J'avais décidé de profiter d'un petit créneau de libre pour aller rendre visite à Nate. L'ex agent du fbi  était bloqué chez lui puisqu'il était en convalescence. Ce qui le rendait « dingue » selon sa petite amie, Kate. Je m'étais dit que j'allais m'accorder une petite pause et qu'en même temps, j'irais le voir. Cela lui ferait sans doute du bien de voir quelqu'un pour rompre sa solitude. Je pouvais très bien comprendre ce qu'il ressentait. J'avais moi-même du mal à rester en place. Je détestais devoir rester à la maison. Même si cela était clairement nécessaire parfois, comme dans le cas de Nate. Après ce qui lui était arrivé, il avait besoin de récupérer et il devait penser avant tout à sa santé.

Il était aux alentours de quatorze heures lorsque j'arrivais chez le jeune couple. Kate était absente, car elle bossait. Nate était donc probablement seul à la maison. Je garais ma voiture devant la maison et je me dirigeais vers la porte. Je sonnais et attendis qu'il vienne m'ouvrir. Ce qui arrivait quelques secondes plus tard. Je n'avais pas annoncé ma venue, mais il serait probablement content que quelqu'un passe. Du moins je l'espérais. Nate était un bon ami. On se connaissait depuis longtemps. J'avais même eu une aventure avec son frère. Les choses ne s'étaient pas très bien passées, mais mon amitié avec Nate était restée intacte. Après tout, il m'avait prévenu que son frère était un crétin et je ne l'avais pas écouté sur le coup. J'étais jeune, probablement un peu trop naïve et inexpérimenté. Au fil des années, j'avais appris à mieux analyser les gens. Enfin bref. Je souriais en voyant Nate.

« Hey ! C'est plutôt moi qu te devrais te demander ça. Mais ça va. »

Répondis-je en souriant. J'imaginais que ce n'était pas la joie ces derniers temps, surtout après ce qui était arrivé et maintenant cette convalescence. Mais si je pouvais lui changer les idées l'espace d'un moment, alors je le ferais volontiers.

« Avec plaisir. »

Dis-je en entrant. Je venais caresser Groot qui semblait très content de m’accueillir. Je reprenais ensuite la parole :

« Désolée de pas avoir prévenu que je passais, mais je me suis dit que j'allais profiter d'une pause pour venir te voir et Kate m'a dit que t'en avais assez d'être bloqué à la maison... Donc je me suis dit qu'un peu de compagnie ne serait pas de refus. »

Je m'installais sur une des chaises près de la table. Nathaniel nous apportait deux tasses de café et des biscuits, avant de s’asseoir à son tour. Je souriais légèrement avant de reprendre la parole :

« Ouais. Je me doute que ça ne doit pas être très marrant de rester bloquer ici, sans pouvoir faire grand-chose. J'espère aussi que tu pourras retrouver ta mobilité rapidement, mais vas-y mollo. »

Même si une convalescence était pénible, il ne fallait pas non plus brûler les étapes, en espérant guérir plus vite. Cela pouvait aggraver son état, plutôt que de l'améliorer. Je posais mes mains sur la tasse de café. Il était encore trop chaud pour que je puisse le boire, alors je patientais.

« Tout se passe bien. J'ai enchaîné pas mal de contrats ces derniers temps et je bosse toujours avec l'éditeur de Kate pour peaufiner mon livre. J'ai tellement hâte qu'il soit publié ! »

La compagne de Nate m'avait donné les coordonné de son éditeur, lorsque je lui avait parlé de mon désire de livre. Je voulais publier un recueil avec mes meilleures photos, pouvoir faire connaître mon travail à plus grande échelle. Le projet avait intéressé l'éditeur et il allait voir le jour. J'étais donc plus qu’enthousiaste à cette idée ! Au moins ma vie professionnelle se passait bien, à défaut de ma vie personnelle et amoureuse. J'essayais de me raccrocher à cela pour me permettre de surmonter les épreuves que je traversais actuellement.

« Et j'ai une autre expo dans quelques semaines. Si t'es assez en forme, tu pourrais peut-être venir voir si tu veux. »

Je souriais aux paroles de mon ami. J'étais touchée d'autant de soutien, mais cela ne m'étonnait pas de lui. J'avais vraiment hâte que mes ouvrages soient publié. Ce serait une nouvelle étape dans ma carrière. Jusque là, je n'avais été qu'une simple photographe parmi tant d'autres. Avec ces livres, j'allais pouvoir me faire connaître à plus grande échelle. Bien que la « célébrité » ne soit pas mon but, j'avais quand même envie de pouvoir faire reconnaître mon travail, de le faire partager.

