« Si je devais vous raconter mon parcours de vie, vous me prendriez probablement pour un inconscient. Après tout, c'est toujours mieux d'ignorer la plupart des choses de l'autre non ? Pour moi, c'est une prise de tête en moins. Enfin, je n'ai pas toujours été comme ça, je dois bien l'admettre. Je me rappelle pas grand-chose de mon enfance, mais du peu de photo que j'ai vu, je sais que je l'ai plutôt bien vécu. Déjà, j'ai toujours vécu à Marple Spring, c'est ma ville natale. Je suis rarement sortie de la région, a part pour partir en voyage avec mes parents. De rares voyages.

Mon père ? Pas beaucoup présent, mais je lui en veux pas, c'est un bourreau du travail, c'est sa vie et puis en faisant aviateur, il fallait s'y attendre, il n'a pas vraiment beaucoup de temps pour lui. Au final, je me suis toujours dit que mon objectif principal serait de ne pas devenir comme lui. Quant à ma mère, comme si un salaire ne suffisait pas, elle s'est aussi mise à travailler. Si je me souviens bien d'une chose, c'est d'être trimbalé de la nounou à chez ma mère depuis tout petit. Elle n'avait pas réellement de travail stable, elle enchaînait les petits boulots prétextant qu'elle ne pouvait pas rester en place, que ça la rendrait folle de rester tout le temps chez elle. Sur ce point, je la comprends, mais de là à s'infliger des tâches ingrates non. A sa place, j'aurais pris le temps de m'amuser, j'aurais profiter de la vie quoi.

Enfin bref, voilà dans quel climat j'ai vécu. Résultat, mes parents n'étaient pas vraiment du genre à m'aider pour les devoirs. Même si ma mère a fait un grand effort dans mes premières années scolaires, elle a rapidement lâché le filon, n'ayant pas les connaissances nécessaire pour m'aider. De toute façon, je ne m'en plaignait pas, ça me laissait plus de chance pour explorer d'autres pistes. Oui, parce que quand j'étais petit, j'étais beaucoup plus assidu qu'aujourd'hui, je découvrais les joies d'internet, les bouquins, et je prenais le temps de faire des recherches approfondis pour arriver à un bon résultat. J'avais une certaine obsession pour la perfection maintenant que j'y pense.

C'est grâce à cette période a me passionner pour la recherche de connaissance que j'ai finit par me rendre compte que je n'avais finalement pas besoin de grand-chose pour réussir, je devais juste m'intéresser, écouter et ça rentrait. C'est au collège que mes facilités se sont le plus remarqué, j'étais assez assidu en cours, mais en dehors, je ne faisais plus rien, je ne voulais pas entendre parler de leçon ou autre, je voulais juste sortir avec des amis. C'est d'ailleurs durant cette période que j'ai commencé à me passionner pour la musique, mais pas la musique classique, la musique sur laquelle on bouge. J'écoutais beaucoup de remix et ma mère s'inquiétait de cet état d'esprit dans lequel j'étais rentré.

C'est en voyant mes bonnes notes qu'elle comprit que j'étais probablement un enfant surdoué. Elle voulait me faire sauter une classe, comme tout mes professeurs, mais je refusais de peur de perdre mes amis. Alors, je ne sautais pas de classe.

Le lycée se passa dans le même état d'esprit, a une chose près… mon père était de retour dans ma vie. Lui qui était si absent, il avait décidé de se rapprocher de son fils si doué. La pression m'envahissait rapidement. Quand j'étais chez moi, c'était pour parler de cours, d'avenir. Mon père voulait que je me lance dans une carrière d'avocat, ma mère quant à elle, me voyait plutôt en médecine. Et moi ? Je ne me voyais dans aucune de ces deux possibilités, je m'y refusais. Alors, malgré les engueulades, les mises en garde, je finissais par passer plus de temps dehors que chez moi. C'est a cette époque que je commençais a fréquenter les bars. Oui, je n'avais pas attendu ma majorité, je me laissais peu à peu emporté par le doux son de l'amusement. C'était toujours plus simple de sortir entre pote et tout oublier.

Malgré tout les facilités que j'avais, mes notes chutèrent, je n'étais plus ''bon'' j'étais devenu quelqu'un de ''moyen''. Les professeurs se mettaient alors aussi à se demander ce qui m'arrivait. Me conseillant de réviser. A force, la lassitude m’envahissait, je sortais un petit moins, et je finissais par me remettre en cause, je réfléchissais longuement sur mes plans d'avenirs, c'est comme ça, que je finissais par me dire que ce n'était pas un bon style de vie, je devais me forcer un peu.

Je ne supportais toujours pas l'attitude de mes parents ou de mes professeurs, mais je le supportais de mieux en mieux. Ma dernière année se passait à mentir, à sortir modérément et a plonger un peu dans mes livres et a côté, a bosser sur des musiques que je m'amusais a remixer. Mes parents pensaient que je bossais dans ma chambre alors que je m'amusais sur des morceaux, mais cette illusion m'allait très bien. Il ne me fallait pas grand-chose pour remonter un peu mes notes, finalement avoir quelques facilités étaient plutôt une bonne chose. Je mentais en permanence, je jouais le rôle du bon petit garçon assidu, un rôle qui m'amusait, c'était un peu comme vivre une double vie.

Sans surprise, j'obtenais mon diplôme et finalement je me retrouvais sur les bancs de l'université. C'était la délivrance, la prise d'indépendance, mes parents n'avaient pas rechigner à me laisser aménager dans mon petit studio et moi je m'y plaisais, plus besoin de jouer ce rôle. Rapidement, je comprenais que je ne pourrais arriver a rien en gardant mes productions pour moi, alors, je commençais à me produire dans les discothèques en tant que DJ, je m'en sortais pas trop mal. Les premiers temps, c'était assez compliqué de se faire une place, mais finalement, à force de faire, j'avais pris le bon filon. L'université n'était que pour moi, un plan B, une bouée de secours, ma véritable vocation se situait dans la musique et c'est en commençant à faire bouger les foules que je comptais commencer ma carrière.

Voilà ma situation aujourd'hui, je suis officiellement étudiant à l'université dans la filière économique, mais en réalité, ce que je fais le plus, c'est passer mon temps en tant que DJ à animer des soirées. »