Pour comprendre la Nour d'aujourd'hui, il faut connaître la Nour d'hier.

Taari Taianui, jeune archéologue Tahitien, rencontra Daliha Brown, étudiante en histoire, sur les bancs de la fac à San Francisco. Non sans avoir bien des difficultés. Car cette jeune iranienne aux yeux de biche ne se laissait pas faire si facilement. Surtout, lorsqu'on est un archéologue introverti. Et pourtant, le miracle se produisit puisque quelques années plus tard, il lui passa la bague aux doigts.

Nour fut le deuxième enfant de la famille. Passant après Ivan de deux ans son ainé. Elle naquit à Papeete, capital de Tahiti, où elle n'y vécut que quelques années. Taari, ayant des fouilles dans le monde entier, voyageait avec sa famille. Nour grandit en découvrant les quatre coins du monde du moins jusqu'à la fin du collège. Où notre petite famille s'installe à Marple Springs.

Au lycée, Nour est une fille populaire, capitaine des pom-pom girl, présidente du club de littérature. Adolescente très exubérante qui sort avec beaucoup de garçons lors d'histoires sans lendemains. D'abord vue comme une fille superficielle, têtue et prétentieuse, elle montrera son cœur d'or ainsi que sa générosité et son dévouement au fil des années. Jeune fille attachante, comique, peu énervante et parfois agressive envers ses ennemis. Autant appréciée que détester.

Nour partit à l'université de São Paulo étudier l' archéologie qui la passionne comme son paternel. Elle découvre la vie étudiante, l'univers underground et les festivals. Elle se fait un groupe d'amis avec qui elle passe le plus clair de son temps. Laissant peut à peu tomber les études pour la fête et ses déboires. S'engageant dans une pente vertigineuse, Nour s'éprit de Gabriel Fuentes. L'héritier du cartel de ces lieux. Avec lui, ce fut passionnel et destructeur. Nour tomba dans la drogue dure et les crimes organisés.

C'est à l'âge de 23 ans qu'elle se prend une énorme claque par la vie. Que dis-je un parpaing. Une image atroce qui lui restera gravée dans la mémoire.

Lors d'une free party située à Poá, se fut la trace de trop. Nour vit son amie succombé à une overdose sous ses yeux. Mais surtout elle a assister à l'indifférence qui régnait autour d'elle lors de l'incident. Laissant le corps sans vie gisant là au beau milieu de la jungle.

Cet épisode ramena Nour à la réalité. Elle abandonna le Brésil, les crimes, la drogue dure, Gabriel... Le sevrage de tout ça fût dure et long. Cauchemars, crise de panique étaient son quotidien durant plus d'un an. Elle se sentait comme un de ses flics sous couverture qui revenait à sa vie normale après plusieurs années de mission. Une totale étrangère.

Ne voulant pas se confronter à ses parents qui la voyaient toujours en étudiante modèle. Elle déménage à New-York, postule en temps qu'éditrice et entame une colocation avec plusieurs expatriés. Sachant le travail d'archéologue rude et peut reconnu, Nour se penche sur sa deuxième passion, les livres.

Malheureusement le fait d'être une jeune femme et qu'elle aborde un visage juvénile. Nour n'est jamais prise au sérieux et enchaîne nombre de stages sous-payer et souvent dégradant. Il faut dire que sa vie de jeune adulte commence assez mal. Croulant sous les dettes, esclave de ses patrons. Mais heureusement, heureusement, il y a les ami(e)s ! Ils vivaient à 6 dans un appartement situé à Brooklyn et partageaient la même poisse côté professionnel ou études. Une famille, voilà ce qu'ils étaient devenus. Se soutenant lors des coups dure de la vie, partageant des rires à la moindre occasion. Nour avait retrouvé avec eux un cadre assez stable et chaleureux qui la changeait du Brésil. Même ses cauchemars l'avaient abandonné au fur et à mesure. Nour était devenue par contre une éternelle angoissée qui à cause de ses échecs professionnels avait totalement perdu confiance en elle.

Après un énième échec professionnel, notre jeune femme décide de laisser tomber et se concentre sur l'écriture d'un livre. La vie d'auteure est bien plus simple. Pyjamas, ordinateur, pétards, musique, quelques nouilles chinoises déshydratées et une hygiène presque inexistante. Elle comptait bien sur son chômage pour l'aider à payer le loyer. Ce n'était pas la grande joie, mais Nour aimait bien se sentir artiste. Elle entama même une sorte de relation avec l'un de ses colocataires. À trop rêver, on a parfois du mal à suivre Nour. Elle veut être aimée, se sentir en sécurité, mais lui apporter de l'amour peut parfois lui faire peur, elle le voit alors comme une agression et aura ainsi tendance à le repousser.

Ce qu'il se passa ce jour-là. Tout se passait trop vite. D'abord, le refus de la maison d'édition pour son roman, ensuite l'appel de son père annonçant l'accident de son frère et maintenant Noah qui lui prononce ce fameux "je t'aime". Nour se sentit vite perdue et prise de court. Sans prévenir, elle quitta New-York pour Marple Springs. Prétextant vouloir être proche de son frère et de sa famille depuis l'accident. Abandonnant encore une fois derrière elle tout son passé.

Elle s'installe alors dans un loft dans les quartiers est de la ville. Après l'échec de sa vie professionnelle, à 27 ans, Nour, fait croire à ses parents qu'elle poursuit ses études d'Archéologie à Détroit. Or, pour gagner sa vie, elle a créé une agence particulière où elle offre ses services. Ramasseuses de balles, conseillère conjugale, fille aimante, jouée la compagne d'un homosexuel qui n'ose pas dire à ses parents qu'il est en couple avec un homme, Statue de glaise pour artistes délurés...

Lassée par sa poisse, blasée, elle s'accommode à sa situation plus que pathétique. Sa vie aurait été digne d'un film comique. Malgré le fait qu'elle ait gagnée en maturité, en courage (du moins jusqu'en bas de son appartement), en réflexion et également en spiritualité.

Si Nour cesse de fuir, si elle cesse de se réfugier dans son monde intérieur, si elle ne laisse pas son désir de s'effacer s'enraciner, peut être qu'elle pourra vivre sereinement..