne reste jamais très longtemps à la maison ; une fervente d’archéologie, toujours à la recherche de nouvelles énigmes à déterrer ! C’est sûrement de là, qu’Eddie doit tenir son côté « investigateur. » Quant à son père, monsieur Humphrey, et bien, c’est un petit intellectuel, concepteur de jeux vidéos, qui ne manque pas de faire sourire Eddie par son aspect « geek. » Il n’est peut-être pas comme tous les autres pères, à être excessivement viril, mais au moins il est présent pour sa famille.

La mère d’Eddie a toujours semblé chaleureuse, aimante. Envers Eddie, elle l’est peut-être un peu trop.

La petite famille a décidé de quitter le Kansas un bel après-midi, après mûres réflexions. Manque de temps, de budget et l’envie d’un renouveau. À ce moment, Eddie a décidé de quitter le nid familial pour se trouver un appartement et vivre par ses propres moyens. Il a reçu une subvention pour les cours, qu’il doit rembourser encore quelques années. Quelques boulots ici et là lui ont permis d’amasser une bonne petite somme d’argent, d’avoir un chez-soi convenable. Il a débuté les cours de droits ; quelque chose qui l’éloigne fortement de son ancienne vie, qui lui donne un rôle plus important, qui le détache de sa famille.

Car sa mère a tendance à vouloir avoir des rapports plus que complexe envers lui. Des rapports si intimes, qu’il ose à peine regarder son père dans les yeux lorsqu’il le voit. Et même si son petit train-train quotidien peu aller en s’améliorer, d’autres points ne l’aident pas ;

« Mon cœur tambourine si fort jusqu’à mes oreilles que j’ai l’impression de passer en mode « sourdine. » J’entends les conversations autour de moi, comme une musique de centre commercial, inutile, en arrière-plan, dont on peine à comprendre les paroles. Une bouffée de chaleur me traverse, j’ai cette sensation dans l’estomac, comme si je suis ivre, mais je ne sais que c’est impossible, du moins, pas entièrement, je n’ai bu que quelques verres. J’observe ce garçon au loin, qui se tient près d’une table de ce restaurant. Je passe ici régulièrement pour prendre quelque chose à mange.. Or, quelque chose s’est fracturée en moi, à cet instant, comme une impression de déjà-vu. Ma main se pose sur un mur, mais le reste de mon corps se refuse à bouger. Je replonge dans un souvenir dont je pensais disparu depuis un long moment. Est-ce possible que des fragments de mon passé resurgissent aussi facilement?

Le décor met un certain temps à se mettre en place. Les images s’enfilent une après l’autre, jusqu’à ce que je discerne cette boîte de nuit. Toutes les lumières sont allumées, il fait chaud, les jeunes dansent. La forte musique fait bourdonner mon cœur. Je me dirige au centre de la salle. Même si je n’en ai pas en vie, comme si mon corps était son propre maître. Mes pas s’enchaînent sans que je n’aie mon mot à dire. Je me perçois comme une seconde nature, comme si ces événements n’avaient jamais eu lieu. Mais je sais qu’ils ont déjà existé, je m’en souviens parfaitement. Quand je relève les yeux, je croise ce regard caramel. Je titube légèrement, cette fois je sais que je suis ivre, j’ai envie de sourire comme un con. Le souvenir devient de plus en plus net.

J’ai l’impression d’être pris entre deux espaces temps, un court moment. Entre la réalité, le monde présent, et un vieux souvenir profondément refoulé...

Le garçon se recule de plusieurs pas, il me fixe, comme si j’avais l’air d’un prédateur. Au fond, c’est un jeu, j’arrive a discerné un fond de malice dans ses iris. Je ferme durement les paupières, inspire, puis m’avance vers lui, assez pour toucher son épaule. Je l’incite à s’approcher de moi. D’un commun accord, nous nous démontrons ce désir passionnel et malsain. Xénosis. Non, impossible. À cet instant, j’ouvre les yeux. Je ne suis plus dans ce souvenir, dans cette boîte de nuit. Je suis plutôt dans ce restaurant. Revoir le garçon avec lequel j’ai « couché » vient d’irradier une flamme au plus profond de moi. J’en viens même à serrer la mâchoire sous la tension qui me submerge. Est-ce une nouvelle pointe de désir, une frustration ? Je ne saurais décrire clairement les pensées qui s’agitent à mon esprit. »