"Arrête de poser des questions et mange tes brocolis !". Olive détestait ça. Elle détestait qu'on la mette de côté de la sorte. "Tu es trop jeune pour comprendre" que les adultes lui disaient lorsqu'ils étaient patients, sinon, elle devait se contenter de simples "c'est compliqué". Et elle haïssait ça, qu'on la prenne pour une gamine incapable de comprendre le moindre truc un peu complexe. Elle détestait quand les adultes lui parlaient avec une voix niaiseuse ou encore quand on l'empêchait de savoir des choses. Et là, c'était le cas. En fait, ça l'était depuis deux années. Depuis que sa mère l'avait récupérée à la sortie de l'école, des bagages remplissant le coffre de la voiture et qu'elle l'avait emmenée loin de Marple Spring. Loin de sa ville, de ses amis et surtout de son père. Elle avait passé le trajet à poser des questions, s'inquiétant surtout de l'absence de son paternel dans le véhicule. Deux ans et toujours pas de réponses. Sa mère semblait beaucoup moins fébrile que ses grands-parents et pourtant, la gamine avait beau user de tous les stratagèmes qu'elle avait en sa possession, rien n'y faisait. Un soir, elle avait entendu son grand-père tenter de convaincre sa mère de lui dire la vérité. Mais un non catégorique était sorti d'entres ses lèvres. Le poids du secret la mettait hors d'elle. Ça l'énervait de ne pas savoir. Pour que sa mère ait pris la décision de partir du jour au lendemain et de ne plus donner de nouvelle à son mari, c'est bien qu'il y avait quelque chose ! Et puis, elle était en droit de savoir, du moins, c’est ce que la gamine pensait. Leeroy était son père. Ça faisait deux ans qu'elle ne l'avait pas vu. Il lui manquait. Elle avait beau supplié sa mère, rien n'y faisait. Alors, pour les fêtes, les anniversaires et même noël, elle pensait toujours à son père, mettant un couvert en plus sur la table à manger. Son père était constamment dans son esprit, son absence se faisait de plus en plus lourde au fur et à mesure que les mois passaient alors que la colère contre sa génitrice se faisait de plus en plus marquée. Olive aimait sincèrement sa mère, mais elle ne comprenait pas pourquoi elles étaient parties, pourquoi elle passait ses journées loin d'elle, pourquoi c'était ses grands-parents qui la gardaient. "Et arrête de faire cette tête !". Levant le regard de son plat de brocolis à peine entamé, Olive plongea son regard dans celui de sa grand-mère. Elle savait et elle non plus ne lui disait rien. Tous semblaient être ligués contre elle. Alors, lâchant sa fourchette et déterminée à faire savoir sa colère, Olive se leva de tâche. "J'ai pas faim et puis les brocolis, c'est vraiment dégueu !". Ouvrant de grands yeux, la vieille femme parut surprise alors que, bien décidée à ne pas subir la colère de ses grands-parents, Olive se précipita dans l'escalier, grimpant les marches quatre à quatre pour retrouver le confort de sa petite chambre. Immédiatement, l'enfant s'affala dans son lit, pensant à toutes ces choses qui lui paraissait si lointaines. Elle se souvenait de ces moments à jouer de la musique avec son père, à éclater de rire lorsqu'il se trompait dans les paroles. Elle se souvenait de ses amis, toujours partants pour la suivre dans ses aventures rocambolesques. Elle se souvenait de cet anniversaire fêté dans un parc d'attraction et puis de tous ces éclats de rire qui lui manquaient tant... Olive n'était qu'une enfant, l'esprit brouillé par tant de questions qui s'apprêtaient à avoir des réponses... Seulement était-elle prête pour toutes ces révélations ?