Trop occupé à défaire les vêtements de mon amant d’un soir, je pousse la porte de mon appartement avec mes fesses après l’avoir déverrouillé tout en continuant de l’embrasser fiévreusement avant de sourire, puis de tendre la main pour allumer la lumière. « Nan, attends, c’est plus excitant dans le noir. » « Ah ? Bon okay ! » Ahem, déjà que je suis une catastrophe ambulante quand je suis en plein jour. Enfin bref. Je reprends mes morsures à son cou tout en avançant avant de me cogner à plusieurs reprises dans des meubles, incapable de savoir me diriger avant de tomber avec lui sur le canapé et d’hurler en sentant un autre « corps » sous nos fesses. Dans un bon, j’attrape un coussin comme arme d’attaque et de défense, avant d’allumer la lumière et de… « P’pa ? » WHAT THE HELL ! « Mais qu’est-ce que tu fous là ? » Finalement, le coussin me sert à cacher mon érection naissante alors que Tom ? Jim ? Darren ? Bref, IL ronchonne et reprend ses affaires pour s’en aller. « J’suis désolé Bob ! » « C’est Joe ! » « Anyway. » Je pars refermer la porte avant de soupirer longuement, puis de passer vers la salle de bain afin de me changer, puis la cuisine pour ramener deux chocolats chauds.

« Encore une dispute avec M’man ? » « Elle m’a foutu à la poooooooorte ! » Et c’est parti pour les grosses larmes qui me font grimacer alors que je lui tapote le dos doucement. Sérieusement, pourquoi ça tombe toujours sur moi hein ? « Elle sera calmée demain, c’est le sang mexicain ! Tu sais bien… » Et un sanglot qui arrive. J’crois que j’aurai mieux fait de mettre du whisky dans nos verres, histoire de NOUS assommer rapidement. « Naaaaan, elle était en colèèèère ! » « Bah… Pourquoi ? » Ah, tiens, il arrête de pleurer pour prendre son air coupable. « Je lui ai dit qu’elle avait le cul plus gros que d’habitude, mais que j’aimais ça ! » WHAT ? « P’paaaaaa ! Même moi je sais qu’il faut pas parler de ses fesses à Maman… » Aish, il apprendra jamais ? Je soupire un peu avant de me lever, puis d’aller lui chercher une couette et un oreiller. « Mais… » « Moi j’vais dormir, je bosse demain, et tu m’as planté mon amusement du soir ! Alors, bonne nuit P’pa ! » Je lui fais un bref signe avant de m’engouffrer dans ma chambre, puis de me glisser dans mes draps pour essayer de dormir.

Ouais je sais, j’ai une famille un peu bizarre. Une mère mexicaine, Mama dans toute sa splendeur et qui tient un bar LGTB à Detroit avec un paternel banquier mais Dragqueen le week-end et pour son plus grand plaisir, sans compter ma grande-sœur, elle aussi adoptée. On est vraiment différents, mais honnêtement, je nous aime ! J’aime le fait d’avoir un nom de famille qui ne va pas avec ma gueule. J’aime aller assister aux spectacles de mon paternel et j’adorai les moments pendant les vacances où je pouvais aider M’man au bar et la voir diriger tout le monde d’une main de maîtresse ! Elle est géniale. Le genre de femme qu’on envie et qu’on respecte à la fois.

J’ai débarqué à Detroit quand j’avais à peine 5 ans, quittant alors mon orphelinat sud-coréen pour le rêve américain sans même le savoir. Ils m’ont laissé mon vrai prénom, mais avec le nom, le Yun a été oublié et Jun est devenu récurrent, plus ricain, plus simple. On est une famille typiquement atypique. Mes parents ne sont pas stériles, ils pouvaient parfaitement avoir des enfants, mais ils ont préféré en adopter et faire des heureux. Et puis, avec son métier stable et « noble », mon père leur offrait un avantage solide dans leur dossier. Alors j’ai pu venir ici et leurs donner des joies et des peines, suivi par une sœur qui ne devait être là qu’en famille d’accueil et qui finalement est restée avec nous.

Et puis un jour, les choses ont un peu basculé. Le bar hors du commun de ma mère ne plaisait pas à tout le monde. A l'école, c'était moquerie sur moquerie, pour nous deux, sans compter les fois où le bar et la maison ont été vandalisé. M'man a jamais voulu céder et le fermer, mais pour notre sécurité, ils ont décidé de déménager ici vers mes 12 ans. Une façon de nous mettre en sécurité. Tant pis, elle ferait les allers/retours ou dormirait là-haut en cas de grosse fatigue. Je l'ai toujours trouvé têtue, mais aussi, incroyablement courageuse.

Moi, je m’appelle donc Jun et pour le moment, j’ai 22 automnes. Je trouve que je ne m’en sors pas trop mal dans la vie ! Avec une famille aussi étrange, les gens se disent souvent : Mais comment les gosses ont fait pour ne pas mal tourner ? Parce que oui, pour eux, on a pas des bons exemples avec nos parents et on semble « presque trop normaux. » Alors, par amusement, j’aime dire ouvertement que si je suis paysagiste, c’est juste pour ne pas être enfermé toute la journée dans un bureau, mais que j’adore mon second boulot de stripteaseur ! Et ça fini toujours par un : « Bien voilà ! Vous ne pouviez pas être normalement équilibrés avec une famille pareille. » Les préjugés à la con.

J’aime beaucoup ce boulot « immoral », c’est assez artistique en réalité, et puis, les femmes (ou les hommes) sont souvent complètement grisés et interdits à la fois, c’est assez drôle à voir. C’est juste de la danse, mais tout nu et je ne suis pas exploité du tout. Je peux arrêter ça quand je veux, mais ce n’est pas dans mes projets. C’est juste chiant pour une possible relation de couple, mais eh, ça non plus c’est pas dans mes projets. Je préfère sourire à la vie et profiter du moment présent que de devoir constamment réfléchir à quoi faire, quoi dire, comment agir, tout ça, pour ne vexer personne.

Voilà, en gros, c’est ma vie, des aléas, des trucs cools, une famille déglinguée mais géniale et des bons moments à vivre constamment ! Elle est pas parfaite et moi non plus, mais j’nous aime comme ça.