C'est à Saint-Pétersbourg, en Russie, qu'Otylie voit le jour. Deuxième enfant de la famille, elle réjouit le cœur de sa mère, son père s'attendant à un second fils pour aider à gérer l'entreprise familiale de fabrication de matériel destiné à l'exploitation du pétrole, en pleine floraison et qui garantit à la famille un avenir financier sans nuages. Elle grandit dans une grande et belle maison aux abords de la capitale, est envoyée dans une école élitiste et prend des cours de piano, comme toutes les petites filles de famille aisée. Une enfance barbante à raconter, mais agréable à vivre lorsque l'on est une petite fille. Une petite sœur pointe bientôt le bout de son nez, ce qui ravit Otylie au plus haut point. En plus d'un grand frère qui la protège autant qu'il l'a taquine, ses parents lui offrent une petite sœur à qui confier des secrets et avec qui jouer. Leur père, quelque peu déçu à nouveau, découvre les quelques avantages à avoir une fille lorsqu'il prend le temps de s'en occuper. Otylie découvre, elle, les joies de l'équitation, et s'éprend immédiatement des chevaux. Bientôt cette passion s'étend au monde animal en général, et elle rêve de pouvoir un jour guérir les animaux blessés ou malades. Il est toutefois hors de question d'avoir un quelconque animal domestique à la maison, ça fait des saletés partout, et puis ton père est allergique. Même aux poissons rouges, apparemment.
Bref, tout se passe à peu près bien dans le meilleur des mondes, jusqu'au jour où Je m'en vais, ça fait des mois que ça dure, tu savais que ça arriverait, Tanya, je l'aime, signe ces fichus papiers et cesse de faire la capricieuse, je te donnerai ce que tu voudras. Ce soir-là, la petite fratrie est réunie au sommet des escaliers, les larmes aux yeux, car il est facile de comprendre ce qui se passe. Papa a une autre amoureuse, il va reconstruire une vie avec elle, mais nous aussi mes amours, vous verrez. La voix de leur mère ne fait pas décolérer Otylie, qui malgré son jeune âge reste outrée devant l'immonde comportement de son père. Tanya souhaite partir aux Etats-Unis, le plus loin possible de son ex-mari et si Otylie et son aîné veulent suivre, la benjamine, pleine d'amour et de compassion, ne veut pas laisser son père seul, ce qui, contrairement à ce que l'on pourrait penser, réjouit le patriarche qui aime réellement ses enfants. C'est donc à trois que les russes migrent vers l'Amérique, s'installant dans la charmante ville de Marple Spring où il fait bon vivre.
Si le problème de la langue se pose, Otylie se fait très vite à son nouvel environnement et parvient à convaincre sa mère d'adopter rien qu'un tout petit chat, promis je lui nettoierai sa litière, siteplé siteplé... L'école lui plaît beaucoup, c'est une bosseuse, et son adolescence est illuminée par un jeune homme du nom de Nolan. Beau, adorable, il écoute son histoire avec attention et lui apporte absolument tout ce dont Otylie a besoin : la douceur, l'amour et surtout la confiance en la gente masculine. Peut-être que tous les hommes ne sont pas des porcs, finalement. Lorsque sa mère se remarie, avec un homme gentil et assez patient pour pouvoir lui aussi gagner la confiance de Tanya, Otylie, alors âgée de 21 ans et ayant commencé des études vétérinaires, décide de s'installer avec celui qu'elle pense être l'homme de sa vie. Quelques années plus tard, une nouvelle frappe le couple comme la foudre. Nolan est accusé de viol. Si cela ressemble au début à une vaste plaisanterie, Otylie réalise qu'elle ne doit pas se voiler la face. Si on peut partager toute une vie avec quelqu'un avant qu'il ne vous plante un couteau dans le dos, que sont quelques insignifiantes années en ménage? Les accusations s'accumulent et Otylie choisit de ne pas croire Nolan. Ils se séparent et la jeune femme a le cœur déchiré de subir une trahison pareille, sans savoir que c'est elle, la traîtresse. Nolan se retrouve en prison et la jeune femme se bat contre le chagrin et les nausées qui lui retournent l'estomac. Les nausées... Si elle les met d'abord sur le compte de l'arrestation de Nolan, Otylie réalise bien vite que ce n'en est pas la cause. Elle attend un bébé. Elle est jeune, trop jeune, et pourtant elle ne se décide pas à abandonner cet enfant. C'est le souvenir de plusieurs années de bonheur, une vie qui ne peut pas être arrachée.
En revanche, elle ne parvient pas à l'avouer à Nolan, qui doit la détester, et lorsqu'il sort de prison, innocenté, la culpabilité d'avoir tout foutu en l'air l'empêche de nouveau d'aller à sa rencontre. Il quitte la ville et elle reste chez sa mère, qui la soutient, ainsi que son frère, et lui promettent de l'aider à élever ce bébé. Otylie n'abandonne pas ses études, et après la naissance de sa fille, qu'elle prénomme Gabriela, elle rencontre un homme.
James, James, James... Si elle fuit d'abord pour ne pas revivre un troisième cauchemar, il s'entête et s'arme d'une patience exemplaire pour la faire céder. Otylie ne cesse de dire qu'il l'a sauvée d'un avenir de vieille fille. Il n'a pas peur de Gabi, et se prend même au jeu du papa poule, ce qui pousse Otylie à ne jamais avouer à sa fille que James n'est pas son véritable père. Otylie a décroché son diplôme et travaille maintenant au cabinet vétérinaire de la ville. James l'a demandée en mariage, et a accepté de jouer le jeu du véritable papa, mais tous deux savent qu'un jour Nolan et Gabriela devront savoir. Il n'y a plus qu'à espérer que ça ne fasse pas trop mal.