« Oh et si tu veux je pourrais même te les dédicacer. »

Dis-je avec ironie. Même si je pouvais bien lui mettre un petit mot dessus. C'est juste que le mot « dédicace » faisait bizarre, car ce sont plutôt les personnalités qui font ce genre de choses. Puis, je lui parlais aussi des expo que j'allais faire dans quelques temps. J'en faisais pas mal depuis un certain temps. J'arrivais même à vendre certaines photos. C'était une nouvelle façon de faire mon travail. En général, on m’engageais pour des reportages bien précis. Je faisais les photos et transmettait mon travail aux clients. Pour les expo, c'était différent. Je sélectionnais des photos de mon book avec le galeriste et elles étaient exposées. Parfois, elles intéressaient des visiteurs qui décidaient de les acheter. C'était une fierté d'imaginer ces clichés accrochés aux murs d'une maison.

« Ouais. C'est sûr qu'on fin par devenir dingue à force d'être enfermé. Je sais que j'ai aussi du mal à rester en place. T'as le droit de sortir pour marcher un peu ? Je me dis qu'on pourrait aller faire une promenade après. Je suis sûre que Groot serait content en plus ! »

Je ne visais pas aussi haut que le Louvres ou le musée d'arts de New York. J'avais toujours été quelqu'un d'humble. Ce qui m'arrivait en ce moment était déjà un truc assez fou pour moi. Je n'aurais jamais imaginé qu'un éditeur puisse accepter de publier mes clichés. C'était dingue quand on y pense. Les gens allaient pouvoir acheter mon livre un peu partout. Tout du moins dans certains librairies. Je souriais aux propos de Nate, avant de rétorquer :

« Oh tu veux te faire de l'argent sur mon dos ? t'as de la chance d'être déjà éclopé  !»

Je plaisantais et je savais qu'il le faisait aussi. De toute façon, je doutais que mes autographes ou mes livres finissent par valoir beaucoup. Je buvais quelques gorgées de mon café tout en écoutant mon ami, qui avait reprit la parole. Il pouvait donc sortir, c'était une bonne chose ! Au moins il pouvait aller s’aérer et prendre un peu l'air frais. On fini par devenir dingue à rester enfermer entre quatre murs.

« Dans ce cas, je propose qu'on termine tranquillement nos cafés et qu'on aille faire un petit tour au bord du lac. On pourra même manger un petit truc pour le gouter. »

Il ne faisait pas trop mauvais et il ne pleuvait pas, c'est l'occasion de le faire sortir un petit peu de chez lui. Du moins si il en avait envie. Je n'étais pas venue jusque ici pour le forcer à faire quoi que ce soit.

« Le seul point positif de tout ça, c'est qu'au moins tu peux prendre un peu de temps pour toi. Ça fait du bien parfois de se reposer. Enfin c'est moi qui te dit, ça alors que j'arrête pas de bosser et quand je le fais pas je suis au refuge. »

Ouais, j'étais une femme très occupée et ce parce que je le voulais bien ! Lorsque j'étais avec Spencer, je trouvais quand même le temps de me poser, mais maintenant nous n'étions plus ensemble. J'avais donc beaucoup de vide à combler et je le comblait par tout un tas d'activités diverses.

« C'est sûr qu'avec cet air là, tu ne peux rien lui refuser. Il est trop mignon. »

Dis-je en regardant Groot. Les animaux étaient plutôt doués lorsqu'il s'agissait d'attendrir leur maîtres. J'en savais quelque chose avec Stella. La minette était si adorable. J'avais bien du mal à m'énerver contre elle, même lorsqu'elle faisait une bêtise. Elle me regardait parfois avec ce regard si attendrissant, il était impossible de lui en vouloir trop longtemps.

