Une naissance est un évènement merveilleux dans la vie d'un couple. La mienne fut particulière heureuse. Bien que mes parents avaient déjà eu une fille, quatre ans plus tôt, c'était une joie pour eux de voir leur famille s'agrandir. Je suis né dans un hôpital de Denver, dans l'état de New York. Malgré que je sois né en terre américaine, je ne me suis jamais considéré comme un américain pur souche. Ma mère est d'origine italienne et a immigrer au États-Unis, six ans avant ma naissance. Elle a connu mon père cette même année. Entre eux, ça été un véritable coup de foudre. Mon père m'a dit un jour qu'il avait craqué pour son accent. Accent dont j'ai plus ou moins hérité. On ne le remarque que lorsque je parle italien. Ma mère voulait que j'apprenne sa langue maternelle. J'ai donc la chance d'avoir deux langues maternelles ; l'anglais et l'italien. Je me suis en quelque sorte à moitié américain et à moitié italien. Mon enfance fut plus que parfaite. Je crois que je n'aurais pas pu rêver mieux. Mes parents ont veillé à ce que je ne manque de rien. Étant le cadet, il est vrai que j'étais assez chouchouté, mais je n'ai jamais eu l'impression qu'ils me donnaient plus d'amour qu'à ma soeur. Ils nous aimaient inconditionnellement tous les deux. Ma soeur et moi étions très proche. On se protégeait l'un l'autre. Ma famille ne se limite pas qu'à eux. J'ai de la famille, du côté de ma mère, qui vivent à Vérone en Italie. J'y suis souvent allé avec mes parents et ma grande soeur. On y allait au moins quatre fois par années. Faut dire qu'on avaient les moyens. D'aussi loin que je puisse me souvenir, j'ai toujours adoré les animaux. Ainsi, il m'arrivait souvent de me prendre d'affection pour un pauvre chat errant qui se baladait aux alentours ou que j'accepte d'aller promener gratuitement le chien de la voisine. Il était clair dans mon esprit que plus tard, je voulais être vétérinaire. C'était une évidence et personne n'aurait pu réussir à me faire changer d'idée. J'ai pu compter sur le soutien de mes parents, qui m'ont fortement encourager dans cette voie. Cela m'a beaucoup aidé à prendre confiance en moi.

Après avoir passé une enfance aussi agréable, on pourrait croire que la période de l'adolescence serait beaucoup plus difficile. Et bien non. Les choses se sont déroulées à merveille pour moi. Je me suis rapidement créé un groupe d'amis et j'étais apprécié de la plupart des gens du lycée. Je travaillais fort pour avoir d'excellentes notes. Je voulais à tout prix décrocher mon diplôme et idéalement, recevoir une bourse d'études pour aller étudier dans une grande université à New York. Pour autant, je ne me privais pas de sortir. Il m'arrivait parfois de me rendre à des soirées chez des amies. J'ai commencé un peu à peu à m'intéresser aux filles, sans courir après elles. Je n'étais pas du genre à changer de fille comme de chemise. Je n'ai pas eu de copine en tant que tel, à vrai dire, aucune fille de mon bahut ne m'intéressait réellement au point de sortir avec elles. Puis, je fis la connaissance de Claire. Elle venait d'arriver de Boston avec sa famille. J'ai craqué pour elle, dès l'instant où j'ai posé mes yeux sur elle. Malgré qu'elle me plaisait énormément, je n'ai pas voulu me précipiter. Nous avons pris le temps d'apprendre à nous connaître, avant d'entamer une relation amoureuse. Avec le temps, elle n'était plus seulement ma petite-amie. Elle devint ma moitié, mon tout. Nous étions inséparables, toujours l'un près de l'autre. J'étais fou amoureux d'elle et je ne cessais de lui prouver chaque jour. Cela devenait très sérieux entre nous, au point où on songeait à déménager ensemble, une fois nos études terminées. Elle était prête à me suivre à New York pour entrer dans la même université que moi. Avec elle, j'avais trouvé le bonheur. Tout allait pour le mieux dans ma vie. À croire que j'étais né sous une bonne étoile. Et pourtant.. c'est toujours au moment qu'on s'y attend le moins que le pire se produit.

