Avriel & Kaelynn

"Hard roads and endless lines flow through his veins Cold steel and hot fuel injected 's the dream that fills his brain But no, not slow, the speed fever grows He rides, he sees, he knows You've got to ride to live, live to ride Feel the flames burn inside And though you know, you ride to hide You ride to live to ride"

Un pépin mécanique ne tombait jamais bien. Quand on possède un véhicule qu'il ait deux ou quatre roues on redoute deux choses : la panne ou l'accident. Heureusement j'étais potentiellement dans le premier cas mais ce n'était pas encore certain. Voilà déjà deux jours que ma joli bécane éprouvait des difficultés au démarrage. Problème de bougie ? De batterie ? En temps normal je me serais occupée de faire moi-même la recherche. En règle générale j'essayais d'aller au garage qu'en ultime recours. Pas forcément pour des questions d'ordre financier ou par vanité mais plus parce que j'aimais me débrouiller seule. Mais aujourd'hui je tablais davantage sur la prudence. Je n'avais que ma moto pour me déplacer et avec l'automne qui commençait à s'installer je ne voulais pas risquer de me retrouver en carafe le matin où j'étais censée aller passer mes examens. J'étais suffisamment stressée comme ça pour ne pas en rajouter une couche.

Croyant que ma cylindrée n'allait pas vouloir partir ce matin, j'avais décidé de chambouler mon planning et de faire en détour par le sud de la ville et aller au garage Anderson. J'étais une cliente fidèle qui venait effectuer ses révisions et réparations éventuelles toujours au même endroit. Après avoir garé la bête devant le garage, je mis la béquille et descendis de mon bolide pour cherche âme qui vive dans l'atelier mécanique. Un jeune homme d'une trentaine d'années au visage qui ne m'était pas inconnu vînt à ma rencontre, un chien sur ses talons. « Bonjour »  répondis-je poliment avant d'entendre le compliment adressé à ma monture sur roues. « Ahah, merci c'est gentil. Il se trouve que cette beauté comme vous dîtes si bien accroche au démarrage. Elle fait ça depuis deux jours et ça empire à chaque fois. J'ai bien cru que je ne pourrais pas partir ce matin. » ajoutai-je un brin inquiète. Amener sa moto au garage c'est comme aller chez le médecin. On sait pourquoi on va le voir mais on ne sait jamais ce qu'il va nous annoncer.

Et le mécanicien m'apporta un élément de réponse à la question demandant où j'avais bien pu rencontrer son visage. Comme dans quatre-vingt-dix pour cent des cas je l'avais croisé au Walk On Water pendant mon service. N'ayant guère de vie sociale ces derniers mois il n'y avait bien qu'au comptoir que j'avais l'occasion de voir du monde. Les relations restaient pour la plupart strictement professionnelles, quelques échanges de politesse, une commande, un cocktail, l'addition. Mais pour que le visage du mécano me soit resté en tête c'était que je l'avais vu au moins plus de deux ou trois fois. Je hochais la tête avant de lui confirmer que je travaillais bien dans un bar à cocktails. « Yep, je suis la barmaid du Walk On Water, je m'appelle Kaelynn. Je me disais bien en arrivant que votre tête me disait quelque chose. Vous êtes venus souvent ces derniers temps non ? Vous prenez souvent une table un peu à l'écart je crois... »

Avriel & Kaelynn

"Hard roads and endless lines flow through his veins Cold steel and hot fuel injected 's the dream that fills his brain But no, not slow, the speed fever grows He rides, he sees, he knows You've got to ride to live, live to ride Feel the flames burn inside And though you know, you ride to hide You ride to live to ride"

Un hochement de tête accompagné d'un sourire accueillirent le compliment du mécanicien. Savoir que grâce à mon savoir faire un individu était capable de braver son aversion pour la foule était réconfortant. Je ne m'égarais pas dans ce que je faisais et j'avais bien besoin de ce genre de retour en ce moment.  « C'est que je ne dois pas être si mauvaise que ça pour arriver à vous sortir de votre tanière régulièrement. » plaisantai-je.

A la suite d'Olympus, j'emboitais le pas de mon peut-être sauveur du jour tandis qu'il poussait ma moto un peu plus loin dans le garage prêt d'un chariot rempli d'outils divers. Avriel ne fut guère plus chanceux que moi pour parvenir à faire démarrer le moteur. Je me mordis la lèvre inférieure un peu anxieuse du verdict qu'il allait m'annoncer. Moi qui pensait -sans doute naïvement- que le problème venait de la batterie ou d'une bougie d'allumage défaillante j'étais bien loin du compte. Et loin de moi l'idée de remettre en cause l'expertise du professionnel qui se tenait face à moi. J'avais choisi verres et bouteilles pas moteurs comme voie et ce n'était pas pour rien. Ma mine se décomposa quelque peu à la pensée de devoir prendre les transports en commun pour aller au Walk On Water. J'en avais pour des plombes. « Nope, c'est mon seul véhicule... Vous êtes sûr que vous êtes obligé de l'immobiliser ?  » me risquai-je la mine bien embêtée. « Il n'y a pas moyen de bricoler un petit truc temporaire le temps que vous receviez les pièces et je la ramène quand vous avez tout ? » L'adage ne dit-il pas qui ne tente rien n'a rien ? C'était vraiment la tuile. J'étais maudite. Je devais aller à Chicago dans deux jours, comment allais-je faire sans ma moto ? Le premier loueur de moto n'était pas à côté et pour ce qui était d'une voiture, même pas en rêve. Trop compliqué de se garer en plein centre ville et il y avait des lustres que je n'avais pas conduit une quatre roues je ne me sentais pas particulièrement à l'aise avec la perspective de devoir prendre le volant.« S'il vous plaît, il n'y a vraiment rien que vous puissiez faire ? Même en sachant que votre prochaine visite au Walk On Water sera offerte par la maison ? » ajoutai-je en lui adressant les yeux les plus suppliants dont j'étais capable.