« Tu serais le bienvenu au refuge ! On a jamais assez de bénévoles. C'est vrai que c'est parfois difficile, parce qu'il y a plein d'animaux dans le besoin et qu'on peut pas tous les emmener chez nous. Avant de commencer le bénévolat, j'avais les mêmes appréhensions que toi. Mais j'ai finalement sauté le pas et je ne le regrette pas. Il y a des moments difficiles, mais rien ne vaut cet instant où tu sauve une bête ou alors quand tu sais que tu as trouvé la bonne famille pour un animal. »

Les animaux, c'était toute ma vie ! C'était ce pourquoi j'avais décidé de faire du bénévolat. Je voulais aider à ma façon. C'est certain qu'on ne pouvait pas sauver tout le monde et je devais parfois prendre sur moi. Il arrivait qu'on récupéré des animaux qu'on arrivait pas à sauver. Mais je ne pouvais pas tout arrêter sous prétexte que les choses ne se passent pas toujours bien. Je préférais penser à tout ce qu'on pouvait apporter de positif. Puis, il fallait bien des bénévoles pour aider tous ces petits amours.

« Je comprends. C'est pas simple de leur résister, mais si tu change d'avis en tout cas, n'hésites pas à me le dire et j'en parlerais avec la présidente de l'association. »

Je prenais de nouvelles gorgées de ma boisson et je reprenais ensuite la parole :

« Et du coup pour ton boulot, tu ne sais toujours pas comment ça va se passer ? »

Il avait évoquer son travail et la possibilité de ne plus en avoir quelques minutes plus tôt, alors je me posais des questions.

Je comprenais Nate. Je savais qu'il était difficile de résister aux pauvres animaux malheureux. Je n'allais pas chercher à influencer son choix, même si il était clair qu'on avait besoin de bénévoles. Il y avait beaucoup de choses à faire au refuge. On devait s'occuper des animaux et de leur bien être, mais on était assez chargé de rencontrer les potentielles futures familles pour eux. Les animaux qui se retrouvaient au refuge avaient déjà été abandonnés ou maltraités une fois. Il était or de question de faire la moindre erreur. Les critères pour pouvoir adopté étaient donc assez strict. On vérifiait que les futurs maîtres soient bien aptes à s'occuper d'un animal. On ne voulait pas risquer un second abandon pour l'animal. Il fallait donc être certain que la personne choisi serait choyer la boule de poil comme il se doit.

Après avoir discuter d'animaux, on en venait à un sujet sensible : Le travail de Nate. Il était agent du FBI et vu son état, il était clair qu'il ne pourrait pas reprendre dans l'immédiat. Mais je me demandais si sa place lui était toujours assurée ou si il en avait toujours envie. Avec ce qui était arrivé, il y avait de quoi se pause des questions.

« Ouais j'imagine que Kate serait soulagée si tu n'étais plus obligé de mettre ta vie en danger. Mais toi, tu as réfléchit à ce que tu aurais envie de faire ? Reprendre ou alors repartir sur un nouveau projet ? »

J'avais toujours rêvé de devenir photographe. C'était, à mon sens, ce que je savais faire de mieux. J'étais douée dans ce domaine et quand j'avais dû choisir mon orientation, je n'avais pas hésité. La photo, c'était toute ma vie. Je ne m'étais pas imaginé faire autre chose. Je pouvais comprendre Nathaniel. Il avait fait ce dont il rêvait, mais aujourd'hui, ça lui échappait. Il devait penser à une reconversion. J'imaginais que ce n'était pas évident. D'autant plus si il s'était imaginé passer toute sa carrière au FBI.

« Je sais que ce n'est plus facile à dire qu'à faire, mais je suis persuadée que tu trouvera un truc. Puis, t'es encore jeune, tu peux toujours reprendre une formation pour te diriger vers quelque chose de totalement différent. Essaie déjà de voir ce que tu aimes faire dans la vie, ça pourra te donner des pistes. »

Tout n'était pas perdu. Nate n'avait que trente ans et tout était encore possible ! De nos jours, les reconversions sont fréquentes. Il est rare de voir quelqu'un passer toute sa vie dans le même emploi. Même si pour ma part, j'espérais pourvoir être photographe tout au long de ma carrière. Mais je savais que tout ça était incertain. On ne sait jamais ce qui peut arriver. D'autant plus quand on bosse en free-lance, comme moi.

« C'est une idée. »

Je souriais, alors qu'il proposait de devenir ma muse. Puis je reprenais la parole :

« Sérieusement, si je peux t'aider dans tes recherches ou pour quoi que soit d'autre, n'hésites pas. Même si c'est pour me dire que tu déprime totalement. Je tâcherais de te remonter le moral. »