À la fin de nos études, nous avons emménagé dans un petit appartement qui se trouvait à quelques minutes de l'université. Claire suivait ses études pour devenir avocate, tandis que j'étudiais pour devenir vétérinaire. J'ai continué à voir mes parents et ma famille aussi souvent que possible. Lors d'un week-end, j'ai amené Claire à Vérone, pour la présenter à ma famille. J'étais convaincu d'avoir trouvé la femme de ma vie. La veille de Noël, j'ai décidé de faire le grand saut. Je m'en souviens comme si c'était hier. Nous étions allée à la patinoire dans Central Park. Devant tout le monde, j'ai posé mon genou au sol, sortit la boîte contenant la bague de ma poche et je lui ai demandé de devenir ma femme. Sur le coup, elle m'a semblé surprise, mais après un moment, elle m'a répondu un « oui » qui resta gravé dans ma mémoire. Nous avons convenu d'attendre un an ou deux avant de nous unir. Cela nous laissait le temps de mettre de l'argent de côté et de tout préparer pour que ce jour soit parfait. Nouvellement fiancé, j'étais le plus heureux des hommes. Mais j'étais aveugle. Je n'avais pas la moindre idée de ce qui se déroulait dans mon dos jusqu'à ce fameux soir de août. En rentrant du travail, j'eus la mauvaise surprise de trouver mon meilleur ami et ma fiancée dans notre lit dans une position indécente. Je ne saurais exprimer clairement ce que j'ai ressenti à ce moment-là. Un mélange de peine, de douleur, de colère, de frustration, de dégoût et un profond sentiment de trahison. Ce soir-là, je suis allé dormir chez un ami. Ça m'a pris une semaine avant d'être capable de retourner à l'appartement. Claire eut beau s'excuser une centaine de fois, prétendant qu'elle m'aimait, qu'elle avait fait une erreur et que cela n'allait plus se reproduire, ma décision était déjà prise. Je ne voulais plus rien savoir d'elle, encore moins de mon meilleur ami. Tous les deux m'avaient trahi de la plus horrible manière qui soit. C'était impardonnable. C'est le coeur brisé que je quittais la ville, le lendemain. Je ne pouvais plus y vivre. Chaque recoin de New York me rappelait notre histoire, notre amour passé. J'avais besoin d'un nouveau départ, bien que je savais que je ne serais plus jamais le même après ça.

Je suis retourné vivre chez mes parents, le temps que je me retombe sur mes pieds. Heureusement qu'ils ont été là pour moi, ainsi que ma soeur. Autrement, je crois que je me serais perdu. J'étais complètement anéanti, mais tel le proverbe ''Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort'', j'ai réussi à me reprendre en main. En cherchant un endroit où emménager, mon choix s'est arrêté sur la petite ville de Marple Spring. Cela me semblait un endroit paisible et personne ne me connaissait là-bas. J'aurais droit à une chance de repartir à zéro. Exactement ce dont j'avais besoin pour réussir à tourner la page sur ce que j'avais vécu. Cela prit peu de temps avant de m'y sentis bien et d'y faire une place au sein dans la communauté. Bien que j'aimais les grandes villes, je ne regrettais pas une seule seconde de m'y être installé. Le seul défaut que j'ai pu trouver à cette petite bourgade, c'est l'absence d'une clinique vétérinaire. À quoi bon avoir un VMD (Veterinary Medical Doctorate), si je ne peux pas pratiquer ? J'ai dû aller travailler dans une clinique situé à Détroit. J'ai pu enfin exercer le métier qui me plaît tant depuis toujours. Lentement mais surement, mes blessures du passé se sont cicatriser. Je me suis tranquillement remis de ma séparation avec mon ex-fiancée. Je vais mieux, même si je ne peux pas effacer le passé et qu'il me reste encore quelques marques à guérir. Cela fait environs trois ans que j'ai pris l'une des plus grandes décisions de ma vie. Celle d'ouvrir ma propre clinique vétérinaire dans la ville. Je savais que plusieurs Marplelois devaient faire des kilomètres pour se soigner leur animal à la clinique de Détroit. Il était grand temps que cela change. C'est beaucoup plus pratique pour eux et pour moi aussi, par la même occasion. Aujourd'hui, j'ai réussi trouvé un certain équilibre dans ma vie. J'ignore ce que l'avenir me réserve, mais je n'ai pas l'intention de partir de MS de sitôt.